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Politique Publié le mercredi 17 juin 2009 | Nord-Sud

Cohabitation Fpi-Ung, Aird, Urd… : Amis en Gbagbo, ennemis en militants

Portés à présent au grand jour, des profonds intérêts partisans opposent de façon sournoise le Front populaire ivoirien à ses alliés de la mouvance présidentielle.

Le Fpi se méfie-t-il de ses « alliés » de partis politiques ? Sur la question, l`adresse, récente, d`un cadre du parti, Guédé Pépé Léonard dit « James Cenach », est édifiante. « Evitez d`adhérer aux nouveaux partis politiques qui soutiennent le président Laurent Gbagbo. Mais qui évitent le Fpi. Dites à ces partis politiques qui viennent à vous que vous êtes déjà au Fpi et derrière Laurent Gbagbo. Pourquoi adhérer à un nouveau parti qui dit soutenir Laurent Gbagbo alors que vous le soutenez déjà ?», a-t-il dit aux militants d`Issia. Les propos du fronstiste, lus dans Notre Voie du 13 au 14 juin, rappellent étrangement ceux du président du parti M. Pascal Affi N`Guessan. « Cela n`affaiblit pas le Fpi mais oblige le parti à prendre en compte le fait qu`il n`est pas seul, qu`il faut composer et coopérer. Cela limite peut-être la liberté de décision du Fpi. Il faut associer toutes les énergies pour améliorer la cohérence de l`action électorale et du discours politique », confiait-il à Jeune Afrique au mois de mai. Pascal Affi N`Guessan parlait ainsi de la possible disparité des forces du camp présidentiel. Les pensées exprimées cachent mal la méfiance du parti présidentiel. Il semble prendre de la distance vis-à-vis de ses nouveaux alliés. Le Fpi ne torpille pas son alliance avec les « petits partis » amis. Certes, mais les frontistes ne cachent plus leur mécontentement sur les agissements de ces derniers. En effet, les ``suppôts`` du Fpi ne sont autres que l`Union des nouvelles générations (Ung) de Stephane Kipré, l`Alliance ivoirienne pour la république et la démocratie (Aird), de l`ex-ministre Eric Kaé, l`Union républicaine pour la démocratie (Urd) de l`ex-ministre Danièle Boni Claverie. Pour ne citer que ces formations. Elles sont nées en cette période de crise que traverse la Côte d`Ivoire. Et elles ont choisi de soutenir le candidat du Fpi à l`élection présidentielle. A ce titre, certains de ces partis ont fait leur entrée dans le Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd). Un ensemble qui constitue le bloc du camp présidentiel. D`autres partis comme l`Ung font cavalier seul, dans la mouvance présidentielle. Cependant, une chose démarque les satellites de l`allié bleu.


Bataille sournoises

Il s`agit des ambitions politiciennes. Qui sont d`ailleurs décelées, par des militants Fpi, et dénoncées. « Logiquement, explique-t-on, à la fédération bleue de Daloa, un parti politique allié, qui dit soutenir le candidat du Fpi à la présidentielle devait se mettre en rapport avec les représentants du Fpi. Pour l`aider à débaucher, en démantelant les poches de résistance dans le camp adverse. Mais quand pendant ses meetings le président de ce parti allié s`attaque aux élus du Fpi, nous ne savons pas ce que cette attitude cache. » Une contribution beaucoup plus accusatrice, toujours à Daloa, met à l`index le parti dirigé par Stéphane Kipré. « L`Ung dit soutenir le président de la République. Mais on ne sait pas ce que cela cache », a confié un élu. Lequel explique que c`est parce que l`Ung seule n`est pas capable d`une percée du terrain politique qu`elle s`est greffée à un leader, le Fpi. Cette explication semble plausible et sous-tendre l`alliance au sein de la mouvance présidentielle. En un mot, la compagnie entre le Fpi et ses alliés est vicieuse. Et cela est un secret de polichinelle. « Sur le terrain politique, il y a des discours auxquels il faut faire attention. Des chefs de partis politiques disent soutenir Gbagbo juste pour s`implanter. Or, la réalité c`est qu`ils cherchent à se présenter à d`autres élections autres que la présidentielle », dit une source au sein du parti au pouvoir. Le leadership local est donc la raison principale des campagnes jugées contradictoires, dans les bastions du Fpi. La députation, les municipales, les conseils généraux. Voici autant de postes qui font courir les alliés. Là où le bât blesse, c`est quand ils recrutent dans les rangs du Fpi. « Ils viennent avec beaucoup d`argent, dénonce un élu, et ils disent : « Tenez, travaillez pour Gbagbo ». En même temps ils attaquent les potentiels candidats Fpi. Ils disent par exemple : « Ces moyens que je mets à votre disposition sont les mêmes moyens que le Fpi met à votre disposition. Mais ils les gardent par devers eux``.

Donc en même temps qu`ils disent soutenir le président Gbagbo, ils torpillent les candidats du Fpi parce qu`ils veulent leurs postes.» Des alliés sont peut-être exempts de ce reproche. Mais force est de constater qu`une bataille sournoise les oppose au Fpi. «Chaque chose a son temps. Comment peut-on s`attaquer à quelqu`un qui dit être venu vous aider ? Si vous réagissez à son comportement, tout de suite les gens diront : ``en voilà qui sont hostiles à de bonnes volontés. Dans un premier temps, nous disons on les laisse faire jusqu`à l`élection présidentielle. Car s`ils viennent aider Gbagbo logiquement ils viennent aussi aider le Fpi. Donc à priori on ne peut pas les combattre. Mais après l`élection présidentielle on verra le discours qu`ils vont tenir. Et c`est après ces discours que nous aviserons », a confié un membre influent de la direction du Fpi. En attendant l`après élection présidentielle, des voix unanimes craignent que la bataille intestine ne fasse perdre le Fpi et ses alliés, dans des localités.

Bidi Ignace
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