Pendant combien de temps encore la République Officielle, les bailleurs de fonds et les partenaires économiques de la Côte d’Ivoire, vont-ils s’accommoder de la présence du Colonel Mangly Alphonse à la tête des Douanes ivoiriennes ? L’interrogation est d’importance depuis que le successeur de Gnamien Konan, à la tête de ce levier financier de notre pays, ne manque aucune occasion pour afficher son militantisme au Front Populaire Ivoirien. S’il a remplacé le Colonel Major, Gnamien Konan, par décret no 2008- 121 du 31 mars 2008, parce que le Chef de l’Etat a jugé que ce dernier était entré en politique, il n’en demeure pas moins vrai que Mangly Alphonse en fait de même. Le directeur de campagne du candidat Laurent Gbagbo à Danané, nonobstant l’obligation de réserve qui doit normalement caractériser les corps militaires et paramilitaire, est descendu pieds joints, dans l’arène politique, où il s’est mis au service exclusif de l’ancien opposant historique, candidat à la présidentielle du dimanche 29 novembre 2009. Pour sûr, le Colonel Mangly ne fait pas dans la dentelle, dans son soutien à Gbagbo. Ainsi, le samedi 5 mai dernier à Danané, le patron des Douanes ivoiriennes, directeur départemental de campagne du FPI, a fait montre de son militantisme de la dernière heure. Voici ce qu’il a donné comme message à ses parents : « je vous invite, parents, cadres et frères de Koalé, à opter pour Gbagbo, pour que nos opinions portent à la tête de ce pays… Vous avez demandé la réhabilitation des écoles décoiffées, la construction de dispensaires, l’électrification des villages et la construction des routes. Allons à Gbagbo car lui seul a la solution du développement de nos régions… C’est pourquoi, si je fais votre fierté, faites aussi ma fierté, en élisant Gbagbo, Président de la République ». Sans commentaire ! En tout état de cause, la même loi qui a présidé au limogeage de Gnamien Konan, l’officier qui n’a pas su garder en lui ses opinions politiques, doit être opérante pour son successeur Mangly, qui a commis la même faute. Cette sanction n’est pas venue. Depuis, Mangly Alphonse fait des dons, par-ci, par là, aux sections et délégations du Front Populaire Ivoirien, dans la plus stricte impunité. Si ce ne sont pas des véhicules, ce sont des espèces sonnantes et trébuchantes. Et pourtant, il n’est pas normal que ce directeur qui détient l’appareil de commandement et de décision de cette importante régie financière qu’est la Douane, fasse tant d’amalgames et tant de concussions de deniers publics, au profit de son candidat et de son parti politique. A l’heure où les questions centrales de la bonne gouvernance, de transparence dans la gestion du patrimoine national sont au cœur du débat dans les relations avec les bailleurs de fonds et autres partenaires économiques, il est plus qu’urgent de débarquer ce militant politique. Le risque est grand pour Laurent Gbagbo. L’opinion ne finit pas de dire que l’importante manne douanière est mise au service de la campagne de Laurent Gbagbo. Sinon, d’où viendraient les sommes importantes que distribue, ici et là, cet agent de l’Etat, directeur des douanes du pays ? Sont-ce ses propres économies ? Pas si sûr ! Avec toutes ses tournées politiques, quel temps accorde-t-il à sa mission publique pour laquelle, chaque fin de mois, on lui verse entre les mains, l’argent du contribuable comme salaire et primes de responsabilité ? A dire vrai, Mangly Alphonse est un anti- modèle de la bonne gouvernance. Pis, il est un danger pour le développement économique de la Côte d’Ivoire. Il mérite d’être démis de ses fonctions. Ce qui d’ailleurs lui donnera plus de temps pour s’occuper de son candidat. Et dire que c’est sous Laurent Gbagbo, grand défenseur, dans le temps, de l’argent du contribuable que l’on vit ces choses-là ! Si Houphouët vivait !
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga