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Politique Publié le vendredi 15 mai 2009 | Le Repère

Grande interview-Pr Niamkey Koffi (Porte-parole du Président Henri Konan Bédié)

Le porte-parole du président candidat du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) Henri Konan Bédié, a accepté de se " livrer " à une équipe de Le Repère, en début de semaine à son domicile de Cocody. Pr Niamkey Koffi a fait le tour des questions liées à la vie politique ivoirienne. Un entretien sans faux-fuyant, unique en son genre.


Pourquoi le porte-parole du Président Bédié n'est pas avec lui, surtout lorsqu'il effectue ses tournées à l'intérieur ?

Pourquoi dites-vous cela ? Je n'ai pas effectué le déplacement d'Agnibilékrou et du Zanzan pour des raisons que le Président et le Secrétaire général connaissent. Par contre, j'ai participé à toutes les autres tournées.


Vous n'êtes pas avec lui, et apparemment ce n'est pas la première fois.

Je participe aux tournées autant que je peux. Peut-être que vous ne m'apercevez pas, mais j'ai pris part à toutes les visites, excepté, le Moyen-Comoé et le Zanzan, pour les raisons indiquées plus haut. Je suis très souvent avec le président du parti pour bénéficier de ses réflexions et analyses des problèmes politiques majeurs qui appellent éventuellement une réaction de ma part. Je ne m'occupe pas de sa communication et je ne suis pas son attaché de presse. Par ailleurs, je tiens à vous préciser que je dois constamment allier et arbitrer entre mes responsabilités professionnelles et mes responsabilités politiques.


Vous étiez à Soubré ?
J'étais à Soubré.


Vous étiez à Bouaké ?
Oui !

Vous étiez à Yamoussoukro et à Aboisso ?
Oui. J'ai fait toutes ces étapes. J'ai fait Dabou, Yopougon, Koumassi et j'en passe…


Vous avez le don de passer inaperçu ?
Peut-être, mais je suis là. Je n'ai pas besoin de me faire voir ! Oui ! Je ne trône pas aux places qui ne sont pas miennes. Que je sois aperçu ou non, ce n'est pas l'essentiel.


La fonction de porte-parole ne fait-elle pas doublon avec celle de secrétaire général ?
Cette question n'est pas saine. Elle me parait inappropriée dans l'esprit essentiel du fonctionnement du PDCI-RDA, c'est-à-dire, son esprit d'union, d'équipe et de cohésion. Néanmoins, j'ai déjà répondu à ce genre de questions. Ce sont deux fonctions tout à fait différentes.

Quelle est la différence entre les deux fonctions ?
Le Secrétaire général gère le parti au quotidien, assisté des Secrétaires généraux adjoints dont je suis et ce, sous la haute autorité et direction du Président du parti.

Le porte-parole n'intervient qu'à l'occasion d'événements particuliers. C'est ce que je fais. Je ne gère pas le parti au quotidien, ce n'est pas mon rôle. Mes interventions sont initiées uniquement par le Président du parti.

On s'étonne que vous ne soyez pas intervenu lors de l'incident de Tiapoum.
Ce n'est pas à moi d'intervenir. C'est un problème qui relevait du domaine médical. Les médecins sont intervenus largement.


En votre qualité de porte-parole, n'étiez vous pas mieux indiqué pour faire passer le message ?
Je considère cela comme un incident bénin sur lequel on ne devrait plus s'étendre.

On a vu le Secrétaire général Alphonse Djédjé Mady et son adjoint Maurice Kakou Guikahué intervenir sur cet incident, mais pas en qualité de médecins.

Je pense que les Professeurs Alphonse Djédjé Mady et Maurice Kakou Guikahué sont intervenus à la suite des médecins du Président. N'oubliez pas que ce sont d'éminents professeurs en Médecine. Je pense que cela suffit. Je ne vois donc pas la nécessité pour moi d'en parler. Je le répète, c'est une indisposition passagère qui n'a pas empêché le président de réaliser en totalité son programme de tournées. Celui-ci s'est effectué sans interruption et avec le succès que l'on sait. Je ne crois pas qu'il faille en faire un problème. D'ailleurs, le parti a indiqué que ce n'en était pas un.


On n'en fait pas un problème particulier. Mais en tant que porte-parole, on pense qu'il était nécessaire que les professeurs (médecins) vous donnent l'information pour que vous puissiez les diffuser, puisqu'à notre avis, votre parole porte plus.

