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Politique Publié le mercredi 27 mai 2009 | Le Patriote

Passation des charges com’zones-prefets à Bouaké - Guillaume Soro,secrétaire général des forces nouvelles :“Cette cérémonie consacre notre volonté d’aller jusqu’au bout du processus”

Nous vous proposons de larges extraits de l’intervention du Premier ministre Guillaume Soro, qui a présidé la cérémonie de passation de charges entre les Com’zones et les Préfets hier à Bouaké.
« Monsieur le ministre de l’intérieur, je voudrais commencer par vous. Tout à l’heure, en marge des activités du déroulement de la cérémonie, je marquais ma surprise face à tant de mobilisation de la presse nationale et internationale. Et vous m’avez répondu que l’évènement est historique.
Je réalise effectivement que l’évènement est d’importance. Je note aussi que l’évènement est historique. Je crois que les différents intervenants l’ont souligné.
C’est pourquoi, avant de dire quelques mots sur l’évènement lui-même, je voudrais commencer par saluer la présence distinguée des internationaux. Je vois qu’il y a plusieurs ambassadeurs qui sont là. Je vois aussi le représentant spécial du facilitateur ainsi que M. Abou Moussa, l’adjoint de M. Choi.
Je voudrais, au nom du président de la République et du Gouvernement, saluer leur présence ici et les remercier pour leur soutien qui a toujours été constant. Je voudrais saluer aussi les ministres qui se sont déplacés parce que l’évènement valait la peine. Je voudrais les saluer, les remercier. Qu’il me soit donc aussi agréable de saluer les populations de Bouaké qui ont fait le déplacement, saluer toutes les autorités militaires qui sont ici.
Je pense que nous avons assisté tout à l’heure, à une cérémonie solennelle de passation de charges. Nous avons eu l’habitude de faire les passations de charges aussi bien au ministère qu’à la primature. Mais, on n’a jamais été gratifiés par tant de solennité. Donc, cela montre au moins qu’il y a quelque chose de particulier à ce que les préfets rentrent dans la plénitude de leur responsabilité, de leur autorité, de leur pouvoir, de leurs prérogatives.
Cette cérémonie n’est pas une cérémonie de trop. Ce n’est pas une cérémonie inutile, ce n’est pas une cérémonie seulement symbolique. C’est peut - être une cérémonie solennelle mais c’est une cérémonie qui consacre la volonté des signataires de l’accord politique de Ouagadougou. Je dis bien qui consacre leur volonté politique à marquer et achever la réunification mais à aller jusqu’au terme du processus de sortie de crise.
Je veux pouvoir insister là-dessus. Parce que je suis très souvent frappé par le pessimisme de certaines personnes. Quand on dit l’élection va avoir lieu le 29 novembre 2009, il y a certaines personnes assises dans leur salon parce qu’ils ont bien mangé, ils sont rassasiés, ils disent ‘‘mais est-ce qu’ils sont capables de faire cela. Ils donnent les dates comme cela mais ils ne vont pas les tenir’’.
On dit on vient faire passation de charges le 26 à Bouaké, d’autres, hier encore étaient assis dans leur salon, en train de dire que le Premier ministre est en Europe, est-ce qu’il sera là. Est-ce que ça va se faire ? Est-ce que les com’zones vont accepter ? Arrêtons ce jeu de pessimisme.
On a fait la cérémonie aujourd’hui, d’autres en repartant chez eux diront que ‘‘cela a été symbolique et qu’on n’a même pas vu un bon com’zone qui a signé les papiers. Est-ce que ce pouvoir là, les préfets l’auront ?’’
Malheureusement, on ne peut pas empêcher quelqu’un de penser. Donc, ils peuvent toujours penser ce qu’ils veulent. Mais c’est frappant, depuis le départ de tout ce processus, depuis la signature de cet accord le 4 mars 2007, il y a toujours des pessimistes. Heureusement que leur camp se rétrécie.
Le 4 mars 2007, le Président et moi-même, nous signions l’APO. Ils ont dit ‘‘non, mais les deux- là vont – ils respecter cet accord ? Ils vont se doubler (trahir) entre eux.’’ Il y a d’autres qui ne vivent que pour voir le jour où le Président et nous, allons nous doubler. Ils vivent pour ça.
Mais arrêtez, arrêtez, personne ne cherche à doubler son ami. On se tue à la tache chaque jour pour faire avancer le processus. On a fait les audiences foraines d’autres n’y croyaient pas. Mais on l’a fait. On a lancé les opérations d’enrôlement, d’autres n’y croyaient pas. On a aujourd’hui plus de 6 millions de personnes qui ont cru en nous, qui sont allées dans les centres de collecte. On a commencé le déploiement des brigades mixtes et commissariats mixtes du CCI, les mêmes pessimistes n’y croyaient pas. Aujourd’hui, nous avons 500 éléments des FDS-CI qui sont ici à Bouaké. Et les FAFN sont aussi à Abidjan. Et on avance!
