Une affaire de sorcellerie défraie depuis quelque temps la chronique à Toupah, une nouvelle sous-préfecture de Dabou à la suite du décès d’une jeune fille prénommée Gladys, titulaire d’un BTS en commerce depuis l’année dernière. Accusé de complicité de pratique de sorcellerie par Lath Gaël, 12 ans, frère cadet de la défunte qui a reconnu être à la base de la mort de celle-ci, Amary Michel, secrétaire général de la Jeunesse du Front populaire ivoirien (JFPI) de Toupah et plus connu sous le nom de “Blé Goudé”, croupit dans les geôles de la maison d’arrêt et de correction de Dabou depuis quatre mois. De même que quatre autres co-inculpés. Sans jugement.
Amary Michel, plus connu sous le nom de “Blé Goudé” ne comprend pas, du fond de sa cellule de la prison de Dabou, les motifs réels de sa détention préventive depuis quatre mois.
“Depuis le 12 février dernier que j’ai été entendu par le juge d’instruction Ehouman Huberson, en charge de notre affaire, et incarcéré aussitôt pour pratique de sorcellerie, je n’ai plus été entendu jusqu’à ce jour sur les faits qui me sont reprochés et que je ne reconnais pas d’ailleurs. Or, le juge avait dit nous retenir pour nécessité d’enquête. Si la première demande de mise en liberté provisoire introduite par mon avocat, Me Kouyaté a été rejetée, la seconde n’a même pas connu de réponse”, a relevé, amer, mardi dernier, lors de notre passage à Dabou, le jeune leader de la jeunesse de Toupah, “Blé Goudé”, par ailleurs secrétaire général de la Jeunesse du Front populaire ivoirien (JFPI) de cette localité. Sa déception est d’autant plus grande que son dossier n’a pas été retenu contrairement à ceux de ses co-inculpés Amary You Alphonsine (sa grande sœur) et Gnagne You Thérèse, à l’audience du mercredi 20 mai dernier de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel d’Abidjan qu’ils ont saisie pour une demande de mise en liberté provisoire.
Ces deux dossiers ont été rejetés au motif que, selon l’avocat des mis en cause, Me Kouyaté, le juge d’instruction de Dabou, Ehouman, n’a pas mentionné dans les procès-verbaux (PV) d’audition que Lath Gaël, mineur de 12 ans qui a d’ailleurs reconnu les faits de sorcellerie, a été entendu en présence de ses parents majeurs. D’où la nullité de tous les actes inscrits dans les PV et le renvoi du dossier au parquet de Dabou pour la reprise de la procédure.
Amary Michel dénonce une cabale
Pour Amary Michel et ses proches, son incarcération résulte d’une cabale montée de toutes pièces par des mains occultes, tapies dans l’ombre pour l’éloigner de ses activités politiques à Toupah. “Par mon franc-parler, je dérange certains patriarches et hommes politiques sur la gestion des redevances générées par la location des terres du village. On veut m’écarter en me maintenant le plus longtemps possible en prison. Sinon, je n’ai jamais été accusé de sorcellerie au village, ni eu d’antécédents judiciaires”, s’est défendu le jeune leader qui a ajouté par ailleurs ne pas comprendre qu’on le maintienne dans les liens de la détention préventive à la suite d’une simple dénonciation de mineur. Il est ainsi tenu éloigné de ses plantations, ses enfants (quatre dont le dernier est un bébé de quatre mois) et d’autres biens.
Selon les dires de l’avocat des accusés, le juge d’instruction Ehouman a proposé, pour trouver une solution à cette affaire, une séance d’exorcisme. Cette séance n’a pas atteint son objectif à cause des contraintes imposées par le magistrat, a-t-il ajouté. L’abbé Barthélémy, père charismatique résidant à Dabou, sollicité dans cette affaire d’exorcisme, a recommandé la mise à sa disposition des accusés pendant trois jours pour faire son travail de délivrance des âmes dans son environnement. Refus du juge Ehouman qui a proposé que le prêtre se rende à la prison s’il veut y exercer son ministère. Le prêtre a beau insister sur la nécessité d’opérer dans son environnement pour “délivrer les prisonniers possédés”, cela n’aura pas ému le juge Ehouman. Même la proposition de faire accompagner les détenus par des agents de police chez le prêtre. Les tractations ont donc tourné court, au grand désespoir des prévenus qui croyaient avoir là l’occasion de prouver leur innocence en présence de tous.
La prévenue Sié Mélène Flora se rétracte
C’est dans ces moments de tourment que Sié Mélène Flora, citée par le petit Lath Gaël comme étant sa première complice, se rétracte du fond de sa cellule. “J’ai menti au juge en accusant tonton Michel et les deux autres tanties. Ce sont mes parents, en particulier mon père, qui m’ont dit de dire que j’étais sorcière et créer des problèmes au tonton Michel. Ils me mettaient la pression et j’ai menti au juge le jour de notre convocation, le 12 février. Je suis allée le voir après pour dire que c’est sous la pression de mes parents que j’avais menti. Mais, il n’a pas pris cela en compte. Nos parents avaient promis de nous faire sortir Gaël et moi de prison. Mais, ça dure depuis et personne ne vient nous aider. Tonton Michel et les deux tanties ne sont pas sorciers et ne sont pas à la base de la mort de Gladys”, a soutenu mardi dernier, Sié Mélène Flora qui tenait à se débarrasser de ce lourd fardeau de mensonge.
