On vous dit proche du ministre Bohoun Bouabré ?
Je ne suis pas proche du ministre Bohoun Bouabré, mais je suis proche des idéaux du parti. Parce que Bohoun Bouabré est l'homme que le parti a choisi pour être le directeur de campagne du Président Laurent Gbagbo. Je ne pouvais pas le laisser et suivre celui que le parti n'a pas choisi. C'est ce qui veut dire à peu près que je suis proche de Bohoun. Mais en réalité, je suis proche du parti et de ses idéaux.
Le ministre Bohoun Bouabré et le ministre Désiré Tagro ne s'entendent pas. Tout le monde le sait. Le 13 juin dernier, il y a eu une cérémonie de réconciliation. Votre sentiment là-dessus ?
J'étais très content et fier parce que j'ai suivi cela pendant deux jours. Moi, je souhaitais et je voulais cette réconciliation. Partout, il y a des démons de la division. C'est ceux-là qui ont fait que tout ce qui se passe est arrivé.
Selon vous qu'est-ce qui oppose les deux hommes ?
C'est un problème de leadership. Au départ, Bohoun Bouabré a été choisi. C'est lui aussi qui a choisi le ministre Désiré Tagro pour s'occuper des allogènes. Tout allait bien. Et il fut un moment la question du gouvernorat de la Beceao où était annoncé le ministre Bohoun Bouabré. On a posé la question de savoir qui allait le remplacer s'il partait à la Bceao. Les gens ont décidé que ce soit Désiré Tagro. Le problème, c'est que le ministre Bohoun Bouabré n'est plus parti. Puisqu'il est resté, il devait garder sa place. A notre grande surprise, le secrétaire de section des autochtones dont s'occupe le ministre Bohoun Bouabré a rallié le ministre Tagro qui est chargé des allogènes. Au motif que c'est lui qui leur a donné du matériel agricole. Sans même dire un mot aux militants de base, ils (le SG, des autochtones et des membres de sa section) ont rallié le camp de Désiré Tagro. Il y a eu de nombreux palabres où il a même été dit que si le ministre Bohoun invite des responsables à la base et même des militants, que personne ne réponde à son appel. Notre secrétaire de section de Digbogbo 1 a refusé cela parce qu'on a voulu leur donner 30.000F pour ne pas qu'ils participent aux réunions du ministre d'Etat Bohoun Bouabré. Nous, nous avons dit que nous ne sommes pas contents car, c'est grâce à nous militants de base que les secrétaires de section sont des secrétaires de section. Ils doivent d'abord demander à la base avant de donner leur accord. Nous avons donc décidé de signer une pétition pour les destituer, pour leur dire qu'ils ne sont plus nos secrétaires de section. C'est comme ça que ça c'est passé.
Il y a donc déchirure au niveau du FPI à Saïoua ?
Il y a eu division, vraiment. Si je dis qu'il n'y en a pas eu, j'aurai menti. S'il n'y avait pas eu de division, il n'y aurait pas eu de réconciliation.
Croyez-vous que la réconciliation est totale, qu'elle est vraie surtout que c'est la 4ème du genre ?
Je pense que cette réconciliation peut être la vraie. Et elle est la bienvenue. Tagro et Bouabré sont des intellectuels. On ne peut pas toujours les tromper. Je dis au revoir aux démons de la division. Ce qu'a fait le ministre de l'Intérieur (Désiré Tagro) m'a plu. En vidant la salle de la réunion pour qu'entre eux et les responsables du parti, ils se disent les vérités a été une bonne chose.
Mais en ville, et vous êtes certainement au courant, on arrache des motos à certains. Il y a ce genre de choses qui se passent. Est-ce qu'avec de tels agissements on peut parler de réconciliation ?
Les motos ont été retirées avant cette réconciliation. Ce n'est pas après. Donc je pense que la réconciliation est la bienvenue.
Il y a aussi des intérêts qui sont en jeu. Des cadres proches de Bohoun qui sont combattus par le camp de Tagro et vice versa. Il y a des gens qui perdent leur poste ?
Ça va se régler parce que cela est dit dans les accords qu'ils ont signés. On avait destitué le fédéral Bawa Gaï pour installer un comité ad'hoc. On a vu que dans leur accord, il a été dit de remettre la fédération en place avec M. Bawa Gaï et tous ceux qu'on avait renvoyés de cette fédération. On a décidé qu'ils reprennent leur poste. Donc je crois que tout le monde sera d'accord.
Le nouveau fédéral est-il prêt à libérer son poste à M. Bawa Gaï ?
Il va être d'accord parce qu'il s'agit d'un monsieur qui était aussi dans la fédération et qu'on a écarté. Je crois bien que ça ira.
Ne pensez-vous pas que cette situation est de nature à enfoncer le FPI malgré ses deux ministres face à un parti aussi puissant que le PDCI-RDA ?
Merci. Oui, c'est vrai, ça pouvait bien enfoncer le FPI mais, ils ont vu juste. Je peux dire bravo au ministre d'Etat Bohoun Bouabré. Parce qu'il a eu l'intelligence, il s'est considéré à juste titre comme l'aîné. Il n'a pas voulu répondre à beaucoup de choses. Sinon, le parti serait allé à la dérive. Il a été sage. Il a dit de demander des excuses à son "petit frère". Non pas parce qu'il a tort, mais le lieu où ils avaient choisi pour tenir la réunion, le petit frère n'a pas voulu y aller. Mais Bohoun a dit qu'il lui demande pardon et que Tagro peut choisir l'endroit qu'il veut. Même si c'est chez lui-même, lui Bohoun était prêt à y aller. Je crois que c'est fini. Et le même soir, Bohoun Bouabré s'est déplacé pour aller rendre visite à son petit frère Tagro. Et le matin encore, il a fait la même démarche. Je crois que ça ira.
Avez-vous un dernier mot ?
Oui. Le dernier mot va à l'endroit des militants. Je leur demande de ne pas écouter les "on dit". Il y a des gens qui aiment les séparations pour "bouffer". Et chaque fois, il faut aller dire quelque chose au ministre : voilà ce que l'autre a dit pour qu'il y ait la division, pour qu'il gagne. Cela n'est pas bon. Il faut qu'on travaille parce que le PDCI n'est pas mort. Il est encore là. Il peut rebondir. Donc, il faut qu'on travaille main dans la main.
Le FPI craint-il le PDCI ?
Quand tu as en face un adversaire, il ne faut jamais dire qu'il n'est pas fort. Si on ne craint pas le PDCI et s'il y a des divisions, le PDCI peut passer.
On accuse votre parti le FPI, surtout aux élections passées, d'avoir empêché les militants des autres partis, notamment ceux du PDCI de voter. Pour les élections à venir le FPI va-t-il laisser tomber ces vieilles pratiques ?
Je ne me reconnais pas dans ça. Parce que nous, on empêche ceux qui n'ont pas de papier de voter, car il est dit ouvertement en Côte d'Ivoire qu'il faut avoir ta pièce d'identité pour voter. Si tu n'as pas ta pièce d'identité, que tu prends un jugement supplétif pour venir voter, on ne peut pas accepter. C'est en cela qu'on nous reproche d'empêcher des gens de voter. Moi-même, j'ai été dans un bureau de vote à Wakatékro, des gens venaient avec des jugements supplétifs pour voter. Je leur ai dit non, on vote avec la pièce d'identité.
Donc c'est fini, vous n'allez plus couper les routes avec les trons d’arbre, les urnes ne seront plus cassées ou volées.
Nous, on n'a jamais volé des urnes ici. Peut-être que c'était dans le passé. Sinon depuis que je suis à Saïoua, nous n'avons pas encore cassé des urnes. Les élections se sont normalement déroulées en 95. En 2000 aussi. Peut-être en 95, pendant le boycott actif, ce n'était pas les urnes qui avaient été cassées, mais il y a eu des choses qui ont été gâtées chez le sous-préfet. C'est tout. Si c'est en 90 que des caisses ont été cassées, je n'étais pas là. En ce moment-là, j'étais encore à Abidjan.
Qu'avez-vous à dire par rapport à l'enrôlement ?
Nous n'avons rien à dire. Chaque parti est représenté à ce niveau.
Etes-vous prêt à accepter le résultat des urnes ?
Je suis prêt et le FPI est prêt à accepter le résultat des urnes le 29 novembre.
Si Gbagbo perdait, il n'y aurait pas de chasse à l'homme à Saïoua ?
(Rires…) Je n'y pense même pas parce que je sais que mon président va gagner (rires…)
Interview réalisée à Saïoua par Diarrassouba Sory
Je ne suis pas proche du ministre Bohoun Bouabré, mais je suis proche des idéaux du parti. Parce que Bohoun Bouabré est l'homme que le parti a choisi pour être le directeur de campagne du Président Laurent Gbagbo. Je ne pouvais pas le laisser et suivre celui que le parti n'a pas choisi. C'est ce qui veut dire à peu près que je suis proche de Bohoun. Mais en réalité, je suis proche du parti et de ses idéaux.
Le ministre Bohoun Bouabré et le ministre Désiré Tagro ne s'entendent pas. Tout le monde le sait. Le 13 juin dernier, il y a eu une cérémonie de réconciliation. Votre sentiment là-dessus ?
J'étais très content et fier parce que j'ai suivi cela pendant deux jours. Moi, je souhaitais et je voulais cette réconciliation. Partout, il y a des démons de la division. C'est ceux-là qui ont fait que tout ce qui se passe est arrivé.
Selon vous qu'est-ce qui oppose les deux hommes ?
C'est un problème de leadership. Au départ, Bohoun Bouabré a été choisi. C'est lui aussi qui a choisi le ministre Désiré Tagro pour s'occuper des allogènes. Tout allait bien. Et il fut un moment la question du gouvernorat de la Beceao où était annoncé le ministre Bohoun Bouabré. On a posé la question de savoir qui allait le remplacer s'il partait à la Bceao. Les gens ont décidé que ce soit Désiré Tagro. Le problème, c'est que le ministre Bohoun Bouabré n'est plus parti. Puisqu'il est resté, il devait garder sa place. A notre grande surprise, le secrétaire de section des autochtones dont s'occupe le ministre Bohoun Bouabré a rallié le ministre Tagro qui est chargé des allogènes. Au motif que c'est lui qui leur a donné du matériel agricole. Sans même dire un mot aux militants de base, ils (le SG, des autochtones et des membres de sa section) ont rallié le camp de Désiré Tagro. Il y a eu de nombreux palabres où il a même été dit que si le ministre Bohoun invite des responsables à la base et même des militants, que personne ne réponde à son appel. Notre secrétaire de section de Digbogbo 1 a refusé cela parce qu'on a voulu leur donner 30.000F pour ne pas qu'ils participent aux réunions du ministre d'Etat Bohoun Bouabré. Nous, nous avons dit que nous ne sommes pas contents car, c'est grâce à nous militants de base que les secrétaires de section sont des secrétaires de section. Ils doivent d'abord demander à la base avant de donner leur accord. Nous avons donc décidé de signer une pétition pour les destituer, pour leur dire qu'ils ne sont plus nos secrétaires de section. C'est comme ça que ça c'est passé.
Il y a donc déchirure au niveau du FPI à Saïoua ?
Il y a eu division, vraiment. Si je dis qu'il n'y en a pas eu, j'aurai menti. S'il n'y avait pas eu de division, il n'y aurait pas eu de réconciliation.
Croyez-vous que la réconciliation est totale, qu'elle est vraie surtout que c'est la 4ème du genre ?
Je pense que cette réconciliation peut être la vraie. Et elle est la bienvenue. Tagro et Bouabré sont des intellectuels. On ne peut pas toujours les tromper. Je dis au revoir aux démons de la division. Ce qu'a fait le ministre de l'Intérieur (Désiré Tagro) m'a plu. En vidant la salle de la réunion pour qu'entre eux et les responsables du parti, ils se disent les vérités a été une bonne chose.
Mais en ville, et vous êtes certainement au courant, on arrache des motos à certains. Il y a ce genre de choses qui se passent. Est-ce qu'avec de tels agissements on peut parler de réconciliation ?
Les motos ont été retirées avant cette réconciliation. Ce n'est pas après. Donc je pense que la réconciliation est la bienvenue.
Il y a aussi des intérêts qui sont en jeu. Des cadres proches de Bohoun qui sont combattus par le camp de Tagro et vice versa. Il y a des gens qui perdent leur poste ?
Ça va se régler parce que cela est dit dans les accords qu'ils ont signés. On avait destitué le fédéral Bawa Gaï pour installer un comité ad'hoc. On a vu que dans leur accord, il a été dit de remettre la fédération en place avec M. Bawa Gaï et tous ceux qu'on avait renvoyés de cette fédération. On a décidé qu'ils reprennent leur poste. Donc je crois que tout le monde sera d'accord.