Donc je lance un appel à ceux qui chaque fois, passent dans les chancelleries pour aller dire des choses, ils risquent d’être surpris le 29 novembre 2009. Il n’y aura pas d’élections de rattrapage. Ce sera un seul jour de vote et ce sera terminé. Donc, vous avez encore le temps de prendre le processus en cours. Vous avez encore le temps.
Je voudrais demander aux uns et aux autres de garder la sérénité et d’être optimiste. Parce que ce que nous sommes venus faire ici n’est pas que du symbole. Ce n’est pas seulement symbolique. Nous sommes venus ici publiquement pour que le préfet ait le pouvoir, pour que le préfet puisse exercer sa responsabilité, son autorité.
Il y a le CCI qui est là, le préfet pourra avec le CCI les appeler pour faire un certain nombre de missions. Mais, je crois que dans le procès verbal qui a été signé, nous avons longuement travaillé avec le ministère de l’Intérieur. Et ces choses - là sont claires et précises. Et nous allons faire en sorte que tous les pas que nous prenons dans l’accord politique de Ouagadougou soient respectés.
Je voudrais encore réaffirmer en ce qui concerne ma détermination à faire en sorte qu’on aille jusqu’au terme de cet accord. Je pense que c’est extrêmement important qu’on puisse faire en sorte que le pays revienne à la normalité. Quelqu’un disait que ce n’est pas l’heure du bilan. Nous n’allons pas revenir sur tout ce qui a été réalisé. Aussi bien pour la sortie de crise que dans le cadre même de la gestion ordinaire de l’Etat.
Des choses ont été faites, des choses concrètes ont été réalisées. Mais, je pense que ceci mérite d’être noté. Quand je suis arrivé, j’ai appelé le général Bakayoko pour lui demander de dire aux commandants de zone d’être-là. Parce que, s’ils n’étaient pas là, on allait dire que les commandants de zone boudent la cérémonie.
Le ministre Konaté a posé les bonnes questions, à savoir ‘‘Le Premier ministre n’a plus suffisamment d’autorités sur ses gens, le Premier ministre n’a plus ceci, les commandants de zone ne sont plus d’accord avec le Premier ministre’’. Et certains font des thèses là-dessus dans les chancelleries. C’est à dire dotés de gros documents, ils veulent démontrer que je n’ai plus de pouvoir sur mes gens, que mes gens ne m’aiment plus etc.
Ce n’est pas utile. Venez me poser la question et je vais vous répondre. Mais moi, je pense qu’on doit plutôt nous aider à appliquer l’accord.
Je parlais avec un ambassadeur d’un pays proche et il me disait ‘‘M. le Premier ministre, personne n’est d’accord avec la guerre, personne ne veut voir son pays en guerre. Mais si vous voulez croire à mon expérience d’ambassadeur, membre de certaines instances internationales, nous pensons que ce qui se passe en Côte d’Ivoire est historique et c’est même un cas d’école.’’ (…)
La Côte d’Ivoire veut aller à la paix. C’est une volonté politique manifeste traduite par les signataires des accords politiques de Ouagadougou, il faut le faire. Depuis 2002, nous vivons notre crise. Nous avons déjà franchi sept années, il nous reste six mois pour aller aux élections. Donc ce n’est plus un débat si quelqu’un maîtrise ses hommes ou pas.
Le chemin que nous avons parcouru est plus long que le chemin qui nous reste à parcourir. Donc arrêtons ce débat inutile et que personne ne cherche à prouver quoi que ce soit. Ce qui est important pour nous tous aujourd’hui, c’est de réussir la sortie de crise, d’aller à des élections apaisées et que la Côte d’Ivoire retrouve la normalité par la légitimité issue des élections.
Voilà ce que nous souhaitons. Parce qu’on ne peut pas tout ramener à sa propre personne. Donc, le plus important malgré ces écrits, c’est qu’on aille à des élections que nous les souhaitons apaisées et transparentes.
Mais en même temps, il faut que le gouvernement mette en place l’ensemble des ingrédients pour aller à des élections apaisées. Et la restauration de l’autorité de l’Etat fait partie de ces ingrédients à mettre en place. La question de la sécurité fait partie des ingrédients à mettre en place. La question de la bonne liste électorale fait partie des ingrédients à mettre en place pour qu’il y ait des élections apaisées.
Et moi, je suis optimiste que dans ce pays, nous pouvons faire des élections sans qu’il y ait effusion de sang. Je pense qu’on peut le réussir, parce qu’il ne tient qu’aux Ivoiriens de le réussir. Et je pense que la classe politique qui m’écoute est d’accord avec moi pour dire qu’il faut qu’on aille à des élections apaisées.
