x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Art et Culture Publié le mardi 9 juin 2009 | Notre Voie

Zéhira Yahi, membre du comité d’organisation du Festival culturel panafricain 2009: “L’Algérie attend que l’Afrique éclate dans toute sa splendeur”

Et revoilà le Festival culturel panafricain (PANAF) ! 40 ans après, l’Algérie relance l’événement, du 5 au 20 juillet, partout sur son sol. A cet effet, une délégation du comité organisateur a récemment séjourné à Abidjan. Elle était conduite par Zéhira Yahi, chef de cabinet du ministère algérien de la Culture, qui situe les enjeux de la rencontre. Entretien.


Notre Voie : Pourquoi avez-vous attendu 40 ans pour lancer la deuxième édition du Festival culturel panafricain ?

Zéhira Yahi : L’Algérie n’a jamais oublié la première édition de ce festival qu’elle a organisé, en 1969. Elle a donc attendu de réunir toutes les conditions et d’être sollicitée pour l’accueillir, l’abriter et l’organiser de nouveau. Aujourd’hui, effectivement, ces conditions ont pu être réunies lorsque l’Union africaine, lors de la réunion des ministres de la Culture du continent, en 2005, à Nairobi, a demandé aux pays africains de postuler pour la deuxième édition. L’Algérie s’est portée candidate et elle a été choisie. Je voudrais donc dire que l’organisation d’un tel festival n’est pas chose aisée. En effet, on veut faire participer tout le continent. Cela équivaut à une mobilisation de milliers de personnes qui va engendrer de gros budgets en matière de transport, de la logistique, d’hébergement, de production, etc. Pour faire un concert par exemple, il faut un lieu, une sono, une logistique ; Il faut également des moments pour organiser une exposition. Ce festival est placé sous le signe de la rénaissance de l’Afrique.


N.V. : Qui finance le festival panafricain ?

Z.Y. : Le festival est pris en charge par l’Etat algérien avec une enveloppe d’environ 35 milliards FCFA. Certes nous avons pris quelques sponsors mais l’essentiel du budget vient de l’Etat. Par ailleurs, ce festival, faut-il le souligner, n’a pas une vocation commerciale, c’est-à-dire que toutes les activités seront gratuites.


N.V. : Un festival avec un budget de 35 milliards FCFA en Afrique ; cela ne relève-t-il pas d’une ambition démesurée ?

Z.Y. : Bien sûr qu’il y a d’autres priorités pour les Etats africains (la santé, l’éducation, le logement, les transports, les infrastructures) mais il ne faut pas oublier que la culture est le fondement de tout. Ça, nous en avons conscience en tant qu’Africain parce que nous savons d’où nous venons. En tout cas, nous ne devons pas l’oublier pour savoir où nous allons car la culture est ce que personne ne pourra nous arracher ; c’est la plus belle carte de visite d’un pays, ce qui fonde son identité. Cela veut dire à la fois son passé, son présent et son futur.


N.V. Le festival brasse tellement de disciplines qu’on se demande comment vous allez vous y prendre afin qu’il soit un succès ?

Z.Y. : C’est normal. Il brasse les disciplines qui font la vie culturelle mais en même temps les domaines de réflexion du grand peuple africain.


N.V. : Mais la programmation semble lourde…

Z.K. : Chaque jour, il y aura des spectacles, des projections de films, colloques, des conférences… ici et là de sorte que chacun y trouve son goût.


N.V. : En dehors d’Alger, y a-t-il des villes d’Algérie qui ont été choisies pour abriter le festival ?

Z.K. : Nous voulons, à la fois, que les Algériens profitent au maximum de ce festival et découvrent la culture du continent. Nous voulons aussi que les troupes, qui viennent, découvrent le reste du pays. Donc, en plus d’Alger, il y a 25 grandes villes qui accueilleront des spectacles.


N.V. : Le peuple algérien est-il vraiment prêt à accueillir ses frères africains ?

Z.K. : Sur l’extrait du film de William Clin tourné en 1969, vous verrez comment les Algériens ont accueilli leurs frères africains, en 1969. En somme, il est évident que quarante ans après, les Algériens sont toujours aussi fraternels, toujours aussi accueillants. Je peux d’ores et déjà vous dire qu’il y a beaucoup d’étudiants africains, notamment des Ivoiriens, sur le sol de l’Algérie. Soyez-en rassurés, les Algériens ont le sentiment profond d’enracinement dans le continent.


N.V. : Qu’est-ce que l’Algérie attend de cette rencontre ?

Z.K. : L’Algérie attend que l’Afrique éclate dans toute sa splendeur et qu’elle la montre à la face du monde. Elle attend que nous montrions un continent libéré qui produit du beau, du fort, du sens, dans toutes les disciplines et qui illustre comment il a enrichi les autres cultures du monde. Nous devons rendre justice à la culture africaine.


N.V. : Votre délégation arrive en Côte d’Ivoire au moment où il n’est quasiment plus possible de s’inscrire. Pensez-vous qu’elle sera bien représentée à ce PANAF ?

Z.K. : La Côte d’Ivoire a été informée bien avant notre mission ici à Abidjan. Et elle a transmis sa participation dans le délai. Nous ne sommes donc pas venus pour solliciter la participation de la Côte d’Ivoire. Nous sommes plutôt là pour remercier les autorités et rencontrer les médias ivoiriens parce que votre pays est très riche médiatiquement et nous voulons établir un contact direct avec lui.


N.V. Combien de participants en général et d’Ivoiriens en particulier attendez-vous ?

Z.K. : Actuellement les chiffres annoncés tournent autour de 8000 participants dont 60 personnes en ce qui concerne la Côte d’Ivoire. Mais ils vont évoluer pour ce pays pour atteindre la centaine. En effet, la délégation ivoirienne sera composée d’artistes, d’écrivains, d’intellectuels…


N.V. : Sur quelle base a été faite la sélection des participants ?

Z.K. : Une chose est certaine, nous avons invité la Côte d’Ivoire. Quant au choix des artistes, il a été fait par la Côte d’Ivoire et nous pensons que les meilleurs seront choisis. Je connais les problèmes de choix : il y a toujours des gens qui sont froissés mais c’est toujours comme ça.


N.V. Le PANAF, un autre grand rendez-vous culturel comme le MASA, le FESPACO… ?

Z.K. : Oui, pourquoi pas ? Nous voulons que dans deux à trois ans, d’autres pays abritent à leur tour le PANAF à la place de l’Algérie.


Interview réalisée par Schadé Adédé et César Ebrokié
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Art et Culture

Toutes les vidéos Art et Culture à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