A l`approche des élections présidentielles, nous avons visité les sièges des formations politiques à Bouaké. Seules trois formations entretiennent une permanence qui fonctionne le plus souvent timidement dans la capitale du Centre.
En y arrivant, rien n`indique qu`il s`agit du siège d`un parti politique. Surtout le plus vieux du pays. La crise du 19 septembre 2002 a certainement eu raison de « l`abri » du Parti démocratique de Côte d`Ivoire (Pdci-Rda) à Bouaké. Il a fallu passer une quatrième fois en trois jours pour trouver, enfin, un interlocuteur sur les lieux. Portail principal et portes des bureaux sont hermétiquement fermés avec des cadenas. Aucune personne pour recevoir et guider le visiteur.
Le QG du Pdci-Rda : Toujours vide
Situé au quartier municipal en bordure du boulevard Reine Pokou, non loin du Stade de la paix, le QG du parti de Henri Konan Bédié est un bâtiment imposant de 6 pièces, dressé fièrement dans un domaine. Les hautes herbes qui encombrent la cour et alentours contrastent avec les ambitions et la renommée du vieux parti dans la région. Le siège du Pdci ne s`est pas toujours retrouvé en ces lieux. Avant 2002, il était logé au quartier «Commerce», dans l`immeuble « le Capitole ». Le transfert a été l`œuvre du délégué départemental, arrivé aux affaires en 2005. Kouamé Kra Joseph, soucieux de l`image de son parti qui n`avait pas, disait-il, un siège digne de lui dans la capitale de la Vallée du Bandama, a offert l`un de ses bâtiments. Au départ, seule une pancarte indiquait que l`on était devant la maison du Pdci local. Aujourd`hui, l`enseigne a disparu et le siège est toujours morose. Tout comme l`entretien laisse à désirer. C`est d`ailleurs après notre passage, le 7 juin, que les responsables des lieux ont songé à y passer un coup de balai. Pour la gestion du site, un permanent a été désigné par le délégué pour orienter les militants. Pourtant, Djamala n`est disponible que le week-end. Etant fonctionnaire, il se rend au siège à 7h30 pour en repartir à 8h30 les jours ordinaires. Ce qui fait que la maison de l`ancien parti unique est quasiment vide. Seul celui-ci y demeure en permanence. Pour un renseignement, le gardien est disponible, mais comme il n`est pas outillé, «il faut repasser». Il faut effectivement attendre l`arrivée du délégué ou les jours de grande cérémonie pour voir le QG s`animer. Les bureaux ne sont nullement équipés. Aucun meuble, pas d`ordinateur. Seules quelques chaises sont rassemblées en désordre dans l`une des pièces de ce siège qui a l`air abandonné. Lorsque la cérémonie doit accueillir plus de 100 personnes, les partisans de Bédié à Bouaké sont obligés de louer la salle du « cinéma le Capitole ». Une note qui coûte 50.000 Fcfa la séance. N`ayant pas d`interlocuteur au siège, les militants se rendent régulièrement à la permanence du mouvement de soutien ``Je vote Pdci`` créé par le député Allou Konan. Situé au rond point central du quartier «Air France», la permanence de ce mouvement de soutien est plus impliquée dans la reconquête du pouvoir que de faire office de siège du parti doyen. L`endroit grouille régulièrement de monde. Les militants, surtout ceux des villages, viennent y poser leurs problèmes. Au cours des audiences foraines et d`identification, le député a installé sur ce site une photocopieuse, mise à la disposition de tous.