Je voudrais, avant de clore mon propos, dire un mot au préfet et au commandant de zone pour que les conseils d’usage qui ont été donnés par le ministre de l’Intérieur soient respectés. Mais, c’est pédagogique, si je reviens sur quelques aspects. Les préfets ont déjà vécu ici pendant deux ans. Et je voudrais les féliciter parce que le ministre est là, quand on a voulu affecter certains, beaucoup m’ont appelé pour dire qu’ils ne veulent plus quitter ces zones.
J’ai dit au ministre ‘tu vois, les préfets sont partis, ils ne veulent plus quitter les zones centre nord et Ouest’’. Donc cela veut dire qu’au-delà de leur rôle, ils ont eu à tisser, à développer une nouvelle façon de travailler. Et je pense que c’est important.
Mais, je pense qu’ils doivent continuer à travailler dans la même lancée et je les félicite pour tout parce qu’au départ, c’était extrêmement difficile. Il n’y avait pas de voiture, pas de logement, c’était difficile.
Je crois que progressivement, ces problèmes ont trouvé des solutions. Leurs rapports avec les commandants de zones et les populations se sont améliorés. Je souhaite que cela continue. C’est comme cela que nous aussi, nous allons jouer notre partition dans l’objectif global qui est d’emmener notre pays à la réconciliation.
Quant aux Commandants de zones, je pense que là-dessus, des choses ont été dites. Je voudrais quand même les saluer car sans eux, nous n’aurions pas pu appliquer l’Accord Politique de Ouagadougou. Je n’ai pas la possibilité de parler avec chacun dans sa maison pour lui faire connaître l’intérêt de l’Accord Politique de Ouagadougou. Eux (ndlr : les Com’zones) ont été des leviers. Je les réunissais, je leur disais ‘‘allez dire ça ; allez appliquer ça sur le terrain.’’ Et ils allaient.
C’est vrai, certains n’étaient pas d’accord mais tous les commandants qui sont ici, sont d’accord parce que ceux qui n’étaient pas d’accord ne sont plus là. Donc, tous les commandants de zones qui sont là, c’est par eux que je suis passé pour appliquer l’Accord Politique de Ouagadougou. Je ne vois pas l’acharnement sur les Commandants de zones parce que sans eux, comment j’applique l’Accord Politique de Ouagadougou. C’est comme si on me dit qu’il n’y a plus d’état-major, mais comment transmettre les ordres aux militaires (…).
Je dois reconnaître et avouer que c’est plutôt un débat qui se passe. Mais je pense que même la presse va nous accompagner à ce que nous puissions régler ces problèmes.
Nous l’avons déjà dit, cette cérémonie, c’est pour dire aux Commandants de zones ‘‘vous n’avez plus rien à avoir avec les questions d’administration ; vous vous en tenez strictement donc, à votre rôle de militaire à la disposition de votre état major. C’est maintenant aux préfets d’assumer la plénitude des fonctions d’administrateurs.
Il viendra un moment où je viendrai dire aux commandants de zones ‘‘ au lieu de dix zones, nous revenons à quatre zones’’. Parce qu’avant, ceux qui connaissent l’histoire des Forces Nouvelles savent que nous n’avions pas commencé par dix zones, nous avons commencé par une zone. Donc, si on nous dit de faire trois ou quatre zones, nous pouvons puisque nous ne sommes pas nés ici avec dix zones.
Il viendra un moment où on dira de revenir dans quatre zones et mettre les éléments dans les casernes. Ça aussi, va se faire. Donc, il n’y a pas de problème mais comme, il y a un pessimisme ambiant qui veut qu’à chaque processus, il faut marquer d’abord son pessimisme, avant que les choses ne se déroulent bien, nous allons sacrifier à ce rituel qui est devenu presque actif.
Le jour où il y’aura des problèmes, je serai le premier à appeler la communauté internationale pour dire ‘‘vraiment, j’ai des problèmes’’. Pour le moment, les petits problèmes que je rencontre, je peux les gérer, donc je ne vous en parle pas, mais ne soyez pas vexés et frustrés (…).
Je veux et je demande au Général Bakayoko de veiller à ce que tout ce que nous avons signé soit respecté, intégralement respecté parce que s’il y a un semblant de non respect, c’est fini. Donc, il faut que ce soit respecté partout pour que les préfets puissent travailler, pour qu’ils puissent faire leur travail dans la tranquillité et comme il se doit.
Donc, je pense que c’est extrêmement important. Voici mesdames et messieurs les ambassadeurs, mesdames et messieurs les invités, voici les quelques mots que je voulais dire et terminer mon propos par souhaiter aux préfets d’abord de réaliser et d’administrer ces régions comme le souhaite le gouvernement et comme le Ministre de l’Intérieur l’a dit.
Je voudrais saluer aussi l’état-major des Forces Armées des Forces Nouvelles dans le cadre de leurs activités aussi et surtout, permettre aux préfets de travailler convenablement, correctement comme l’exigent les lois de la République. Je remercie aussi le Ministre de l’Intérieur qui a passé aussi plusieurs semaines à préparer cette rencontre de ce matin.
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