En visite privée en France depuis jeudi, le Premier ministre ivoirien a rencontré hier à Paris, la presse diplomatique française pour évoquer l'évolution du processus de paix en Côte d'Ivoire.
L'élection présidentielle fixée au 29 novembre en Côte d'Ivoire aura-t-elle vraiment lieu ? Face au scepticisme constamment exprimé par la presse française, Guillaume Soro a déployé tous les efforts pour balayer les doutes.
Invité à un déjeuner de presse, hier en fin de matinée à Paris, organisé par l'Association de la presse diplomatique française (Apdf), le Premier ministre, Guillaume Soro, s'est dit confiant pour cette date. « Je comprends parfaitement le scepticisme affiché par beaucoup de personnes», concède-t-il. En effet, la date du 30 novembre 2008, n'a pas été respectée. Le 14 mai, une nouvelle date a été fixée. Cette fois, l'heure est à l'optimisme du côté de la primature. Et pour cause : le processus d'enrôlement a connu des résultats bien meilleurs depuis près de 7 mois. La preuve, selon M. Soro, au début du mois de novembre, moins de 100.000 personnes avaient été inscrites. Or, les derniers chiffres, à quelques heures de la fin de l'enrôlement, annoncent environ 6,2 millions de personnes inscrites. « C'est pourquoi, mieux que 2008, nous pouvons tenir la date du 29 novembre. Nous sommes plus proches des élections qu'en 2008», estime-t-il. A plusieurs reprises, il a confié à ses hôtes, l'impérieuse nécessité d'organiser des élections transparentes, gage d'un retour définitif à la normale. «Pourquoi je prends toutes ses précautions ? Simplement parce que notre pays sort de guerre. Et il faut qu'on se tienne strictement à la clarté, à la limpidité des élections. Ce sont les seules conditions qui permettront à la Côte d'Ivoire de sortir définitivement de cette situation et de consolider les acquis que nous avons obtenus pendant deux ans», martèle-t-il, visiblement déterminé. Malgré toutes ces explications, la plupart des interrogations des journalistes ont tourné autour des garanties pour obtenir un scrutin à l'issue totalement irréprochable. Les sujets liés à la sécurité, la présence des observateurs, les antagonismes entre le camp présidentiel et celui des Forces nouvelles ont été évoqués. Aux dires de Guillaume Soro, il n'y a pas lieu de se faire du mauvais sang. Non seulement les élections seront ouvertes à tous les observateurs qui en feront la demande, mais en plus, le processus en amont comme en aval doit être certifié par les Nations Unies. Ce qui est une garantie suprême. De plus le volet sécuritaire sera l'affaire non seulement des Forces nationales de sécurité, mais, aussi des forces impartiales (Soldats de l'Onuci et de la Licorne).
« Pas question de soutenir quiconque »
Dans ce tableau, le secrétaire général des Forces nouvelles entend marquer la fin du processus de paix de son empreinte, en affichant une position de « neutralité » et d' « impartialité ». Pas question pour lui d'afficher un soutien ni un penchant quelconque à un des candidats déclarés. « Je serai l'arbitre de ces élections, donc je ne suis pas candidat. Les Forces nouvelles non plus », déclare-t-il en guise d'engagement.
En dehors du principal sujet lié à l'organisation des élections, le locataire de la primature a aussi répondu aux questions relatives aux relations entre la France et la Côte d'Ivoire, la prétendue visite avortée du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, à Abidjan, à la succession du président Bongo, sans oublier l'incontournable « Françafrique » et les soubresauts démocratiques en Afrique.
Certes, la question liée aux relations franco-ivoiriennes, depuis l'avènement au pouvoir du président Gbagbo, lui semblait embarrassante. Préoccupé qu'il est de ne pas en rajouter, il a voulu s'en tenir aux déclarations du président ivoirien. Qui à l'habitude d'indiquer que « les relations d'Etat à Etat sont au-dessus des personnes ». Toutefois, il admet que les relations entre les deux pays qui se sont détériorées depuis les événements du 19 septembre 2002, s'améliorent de jour en jour. En témoignent les visites fréquentes d'officiels français à Abidjan depuis quelques mois.Quant à la situation actuelle au Gabon, l'invité de l'Apdf a d'abord rappelé les liens qui l'unissaient au président Omar Bongo Ondimba. Ce dernier, qu'il appelle affectueusement « mon père » l'aurait persuadé d'entrer dans le gouvernement de Laurent Gbagbo.
La Françafrique ? Connais pas !
Evoquant des similitudes entre ce pays et la Côte d'Ivoire au moment de la disparition du président Houphouët Boigny, il a affirmé avoir eu « une pointe d'inquiétude » à l'annonce de la mort du doyen des chefs d'Etats africains, appelant par ailleurs les acteurs politiques gabonais à ne pas « rééditer l'exemple de la Côte d'Ivoire ».
Sur la « Françafrique », Guillaume Soro a indiqué, pince-sans-rire, mal connaître cette notion et son corolaire d'ambigüités, en raison de son jeune âge. Toutefois, il estime qu'entre le continent et la puissance colonisatrice, il doit exister des « relations de maturité et de responsabilité ».
Enfin, sur le voyage de Claude Guéant à Abidjan, le locataire de la primature affirme n'avoir pas reçu d'informations officielles du gouvernement français, en dehors de celles lues dans la presse. « Le chef de l'Etat (Ndlr : le président Gbagbo) a aussi marqué sa grande surprise sur cette visite et que des propos tenus par son directeur de cabinet aient été pris comme éléments pour annuler cette visite », révèle-t-il.
En 1h30 d'échanges, M. Soro a quitté ses hôtes avec le sentiment d'avoir fait passer un message essentiel : celui de la conviction en une issue heureuse du processus électoral en cours.
