Notre Voie : Monsieur le député, depuis quelques jours, par voie de presse, l’on apprend que vous avez violé votre servante…
Bohon Diet : A mon corps défendant, une jeune fille qui a travaillé chez moi comme servante pendant 6 mois, de novembre 2008 au 3 mai 2009, et qui m’a volé la somme de 550.000 FCFA, tente de me faire passer pour un violeur après avoir reconnu son forfait…
N.V. : Vous vous taisez, pendant que la campagne de presse contre vous se poursuit. Avez-vous des choses à cacher ?
B.D. : Non ! Je n’ai rien à cacher. C’est vrai, j’aurais pu me répandre aussi dans la presse, dans un seul souci d’équilibre. Mais pour l’instant, je n’ai pas affaire aux journalistes. J’ai affaire à une servante qui m’a volé 550.000 FCFA dans la nuit du 2 au 3 mai 2009 et qui me fait passer pour un criminel. J’ai décidé de répondre à votre sollicitation parce que j’ai le devoir de donner des explications aux militants de mon parti, le FPI et aux Ivoiriens. J’ai saisi mon avocat pour donner la suite juridique qui convienne à cette affaire.
N.V. : La justice a déjà libéré la jeune fille contre laquelle vous avez porté plainte. Que comptez-vous vraiment faire ?
B.D. : Permettez-moi, en l’état actuel de la procédure, de ne pas critiquer la façon dont l’affaire a été traitée par le juge. Je suis député, je vote les lois et je dois faire confiance en la justice de mon pays. J’ai donc demandé à mon avocat d’envisager la suite qui convienne pour faire triompher le droit sur le mensonge et la calomnie.
N.V. : Vous parlez de mensonge. Que s’est-il exactement passé avec votre ex-servante ?
B.D. : Mlle Yogoué Germaine a travaillé sous mon toit comme servante de novembre 2008 jusqu’au 3 mai dernier. Elle dormait à la maison, dans la même chambre que ma petite fille qui a 21 ans et qui fait la classe de terminale. Ma servante était devenue l’amie de ma petite fille, de mon fils de 21 ans, lui aussi élève en Terminale C et de mon neveu, un grand garçon de 29 ans. C’est cette servante qui faisait le marché, la cuisine, bref, le ménage.
J’avais confiance en elle. Le samedi 2 mai, alors que je regardais la télé au salon, j’ai envoyé ma servante retirer mes habits au pressing et lui ai remis la clé de ma chambre pour les y déposer. Je venais de retirer la somme de 650.000 FCFA à la banque. J’ai soustrait 100.000 FCFA pour régler différentes urgences. Le reste, 550.000 FCFA, je l’ai rangé dans une enveloppe, dans ma chambre. Le dimanche 3 mai, faisant le point des dépenses à effectuer avant de m’en aller pour Duékoué, je constate que l’enveloppe contenant les 550.000 FCFA a disparu.
N.V. : Qu’avez-vous fait en ce moment ?
B.D. : J’ai réuni mes enfants et ma servante pour les questionner. Tout le monde a nié. Nous avons même, ensemble fouillé en vain ma chambre de fond en comble. Alors, ma servante m’a suggéré d’aller chez un féticheur. J’ai refusé de m’y rendre mais je l’ai laissée y aller avec mes enfants. A leur retour, elle m’apprend que le féticheur a dit : “Largent du député a été volé par son propre sang”. J’ai conclu que le voleur est l’un de mes enfants. Or, ceux-ci continuaient de nier, fermement.
J’ai fait appel à mon oncle, Oula Vincent, policier à la retraite. Il est très familier aux enfants. Il est venu interroger mes enfants. En vain !
N.V. : Vous aviez écarté la piste de la servante ?
B.D. : Naïvement oui, pour un moment. Car, mon oncle, le policier à la retraite, a fini par se rabattre sur elle. Mlle Yogoué a avoué, en pleurant, que c’est elle qui a volé cet argent mais que le butin n’était que de 400.000 FCFA et non 550.000 FCFA. Mon oncle lui a demandé de les restituer pour que l’affaire soit close. Elle est partie faire un tour dehors, à l’endroit où elle prétendait les avoir camouflés, dans un trou de brique. A son retour, elle a affirmé que l’argent a disparu de l’endroit où elle l’a planqué. Nous étions le lundi 4 mai.
N.V. : Aviez-vous informé les parents de la servante?
