Monsieur N'cho Mottoh Léonard, le doyen Gaston Boka-Méné, est membre fondateur du PDCI et médecin comme vous, à l'époque coloniale. Il vient de tirer sa révérence. Quels étaient vos rapports?
Boka Méné, quand j'entrais à l'école primaire à Agboville en 1928-1929, était déjà au cours moyen deuxième année (CM2) et il venait de passer son concours pour aller à Bingerville. Ensuite, il est parti à l'école de Goré (Sénégal) et à l'école normale de médecine Jules Carde de Dakar. Son parcours m'a frappé et je voulais être comme lui. Et puis, je suis allé en médecine. Et je l'ai suivi. Après, on est devenu deux médecins à faire comme lui. Il y a Monso N'cho Jules et moi-même N'cho Mottoh Léonard. Boka-Méné ne se laissait pas faire. En plus, au plan politique, Boka était un pionnier du PDCI-RDA. Et il n'a pas eu la chance de travailler tout de suite en Côte d'Ivoire. Il a fait la Guinée, le Sénégal, le Mali, la Haute Volta et encore le Mali où il a eu le bonheur de rencontrer celle qui devrait l'accompagner toute sa vie, son épouse, feue Marie Diallo (institutrice et femme au grand cœur). De leur union sortiront sept enfants, aujourd'hui occupant de hautes fonctions. Il est décédé, comme vous le savez, en mai. Boka-Méné m'a toujours pris comme son petit frère en Abbey. Et moi, je l'ai toujours considéré comme un grand frère. Quand j'ai créé une petite clinique à Agboville, il me donnait des conseils. Entre nous deux, il n'y a jamais eu de dissension. Et, depuis qu'il était malade, je ne manquais jamais d'aller une ou deux fois la semaine pour le voir.
A propos de son engagement politique pour le PDCI-RDA, vous avez dit qu'il était un pionnier. Qu'a-t-il fait concrètement pour l'émergence du parti d'Houphouët-Boigny ?
Je ne peux pas dire tout ce qu'il a fait pour le PDCI, mais je sais que son nom figure sur la liste de fondateurs du Pdci-Rda. Houphouët a eu confiance en lui pour sa participation active à la naissance du Pdci. Il a fait vingt (20) ans à l'Assemblée nationale comme député. Et partout où il est passé dans les colonies, il a eu des galons. Il a été officier au Sénégal, ensuite du Mali. Au pays, il a eu aussi des décorations. Il était grand officier de l'ordre national de la Côte d'Ivoire, grand officier de l'ordre national du Sénégal et officier au Mali. En tant que membre fondateur du Pdci, il a été fait grand officier de l'ordre du Bélier. Boka était parmi les fondateurs du Pdci qui ont été bien récompensés avec ses vingt ans à l'Assemblée nationale et ses nombreuses décorations. On sait qu'il a travaillé pour le Pdci et il a été récompensé.
Mais dans la période coloniale, ce n'était pas facile de militer dans un parti politique. Est-ce qu'en tant que membre fondateur du Pdci, il a eu maille à partir avec l'administration coloniale ?
Effectivement, il a eu beaucoup de problèmes avec l'administration coloniale à cause de ses convictions politiques. Il a eu maille à partir avec les autorités coloniales. Parce que sur les huit (08) colonies de l'époque en AOF (Afrique occidentale Française), il a été muté dans cinq colonies.
Juste pour le sanctionner ?
Toutes ces affectations étaient faites comme des sanctions. Il ne mettait jamais assez de temps dans une colonie : deux, trois ou quatre ans. Il a fait deux ou trois ans en Guinée, puis le Sénégal, le Mali et la Haute Volta.
Quels étaient ses rapports avec le Président Houphouët-Boigny ? Est-ce que le président Houphouët a reconnu son engagement politique à ses côtés ?
Leurs relations étaient au plus beau fixe. Elles étaient parfaites. Et indiscutablement, le président a reconnu ses mérites et son engagement pour le Pdci-Rda.
A-t-il eu les mêmes types de rapports avec le président Henri Konan Bédié ?
Le Doyen Boka a eu des rapports cordiaux avec la plus haute direction du Pdci, incarnée par le président Henri Konan Bédié.
Aujourd'hui, il n'est plus. Que peut-on retenir de lui ?
Au plan professionnel, il était le 4e médecin Abbey. Après Assamoi Prosper de la promotion du président Félix Houphouët-Boigny, Séka Kouamé Lambert, Egny Ossohou François. Après lui, il y a eu Monso N'cho Jules et moi-même N'cho Mottoh Léonard et Affoudah Sonan Lambert. Aujourd'hui, après sa disparition, j'ai un sentiment de regret. A Agboville, tout le monde le connaissait. Il faisait du bien autour de lui. Nous sommes en train de le pleurer.
