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Politique Publié le jeudi 28 mai 2009 | Nord-Sud

Noutoua Youdé (Pdt Conseil général de Danané) : “Ceux qui ne se sentent pas concernés pourraient rester à Abidjan”

Dans cette interview, le député Noutoua Youdé Célestin, président du conseil général de Danané, mobilise les fils et filles de la région des Montagnes. Il plaide également auprès du chef de l'Etat pour la mise en œuvre de programmes spéciaux de reconstruction de la région.


• La visite d'Etat du président de la République a été fixée du 8 au 18 juin. Comment avez-vous reçu cette annonce faite, lundi, par le comité national d'organisation des visites d'Etat ?

Nous avons reçu la nouvelle avec un grand soulagement, non pas que nous ayons eu peur d'une manière ou d'une autre d'un non départ du président de la République chez nous. Mais, parce que nos populations, depuis le 3 octobre 2007 que le président de la République nous a reçus, attendaient cette visite. Et nous sommes très heureux que ce que nous avons entendu hier sonne comme le point final de cette attente.


• Est-ce que « le point final » de votre attente signifie qu'aujourd'hui tous les fils et filles de l'Ouest montagneux sont prêts pour la visite ?

Je pense que tout le monde est prêt. Nous sommes dans une République, qui a des institutions, que chacun de nous doit respecter quelle que soit la place qu'il occupe dans la société. Le président de la République est justement le garant principal de ces institutions. Son arrivée dans une région doit être vécue avec enthousiasme et ferveur. Nous pensons que tous les fils et filles de notre région, qui ont conscience de cette vérité, doivent être prêts.


• Cela sous-entend-il que des conciliations vont être menées pour qu'ensemble ils accueillent le chef de l'Etat ?

Mais pourquoi on se réconcilierait et qu'est-ce qui nous divise en réalité ? J'imagine que l'enjeu de cette visite c'est la confirmation ou bien la consécration de la normalisation parce que depuis l'Accord politique de Ouagadougou, entre le président de la République et le secrétaire général des Forces nouvelles devenu Premier ministre, chacun se dit que la Côte d'Ivoire doit aller vers la normalisation. Et cette normalisation ne signifie pas du tout le règne de la pensée unique. Chacun, dans le parti ou dans les arcanes où il se trouve, a cela d'essentiel comme comportement vis-à-vis des institutions qu'incarne le président de la République. Donc il n'y a pas de problème particulier concernant cette visite pour qu'il soit nécessaire d'organiser une rencontre de réconciliation quelque part. En tout cas, le président du comité régional d'organisation de la visite d'Etat, qui est le président Tia Koné, avait entrepris déjà de nombreuses tournées dans la région. D'autres cadres l'ont imité et ce que nous attendons, c'est cette visite.


• M. le député vous savez que les Ivoiriens sont témoins d'une polémique sur cette visite d'Etat à l'Ouest. Des hommes politiques et des chefs coutumiers de la région réclament au chef de l'Etat le corps de leur « fils », le général Robert Guéï, mort au cours des évènements du 19 septembre 2002. Votre avis.

Vous savez qu'il y a la réalité qui est là par rapport à tout ce que vous attendez ou que vous lisez dans les journaux. Le président de la République viendra à l'Ouest. Et il viendra en tant que chef de l'Etat, président de la République. Celui qui ne se sent pas concerné pourrait rester à Abidjan ou vaquer à ses occupations. Mais je vous assure que le peuple de l'Ouest, dans sa totalité, est disposé à accueillir le président de la République, en vue d'évacuer ce qu'il a vécu comme traumatisme.


• Pouvez-vous présenter la région de l'Ouest avec ce qu'elle compte comme besoins, après la crise ?

Les besoins sont immenses à la mesure des traumatismes vécus comme tueries et pillages. A partir du moment où nous sommes dans une sortie de crise et que l'Etat, seul pourvoyeur de moyens pour réhabiliter et développer, n'avait pas de moyens, naturellement les attentes sont nombreuses. Je vous dirais simplement que la première attente serait le désenclavement de notre région. Qui a deux pays frères comme la Guinée et le Libéria avec lesquels il n'y a pas de possibilité de circulation facile. Pour la partie Sud de cette région, qui est ma circonscription, c'est-à-dire le département de Danané, et en plus du département de Toulepleu, le président de la République donnera l'ordre, enfin, pour faire commencer le bouclage de cette zone qui part de Zouan-Houein à Bin-Houin jusqu'à Bloléquin. Nous souhaitons que le bitumage de Danané à Nzérékoré ou tout au moins à la Guinée se fasse à la faveur de l'exploitation du fer du Mont Nimba. Nous pensons également que du côté du Libéria, les 23 Km qui nous relient à ce pays frère, s'ils sont bitumés, permettront la fluidité commerciale entre nos deux pays. Et puis, il y a les équipements sociaux dégradés. Les conseils généraux n'ayant pas les moyens pour réhabiliter tout cela, l'Etat devrait donner les moyens pour nous soutenir. Pour que les enfants puissent aller à l'école et que nos populations puissent se soigner. Il y a la question de l'électrification de notre département de Danané, dont la couverture est la plus faible du pays, entre 10 et 12 pour centre. L'ancien département de Danané dans ses 443 villages, il y a juste 62 qui sont identifiés. Vous comprenez donc pourquoi Danané est resté en retard pour l'enrôlement, du fait de l'absence de l'électricité dans les villages. Nous souhaitons pouvoir bénéficier des programmes spéciaux comme ceux qui ont permis à certaines régions d'avoir une meilleure couverture en l'électricité. Il y a également la question de l'eau, les forages et puits. Au-delà du soutien que nous apporte la communauté internationale, le Pnud par exemple, il serait important que le problème de l'eau soit totalement pris en main par l'Etat.


• Danané reçoit le président de la République le 10 juin, quel est l'état des lieux dans le département ?

La réunion d'hier (lundi 25 mai) avec le comité d'organisation des visites du chef de l'Etat nous a indiqué que les préparatifs physiques ont été confiés à l'Ageroute. Nous pensons que ces travaux seront faits. En ce qui nous concerne nous avons fait notre part de devoir à la mesure de nos moyens. Ce qui est certain, c'est que quelle que soit la situation, le peuple sera heureux de recevoir le président de la République à Danané.


• Justement, est-ce que vous avez un message pour ces populations ?

Nous avons parcouru villages, hameaux et villes pour animer des meetings, pour annoncer la venue du chef de l'Etat. Dieu merci, la visite intervient au moment de la passation de charges entre les comzones et les préfets. Comme pour dire que le choix fait par le président de la République et son Premier ministre, de conduire la Côte d'Ivoire à la paix, est un choix judicieux auquel nous devrions tous adhérer. Et je suis sûr que ce peuple d'honneur et de dignité de l'Ouest est prêt à réserver un accueil chaleureux au président de la République.

Interview réalisée par Bidi Ignace
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