Le nouveau fédéral est-il prêt à libérer son poste à M. Bawa Gaï ?
Il va être d'accord parce qu'il s'agit d'un monsieur qui était aussi dans la fédération et qu'on a écarté. Je crois bien que ça ira.
Ne pensez-vous pas que cette situation est de nature à enfoncer le FPI malgré ses deux ministres face à un parti aussi puissant que le PDCI-RDA ?
Merci. Oui, c'est vrai, ça pouvait bien enfoncer le FPI mais, ils ont vu juste. Je peux dire bravo au ministre d'Etat Bohoun Bouabré. Parce qu'il a eu l'intelligence, il s'est considéré à juste titre comme l'aîné. Il n'a pas voulu répondre à beaucoup de choses. Sinon, le parti serait allé à la dérive. Il a été sage. Il a dit de demander des excuses à son "petit frère". Non pas parce qu'il a tort, mais le lieu où ils avaient choisi pour tenir la réunion, le petit frère n'a pas voulu y aller. Mais Bohoun a dit qu'il lui demande pardon et que Tagro peut choisir l'endroit qu'il veut. Même si c'est chez lui-même, lui Bohoun était prêt à y aller. Je crois que c'est fini. Et le même soir, Bohoun Bouabré s'est déplacé pour aller rendre visite à son petit frère Tagro. Et le matin encore, il a fait la même démarche. Je crois que ça ira.
Avez-vous un dernier mot ?
Oui. Le dernier mot va à l'endroit des militants. Je leur demande de ne pas écouter les "on dit". Il y a des gens qui aiment les séparations pour "bouffer". Et chaque fois, il faut aller dire quelque chose au ministre : voilà ce que l'autre a dit pour qu'il y ait la division, pour qu'il gagne. Cela n'est pas bon. Il faut qu'on travaille parce que le PDCI n'est pas mort. Il est encore là. Il peut rebondir. Donc, il faut qu'on travaille main dans la main.
Le FPI craint-il le PDCI ?
Quand tu as en face un adversaire, il ne faut jamais dire qu'il n'est pas fort. Si on ne craint pas le PDCI et s'il y a des divisions, le PDCI peut passer.
On accuse votre parti le FPI, surtout aux élections passées, d'avoir empêché les militants des autres partis, notamment ceux du PDCI de voter. Pour les élections à venir le FPI va-t-il laisser tomber ces vieilles pratiques ?
Je ne me reconnais pas dans ça. Parce que nous, on empêche ceux qui n'ont pas de papier de voter, car il est dit ouvertement en Côte d'Ivoire qu'il faut avoir ta pièce d'identité pour voter. Si tu n'as pas ta pièce d'identité, que tu prends un jugement supplétif pour venir voter, on ne peut pas accepter. C'est en cela qu'on nous reproche d'empêcher des gens de voter. Moi-même, j'ai été dans un bureau de vote à Wakatékro, des gens venaient avec des jugements supplétifs pour voter. Je leur ai dit non, on vote avec la pièce d'identité.
Donc c'est fini, vous n'allez plus couper les routes avec les trons d’arbre, les urnes ne seront plus cassées ou volées.
Nous, on n'a jamais volé des urnes ici. Peut-être que c'était dans le passé. Sinon depuis que je suis à Saïoua, nous n'avons pas encore cassé des urnes. Les élections se sont normalement déroulées en 95. En 2000 aussi. Peut-être en 95, pendant le boycott actif, ce n'était pas les urnes qui avaient été cassées, mais il y a eu des choses qui ont été gâtées chez le sous-préfet. C'est tout. Si c'est en 90 que des caisses ont été cassées, je n'étais pas là. En ce moment-là, j'étais encore à Abidjan.
Qu'avez-vous à dire par rapport à l'enrôlement ?
Nous n'avons rien à dire. Chaque parti est représenté à ce niveau.
Etes-vous prêt à accepter le résultat des urnes ?
Je suis prêt et le FPI est prêt à accepter le résultat des urnes le 29 novembre.
Si Gbagbo perdait, il n'y aurait pas de chasse à l'homme à Saïoua ?
(Rires…) Je n'y pense même pas parce que je sais que mon président va gagner (rires…)
Interview réalisée à Saïoua par Diarrassouba Sory