B.D. : J’ai fait appel à son grand frère, Yogoué Serge Alain, au début de l’affaire. Il a interrogé sa sœur sans succès. Alors, dès que la servante a avoué que c’est elle qui a volé mon argent, j’ai de nouveau rappelé Yogoué Serge. Devant lui, la servante a répété son aveu. J’ai demandé alors à Yogoué Serge de l’amener à restituer l’argent volé pour que l’affaire finisse à l’amiable. Comme elle persistait que l’argent volé a disparu, j’ai donné un délai de 24 heures en menaçant de porter plainte contre elle. A l’expiration du délai, ma servante est revenue accompagnée de Yogoué Serge et de deux autres parents, une fille et un garçon. Elle a répété que l’argent a disparu. Alors, le mardi 5 mai, j’ai porté plainte à la gendarmerie de Port- Bouët et je suis parti en voyage.
N.V. : C’est en votre absence que la servante a été arrêtée ?
B.D. : Oui, j’étais à Duékoué quand elle a été arrêtée. Le jeudi 14 mai, de la gendarmerie de Port-Bouët, je reçois un appel téléphonique m’informant que je dois être à une audience du tribunal le vendredi 15. J’étais toujours en voyage et j’ai demandé à mon neveu de me représenter pour réclamer un report. L’audience fut reprogrammée pour le mardi 19 mai.
Premier coup de théâtre, le 18 mai, c’est-à-dire la veille de l’audience, le journal Nord Sud Quotidien titre : “Scandale dans la République : Le député a-t-il violé sa servante ? La jeune fille à la MACA”. Je tombe des nues.
Une servante m’a volé 550.00 FCFA et un journal la couvre pour me faire passer pour un député violeur, sans même demander à m’entendre. Je suis ulcéré, indigné.
Deuxième coup de théâtre : à la gendarmerie de Port Bouët, l’on me signifie qu’une expédition du procureur fait état de ce que moi, député Bohon Diet, j’aurais violé ma servante.
N.V. : L’audience du mardi 19 mai a-t-elle eu lieu ?
B.D. : Oui, à cette audience, mon avocat empêché n’a pu obtenir le report qu’il demandait. A l’audience, la servante donne une autre version. Elle déclare que c’est moi qui lui ai offert la somme de 400.000 F pour acheter son silence après avoir couché avec elle. Mais, fait curieux, le juge a refusé d’interroger les témoins devant lesquels la servante avait avoué son forfait.
Il m’a demandé si je me constituais partie civile. J’ai répondu que je consulterais mon avocat avant de me prononcer. Mais j’ai précisé que mon seul souci était que la fille restitue l’argent volé. Je tenais toujours à un arrangement à l’amiable, malgré tout. Les débats ont eu lieu à huis clos. Le juge a décidé de donner le verdict le lendemain mercredi 20 mai à 13h30.
N.V. : Et la servante a été libérée…
B.D. : Oui, mais c’est là, le troisième coup de théâtre. Ce mercredi 20 mai, le quotidien Nord Sud titre, dans sa parution du matin : “…la Justice a tranché hier, la victime libérée… Le parlementaire hué par la foule”. Je vous répète que le juge promettait de donner le verdict à 13h30. Mais, voilà, avant même que le délibéré d’un procès qui s’est déroulé à huis clos ne soit vidé, le verdict était dans le journal, dès 6h, le matin. Il se passe des choses très bizarres dans notre appareil judiciaire.
N.V. : Les débats lors du huis clos au tribunal ont-ils tourné autour de l’accusation de viol ?
B.D. : Pas du tout ! Si cette affaire existait, le juge ne m’aurait pas demandé si je voulais mle constituer partie civile. La victime, c’est moi.
N.V. : Votre servante soutient dans la presse que vous lui avez donné les 400.000 FCFA pour payer son silence après l’avoir violée…
B.D. : Si je lui ai donné cet argent, pourquoi s’est-elle évertuée à fouiller la maison avec nous et à conduire tous mes enfants chez un féticheur ? Si je lui ai fait un tel cadeau, pourquoi nous a-t-elle fait croire, avec son féticheur, que c’est mon “propre sang” qui a volé mon argent ? Pourquoi a-t-elle reconnu librement son forfait devant son propre frère ?
N.V. : Ce frère, Yogoué Serge, soutient qu’il a conduit sa sœur chez les assistants sociaux suite à vos sévices sexuels…
B.D. : Moi, député, j’abuse d’une jeune fille, cela est porté à l’attention des assistants sociaux et ces derniers laissent la jeune fille face au danger pendant six mois. Que penser de tels assistants sociaux ? Des complices d’un criminel ? Voyez-vous, ces jeunes gens ne savent pas mentir. Mais il y a pire. Des journalistes, censés avoir une certaine culture, salissent ma dignité, l’honneur de mon parti, le FPI, et celui de la prestigieuse institution à laquelle j’appartiens, le Parlement.