En quoi ma parole porterait plus que celle du Secrétaire général ou celle des médecins ? Laissons à chacun ses compétences ! Pourquoi ces éminents médecins devraient-ils me rendre compte ?

Je suis porte-parole. Ma parole porte quand j'exerce ma fonction de porte-parole. Quand le Secrétaire général parle au nom du parti, sa parole porte en tant que celle du secrétaire général du parti. Evitons les oppositions factices !


Dans ce cas précis, vous n'aviez rien à dire sur l'incident ?
Ce n'était pas un incident. Les médecins l'ont expliqué. Le Président se porte bien. Vous l'avez vu poursuivre sa tournée le soir même. Vous l'avez également vu assumer ses tâches de président du parti et d'homme d'Etat. Enfin, vous l'avez vu parcourir avec triomphe le Moyen Comoé et le Zanzan, malgré les routes difficiles et impraticables que certains qui passent pour jeunes ne sont pas capables de supporter.


Vous estimez que l'événement de Tiapoum relève de la compétence des médecins. On a lu dans la presse que des jeunes ont barré le passage au Président Bédié. Et, c'est le chargé de communication qui a réagi dans les colonnes de Fraternité-Matin. Que pensez-vous de cette sortie du chargé de communication ?
Le porte-parole du président du PDCI-RDA n'a pas le monopole de la parole ni au PDCI-RDA ni auprès du Président du parti. Il faut vraiment vous libérer de cela. Je n'interviens que lorsque c'est nécessaire. Le chargé de Communication du Président du Parti est tout à fait habilité à apporter des éclairages au monde de la communication avec lequel il est en contact constamment. Il est dans son rôle. Il n'y a aucun chevauchement entre nos rôles respectifs. Nos actions ne peuvent être que complémentaires. Toutefois, il est bon de préciser que, dans le Zanzan, aucun jeune n'a barré le passage au Président Bédié. Cette voie était déjà obstruée trois à quatre semaines avant sa tournée. Les raisons ? C'est le conflit suscité par l'érection de Transua en préfecture. Et cela n'est pas du fait du PDCI-RDA. La voie n'a pu être libérée parce que les populations n'avaient pas les équipements requis pour tronçonner ou dégager les gros arbres qui barraient la route. Ce qui a contraint le cortège du président Bédié à faire un grand détour.


Justement sur la question, ça confirme l'idée de ceux qui estiment que le Président Bédié a fait cette nomination dans le but de fragiliser un tant soit peu son secrétaire général.

Pourquoi ce procès inutile et imaginaire ? Tout cela relève du rêve malsain de ceux qui souhaitent voir se fragiliser le PDCI-RDA sous l'effet de conflits internes et particulièrement des conflits d'autorité et d'ambition dans l'espoir de le voir imploser. La force du PDCI-RDA et sa cohésion effraient ses adversaires. Le Président du Parti et son Secrétaire Général sont en phase et aucun conflit, ni larvé ni refoulé, ne perturbent leur collaboration dans la conduite de leurs missions respectives. Laissez les esprits malsains développer le venin qui les emportera.


Dites-nous en tant que porte-parole, quelle est votre mission ?
Je sers le Président du Parti notamment dans l'expression et l'éclairage des prises de position du parti. J'apporte chaque fois que nécessaire, et sous l'autorité du Président, la réplique aux détracteurs du parti pour rétablir la vérité des faits, des textes et du droit afin d'apaiser nos militants et éviter que la désinformation et l'intoxication ne les perturbent outre mesure, à l'occasion de débats à visée haineuse. Mais, je ne suis pas nommé porte-parole pour me mettre en exergue ou pour me faire mousser. Ce n'est pas là l'objectif. Et je considère que depuis que j'ai été nommé, j'ai fait le travail que je devais faire. J'espère que je n'ai pas trop déçu les attentes de celui qui m'a nommé. La nouveauté du poste au PDCI-RDA a suscité peut-être des interrogations, mais ce poste loin d'être ourdi par des intrigues est plutôt apparu nécessaire au Bureau Politique qui, par souci d'efficacité et de complémentarité, a maintes fois recommandé sa création au Président du Parti. Je le répète souvent, le PDCI-RDA regorge de cadres valables. Je dois donc me laisser gagner par un profond sentiment d'humilité et vivre mon rôle avec la plus grande discrétion.


Je crois savoir que vous exercez une fonction bien précise. On sait que vous écrivez les discours du Président Bédié ?

Je n'écris aucun discours du Président, même s'il m'arrive à l'occasion de lui collecter des éléments d'informations.