Rdr : Le siège, un don
A Bouaké, le siège du Rassemblement des républicains (Rdr) est le mieux loti. Situé au quartier « Sokoura Liberté », fief des partisans de Alassane Ouattara, le bâtiment qui abrite le QG des républicains, est imposant. Il s`agit d`un don du maire de Bouaké. Fanny Ibrahima a décidé de mettre cet outil à la disposition de son parti depuis 1994. Le Rdr n`y est pas seul. Quelques annexes du bâtiment accueillent le cinéma Liberté. Il s`agit en effet d`un complexe composé de plusieurs entrées dont 4 sont réservées aux hommes de Ouattara dans la vallée du Bandama. La première entrée, est le siège du secrétariat départemental. On y trouve une salle principale pouvant contenir 50 personnes. Dans cet espace, on peut voir des posters géants du mentor Alassane Ouattara, de Djéni Kobena, le premier secrétaire général et de Henriette Diabaté, la « général » en fonction. C`est dans ce lieu que se tiennent les rencontres restreintes entre les structures de jeunes et de femmes (Rjr, Rfr). Pour montrer son intérêt à l`identification et à l`enrôlement, la base a placardé au mur de ce bureau des affiches invitant à une participation accrue à cette opération. Le bureau du secrétaire départemental, Touré Mamadou dit « Capitaine Touré » qui donne sur cette salle est équipé d`un ordinateur. Le permanent du siège explique que les militants l`ont doté également d`un climatiseur. Deux Commissions techniques électorales (CTE) sont ouvertes sur les lieux. Il s`agit d`une part de la Cte départementale et de la Cte communale de Belleville. Enfin, une grande salle de réunion de plus de 300 places se trouve à l`extrême gauche des annexes. Le tout est géré et supervisé par un permanent, rémunéré par le parti. Les autres agents travaillent à titre bénévole. Selon le chargé de communication du siège, Bakayoko Namory, les frais d`eau et d`électricité sont supportés par le directeur régional de campagne, le maire Fanny Ibrahima qui est d`ailleurs le propriétaire de l`immeuble. ``Il est prévu la construction d`un nouveau siège du parti à Bouaké non loin du siège actuel`` a confié Bakayoko. A notre passage, les militants préparaient l`arrivée de ADO dans la vallée du Bandama.
Anci : un siège fantôme
Tout comme le Rdr, l`Alliance pour une nouvelle Côte d`Ivoire (Anci) de Zemogo Fofana, a un siège à Bouaké. Cela est l`œuvre du Dr Idrissa Diabaté. Très tôt, ce transfuge du Rdr, a su trouver au quartier « Commerce » un bâtiment pour son parti dès sa création. Ce site avait fait la fierté de l`Alliance. Car, dit-on à Bouaké, il n`est pas donné à tous les partis politiques d`avoir un QG. Malheureusement, la «maison» est toujours fermée. Aucune âme ne s`y trouve pour recevoir et informer le visiteur.
Le Fpi, sans abri
Réellement surprenant. Mais, il s`agit de la triste réalité. Le Front populaire ivoirien (Fpi) a un siège à Béoumi, Bodokro et Sakassou. Mais, paradoxalement, le parti au pouvoir n`a plus d`abri à Bouaké. Nous avons tourné en vain, pour rechercher où se trouve la maison du parti d`Affi N`guessan dans la capitale du Centre. Certains se souviennent qu`avant 2002, le parti à la rose avait son siège sis au « Commerce » près de l`ex-hippodrome et non loin du cabinet du maire. Aujourd`hui à cet endroit, rien que de la broussaille. Un signe visible permettant de rappeler qu`un parti politique a pu y être logé. Lorsque les leaders du parti aux deux doigts arrivent à Bouaké, les rencontres se tiennent dans des restaurants ou des hôtels. La Première dame, Simone Gbagbo, en a fait de même lors de sa tournée dans la région. Cela est tout de même inquiétant quand on sait que la Côte d`Ivoire est à cinq petits mois de l`élection présidentielle.
Les sièges de l`Udpci et le Mfa devenus des logements
Au plus fort de la crise armée, le Mouvement des forces d`avenir (Mfa) entretenait un siège dans la capitale du Centre. Il était à Ahougnansou, non loin de la pharmacie Saint Jean. Aujourd`hui avec la sortie de crise, une famille a pris possession des lieux. Le sigle Mfa a disparu. Anaky Kobena qui avait inauguré l`espace comme siège local n`y a plus droit. Cession ? Location ? Toutes nos tentatives pour savoir les raisons de ce transfert sont restées vaines. Situation identique pour le parti dirigé par Albert Mabri Toikeusse. Le siège de l`Union pour la démocratie et la paix en Côte d`Ivoire (Udpci) inauguré à « Air France 1” est aujourd`hui une résidence familiale. Le Parti ivoirien des travailleurs (Pit) n`a pas non plus pas de logement à Bouaké. Au cours de son dernier passage dans la capitale de la Paix c`est dans un restaurant que le président Francis Wodié a communié avec ses militants. Au total, la vile de Bouaké qui a toujours été un lieu d’empoigne pour les politiciens, semble pour le moment, ne pas être une priorité pour les partis significatifs.