Au vu de ces déclarations, l’affaire pourra-t-elle connaître une autre tournure pour l’éclatement de la vérité ou la fin de la procédure d’instruction ? La balle se trouve donc dans le camp du juge d’instruction Ehouman pour situer l’opinion sur ce que retourne cette affaire de pratique de sorcellerie qui commence à empoisonner les relations à Toupah et dont les conséquences sont imprévisibles. Lors de notre passage mardi dernier au tribunal de Dabou, le juge des enfants qui procédait à des auditions n’a pu être approchée pour donner sa version des faits.
Didier Kéï
Envoyé spécial à Dabou
Amary Michel, plus connu sous le nom de “Blé Goudé” ne comprend pas, du fond de sa cellule de la prison de Dabou, les motifs réels de sa détention préventive depuis quatre mois.
“Depuis le 12 février dernier que j’ai été entendu par le juge d’instruction Ehouman Huberson, en charge de notre affaire, et incarcéré aussitôt pour pratique de sorcellerie, je n’ai plus été entendu jusqu’à ce jour sur les faits qui me sont reprochés et que je ne reconnais pas d’ailleurs. Or, le juge avait dit nous retenir pour nécessité d’enquête. Si la première demande de mise en liberté provisoire introduite par mon avocat, Me Kouyaté a été rejetée, la seconde n’a même pas connu de réponse”, a relevé, amer, mardi dernier, lors de notre passage à Dabou, le jeune leader de la jeunesse de Toupah, “Blé Goudé”, par ailleurs secrétaire général de la Jeunesse du Front populaire ivoirien (JFPI) de cette localité. Sa déception est d’autant plus grande que son dossier n’a pas été retenu contrairement à ceux de ses co-inculpés Amary You Alphonsine (sa grande sœur) et Gnagne You Thérèse, à l’audience du mercredi 20 mai dernier de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel d’Abidjan qu’ils ont saisie pour une demande de mise en liberté provisoire.
Ces deux dossiers ont été rejetés au motif que, selon l’avocat des mis en cause, Me Kouyaté, le juge d’instruction de Dabou, Ehouman, n’a pas mentionné dans les procès-verbaux (PV) d’audition que Lath Gaël, mineur de 12 ans qui a d’ailleurs reconnu les faits de sorcellerie, a été entendu en présence de ses parents majeurs. D’où la nullité de tous les actes inscrits dans les PV et le renvoi du dossier au parquet de Dabou pour la reprise de la procédure.
Amary Michel dénonce une cabale
Pour Amary Michel et ses proches, son incarcération résulte d’une cabale montée de toutes pièces par des mains occultes, tapies dans l’ombre pour l’éloigner de ses activités politiques à Toupah. “Par mon franc-parler, je dérange certains patriarches et hommes politiques sur la gestion des redevances générées par la location des terres du village. On veut m’écarter en me maintenant le plus longtemps possible en prison. Sinon, je n’ai jamais été accusé de sorcellerie au village, ni eu d’antécédents judiciaires”, s’est défendu le jeune leader qui a ajouté par ailleurs ne pas comprendre qu’on le maintienne dans les liens de la détention préventive à la suite d’une simple dénonciation de mineur. Il est ainsi tenu éloigné de ses plantations, ses enfants (quatre dont le dernier est un bébé de quatre mois) et d’autres biens.
Selon les dires de l’avocat des accusés, le juge d’instruction Ehouman a proposé, pour trouver une solution à cette affaire, une séance d’exorcisme. Cette séance n’a pas atteint son objectif à cause des contraintes imposées par le magistrat, a-t-il ajouté. L’abbé Barthélémy, père charismatique résidant à Dabou, sollicité dans cette affaire d’exorcisme, a recommandé la mise à sa disposition des accusés pendant trois jours pour faire son travail de délivrance des âmes dans son environnement. Refus du juge Ehouman qui a proposé que le prêtre se rende à la prison s’il veut y exercer son ministère. Le prêtre a beau insister sur la nécessité d’opérer dans son environnement pour “délivrer les prisonniers possédés”, cela n’aura pas ému le juge Ehouman. Même la proposition de faire accompagner les détenus par des agents de police chez le prêtre. Les tractations ont donc tourné court, au grand désespoir des prévenus qui croyaient avoir là l’occasion de prouver leur innocence en présence de tous.
La prévenue Sié Mélène Flora se rétracte
C’est dans ces moments de tourment que Sié Mélène Flora, citée par le petit Lath Gaël comme étant sa première complice, se rétracte du fond de sa cellule. “J’ai menti au juge en accusant tonton Michel et les deux autres tanties. Ce sont mes parents, en particulier mon père, qui m’ont dit de dire que j’étais sorcière et créer des problèmes au tonton Michel. Ils me mettaient la pression et j’ai menti au juge le jour de notre convocation, le 12 février. Je suis allée le voir après pour dire que c’est sous la pression de mes parents que j’avais menti. Mais, il n’a pas pris cela en compte. Nos parents avaient promis de nous faire sortir Gaël et moi de prison. Mais, ça dure depuis et personne ne vient nous aider. Tonton Michel et les deux tanties ne sont pas sorciers et ne sont pas à la base de la mort de Gladys”, a soutenu mardi dernier, Sié Mélène Flora qui tenait à se débarrasser de ce lourd fardeau de mensonge.
Au vu de ces déclarations, l’affaire pourra-t-elle connaître une autre tournure pour l’éclatement de la vérité ou la fin de la procédure d’instruction ? La balle se trouve donc dans le camp du juge d’instruction Ehouman pour situer l’opinion sur ce que retourne cette affaire de pratique de sorcellerie qui commence à empoisonner les relations à Toupah et dont les conséquences sont imprévisibles. Lors de notre passage mardi dernier au tribunal de Dabou, le juge des enfants qui procédait à des auditions n’a pu être approchée pour donner sa version des faits.
Didier Kéï
Envoyé spécial à Dabou