Alors, qui écrit les discours du Président ?

Laissez ces allégations aux adversaires du Président Bédié ! Le Président est un intellectuel accompli qui s'assume ; un homme de grande culture dont la finesse le dispute à l'érudition. Tout cela a nourri sa puissance de réflexion et de pensée dont le résultat éclatant est sa vision grandiose d'une Côte d'Ivoire aux horizons modernes du développement que, tous, nous attendons de le voir reprendre pour le progrès de tous et le bonheur de chacun. Reportez-vous à la remarquable interview que vous a accordée le Professeur Zadi Zaourou s'agissant des immenses qualités intellectuelles de M. Bédié.


Aujourd'hui, le président Bédié à 75 ans. L'âge qui, pour certains devrait lui permettre de prendre sa retraite. Aussi bien du Pdci dont il est le candidat, qu'au plan national. Quelle est votre lecture sur l'âge de votre candidat et sur la sortie de certaines personnes qui estiment qu'il est assez vieux pour être le porte-flambeau du Pdci ?

Je ne sais pas ce que vous voulez dire. Il est assez vieux, qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce à dire qu'il est suffisamment vieux pour être candidat à la présidentielle ? Alors oui, il a l'âge qu'il faut pour être candidat. Et j'ai déjà répondu à ceux qui rêvent de la retraite de Bédié tant du parti que de la présidentielle. La candidature de Bédié est légale et autorisée. Il peut et va diriger la Côte d'Ivoire. C'est la jeunesse du cœur, de l'esprit et des idées qui importe. C'est la vigueur des actions posées qui compte pour les Ivoiriens. C'est le profond amour pour le peuple qui compte. Il y a des moins de 75 ans qui n'ont rien fait et ne feront rien pour le peuple ivoirien. Leur action, leur raison d'être, c'est le sang, le non développement, les détournements dans l'impunité. Ils n'ont aucune idée claire de l'Etat, seulement des promesses fallacieuses qui ont trompé les travailleurs et la jeunesse. Il faut qu'on soit clair. Voulez-vous dire que Bédié est assez vieux ou trop vieux ? Il faut savoir de quoi on veut parler.


Que répondez-vous à ceux qui disent que le Président Bédié est trop vieux pour prétendre être Président de la République ?

Je ne sais pas sur quelle base ceux-là se fondent pour dire que M. Bédié est " trop vieux ". Le Président Bédié fête ses 75 ans. Avoir 75 ans, est-ce trop vieux ? Aujourd'hui en Europe, l'espérance de vie tourne autour de 100 ans. Avec les progrès de la médecine, les gens vivent longtemps. Mais vivre longtemps et être trop vieux, c'est deux choses. Etre vieux, c'est un état ou une disposition d'esprit. Il y a certaines personnes qui pensent qu'à 75 ans, le Président Bédié devrait prendre sa retraire politique. Une telle opinion n'engage que ses auteurs. Au demeurant, elle ne saurait être démocratique dans son réflexe d'exclusion et de déni du droit politique de ceux qui ont 75 ans et plus. On a vu De Gaulle, on a vu Pompidou, on a vu Mitterrand.


La constitution aussi le pense.

C'est une mauvaise interprétation de la constitution. La constitution ne dit pas qu'à 75 ans, on prend sa retraite politique. La constitution dit qu'à 75 ans, on peut être candidat à la présidentielle de ce pays. Donc lisez bien votre constitution.


“Voici les faiblesses du Président Bédié”

Quel article de la constitution citez-vous ?
Mais l'article auquel vous faites allusion ou référence ! Lisez les textes, lisez le code électoral, lisez la constitution, ils ne disent pas qu’à 75 ans, on ne peut plus être candidat ou que l'on n'a plus le droit de faire de la politique ou de mener des activités politiques !

Vous êtes en train de réécrire la constitution.
Je ne réécris pas la constitution, c'est vous qui la réécrivez. Donnez-moi un texte de la constitution ou le passage de la constitution où il est stipulé qu'à 75 ans on n'est plus candidat.

Pour être candidat, il faut avoir 40 ans au moins et 75 ans au plus. Cela veut dire quoi ?
Cela veut dire que ce sont les âges autorisés pour être candidat.

En dehors de cela, on n'est plus candidat.
En dehors de cela, on n'est pas ou plus candidat.

