Le chef de canton de Korhogo est désormais connu de tous, depuis la cérémonie officielle d’intronisation qui a consacré le vieux Bafao Coulibaly selon le rituel sénoufo qui donne au chef de canton ses pleins pouvoirs. Cette cérémonie de présentation officielle s’est déroulée dans la cour familiale du patriarche Gbon Coulibaly en face du Musée de la ville. Le nouveau chef présenté par le ministre Laciné Gon Coulibaly à l’occasion de la cérémonie que le présentateur qualifie de capitale en pays sénoufo en ce sens qu’elle consacre le passage du relais d’un pouvoir à un pouvoir ou en d’autres termes, cette cérémonie donne son sens à l’adage : « le roi est mort, vive le roi ». Ainsi, Bafao Coulibaly, succède au chef feu Idrissa Coulibaly, en sa qualité de celui qui vient en tête des fils du vieux Gbon Coulibaly comme le veut la coutume. Cette nomination qui a priori donc devait se faire de fait, a cependant nécessité la réunion et l’assentiment des neuf membres du conseil de famille. La décision est désormais portée à la connaissance des autorités administratives par un courrier adressé à tous par les légitimes désignateurs du successeur du chef de canton de Korhogo selon la coutume en vigueur. A en croire Laciné Gon, le vieux Bafao est désormais le chef de la famille Gbon, le chef de canton de Korhogo et le responsable du bois sacré en pays senoufo reconnu par tous les chefs de canton, tous les chefs de villages et tous les chefs de bois sacrés. Le nouveau chef de canton a lancé un appel à tous les fils de la région. Un appel pour l’entente entre tous les fils du pays sénoufo qui fait office de peuple exemplaire en ce qui concerne sa disponibilité à prôner la paix et la cohésion. Cet appel prend tout son sens quand l’on se rappelle qu’une lutte de succession a opposé, durant des années, les membres de la famille Gbon dans la désignation du chef de canton. Une guéguerre qui n’a pas encore fermé sa parenthèse puisque déjà, des détracteurs s’érigent pour critiquer le nouveau de n’avoir pas fait l’initiation au Poro et de ne pas comprendre le sénoufo. Le vieux Bafao a su les confondre, lui dont les trois condisciples restant parmi les initiés de 1945 ont été présentés. En outre montrant ses capacités multilinguistiques, le fonctionnaire à la retraite qu’il est s’est adressé à la population aussi bien en français, en malinké qu’en sénoufo bien sûr. Enfin, le rituel sacré qui le confie aux ancêtres par le sacrifice fait devant la case aux morts et la tenue de chef de canton dont il a été revêtu constituent le couronnement d’une intronisation à n’en point douter selon les règles de la coutume. Désormais, le pays sénoufo est à nouveau unanime autour de son chef.
Mack Dakota,
Correspondant Régional
Mack Dakota,
Correspondant Régional