Intoxication alimentaire à Grominankro : Un mort, neuf hospitalisés

La nourriture vient encore de faire des victimes. Après Kimoukro, Labokro et Aboisso, c'est au tour de Grominankro, village situé à 17 km de Yamoussoukro d'être frappé par un drame sans précédent. Pour avoir consommé du poisson grillé, dix enfants dont l'intervalle d'âge est compris entre deux et treize ans sont actuellement internés au CHR de Yamoussoukro. Au rang des victimes une fillette de huit ans qui est passée de vie à trépas.

Le Centre Hospitalier Régional (CHR), de Yamoussoukro est depuis mercredi 10 juin 2009 dernier bondé de monde. Et pour cause la consommation de poissons grillés par un groupe d'enfants issus d'une même famille a laissé tout le monde dans la consternation totale. Désormais parents, amis et frères ne garderont qu'un triste souvenir de ce mercredi noir. Arrivé sur les lieux pour en savoir plus, le médecin anesthésiste réanimateur, Dr Gillo du service de réanimation qui a administré des soins aux malades a tenu à faire la lumière sur ce drame. " Ça s'est produit à la suite d'une consommation de poisson. Les malades ont été admis dans nos services aux environs de 19 heures. Il faut dire que les enfants ont consommé du poisson qui aurait été pêché dans une marre non loin du village. Ceux-ci ont été grillés avec une certaine poudre. Initialement, quand ils arrivaient chez nous, nous avions pensé que c'est la pêche qui avait été mal faite. Et que les pêcheurs avaient utilisé un produit toxique pour faire la pêche. L'information de la poudre qui a été utilisée pour faire les grillades nous est venue plus tard. On a pu stabiliser l'une des patientes. Les urgences ont enregistré dix malades (un de sexe masculin et neuf de sexe féminin) dont l'âge varie entre deux et treize ans. Les malades sont arrivés avec des crises convulsives avec un coma. Donc nous nous sommes attelés à stabiliser ces cas. Dès leur arrivée, nous avons suspecté une intoxication aux organo-phosphoriques (ce sont les produits phytosanitaires utilisés contre les souris, les mauvaises herbes…). Pour ce qui est du cas de décès, il faut dire que les parents ont eu un rôle dans les causes du décès. Parce que le fait d'administrer de l'huile rouge pour faire vomir les enfants est très souvent dangereux pour ces personnes. Ils font passer les vomissements dans les poumons. Compte tenu du fait qu'ils sont dans le coma et qu'on les fait vomir cela aggrave les signes pulmonaires. Nous profitons pour lancer cet appel à la population que, face à ces genres de situation, il faut éviter de donner de l'huile rouge, du lait et surtout éviter de faire vomir les victimes. Il faut directement les faire venir dans un centre de santé le plus proche. " Venu s'imprégner des réalités du moment, le Secrétaire général de la préfecture, M. Boka, après son assistance aux malades, a déclaré ceci à la presse : " Nous sommes venu constater la réalité de ce qui nous a été rapporté par le Directeur régional de la santé. Mais malheureusement sur les dix cas d'enfants intoxiqués, on déplore un cas de décès. Aux dires des médecins, les neuf (09) autres sont hors de danger. Je pense qu'il n'est pas question de s'alarmer pour l'heure. Le poisson qui a été consommé ainsi que la farine qui a servi à sa grillade, ces deux échantillons sont pour l'heure aux mains de l'Institut d'hygiène pour analyse. Nous espérons avoir rapidement les résultats pour prendre les mesures qui s'imposent. Il est bon d'indiquer à la population de ne pas s'alarmer. Depuis hier 19 heures jusqu'à aujourd'hui, on n'a déploré aucun autre cas dans ledit village. Les autorités compétentes, les services du CHR, la Direction régionale de la santé et la préfecture avions pris les dispositions pour que les enfants recouvrent la santé. Il faut tout de même saluer la promptitude des populations qui ne sont pas tombées dans l'automédication et qui ont eu recours à l'hôpital. "

Jean Paul Loukou
à Yamoussoukro.