Alors monsieur Bédié ne mérite plus d'être candidat ?
Enfin, je ne sais plus en quelle langue je dois m'exprimer pour me faire entendre et comprendre! Je suis en train de vous dire que la constitution dispose que pour être candidat, il faut avoir 40 ans au moins et 75 ans au plus. Cela veut dire que ceux qui ont 40 ans ou 75 ans peuvent être candidats. Bédié a 75 ans, il est candidat, il peut être candidat. Il est notre candidat.

Ah non, il y a un problème entre l'âge révolu et l'âge exact.
Je dis, à 75 ans, il est candidat mais pas au-delà c'est-à-dire par exemple à 76 ans.

Autrement dit si on suit bien votre logique, si nous partons jusqu'en 2010 officiellement…
Attention, n'allons pas trop vite en besogne ! Ne passons pas de la simple revue des dispositions de la constitution de la 2ème République à la réalité socio-politique brûlante que vit notre pays sans transition et sans discernement. Nous parlons des conditions d'éligibilité édictées dans la constitution. A ce sujet, j'ai publié un article dans votre journal. Alors, je suis étonné que vous reposiez la même question. J'ai dit qu'aucun problème d'éligibilité ne se pose pour le Président Bédié. D'abord, à 75 ans, Bédié peut être candidat parce que la constitution ne le lui interdit pas. La constitution vous dit, pour être candidat, il faut être âgé de 40 ans au moins. Cela veut dire que ceux qui ont 39 ans (c'est-à-dire moins de 40 ans) ne peuvent pas être candidats. Il faut avoir 40 ans pour être candidat. C'est le plus petit âge qu'il faut avoir pour être candidat. Tandis que le plus grand âge qu'on doit avoir pour être candidat, c'est 75 ans. Celui qui a plus de 75 ans ne peut pas être candidat. Toute autre interprétation de ce texte est tordue et malveillante. Et ça, ce sont les adversaires de Bédié qui le font. Mais vous, en tant que journaliste, vous devez vous informer pour dire la vérité et être objectif afin d'éclairer les Ivoiriens, en évitant de les induire en erreur. D'ailleurs, cette clause liée à l'âge n'est pas juste parce qu’elle est discriminatoire et exclusiviste. D'ailleurs, ses auteurs n'ont pas fait mystère de cet esprit d'exclusion. Ils l'ont avoué eux-mêmes. Ça veut dire que tout cela porte la marque de la conspiration contre le PDCI-RDA. Il véhicule l'esprit de la conspiration et du coup d'Etat de décembre 1999. Sous ce rapport, la constitution de la deuxième république contient des germes confligènes qu'il faudra à un moment donné régler. Par ailleurs, vous êtes Ivoiriens et témoins privilégiés de la crise politique et sociale profonde qui affecte la Côte d'Ivoire. Vous êtes suffisamment informés des mesures particulières et exceptionnelles adoptés par l'Etat ivoirien et la communauté internationale pour résoudre cette crise. Ces mesures arrêtées dans le cadre des arrangements politiques que constituent les différents accords nationaux et internationaux qui gèrent actuellement cette période de crise et le processus de sortie de crise rendent inopérantes les clauses constitutionnelles que nous venons de rappeler. Donc soulever la question de l'âge, c'est engager une polémique qui n'a aucun sens. Jusqu'en 2010, Bédié reste candidat et éligible si Gbagbo et le FPI veulent laisser traîner les choses jusqu'à cette date ! C'est une ruse inutile qui pénalise nos populations et la Côte d'Ivoire. Et je ne suis pas certain qu'aujourd'hui les Ivoiriens l'acceptent.

Vous pensez, professeur, que ce problème ne se pose plus pour votre candidat, le Président Bédié ?
Nous en sommes convaincu et c'est une évidence !

Alors, comment le voyez-vous en tant que candidat ? Comment le jugez-vous ? Comment le présentez-vous en tant que candidat ?
Bédié est l'unique candidat du PDCI-RDA en sa double qualité d'héritier du Père fondateur et surtout comme candidat plébiscité par le XIè Congrès Ordinaire et investi par la Convention Nationale du parti. Par son bel âge, source d'expérience et d'expertise, il est un homme accompli. Sa maturité est un gage de la maîtrise de soi, qualité requise pour le gouvernement de soi qui s'impose à qui veut gouverner les autres. Par son programme de gouvernement et son projet présidentiel que tout le monde a salué et dont la mise en œuvre avait commencé à donner des fruits pour porter notre pays vers des horizons nouveaux du développement, Bédié a démontré qu'il est un homme d'Etat soucieux du bonheur des Ivoiriens et de l'avenir de notre jeunesse. La puissance de sa vision de la Côte d'Ivoire qu'il connaît profondément, nous conforte dans l'idée qu'il est le bon cheval. Puisqu'à ce jour, aucun de ses adversaires ne nous a donné la preuve d'une telle puissance de vision.
Tous ceux qui sont venus par les armes, la violence et le mensonge, tous ceux qui ont écarté le PDCI-RDA du pouvoir par la force ont échoué. Il est donc tout à fait juste que les Ivoiriens reviennent à Bédié comme à leur nouvelle chance, comme au nouvel espoir pour le redressement et la renaissance de ce pays qui est, aujourd'hui, dans le gouffre et dans la misère.