Karim Wally, Correspondant permanent à Paris
L'élection présidentielle fixée au 29 novembre en Côte d'Ivoire aura-t-elle vraiment lieu ? Face au scepticisme constamment exprimé par la presse française, Guillaume Soro a déployé tous les efforts pour balayer les doutes.
Invité à un déjeuner de presse, hier en fin de matinée à Paris, organisé par l'Association de la presse diplomatique française (Apdf), le Premier ministre, Guillaume Soro, s'est dit confiant pour cette date. « Je comprends parfaitement le scepticisme affiché par beaucoup de personnes», concède-t-il. En effet, la date du 30 novembre 2008, n'a pas été respectée. Le 14 mai, une nouvelle date a été fixée. Cette fois, l'heure est à l'optimisme du côté de la primature. Et pour cause : le processus d'enrôlement a connu des résultats bien meilleurs depuis près de 7 mois. La preuve, selon M. Soro, au début du mois de novembre, moins de 100.000 personnes avaient été inscrites. Or, les derniers chiffres, à quelques heures de la fin de l'enrôlement, annoncent environ 6,2 millions de personnes inscrites. « C'est pourquoi, mieux que 2008, nous pouvons tenir la date du 29 novembre. Nous sommes plus proches des élections qu'en 2008», estime-t-il. A plusieurs reprises, il a confié à ses hôtes, l'impérieuse nécessité d'organiser des élections transparentes, gage d'un retour définitif à la normale. «Pourquoi je prends toutes ses précautions ? Simplement parce que notre pays sort de guerre. Et il faut qu'on se tienne strictement à la clarté, à la limpidité des élections. Ce sont les seules conditions qui permettront à la Côte d'Ivoire de sortir définitivement de cette situation et de consolider les acquis que nous avons obtenus pendant deux ans», martèle-t-il, visiblement déterminé. Malgré toutes ces explications, la plupart des interrogations des journalistes ont tourné autour des garanties pour obtenir un scrutin à l'issue totalement irréprochable. Les sujets liés à la sécurité, la présence des observateurs, les antagonismes entre le camp présidentiel et celui des Forces nouvelles ont été évoqués. Aux dires de Guillaume Soro, il n'y a pas lieu de se faire du mauvais sang. Non seulement les élections seront ouvertes à tous les observateurs qui en feront la demande, mais en plus, le processus en amont comme en aval doit être certifié par les Nations Unies. Ce qui est une garantie suprême. De plus le volet sécuritaire sera l'affaire non seulement des Forces nationales de sécurité, mais, aussi des forces impartiales (Soldats de l'Onuci et de la Licorne).
« Pas question de soutenir quiconque »
Dans ce tableau, le secrétaire général des Forces nouvelles entend marquer la fin du processus de paix de son empreinte, en affichant une position de « neutralité » et d' « impartialité ». Pas question pour lui d'afficher un soutien ni un penchant quelconque à un des candidats déclarés. « Je serai l'arbitre de ces élections, donc je ne suis pas candidat. Les Forces nouvelles non plus », déclare-t-il en guise d'engagement.
En dehors du principal sujet lié à l'organisation des élections, le locataire de la primature a aussi répondu aux questions relatives aux relations entre la France et la Côte d'Ivoire, la prétendue visite avortée du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, à Abidjan, à la succession du président Bongo, sans oublier l'incontournable « Françafrique » et les soubresauts démocratiques en Afrique.
Certes, la question liée aux relations franco-ivoiriennes, depuis l'avènement au pouvoir du président Gbagbo, lui semblait embarrassante. Préoccupé qu'il est de ne pas en rajouter, il a voulu s'en tenir aux déclarations du président ivoirien. Qui à l'habitude d'indiquer que « les relations d'Etat à Etat sont au-dessus des personnes ». Toutefois, il admet que les relations entre les deux pays qui se sont détériorées depuis les événements du 19 septembre 2002, s'améliorent de jour en jour. En témoignent les visites fréquentes d'officiels français à Abidjan depuis quelques mois.Quant à la situation actuelle au Gabon, l'invité de l'Apdf a d'abord rappelé les liens qui l'unissaient au président Omar Bongo Ondimba. Ce dernier, qu'il appelle affectueusement « mon père » l'aurait persuadé d'entrer dans le gouvernement de Laurent Gbagbo.
La Françafrique ? Connais pas !
Evoquant des similitudes entre ce pays et la Côte d'Ivoire au moment de la disparition du président Houphouët Boigny, il a affirmé avoir eu « une pointe d'inquiétude » à l'annonce de la mort du doyen des chefs d'Etats africains, appelant par ailleurs les acteurs politiques gabonais à ne pas « rééditer l'exemple de la Côte d'Ivoire ».
Sur la « Françafrique », Guillaume Soro a indiqué, pince-sans-rire, mal connaître cette notion et son corolaire d'ambigüités, en raison de son jeune âge. Toutefois, il estime qu'entre le continent et la puissance colonisatrice, il doit exister des « relations de maturité et de responsabilité ».
Enfin, sur le voyage de Claude Guéant à Abidjan, le locataire de la primature affirme n'avoir pas reçu d'informations officielles du gouvernement français, en dehors de celles lues dans la presse. « Le chef de l'Etat (Ndlr : le président Gbagbo) a aussi marqué sa grande surprise sur cette visite et que des propos tenus par son directeur de cabinet aient été pris comme éléments pour annuler cette visite », révèle-t-il.
En 1h30 d'échanges, M. Soro a quitté ses hôtes avec le sentiment d'avoir fait passer un message essentiel : celui de la conviction en une issue heureuse du processus électoral en cours.
Karim Wally, Correspondant permanent à Paris