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Politique Publié le mardi 19 mai 2009 | Le Temps

Succession de Bedie : Le Pdci à la croisée des chemins

Henri Konan Bédié bien que frappé de forclusion, est le candidat du parti démocratique de Côte d'Ivoire à la future élection présidentielle. Mais au-delà de ce scrutin, la succession de Bédié à la tête de sa formation politique fait question. A 75 ans, il lui faut bien passer la main, selon les textes du parti.

Le président du Pdci-Rda est doublement frappé de forclusion. A 75 ans, il ne devrait plus, selon la constitution, prendre part à l'élection présidentielle. De même qu'aux termes des textes de son parti, il ne pourra plus assurer la présidence du Pdci. C'est donc dire que les jours sont comptés pour le sphinx de Daoukro, né le 5 mai 1934 à Prepressou, un quartier de sa ville natale, Daoukro. Au jour d'aujourd'hui, c'est, en principe, rideau pour Bédié.

Marcoussis, la bouée de sauvetage

Mais, il est le premier à s'en réjouir, nous n'en sommes pas encore là. D'autant plus qu'il est quasiment assuré de prendre part à la prochaine joute présidentielle, même s'il est frappé par la limite d'âge. En effet, le Pdci s'accroche énergiquement aux Accords de Linas-Marcoussis, pour clamer que Bédié ne saurait être exclu de la course à la présidentielle. Tout comme, au nom de l' " exception marcoussiste ", Ouattara pourra se " prévaloir de la nationalité ivoirienne " pour être candidat. Au nom de la sortie de la crise, la communauté internationale le lui concédera certainement. D'ailleurs, le débat sur la forclusion n'intéresse pas vraiment le Président de la République qui, du reste, ne s'y est jamais engagé. D'autant plus qu'il ne redoute ni la candidature de Bédié, ni celle de Ouattara. De ce côté-là, celui de sa forclusion, Bédié peut souffler, entre deux meetings, sous l'œil vigilant de son médecin. A sa résidence à Cocody, Gnamien Konan, son ex-ministre de l'Economie et les caciques du parti, qui lui rendent visite tous les soirs, dit-on, l'assurent de leur " soutien entier". Mais la vie du Pdci ne s'arrêtera pas à une élection présidentielle.

Difficile adieu et malaise

L'arbre de la future consultation ne pourra davantage cacher la forêt de la question de la succession de Bédié à la tête du Pdci, du moment que l'heure de la retraite sonne pour lui. A dire vrai, "la forêt de la succession de Bédié au Pdci est une véritable jungle", fait remarquer un cadre du parti. L'homme, bien qu'inconditionnel du président sur le départ, ose, lui, regarder la réalité en face. "Il lui faudra partir, selon les textes". Sinon, cette jungle, qui résonne déjà des hurlements des jeunes loups aux dents longues, pourrait, à terme, s'embraser. Surtout que des dinosaures, qui ne font certes pas de bruits, dans l'ombre où ils sont tapis, attendent " leur heure ", nous confie-t-on. C'est dire qu'au Pdci-Rda, le malaise est profond.

Entre conservatisme et besoin d'un sang neuf

Et le fossé ne cesse de grandir entre les jeunes prétendants au fauteuil de président, incarnés par Gnamien Yao et les caciques, conduits par Konan Bédié, lui-même. La stratégie d'intimidation, qui a consisté à les convoquer pour les entendre ne les fera certainement pas plier. Il semble même que certains conseillers de Bédié, mieux avisés, l'aient convaincu d'abandonner le chemin des " procès " et de la " bastonnade " qui ne ferait qu'en rajouter à ses soucis. Après l'incident survenu à la maison du parti, en mars 2009 (bastonnade de Gnamien Yao par le président de la Jpdci, alors qu’il y était convoqué par le président du Conseil de discipline), la mesure " disciplinaire (exclusion du parti)", initiée par le doyen Noël Nemin, a montré ses limites et même produit l'effet contraire. Le Pdci se trouve aujourd'hui, à la croisée des chemins.

Le poids des caciques

Le parti de Bédié a le choix. Il peut décider d'apporter un sang neuf au parti. Gnamien Yao s'est proposé de relever ce défi. Estimant qu'à 75 ans, Bédié et les caciques "ne peuvent plus penser et assurer l'avenir du parti ". Aussi lui et ses amis estiment-ils qu' " après avoir collé les affiches, transporté les chaises et tenu les haut-parleurs, lors des meetings ", le temps est venu pour eux de présider aux destinées du Pdci. Pour le régénérer. Mais il n'est pas exclu que le Pdci choisisse de rester dans la pure tradition du conservatisme, incarnée par une certaine gérontocratie. Des anciens ne sont pas disposés à céder aussi facilement la place aux jeunes. Eux, font de la succession de Bédié un sujet tabou. Leurs arguments : "la stabilité dans la continuité, l'expérience au service du parti, dans la discipline ". Mais, la discipline du parti devrait-elle, se faire aux mépris des textes ? Les doyens ne semblent pas presser à répondre à cette question. Et Beaucoup vont jusqu'à suggérer une retouche des textes du Pdci, pour la débarrasser de cette clause sur l'âge, qui pénalise la vieille garde. Les nostalgiques d'Houphouët-Boigny, mort au pouvoir, à 82 ans, à la tête du Pdci ! Mais s'ils se battent pour écarter Gnamien Yao et ses camarades qui dénoncent "la strangulation des jeunes cadres du parti ", ce n'est pas tant pour Bédié. Mais plutôt pour eux-mêmes. Car Zadi Kessi, Djédjé Madi, Dibonan Koné et les autres ne rêvent pas moins d'occuper la place de Bédié à la tête du Pdci. Dans la mêlée qui se prépare, il faut aussi tenir compte des appétits des " rénovateurs " conduits pas le maire du Plateau, Akossi Benjo. Cependant, contrairement à ce que l'on pourrait penser, les rénovateurs n'envisagent pas le rajeunissement, en tant que tel, du Pdci. D'une certaine façon, ils sont pour le " changement dans la continuité ". Ce sont des conservateurs qui se disent "proches" des jeunes, par stratégie. Le combat d'Akossi Benjo et de ses partisans visait le clan Bédié dont ils s'élevaient contre la tendance affairiste au sommet de l'Etat. Leur projet, " diriger le Pdci, autrement ". Autant d'ambitions que de visions du parti.

Le Pdci face à son destin

Le Pdci se trouve aujourd'hui, face à son destin. " Dans un contexte nouveau où la jeunesse émergente est moins préoccupée par les pères fondateurs et par les réponses concrètes à ses attentes au quotidien, le Pdci, s'il ne veut pas se scléroser doit se projeter dans l'après crise", fait remarquer un partisan de Gnamien Yao. C'est donc dire que si le départ de Bédié est plus que jamais à l'ordre du jour, il tient, néanmoins, entre ses mains, le destin du parti. Ou le Sphinx de Daoukro s'emploiera à réconcilier le Pdci et à le laisser à la génération montante, tout en évitant le conflit latent des générations, ou alors il partira dans une contestation qui pourrait bien marquer l'implosion du parti. Car, même un autre mandat présidentiel, si, par extraordinaire cela se produisait, ne le maintiendrait pas à la tête du parti d'Houphouët-Boigny.


K. Kouassi Maurice
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