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Économie Publié le mercredi 20 mai 2009 | Le Nouveau Navire

L’événement - Filière cajou africaine : Quelle politique pour une industrialisation locale ?

La Côte d'Ivoire, depuis son indépendance, a axé son développement économique sur l'agriculture. La filière cajou africaine, à travers la valorisation de l'anacarde opte pour l'amélioration du niveau de la transformation locale, gage d'un avenir meilleur.

Au lendemain de son indépendance, la Côte d'Ivoire a axé principalement sa politique de développement sur le secteur primaire. Cependant, au fil des années, la désintégration de ce secteur, la dépréciation constante des prix aux producteurs, les nécessités de satisfaction des besoins nouveaux, conséquences de l'évolution technologique et surtout de la demande, ont contraint la Côte d'Ivoire, principal pourvoyeur de matières premières agricoles, à redéfinir sa politique agricole dans le sens de la diversification. Ainsi, l'anacardier considéré à l'origine comme un moyen d'amélioration des écosystèmes (déforestation, érosion) devient une source de spéculation de rente à travers sa noix. La noix de cajou, riche en éléments nutritifs, employés dans des domaines aussi divers que l'industrie agroalimentaire, la pharmacologie ou la cosmétologie, revêt, au niveau social une importance capitale. Dans le monde, les principaux pays producteurs de cette noix de cajou sont l'Inde, la Côte d'Ivoire, le Vietnam, le Brésil, le Mozambique, le Kenya, la Tanzanie, le Bénin, la Guinée Bissau et le Nigeria. Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire en est le deuxième producteur- exportateur. Si l'Inde, le Vietnam et le Brésil transforment la totalité de leurs productions, il n'en est pas de même pour la Côte d'Ivoire dont le véritable problème réside dans la faible transformation de sa production. Elle dispose d'une capacité théorique d'usinage de 10.000 tonnes, soit moins de 5% de sa production nationale. A titre de comparaison, l'Inde, premier importateur de noix de cajou en Côte d'Ivoire, dispose de 900 unités de transformation pour une capacité d'usinage de 1.000.000 de tonnes, alors que sa production intérieure de noix brute est de 450.000 tonnes. Conscient de cet état de fait, l'Association pour le développement de la filière cajou africaine (Adefica), dès sa création en 2004, a axé son programme d'activité sur l'industrialisation de la noix de cajou africaine. Selon son président, Touré Gaoussou, cette situation a nécessité l'organisation du 8 au 10 septembre 2004 à Abidjan d'un séminaire sur l'industrialisation de la noix de cajou africaine. Cette rencontre a abouti à la définition d'un schéma d'industrialisation adopté par tous. A savoir la construction d'unités manuelles de taille maximum de 3000 tonnes de noix de cajou brute, de l'installation de petites unités d'une capacité de transformation de 150 à 500 tonnes par an autour des unités de traitement de 3000 tonnes par an et aussi du choix du matériel de décortiquage manuel adapté à l'environnement africain. A en croire l'Adefica, si rien n'est fait, cette crise s'accentuera d'année en année à cause de la menace de surproduction au niveau mondial avec des prix de plus en plus bas qui finiront par décourager les producteurs. Tous les principaux acteurs étrangers exerçant dans la filière cajou africaine disposent de moyens financiers suffisants et de l'expertise requise à la création et l'exportation des usines nécessaires à la transformation sur place des 650.000 tonnes actuellement produites. Aux dires de Touré Gaoussou, ils n'investissent pas dans ce sens pas parce que la vente des noix brutes à l'export est économiquement plus rentable. Elle est moins pénible et moins risquée que l'industrialisation qui exige des investissements importants dans un contexte de crise financière internationale marqué par la rareté des ressources et la baisse des prix des produits agricoles sur le marché mondial. C'est pourquoi, l'Adefica a organisé du 12 au 13 mai dernier une conférence internationale. L'objectif était de définir les actions concrètes pour l'installation effective des usines qui assureront la transformation des 650.000 tonnes de noix de cajou brutes produites par l'Afrique. Au cours de cette conférence, les acteurs de la filière ont également défini les mesures incitatives à l'industrialisation de la noix de cajou en Afrique et les conditions pratiques d'exportation rationnelle des unités de transformation. La stratégie de démarche qualité systématique dans les plantations, les usines ainsi que le financement de la filière. Il s'agit surtout de mieux préparer les acteurs de la filière cajou africaine à relever les nombreux défis qui se posent à eux et surtout qu'ils ne ratent pas à la seconde chance que les bailleurs de fonds sont décidés à leur accorder à travers le financement des différents projets et programmes de la filière.