Allah Kouamé, Correspondant régional
En y arrivant, rien n`indique qu`il s`agit du siège d`un parti politique. Surtout le plus vieux du pays. La crise du 19 septembre 2002 a certainement eu raison de « l`abri » du Parti démocratique de Côte d`Ivoire (Pdci-Rda) à Bouaké. Il a fallu passer une quatrième fois en trois jours pour trouver, enfin, un interlocuteur sur les lieux. Portail principal et portes des bureaux sont hermétiquement fermés avec des cadenas. Aucune personne pour recevoir et guider le visiteur.
Le QG du Pdci-Rda : Toujours vide
Situé au quartier municipal en bordure du boulevard Reine Pokou, non loin du Stade de la paix, le QG du parti de Henri Konan Bédié est un bâtiment imposant de 6 pièces, dressé fièrement dans un domaine. Les hautes herbes qui encombrent la cour et alentours contrastent avec les ambitions et la renommée du vieux parti dans la région. Le siège du Pdci ne s`est pas toujours retrouvé en ces lieux. Avant 2002, il était logé au quartier «Commerce», dans l`immeuble « le Capitole ». Le transfert a été l`œuvre du délégué départemental, arrivé aux affaires en 2005. Kouamé Kra Joseph, soucieux de l`image de son parti qui n`avait pas, disait-il, un siège digne de lui dans la capitale de la Vallée du Bandama, a offert l`un de ses bâtiments. Au départ, seule une pancarte indiquait que l`on était devant la maison du Pdci local. Aujourd`hui, l`enseigne a disparu et le siège est toujours morose. Tout comme l`entretien laisse à désirer. C`est d`ailleurs après notre passage, le 7 juin, que les responsables des lieux ont songé à y passer un coup de balai. Pour la gestion du site, un permanent a été désigné par le délégué pour orienter les militants. Pourtant, Djamala n`est disponible que le week-end. Etant fonctionnaire, il se rend au siège à 7h30 pour en repartir à 8h30 les jours ordinaires. Ce qui fait que la maison de l`ancien parti unique est quasiment vide. Seul celui-ci y demeure en permanence. Pour un renseignement, le gardien est disponible, mais comme il n`est pas outillé, «il faut repasser». Il faut effectivement attendre l`arrivée du délégué ou les jours de grande cérémonie pour voir le QG s`animer. Les bureaux ne sont nullement équipés. Aucun meuble, pas d`ordinateur. Seules quelques chaises sont rassemblées en désordre dans l`une des pièces de ce siège qui a l`air abandonné. Lorsque la cérémonie doit accueillir plus de 100 personnes, les partisans de Bédié à Bouaké sont obligés de louer la salle du « cinéma le Capitole ». Une note qui coûte 50.000 Fcfa la séance. N`ayant pas d`interlocuteur au siège, les militants se rendent régulièrement à la permanence du mouvement de soutien ``Je vote Pdci`` créé par le député Allou Konan. Situé au rond point central du quartier «Air France», la permanence de ce mouvement de soutien est plus impliquée dans la reconquête du pouvoir que de faire office de siège du parti doyen. L`endroit grouille régulièrement de monde. Les militants, surtout ceux des villages, viennent y poser leurs problèmes. Au cours des audiences foraines et d`identification, le député a installé sur ce site une photocopieuse, mise à la disposition de tous.