Vous ne dites que ses forces, n'a-t-il pas de faiblesse ?
Ecoutez, moi, je ne connais ni ne parle de mon chef en termes de faiblesse. Car la faiblesse c'est quoi ?

Vous fermez les yeux sur ses faiblesses.
Je ne ferme pas les yeux sur ses faiblesses, parce que c'est mon chef ! Encore faut-il que je les connaisse ! Connaissant les faiblesses de ses adversaires, pour moi, il est un chef excellent. Il doit sûrement avoir des faiblesses. Mais, souvent ce sont ses forces que ses adversaires ou les moins avertis considèrent comme des faiblesses.

Par exemple ?
Par exemple, pour certains, son attachement à l'Etat de droit, son penchant pour la démocratie, pour les solutions démocratiques négociées, les solutions juridiques et légales, son penchant pour le respect du droit et non pour la violence sont un signe de faiblesse. Son penchant pour le règlement des problèmes en respectant le droit des uns et des autres est apparu à certains comme absence de détermination. Certains souhaiteraient qu'il tranche dans le vif en créant l'injustice s'il le faut. Il n'a jamais voulu prendre de telles décisions. Il n'est pas adepte du pouvoir brutal et autoritaire. Sa grande urbanité et sa courtoisie doublées d'une grande finesse d'esprit dans les relations humaines sont appréhendées à tort par les impatients comme une faiblesse. Mais avec le recul, on s'aperçoit que ce sont là des forces caractéristiques d'une grandeur d'âme. Parmi les leaders africains, Bédié est un des rares à reconnaître ses erreurs ! Est-ce la marque d'une absence de courage ? Vous voyez combien est simpliste et naïve la méthode qui consiste à rechercher les forces et les faiblesses d'un chef. En répondant que je ne sais pas, j'indique que, par sa simplicité et sa naïveté, une telle méthode m'embarrasse. Dans le monde humain, et surtout dans l'univers politique où les significations sont flottantes et incertaines, ce qui apparaît comme une faiblesse peut par ailleurs s'avérer comme une force et visce-versa. C'est pourquoi, je me garde de ces types de jugement tranché concernant un homme et notamment un homme d'Etat de la densité de Bédié.

Vous le voyez donc comme le prochain Président de la Côte d'Ivoire ?
Il n'y a pas d'ambiguïté pour nous. D'ailleurs, vous-même, si vous avez suivi ses visites, ses tournées, vous avez dû constater l'engouement et l'enthousiasme qui s'expriment à l'occasion de ces événements et la portée de ses messages. Donc, vous comprenez que nous puissions affirmer que la tendance lui est favorable.

Ne craignez-vous pas de vous faire surprendre par un résultat négatif ?
Certes, la politique est souvent le champ de l'irrationnel. Cependant, au regard des paramètres contingents, notre appréciation de la situation politique demeure saine et juste.

Peut-on avoir quelques uns de ces critères objectifs ?
Le premier critère objectif, c'est que au PDCI-RDA, nous avons un bilan ; nous avons les ressources humaines ; les compétences sont nettement de notre côté. Et puis en face, le FPI nous a démontré qu'il n'a pas nos atouts. Il n'a même pas de bilan. Je n'ai pas besoin d'aller chercher très loin. Vous voyez la situation d'un pays comme la Côte d'Ivoire qui, jusqu'en 2000, était un pays à revenu intermédiaire. Vous vous souvenez qu'en 1998, par la compétence et la qualité de la gestion de ses gouvernants, ce pays a pu obtenir des institutions internationales le bénéfice de l'initiative PPTE qui était réservée aux pays pauvres très endettés. Voilà un pays qui n'est pas pauvre, qui est un pays à revenu intermédiaire et qui a réussi à obtenir des institutions internationales du fait de la qualité des hommes qui le géraient une initiative qui devait l'amener à rebondir. Et ce rebond devait avoir lieu en mars 2001. Le Président Bédié a pris le pouvoir en 1993 avec un pays dont le taux de croissance était quasiment négatif.