Pour une industrialisation réussie, ce que les industriels attendent des Etats africains.

Selon les industriels de la filière, pour réussir le pari de l'industrialisation de la filière cajou, les Etats africains doivent faire de la transformation locale une priorité à travers l'élaboration d'un code cajou à l'instar des codes minier, pétrolier, gazier etc. Ils doivent également exonérer la totalité des droits et taxes d'entrée et la TVA sur le matériel d'usine et le matériel de construction ; sans oublier l'exonération des impôts sur le bénéfice, de la patente, des impôts fonciers sur 5 à 10 ans. Les Etats doivent aussi élaborer et mettre en œuvre une politique de démarche qualité systématique (certifications HACCP, ISSO etc.) dans les usines, accorder un barème spécial de salaire basé sur le paiement des ouvriers au rendement appliqué dans les grands pays industriels. Accorder un crédit à l'exportation de 25 f CFA par kg de noix brutes usinées sur les amandes exportées. Il faut aussi mettre à la disposition des institutions financières crédibles des lignes de crédits à taux réduit à rétrocéder aux opérateurs de la filière. Et enfin conditionner l'octroi des avantages réclamés à un engagement ferme quant à la réalisation des investissements matériels et immeubles conformes aux normes des usines modernes. Au total, il s'agit de tout mettre en œuvre afin que l'Afrique en général et la Côte d'Ivoire en particulier passe la prochaine décennie du stade d'exportateur de noix de cajou brute à celui d'exportateur d'amandes de cajou.

Ce que l'Afrique gagne avec l'industrialisation de la filière cajou

Avec la transformation sur place des 650.000 tonnes actuellement produites par l'Afrique, tous les acteurs engrangeront des gains pour le développement durable de la filière. Ainsi, les Etats augmenteront le volume global des investissements réalisés avec la création de 120 Unités d'une capacité de traitement de 3000 tonnes de noix de cajou par an autour desquelles 1000 petites unités de traitement d'une capacité de 150 tonnes à 500 tonnes par an seront installées dans les villages gros producteurs de noix de cajou (200 milliards d'investissement en matériels de production et construction.) Ceci suscitera la création de 250.000 emplois directs pour environ 70 milliards de Fcfa de salaires versés par an et 2500.000 emplois indirects pour environ 200 milliards à distribué par an. Les Etats percevront environ 40 milliards de fcfa par an au titre de la Tva relative à la filière. Sans oublier le développement des exportations avec un chiffre d'affaires de plus de 450 milliards contre 200 milliards avec les exportations de la noix de cajou brute ; l'amélioration de la balance de paiement et le relèvement du niveau général des économies des pays producteurs. Tout ceci contribuera significativement à la lutte contre la pauvreté, le chômage, l'exode rural et les disparités régionales. Vu les profits que l'ensemble des acteurs peuvent tirer de l'industrialisation de la filière, il est impératif qu'ils s'unissent pour assurer la transformation sur place des noix de cajou actuellement produites par l'Afrique. D'autant plus que malgré la crise financière internationale, les bailleurs de fonds sont décidés à apporter un soutien financier conséquent à la filière.

Par Edmond Kouadio.
gnakouadjokouame@yahoo.fr
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