Un géant aux pieds d'argile CCI
Lors du lancement de l'opération de déploiement des Fds-ci et des FaFn commis à la sécurisation du processus de sortie de crise, le colonel major Kouakou Nicolas, commandant du Cci a lancé un cri de cœur. Il a souhaité que les gouvernants dégagent les moyens indispensables à une si importante mission. Une phrase qui en dit long sur les contraintes auxquelles la force mixte clé de voûte du processus de sortie de crise, est confronté au quotidien.
Le déploiement des 8.000 hommes du Centre de commandement intégré (Cci) suit son petit bonhomme de chemin. « Nous rencontrons des problèmes, surtout au plan logistique », affirme une source bien informée, pour expliquer la lenteur du processus.
Il est vrai que transporter 8.000 personnes et les déployer sur toute l'étendue du territoire nationale n'est pas une mince affaire. A défaut des cargos militaires, le Cci loue des cars. A cela s'ajoutent les difficultés d'hébergement, surtout dans les zones CNO. « Les 200 Fds-ci envoyés à Bouaké sont logés au camp du 3ème bataillon dont les commodités ne sont pas les meilleures », indique un élément de cette force mixte.
Peut-être faudra-t-il alors solliciter l'aide des élus, des conseils généraux et des mairies. Ils pourraient mettre les centres culturels et autres foyers à la disposition des unités mixtes, ne serait-ce que pour un moment. En attendant, pense notre source, l'Onuci pourrait aider le Cci avec des tentes et des lits picot. A sa connaissance, c'est le principal acquis du ministre de la Défense, Amani N'Guessan, après sa rencontre, la semaine dernière, avec Young Jin Choï, le représentant spécial du secrétaire général de l'Onu en Côte d'Ivoire.
Autre difficulté pour le Cci, les tenues. Le Cci avait demandé des tenues spéciales pour ses unités. Mais, les problèmes financiers ont fait que les chefs ont choisi que les Fds portent les mêmes tenues. Si cela ne gène pas trop la gendarmerie nationale, il n'en n'est pas de même pour les policiers qui viennent de changer de look. « Chaque policier n'a reçu qu'une seule tenue. Il leur faudra une seconde pour être un peu à l'aise », soutient un agent. Il ajoute que les éléments des FaFn rencontrent plus de difficultés. « Vous les avez vus avec leurs tenues bigarrées le jour de leur cession officielle au Cci. Il est indispensable que leurs tenues soient les mêmes que celles de leurs frères d'armes policiers et gendarmes Fds-ci. Cela leur permettra de travailler sans complexe avec les autres, surtout ceux qui sont affectés dans les zones gouvernementales », pense un officier. Là encore, les difficultés financières se font sentir. Une seule tenue complète (habit et rangers) revient à 60.000 Fcfa par élément. Ce qui donne, pour les 8.000 éléments, près de 500 millions de Fcfa si l'on ne donne qu'une seule tenue ! Sur le plan logistique, il y a, enfin, les problèmes de communication et même celui de la dotation en arme de poing. Le ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro, a souhaité, sans succès pour le moment, la levée partielle de l'embargo qui frappe le pays. «Il y a aussi les contraintes psychologiques. Si la confiance est presque revenue au sommet, entre les deux forces ex-belligérantes, il n'en est pas de même, en tous cas pas totalement, entre les hommes de troupe », soutient un autre interlocuteur. C'est un peu, explique-t-il, ce qui est arrivé lors du départ pour Bouaké de la deuxième vague des Fds. « Nos chefs (du Cci, Ndlr), étaient informés de l'arrivée de ces soldats de Daloa. La veille, dans la soirée, l'état-major FaFn leur a demandé de surseoir au mouvement vu que cela doit se faire concomitamment et avec le même nombre d'éléments. Alors qu'eux n'étaient pas visiblement prêts », raconte un élément. Selon lui, le patron du Cci, averti aussi tardivement, ne pouvait que s'adresser aux différents chefs (police et gendarmerie) à Abidjan, après, bien entendu, s'en être référé au Cema des Fds-ci, le général Mangou Philippe. Daloa n'a visiblement pas reçu l'ordre à temps.
Quoi qu'il en soit, conclut notre source, « le processus est irréversible et les militaires des deux camps y sont engagés. Avec la double bénédiction du chef de l'Etat et du Premier ministre. Vous verrez qu'après la prochaine réunion du Cpc à Ouagadougou, des décisions seront prises pour booster le Cci et lui permettre de mener cette mission jusqu'à son terme », rassure-t-il. De quoi mettre du baume au cœur des colonels Kouakou Nicolas et Karim Ouattara, respectivement commandant et commandant-adjoint du Cci.
Ousmane Diallo Correspondant régional