Faites-vous référence à la gestion d'Alassane Dramane Ouattara ?
Je parle seulement des paramètres concrets de la période des années 90 qui relèvent des fondamentaux économiques et financiers du pays et non d'une personne. Je ne fais la critique de personne. Puisque celui qui était président de la République était Houphouët-Boigny dont se réclame sans exception toute la classe politique aujourd'hui. Et je m'en réjouis !

Quand on sait un peu l'état de santé du Président Houphouët…
De toutes les façons, le Président de la République est responsable du gouvernement. Donc, pour moi, nous étions toujours dans la gestion du PDCI-RDA. Nous l'assumons. Et donc, ce n'est pas parce que c'est notre gestion que nous devons fermer les yeux sur les moments d'inflexion.

Donc, vous étiez en train de faire la démonstration ?
Oui, je démontrais que, déjà à partir de 1990 qui est une période d'inflexion, le gouvernement a pu faire une remontée à partir de 1994 grâce à la vision du Président Henri Konan Bédié. Le premier ministre Duncan a publié les indicateurs officiels que vous n'ignorez pas. Et vous connaissez les résultats auxquels le gouvernement est parvenu en 1999. Le taux de croissance était d'environ 7% par an. Et nous visions un taux de croissance à deux chiffres. On l'aurait indubitablement atteint puisque déjà dans le secteur industriel, on affichait une croissance à deux chiffres soit 12%. Donc, à ce niveau là, les chances étaient claires et nettes. Mais, il y a eu ce coup d'Etat que le Président Bédié juge constamment, et avec raison, de stupide. Parce que ce coup d'Etat n'a rien apporté de positif aux Ivoiriens.

Vous n'avez pas encore digéré les conséquences du coup d'Etat, à ce qui se voit.
Il ne s'agit pas de digérer ou de ne pas digérer. Le coup d'Etat n'est pas une nourriture. Parce que c'est trop facile de dire, on a digéré ou on n'a pas digéré. On ne digère pas une stupidité, on ne digère pas un caillou.

Est-ce que, pour en revenir à ce coup d'Etat, vous êtes contraint d'en parler régulièrement ?
Nous en parlons afin que plus jamais cette erreur ne se reproduise. Nous en parlons parce que cela a constitué un frein grave à l'essor de ce pays, à l'évolution des Ivoiriens. Cela a entrainé plus de 20 ans de retard.
Par exemple, en 1998, si vous regardez les chiffres, l'espérance de vie des Ivoiriens approchait les 60 ans. Aujourd'hui, l'espérance de vie des Ivoiriens est tombée en dessous de 40 ans ; elle avoisine même 35 ans, avec un taux de pauvreté de 50%. Du jamais vu ! Dans les zones CNO, le taux de pauvreté est de 72%.

Est-ce que le Pdci lui-même, en tant que parti politique, a essayé de tirer les conséquences du coup d'Etat ?
Je n'ai pas fini. Je vous expliquais les chances du PDCI-RDA et les atouts de son candidat. Je ne voudrais pas parler des faiblesses. Parce que les gens considèrent comme une faiblesse le fait de ne pas user de la violence, de vouloir utiliser des méthodes et des processus démocratiques qui sont, par excellence, conformes aux moyens d'action politiques. Le domaine de la politique est un espace où la violence est mise hors-jeu, hors la loi. Nous avons construit ce pays sur ces bases là. Nous en avions les moyens. Nous avions les hommes. Nous avions mis ensemble les intelligences et les compétences. Et nous avons considéré que tous les Ivoiriens doivent œuvrer et avoir part au progrès de ce pays. Nous n'avons jamais joué à l'exclusion et notre réputation de pays d'hospitalité en témoigne, bien qu'on nous ait accusés du contraire ! Nous avons valorisé et utilisé toutes les intelligences. Un tel parti, le PDCI-RDA, est donc porteur d'espoir et d'espérance. C'est pourquoi, nous disons que le PDCI, en revenant au pouvoir, va réconcilier les Ivoiriens, va nous faire oublier les dérives, va cicatriser nos plaies et nous permettre de renouer avec notre image de pays ouvert, de pays fraternel, hospitalier, de pays soucieux de son développement au profit de tous les Ivoiriens. Si nous avions été fidèles à l'idéal démocratique, si nous n'avions pas utilisé la violence pour briser le processus politique et le programme économique en cours dans notre pays, la Côte d'Ivoire aurait surement atteint son objectif dans le cercle des pays émergents. Nous aurions connu neuf ans de progrès.

