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Région Publié le lundi 29 juin 2009 | Notre Voie

Gagnoa : Le conseil de chefferie de Guessihio destitué

M. Jean Agbohoun Sahiri, chef du village de Guessihio, et son équipe ont été destitués, le 21 juin dernier, à la place des cérémonies dudit village, au cours d’une réunion d’informations. Le contenu de la pétition de destitution a été livré à l’assemblée par M. Marcel Nébré, l’un des membres influents du comité de transition mis en place pour liquider les affaires courantes jusqu'à l’élection du nouveau chef. Cette pétition a été signée, le 13 juin 2009, au nom de leurs mandants, par le chef de terre et les chefs des 3 quartiers qui ont donné naissance au village de Guessihio. Ce sont le chef de terre Leonard Sahiri pour le quartier Sahirihio, le chef de famille Robert Kodou pour le quartier Madou Gouzihio et les chefs de familles Marcel Nebré et Delphin Negbéé Souélé pour le quartier Guéssihio.
Les signataires de la pétition reprochent au conseil de la chefferie son refus de présenter, malgré les interpellations, le bilan de 8 ans de gestion des fonds générés par le cimetière, les bas-fonds, le marché, le magasin, le dispensaire, les taxes diverses et les divers dons. Ils estiment que si le chef de village rechigne à faire ce bilan, c’est qu’il y a anguille sous roche. Et le montant du préjudice financier subi est de 19352000 Frs Cfa dont 9950000 Frs pour le marché, 800000 Frs pour le cimetière, 420000 Frs pour le magasin, 960000 Frs pour les taxes diverses, 6720000 Frs pour le dispensaire et 500000 Frs pour les dons divers. Selon eux, le chef n’est pas personnellement responsable de ce détournement. “Ce sont ses collaborateurs. Notre chef est très mal entouré”, a dit M. Amédée Koukougnon, secrétaire administratif démissionnaire de la chefferie villageoise de Guessihio. “Ce qu’on reproche au chef, c’est son refus de se séparer des collaborateurs indélicats. Pire, il a concentré tous les pouvoirs dans les mains de M. Bernard Gnahoré Yalé qui s’est rendu coupable du délit d’adultère”, a-t-il fustigé. En effet, ce dernier cumule, à lui seul, les fonctions de secrétaire général chargé des affaires intérieures et extérieures, de trésorier général, de commissaire aux comptes et de président du tribunal coutumier. Pour pousser le cynisme dans les profondeurs de l’intolérable, il a engagé sa fille pour assurer le recouvrement des taxes sur le marché et sur les autres activités économiques. C’est à lui que les versements sont faits et c’est lui qui tient le registre des recettes et des dépenses.
C’est donc cette situation qui est décriée et qui a suscité, en décembre 2008, la création d’un observatoire de l’éthique et de la bonne gouvernance. Le rôle de cette structure est d’amener le conseil de la chefferie villageoise à travailler dans l’intérêt du village et à respecter les règles de gestion moderne.
En janvier 2009, la crise de confiance enfle et le cabinet de M. René Mohiro Nioulé, préfet de la région du Fromager, préfet du département de Gagnoa, intervient et tient, les 20 et 30 janvier 2009, deux séances de travail avec le conseil de la chefferie et les membres de l’observatoire de l’éthique et de la bonne gouvernance. Au terme de ces consultations, le préfet de région recommande au chef du village de mettre fin au cumul de fonctions et de remanier son équipe. Le chef du village s’exécute. Mais les membres de l’observatoire de l’éthique et de la bonne gouvernance exigent le bilan avant la prise de fonction de la nouvelle équipe. Le blocage est constaté. Le préfet de région appelle au dialogue et convie les deux groupes à une concertation, le 15 juin 2009, à son cabinet. Les positions restent irréconciliables. Le préfet de région sollicite l’arbitrage des cadres et de la mutuelle de développement social et économique du village. 6 jours plus tard, soit le 21 juin 2009, les dissidents convoquent une réunion à la place des cérémonies du village, prononcent la destitution du chef de village et mettent en place un comité de transition qui prendra effectivement fonction le 1er juillet 2009.
Approché, M. Jean Agbohoun Sahiri, le chef du village contesté, ne se reconnaît guère les accusations portées contre lui. Mieux, il appelle la population au calme. Il affirme que le préfet de région a demandé que l’on fasse table rase du passé. Un dialogue de sourds s’est donc installé entre le chef et sa dissidence.

Marius Dangan kpan: danganpkan@yahoo.fr
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