Rdr : Le siège, un don
A Bouaké, le siège du Rassemblement des républicains (Rdr) est le mieux loti. Situé au quartier « Sokoura Liberté », fief des partisans de Alassane Ouattara, le bâtiment qui abrite le QG des républicains, est imposant. Il s`agit d`un don du maire de Bouaké. Fanny Ibrahima a décidé de mettre cet outil à la disposition de son parti depuis 1994. Le Rdr n`y est pas seul. Quelques annexes du bâtiment accueillent le cinéma Liberté. Il s`agit en effet d`un complexe composé de plusieurs entrées dont 4 sont réservées aux hommes de Ouattara dans la vallée du Bandama. La première entrée, est le siège du secrétariat départemental. On y trouve une salle principale pouvant contenir 50 personnes. Dans cet espace, on peut voir des posters géants du mentor Alassane Ouattara, de Djéni Kobena, le premier secrétaire général et de Henriette Diabaté, la « général » en fonction. C`est dans ce lieu que se tiennent les rencontres restreintes entre les structures de jeunes et de femmes (Rjr, Rfr). Pour montrer son intérêt à l`identification et à l`enrôlement, la base a placardé au mur de ce bureau des affiches invitant à une participation accrue à cette opération. Le bureau du secrétaire départemental, Touré Mamadou dit « Capitaine Touré » qui donne sur cette salle est équipé d`un ordinateur. Le permanent du siège explique que les militants l`ont doté également d`un climatiseur. Deux Commissions techniques électorales (CTE) sont ouvertes sur les lieux. Il s`agit d`une part de la Cte départementale et de la Cte communale de Belleville. Enfin, une grande salle de réunion de plus de 300 places se trouve à l`extrême gauche des annexes. Le tout est géré et supervisé par un permanent, rémunéré par le parti. Les autres agents travaillent à titre bénévole. Selon le chargé de communication du siège, Bakayoko Namory, les frais d`eau et d`électricité sont supportés par le directeur régional de campagne, le maire Fanny Ibrahima qui est d`ailleurs le propriétaire de l`immeuble. ``Il est prévu la construction d`un nouveau siège du parti à Bouaké non loin du siège actuel`` a confié Bakayoko. A notre passage, les militants préparaient l`arrivée de ADO dans la vallée du Bandama.
Anci : un siège fantôme
Tout comme le Rdr, l`Alliance pour une nouvelle Côte d`Ivoire (Anci) de Zemogo Fofana, a un siège à Bouaké. Cela est l`œuvre du Dr Idrissa Diabaté. Très tôt, ce transfuge du Rdr, a su trouver au quartier « Commerce » un bâtiment pour son parti dès sa création. Ce site avait fait la fierté de l`Alliance. Car, dit-on à Bouaké, il n`est pas donné à tous les partis politiques d`avoir un QG. Malheureusement, la «maison» est toujours fermée. Aucune âme ne s`y trouve pour recevoir et informer le visiteur.
Le Fpi, sans abri
Réellement surprenant. Mais, il s`agit de la triste réalité. Le Front populaire ivoirien (Fpi) a un siège à Béoumi, Bodokro et Sakassou. Mais, paradoxalement, le parti au pouvoir n`a plus d`abri à Bouaké. Nous avons tourné en vain, pour rechercher où se trouve la maison du parti d`Affi N`guessan dans la capitale du Centre. Certains se souviennent qu`avant 2002, le parti à la rose avait son siège sis au « Commerce » près de l`ex-hippodrome et non loin du cabinet du maire. Aujourd`hui à cet endroit, rien que de la broussaille. Un signe visible permettant de rappeler qu`un parti politique a pu y être logé. Lorsque les leaders du parti aux deux doigts arrivent à Bouaké, les rencontres se tiennent dans des restaurants ou des hôtels. La Première dame, Simone Gbagbo, en a fait de même lors de sa tournée dans la région. Cela est tout de même inquiétant quand on sait que la Côte d`Ivoire est à cinq petits mois de l`élection présidentielle.
Les sièges de l`Udpci et le Mfa devenus des logements
Au plus fort de la crise armée, le Mouvement des forces d`avenir (Mfa) entretenait un siège dans la capitale du Centre. Il était à Ahougnansou, non loin de la pharmacie Saint Jean. Aujourd`hui avec la sortie de crise, une famille a pris possession des lieux. Le sigle Mfa a disparu. Anaky Kobena qui avait inauguré l`espace comme siège local n`y a plus droit. Cession ? Location ? Toutes nos tentatives pour savoir les raisons de ce transfert sont restées vaines. Situation identique pour le parti dirigé par Albert Mabri Toikeusse. Le siège de l`Union pour la démocratie et la paix en Côte d`Ivoire (Udpci) inauguré à « Air France 1” est aujourd`hui une résidence familiale. Le Parti ivoirien des travailleurs (Pit) n`a pas non plus pas de logement à Bouaké. Au cours de son dernier passage dans la capitale de la Paix c`est dans un restaurant que le président Francis Wodié a communié avec ses militants. Au total, la vile de Bouaké qui a toujours été un lieu d’empoigne pour les politiciens, semble pour le moment, ne pas être une priorité pour les partis significatifs.
Allah Kouamé, Correspondant régional