Interview réalisée par César Etou
Bohon Diet : A mon corps défendant, une jeune fille qui a travaillé chez moi comme servante pendant 6 mois, de novembre 2008 au 3 mai 2009, et qui m’a volé la somme de 550.000 FCFA, tente de me faire passer pour un violeur après avoir reconnu son forfait…
N.V. : Vous vous taisez, pendant que la campagne de presse contre vous se poursuit. Avez-vous des choses à cacher ?
B.D. : Non ! Je n’ai rien à cacher. C’est vrai, j’aurais pu me répandre aussi dans la presse, dans un seul souci d’équilibre. Mais pour l’instant, je n’ai pas affaire aux journalistes. J’ai affaire à une servante qui m’a volé 550.000 FCFA dans la nuit du 2 au 3 mai 2009 et qui me fait passer pour un criminel. J’ai décidé de répondre à votre sollicitation parce que j’ai le devoir de donner des explications aux militants de mon parti, le FPI et aux Ivoiriens. J’ai saisi mon avocat pour donner la suite juridique qui convienne à cette affaire.
N.V. : La justice a déjà libéré la jeune fille contre laquelle vous avez porté plainte. Que comptez-vous vraiment faire ?
B.D. : Permettez-moi, en l’état actuel de la procédure, de ne pas critiquer la façon dont l’affaire a été traitée par le juge. Je suis député, je vote les lois et je dois faire confiance en la justice de mon pays. J’ai donc demandé à mon avocat d’envisager la suite qui convienne pour faire triompher le droit sur le mensonge et la calomnie.
N.V. : Vous parlez de mensonge. Que s’est-il exactement passé avec votre ex-servante ?
B.D. : Mlle Yogoué Germaine a travaillé sous mon toit comme servante de novembre 2008 jusqu’au 3 mai dernier. Elle dormait à la maison, dans la même chambre que ma petite fille qui a 21 ans et qui fait la classe de terminale. Ma servante était devenue l’amie de ma petite fille, de mon fils de 21 ans, lui aussi élève en Terminale C et de mon neveu, un grand garçon de 29 ans. C’est cette servante qui faisait le marché, la cuisine, bref, le ménage.
J’avais confiance en elle. Le samedi 2 mai, alors que je regardais la télé au salon, j’ai envoyé ma servante retirer mes habits au pressing et lui ai remis la clé de ma chambre pour les y déposer. Je venais de retirer la somme de 650.000 FCFA à la banque. J’ai soustrait 100.000 FCFA pour régler différentes urgences. Le reste, 550.000 FCFA, je l’ai rangé dans une enveloppe, dans ma chambre. Le dimanche 3 mai, faisant le point des dépenses à effectuer avant de m’en aller pour Duékoué, je constate que l’enveloppe contenant les 550.000 FCFA a disparu.
N.V. : Qu’avez-vous fait en ce moment ?
B.D. : J’ai réuni mes enfants et ma servante pour les questionner. Tout le monde a nié. Nous avons même, ensemble fouillé en vain ma chambre de fond en comble. Alors, ma servante m’a suggéré d’aller chez un féticheur. J’ai refusé de m’y rendre mais je l’ai laissée y aller avec mes enfants. A leur retour, elle m’apprend que le féticheur a dit : “Largent du député a été volé par son propre sang”. J’ai conclu que le voleur est l’un de mes enfants. Or, ceux-ci continuaient de nier, fermement.
J’ai fait appel à mon oncle, Oula Vincent, policier à la retraite. Il est très familier aux enfants. Il est venu interroger mes enfants. En vain !
N.V. : Vous aviez écarté la piste de la servante ?
B.D. : Naïvement oui, pour un moment. Car, mon oncle, le policier à la retraite, a fini par se rabattre sur elle. Mlle Yogoué a avoué, en pleurant, que c’est elle qui a volé cet argent mais que le butin n’était que de 400.000 FCFA et non 550.000 FCFA. Mon oncle lui a demandé de les restituer pour que l’affaire soit close. Elle est partie faire un tour dehors, à l’endroit où elle prétendait les avoir camouflés, dans un trou de brique. A son retour, elle a affirmé que l’argent a disparu de l’endroit où elle l’a planqué. Nous étions le lundi 4 mai.
N.V. : Aviez-vous informé les parents de la servante?