Donc, l'on pouvait nous classer parmi les pays émergents ?
Oui ! Avec la force de la volonté politique qui soutenait cette action gouvernementale et au regard de tous les paramètres mentionnés et connus, nous aurions pu l'être.

Nombreux sont ceux qui disaient que la Côte d'Ivoire ne serait pas élue au PPTE. Aujourd'hui, certains crient à la victoire. Quel est votre commentaire ?
Ils ont réussi à transformer un pays à revenu intermédiaire en pays pauvre. Peuvent-ils s'en réjouir ?

"Ils" est mis pour qui ?
La refondation pense avoir obtenu une victoire puisque le chef de l'Etat en a parlé en ces termes. Celui-ci nous promet que la Côte d'Ivoire va devenir un pays à revenu intermédiaire ! Et il n'a pas précisé en quelle année la Côte d'Ivoire le deviendrait. Alors que depuis le milieu des années 70 les performances et le dynamisme économique et financier de la Côte d'Ivoire nous avaient permis d'être classé parmi les pays à revenu intermédiaire ! Vous voyez, avec la refondation, nous marchons à reculons. En 2009, ils nous promettent ce que nous étions dans les années 70 ! Nous ramener 30 ans en arrière, voilà ce que la refondation nous propose. C'est un aveu d'échec ! Nous constatons que l'on a fait reculer notre pays. Les dégâts causés à ce pays sont des dégâts graves qui peuvent s'évaluer comme un recul de plus de trois décennies.

L'on peut répliquer pour dire que M. Laurent Gbagbo a hérité du coup d'Etat et qu'il a été ainsi victime du coup d'Etat. N'est-ce pas ?
M. Gbagbo a applaudi le coup d'Etat de 1999 qu'il a qualifié de salutaire parce que selon lui, il fait avancer la démocratie ! Il ne peut donc en être une victime ! Par ailleurs, il a avoué qu'il est a accédé au pouvoir dans des conditions calamiteuses. Quand un chef d'Etat reconnait lui-même qu'il a accédé au pouvoir dans des conditions non-conformes aux règles démocratiques, il devrait se donner pour mission de les rétablir.

Est-ce que ce n'est pas la preuve qu'il n'est pas responsable de la situation actuelle ?
De quelle preuve parlez-vous? Quand un chef analyse une situation et qu'il dit : je suis arrivé dans des conditions spécifiques au pouvoir, cela signifie qu'il doit prendre des dispositions idoines pour sortir de cette situation afin que le pays retrouve sa normalité, sa stabilité et son équilibre. Mais, nous n'avons pas vu le régime des refondateurs prendre les dispositions dans ce sens. Et c'est cela leur faute lourde. Ils ont constamment cherché à gérer ce pays en opposant ses fils les uns aux autres, en créant des clans, en opposant nos régions les unes aux autres, notre pays aux autres pays. Ils ont fui tous les problèmes de fond. Le PDCI a toujours prôné la fraternité, la coopération internationale, l'unité nationale, l'union, le dialogue. La Refondation nous a entraînés dans le conflit, dans l'affrontement et dans la guerre. Elle est responsable de la situation actuelle. Ayant accédé au pouvoir au terme d'une compétition électorale dont furent exclus les grands partis politiques, les refondateurs ont tenté de s'emparer de l'appareil de l'Etat pour imposer un pouvoir minoritaire. C'est sur ce chapitre que je dis qu'ils ont commis des fautes politiques graves.

L'opposition, le parti au pouvoir et les Forces nouvelles réclament tous des élections. Pensez-vous que les conditions d'une élection transparente sont remplies comme tout le monde le souhaite ?
Je le souhaite. Nous espérons que les mesures qui sont en train d'être prises actuellement vont permettre de conduire le processus à son terme. Nous pensons que les élections vont avoir lieu, nous en sommes certain.
Avant, les blocages de l'enrôlement et de l'identification orchestrés par le régime FPI n'ont pas permis de respecter les dates fixées. Nous sommes aujourd'hui dans une conjoncture différente. Nous avons atteint, au niveau du recensement électoral, des chiffres qui nous permettent d'aller aux élections. Nous espérons que tout sera mis en œuvre pour sécuriser ces élections. Nous croyons qu'avec la contribution des forces impartiales, cela va créer un environnement propice à l'expression du suffrage.

