Tout le monde connaît Roland Dagher en Côte d'Ivoire. Ce compatriote présenté à raison comme un proche du président Gbagbo a diligemment accordé une longue interview au journal de choix des Ivoiriens, le quotidien " Le Nouveau Réveil " qui dans son édition des samedi 6 et dimanche 7 juin, en a fait largement l'écho. Dans cette interview qu'il a lui-même qualifiée " de vérité ", M. Dagher a dit tout ce qu'il pense de ce qui se passe dans ce pays sien, qui " lui a tout donné ". Il a dit sa part de vérité, fait des confidences sur ses relations avec les anciens et nouveaux dirigeants de la Côte d'Ivoire, notamment avec le président Bédié, le général Guéi Robert (paix à son âme) et maintenant avec le président Gbagbo. C'est certainement le péché qu'il n'aurait pas dû commettre dans ce pays où la parole est " libérée ". Car, depuis sa sortie dans " Le Nouveau Réveil ", M. Dagher est l'objet d'attaques véhémentes de la part d'une certaine presse poussée dans le dos par ceux qui n'ont jamais vu d'un bon œil la solidité des rapports qui lient le président Gbagbo au richissime opérateur économique, conseiller économique et social, membre fondateur du Conasfor, une structure récemment créée et dont l'objectif est de collecter des fonds pour aider les 8000 militaires récemment désignés pour être déployés dans les zones Cno. De quoi s'agit-il ? Dans l'interview en question, M. Dagher n'a pas caché son admiration pour le président Bédié qu'il a qualifié d'homme " sans reproches intellectuellement et sur le plan économique ", de même que les rapports qu'il entretenait avec le Pdci, avant même l'arrivée du Président Gbagbo au pouvoir d'Etat. " Le Pdci est le parti le mieux structuré en Côte d'Ivoire…je vous fais une autre confidence que vous ignorez peut-être. Quand le président Gbagbo qui n'était pas encore président à cette époque m'a sollicité pour que je lui apporte un certain soutien pour sa campagne, je lui ai dit et il peut vous le confirmer, que s'il n'y a pas un candidat du Pdci, je serais à ses côtés ". Quel message peut transparaître d'une telle confidence autrement que celui de la volonté d'un homme, de mettre l'accent sur les liens qu'il a eus avec un parti politique qui n'est plus au pouvoir ? Aujourd'hui, le Fpi est au pouvoir, et M. Roland Dagher est aux côtés du président Gbagbo. Mais, sans tenir compte de cette nouvelle donne, il lui est reproché d'avoir fait l'apologie du président Bédié, qu'il a pourtant objectivement critiqué dans cette interview sans jamais tomber dans l'injure. Avant de démontrer son attatchement au président Gbagbo qu'il a vaillamment défendu sous le feu (roulant mais sympathique), des questions des journalistes de " Le Nouveau Réveil ". " Oui, je suis proche du président Gbagbo. Le président Gbagbo est mon ami, je le dis haut et fort, je ne m'en cache pas. Je l'ai dit à l'époque et je le fais toujours…le président Gbagbo n'est pas coupable de la guerre ". Quand on a dit ça dans une même interview, où se trouve alors le sens des reproches qui sont faits à M. Dagher qui est accusé d'avoir retourné sa veste et tourné le dos au Fpi ? En réalité, rarement un homme a fait preuve d'une telle objectivité dans une interview dont les questions n'ont pas été faxées à l'avance, mais ont été posées à chaud. Et M. Dagher n'a pas manqué de préciser dès le début qu'il s'agissait d'une interview " sans tabous ", et dans ce sens, il n'a pas déçu. Tout ce qu'il a dit a été fidèlement transcrit, en dépit de tout. Et cette façon de faire, caractéristique à " Le Nouveau Réveil ", a été saluée dans tous les camps sauf bien sûr, dans celui de tous ceux qui y ont vu, une occasion de réclamer la tête d'un homme dont la présence aux côtés du président Gbagbo, provoque des urticaires. M. Dagher est l'ami du président Bédié : il l'a affirmé. Il est l'ami du premier ministre Alassane : il l'a affirmé. Il est l'ami du président Gbagbo : il l'a affirmé. Il a encensé le président Bédié ? Il a fait la même chose pour le président Gbagbo. Il a critiqué la refondation ? Il l'a fait pour le Pdci. Qui est responsable de la situation actuelle du pays ? M. Dagher affirme au-delà de ses critiques à l'égard des uns et des autres, que " nous sommes tous responsables ". Est-il possible de faire plus que ça, dans l'équilibrisme et dans l'objectivité intellectuels ? Non…et c'est dommage qu'il y ait encore dans ce pays, des gens qui pensent que soutenir un chef d'Etat signifie qu'on n'a plus le droit de dire ce qu'on pense…ou de dire sa part de vérité sur ce qui se passe dans un pays qu'on aime. " Je veux apporter ma contribution à ce pays que j'aime et qui m'a tout donné ". A dit M. Dagher. Y a-t-il un plus grand service qu'on peut rendre à un pays en disant la vérité à ses dirigeants ? Et pourtant, c'est ce qu'on lui reproche… comprenne qui pourra…
Assalé Tiémoko
Assalé Tiémoko