B.D. : J’ai fait appel à son grand frère, Yogoué Serge Alain, au début de l’affaire. Il a interrogé sa sœur sans succès. Alors, dès que la servante a avoué que c’est elle qui a volé mon argent, j’ai de nouveau rappelé Yogoué Serge. Devant lui, la servante a répété son aveu. J’ai demandé alors à Yogoué Serge de l’amener à restituer l’argent volé pour que l’affaire finisse à l’amiable. Comme elle persistait que l’argent volé a disparu, j’ai donné un délai de 24 heures en menaçant de porter plainte contre elle. A l’expiration du délai, ma servante est revenue accompagnée de Yogoué Serge et de deux autres parents, une fille et un garçon. Elle a répété que l’argent a disparu. Alors, le mardi 5 mai, j’ai porté plainte à la gendarmerie de Port- Bouët et je suis parti en voyage.
N.V. : C’est en votre absence que la servante a été arrêtée ?
B.D. : Oui, j’étais à Duékoué quand elle a été arrêtée. Le jeudi 14 mai, de la gendarmerie de Port-Bouët, je reçois un appel téléphonique m’informant que je dois être à une audience du tribunal le vendredi 15. J’étais toujours en voyage et j’ai demandé à mon neveu de me représenter pour réclamer un report. L’audience fut reprogrammée pour le mardi 19 mai.
Premier coup de théâtre, le 18 mai, c’est-à-dire la veille de l’audience, le journal Nord Sud Quotidien titre : “Scandale dans la République : Le député a-t-il violé sa servante ? La jeune fille à la MACA”. Je tombe des nues.
Une servante m’a volé 550.00 FCFA et un journal la couvre pour me faire passer pour un député violeur, sans même demander à m’entendre. Je suis ulcéré, indigné.
Deuxième coup de théâtre : à la gendarmerie de Port Bouët, l’on me signifie qu’une expédition du procureur fait état de ce que moi, député Bohon Diet, j’aurais violé ma servante.
N.V. : L’audience du mardi 19 mai a-t-elle eu lieu ?
B.D. : Oui, à cette audience, mon avocat empêché n’a pu obtenir le report qu’il demandait. A l’audience, la servante donne une autre version. Elle déclare que c’est moi qui lui ai offert la somme de 400.000 F pour acheter son silence après avoir couché avec elle. Mais, fait curieux, le juge a refusé d’interroger les témoins devant lesquels la servante avait avoué son forfait.
Il m’a demandé si je me constituais partie civile. J’ai répondu que je consulterais mon avocat avant de me prononcer. Mais j’ai précisé que mon seul souci était que la fille restitue l’argent volé. Je tenais toujours à un arrangement à l’amiable, malgré tout. Les débats ont eu lieu à huis clos. Le juge a décidé de donner le verdict le lendemain mercredi 20 mai à 13h30.
N.V. : Et la servante a été libérée…
B.D. : Oui, mais c’est là, le troisième coup de théâtre. Ce mercredi 20 mai, le quotidien Nord Sud titre, dans sa parution du matin : “…la Justice a tranché hier, la victime libérée… Le parlementaire hué par la foule”. Je vous répète que le juge promettait de donner le verdict à 13h30. Mais, voilà, avant même que le délibéré d’un procès qui s’est déroulé à huis clos ne soit vidé, le verdict était dans le journal, dès 6h, le matin. Il se passe des choses très bizarres dans notre appareil judiciaire.
N.V. : Les débats lors du huis clos au tribunal ont-ils tourné autour de l’accusation de viol ?
B.D. : Pas du tout ! Si cette affaire existait, le juge ne m’aurait pas demandé si je voulais mle constituer partie civile. La victime, c’est moi.
N.V. : Votre servante soutient dans la presse que vous lui avez donné les 400.000 FCFA pour payer son silence après l’avoir violée…
B.D. : Si je lui ai donné cet argent, pourquoi s’est-elle évertuée à fouiller la maison avec nous et à conduire tous mes enfants chez un féticheur ? Si je lui ai fait un tel cadeau, pourquoi nous a-t-elle fait croire, avec son féticheur, que c’est mon “propre sang” qui a volé mon argent ? Pourquoi a-t-elle reconnu librement son forfait devant son propre frère ?
N.V. : Ce frère, Yogoué Serge, soutient qu’il a conduit sa sœur chez les assistants sociaux suite à vos sévices sexuels…
B.D. : Moi, député, j’abuse d’une jeune fille, cela est porté à l’attention des assistants sociaux et ces derniers laissent la jeune fille face au danger pendant six mois. Que penser de tels assistants sociaux ? Des complices d’un criminel ? Voyez-vous, ces jeunes gens ne savent pas mentir. Mais il y a pire. Des journalistes, censés avoir une certaine culture, salissent ma dignité, l’honneur de mon parti, le FPI, et celui de la prestigieuse institution à laquelle j’appartiens, le Parlement.
Interview réalisée par César Etou