Le Président Bédié a affirmé qu'il traduirait les tenants du pouvoir actuel qui auraient commis des crimes, devant les tribunaux internationaux. Pensez-vous que c'est une sortie pertinente ?
Le PDCI-RDA ne commande pas aux juridictions pénales internationales. Autant que je sache, le président Bédié n'a pas dit qu'il traduirait les tenants du pouvoir actuel devant les tribunaux internationaux pour les crimes commis. Vous savez que les crimes contre l'humanité et les crimes économiques ne font pas l'objet d'amnistie. Vous savez aussi qu'un dossier existe sur les événements de la Côte d'Ivoire par la communauté internationale. Le président Bédié a tout simplement rappelé le processus en cours d'instruction par la communauté internationale sans viser quelqu'un en particulier. On sait que tous ceux qui ont commis des crimes contre l'humanité à travers le monde font l'objet d'une telle procédure.
Les journalistes doivent contribuer à l'apaisement du climat social et à la sérénité en faisant en sorte que la réception du message soit claire.
Disons donc que le président Bédié ayant constamment prôné le pardon et la réconciliation, il ne prendra pas sur lui la responsabilité de traduire quelqu'un devant une juridiction internationale. Il n'a pas de revanche personnelle à prendre.
Regardez Charles Taylor, ce sont les juridictions internationales elles-mêmes qui se sont saisies du dossier. Si elles constatent par exemple que des personnalités de notre pays, dans l'exercice de leurs fonctions, ont eu à commettre des crimes, des atrocités, ils répondront de leurs actes. Cela est un principe général. Le président n'a fait que le rappeler. Il n'a fait le procès de personne, ni menacé personne.

Quelle lecture faites-vous par rapport à la dernière déclaration du RHDP ?
Nous nous félicitons de la mobilisation du RHDP à la base. Nous saluons la volonté du Directoire de se mettre à l'écoute des militants dans un contexte marqué par l'aggravation de la situation de dégradation sociale, économique et politique de la nation. Devant une telle situation, les ruses et les stratégies du régime FPI pour reporter constamment les élections par peur d'affronter le suffrage des Ivoiriens sont une attitude inacceptable voire criminelle en raison des dégâts sociaux et humains qui en résultent. La déclaration du RHDP est une réponse politique aux blocages répétitifs et injustifiés du processus de sortie de crise par M. GBAGBO. Elle dénonce et condamne sa tendance autocratique par laquelle il fait croire que son pouvoir est illimité et qu'il peut en conséquence tout se permettre, sans restriction, au mépris des engagements pris ainsi que des textes légaux et règlementaires consensuellement admis par l'ensemble des protagonistes de la crise. Cette déclaration s'inscrit donc dans la logique de la pression qu'il faut exercer sur ce régime minoritaire et violent pour l'amener à sortir de ce sentier suicidaire.

Comment appréciez-vous les discours des deux principaux leaders de l'opposition: Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara ? Pouvez-vous faire une analyse comparative ?
Ces discours marquent la détermination et l'engagement des présidents Bédié et Ouattara à s'impliquer fortement et personnellement dans le lancement de la précampagne.
Ils constituent l'expression de leur conviction et de leur assurance quant à la tenue des élections en cette année 2009. Ils sont aussi la démonstration de leurs ambitions pour une Côte d'Ivoire qui renoue avec la paix et le développement.
Les Ivoiriens accueillent avec satisfaction ces activités d'animation et de mobilisation qui ouvrent de nouvelles perspectives à notre pays, à ses populations et à sa jeunesse.
Chacun des deux présidents est dans son rôle et répond aux sollicitations et aux soucis profonds des militants du RHDP de voir la Côte d'Ivoire sortir de cette crise qui n'a que trop durer et qui handicape la nation.
Nous souhaitons que le FPI rejoigne sur ce terrain le RHDP en mettant fin à ses manœuvres dilatoires sans chercher l'épreuve de force.


Après que le RHDP eut donné un ultimatum à l'exécutif, celui-ci a rendu enfin publique, la date de l'élection présidentielle. Quel commentaire faites-vous de cela ?

C'est dommage qu'il ait choisi de refuser la date proposée par la Cei. Et j'espère que ce n'est pas dans l'intention de nous amener en 2010. Et allonger davantage la souffrance des Ivoiriens. Nous pensons que le Pdci et le Rhdp aviseront.

Interview réalisée par André silver Konan, Parfait Tadjau, Jules Claver Aka
et Foumséké Coulibaly

Coll : AKs (Stagiaire)
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