Interview réalisée par François Konan
Photo : Patricia Ziahé
Boka Méné, quand j'entrais à l'école primaire à Agboville en 1928-1929, était déjà au cours moyen deuxième année (CM2) et il venait de passer son concours pour aller à Bingerville. Ensuite, il est parti à l'école de Goré (Sénégal) et à l'école normale de médecine Jules Carde de Dakar. Son parcours m'a frappé et je voulais être comme lui. Et puis, je suis allé en médecine. Et je l'ai suivi. Après, on est devenu deux médecins à faire comme lui. Il y a Monso N'cho Jules et moi-même N'cho Mottoh Léonard. Boka-Méné ne se laissait pas faire. En plus, au plan politique, Boka était un pionnier du PDCI-RDA. Et il n'a pas eu la chance de travailler tout de suite en Côte d'Ivoire. Il a fait la Guinée, le Sénégal, le Mali, la Haute Volta et encore le Mali où il a eu le bonheur de rencontrer celle qui devrait l'accompagner toute sa vie, son épouse, feue Marie Diallo (institutrice et femme au grand cœur). De leur union sortiront sept enfants, aujourd'hui occupant de hautes fonctions. Il est décédé, comme vous le savez, en mai. Boka-Méné m'a toujours pris comme son petit frère en Abbey. Et moi, je l'ai toujours considéré comme un grand frère. Quand j'ai créé une petite clinique à Agboville, il me donnait des conseils. Entre nous deux, il n'y a jamais eu de dissension. Et, depuis qu'il était malade, je ne manquais jamais d'aller une ou deux fois la semaine pour le voir.
A propos de son engagement politique pour le PDCI-RDA, vous avez dit qu'il était un pionnier. Qu'a-t-il fait concrètement pour l'émergence du parti d'Houphouët-Boigny ?
Je ne peux pas dire tout ce qu'il a fait pour le PDCI, mais je sais que son nom figure sur la liste de fondateurs du Pdci-Rda. Houphouët a eu confiance en lui pour sa participation active à la naissance du Pdci. Il a fait vingt (20) ans à l'Assemblée nationale comme député. Et partout où il est passé dans les colonies, il a eu des galons. Il a été officier au Sénégal, ensuite du Mali. Au pays, il a eu aussi des décorations. Il était grand officier de l'ordre national de la Côte d'Ivoire, grand officier de l'ordre national du Sénégal et officier au Mali. En tant que membre fondateur du Pdci, il a été fait grand officier de l'ordre du Bélier. Boka était parmi les fondateurs du Pdci qui ont été bien récompensés avec ses vingt ans à l'Assemblée nationale et ses nombreuses décorations. On sait qu'il a travaillé pour le Pdci et il a été récompensé.
Mais dans la période coloniale, ce n'était pas facile de militer dans un parti politique. Est-ce qu'en tant que membre fondateur du Pdci, il a eu maille à partir avec l'administration coloniale ?
Effectivement, il a eu beaucoup de problèmes avec l'administration coloniale à cause de ses convictions politiques. Il a eu maille à partir avec les autorités coloniales. Parce que sur les huit (08) colonies de l'époque en AOF (Afrique occidentale Française), il a été muté dans cinq colonies.
Juste pour le sanctionner ?
Toutes ces affectations étaient faites comme des sanctions. Il ne mettait jamais assez de temps dans une colonie : deux, trois ou quatre ans. Il a fait deux ou trois ans en Guinée, puis le Sénégal, le Mali et la Haute Volta.
Quels étaient ses rapports avec le Président Houphouët-Boigny ? Est-ce que le président Houphouët a reconnu son engagement politique à ses côtés ?
Leurs relations étaient au plus beau fixe. Elles étaient parfaites. Et indiscutablement, le président a reconnu ses mérites et son engagement pour le Pdci-Rda.
A-t-il eu les mêmes types de rapports avec le président Henri Konan Bédié ?
Le Doyen Boka a eu des rapports cordiaux avec la plus haute direction du Pdci, incarnée par le président Henri Konan Bédié.
Aujourd'hui, il n'est plus. Que peut-on retenir de lui ?
Au plan professionnel, il était le 4e médecin Abbey. Après Assamoi Prosper de la promotion du président Félix Houphouët-Boigny, Séka Kouamé Lambert, Egny Ossohou François. Après lui, il y a eu Monso N'cho Jules et moi-même N'cho Mottoh Léonard et Affoudah Sonan Lambert. Aujourd'hui, après sa disparition, j'ai un sentiment de regret. A Agboville, tout le monde le connaissait. Il faisait du bien autour de lui. Nous sommes en train de le pleurer.
Interview réalisée par François Konan
Photo : Patricia Ziahé