Le conseiller spécial, superviseur de la région de l'Ouest montagneux, Siki Blon Blaise, reste, selon lui, militant de l'Udpci, mais décide de ne plus soutenir le président du parti arc-en-ciel.
Entre Albert Mabri Toikeusse et Siki Blon Blaise, si ce n'est pas la rupture, ça y ressemble fort. Le second n'a pas pris de gang, samedi, pour charger son président. Face aux présidents de coordinations, de sections, de comités de base, aux responsables de mouvements de jeunesse, de femmes, et les superviseurs de l'Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d'Ivoire (Udpci) à Man, le conseiller de Mabri a rué dans les brancards. Devant ces représentants de la formation politique créée par le général Robert Guéï, le conseiller spécial chargé de la région a évoqué les rapports entre les cadres de l'Udpci, devant une salle comble, au QG de la capitale des 18 Montagnes. Seul le coordonnateur du quartier Campus, Gbê Samuel, proche du président, a manqué à l'appel.
Les rapports tumultueux, a d'emblée souligné Blon Blaise, doivent être portés à la connaissance de la base. Ainsi, celui que les militants appellent « Bulldozer » s'est prononcé sur la guéguerre qui l'oppose à ce qu'il convient d'appeler le « camp Mabri », dans lequel est cité le maire, Flindé Albert. « Quand je suis rentré des Etats-Unis, nombreux sont les militants de l'Udpci qui disaient: Blon Blaise va rejoindre les dix députés qui ont quitté le parti. Chers frères, je vous ai appelé ce matin pour vous dire que, pour rien au monde, Blon Blaise ne quittera le parti de Robert Guéï. » Après la clameur des applaudissements saluant cette déclaration, il a donné des preuves de son attachement au parti. En effet, il réhabilite sur fond propre, le QG dont il a décidé de faire un « monument Robert Guéï ». Toujours au titre des travaux de réhabilitation, le député Blon, envisage la construction d'une bibliothèque, le transfert du siège de radio Man au sein du QG. L'orateur a demandé à ses camarades d'apporter leur soutien aux travaux. Comment une personne peut-elle s'investir de la sorte pour son parti et être la cible de « haine », de la « méchanceté » ? Pourtant, l'élu dit en être victime, de la part du clan Mabri. Le conseiller spécial a ainsi pris une décision sans appel : « J'ai décidé de ne plus faire ce que je faisais. Avant, j'offrais mon soutien à Mabri Toikeusse. Je lui donnais de l'argent tous les jours. J'ai vu que mon soutien n'est pas bien utilisé. L'argent que je donne à Mabri n'est pas bien utilisé. Et j'ai constaté que c'est pour cela que les grands militants s'en vont. Moi, je n'irai pas, nous allons redresser le parti ». Il a justifié ce déballage par le fait que cela fait deux ans qu'il pose le problème, sans trouver une oreille attentive auprès du n°1 du parti.
De grands secrets dévoilés
Si officiellement la base sait que dix députés sur quatorze ont quitté le parti, elle ignorait sans doute que celui-ci est financé par l'Etat. « Nous avons demandé au gouvernement dont le parrain est le président Laurent Gbagbo de financer les partis politiques. Le président a donné son accord. Ainsi, chaque année on donne de l'argent à chaque parti politique. Au niveau de l'Udpci, tous les trois mois on donne soixante dix millions de Fcfa. Même pendant la crise », a révélé M. Siki. Information accueillie par des cris d'étonnement. « J'ai dit, a poursuivi l'orateur, qu'il faut qu'on donne au moins cent mille francs par trimestre aux coordonnateurs, aux secrétaires de sections. La discorde est donc partie de là, et depuis lors il se raconte que Blon Blaise fait la publicité de Gbagbo. » Une autre discorde qui est à la base de la démission du député Noutoua Youdé, c'est la « gifle » à lui administrée par un jeune au cours d'une réunion, devant la direction du parti. Le président de l'Udpci n'aurait rien dit sur ce manquement. Tout comme il reste de marbre, selon le conseiller spécial, sur les sorties «haineuses», contre lui, du président des jeunes, Yao Séraphin, et du secrétaire général-adjoint, Blé Guirao. Le député Yoro David a, lui aussi, été l'objet de frustrations qui ont motivé sa démission. « Aujourd'hui, quand il y a une réunion à la direction du parti, on nous compte sur le bout des doigts. Si nous devons tous partir, de sa tombe Robert Guéï va dire: Je n'ai pas laissé de parents derrière moi. Moi, Blon Blaise je ne m'en irai pas, on va tout faire pour laver cette maison sale ». Passant rapidement sur la démission collective des coordonnateurs de San Pedro, à cause d'autres manquements, Blon Blaise a révélé les dessous de la nomination de Albert Toikeusse Mabri comme ministre. « Après Marcoussis, quand on devait former le nouveau gouvernement, c'est moi qui suis allé voir le président de la République et qui lui ai dit : Si tu veux faire plaisir au peuple Yacouba, il faut que tu nommes Mabri comme ministre. Je le lui ai dit en présence de Mabri, Paul Guidibo, Woï Messé et Paul Akoto Yao. Le conseiller Voh Sahi était à côté du président Laurent Gbagbo. » Une fois le ministère obtenu, Blon Blaise dit avoir donné sa Mercedes et la somme d'un million de Fcfa à l'intéressé, à Yamoussoukro. Des cadres du parti lui ont également trouvé une résidence, avant que Mabri Toikeusse ne s'offre un château à la Riviera.
Par ailleurs, c'est le président du parti arc-en-ciel qui a eu l'idée, selon son conseiller, de solliciter le président Laurent Gbagbo afin que ce dernier finance le congrès de l'Udpci. « Le président de la République a demandé : Mais pourquoi ne pas en parler à Paul Akoto Yao? Et puis vous venez me voir? Mais, c'est moi Gbagbo Laurent ! Il a demandé l'avis de Mabri séance tenante. Mabri a dit: M. le président c'est moi qui ai demandé que nous venions vous voir pour que vous nous aidiez. Nous avons des problèmes, nous voulons redynamiser le parti. Gbagbo a demandé: Votre besoin s'élève à combien? ». Après ce rappel, Blon Blaise a indiqué que le chef de l'Etat a financé le congrès de l'Udpci à hauteur de cinquante millions de Fcfa. Le comble au sens de l'orateur, c'est qu'après le congrès, Mabri voulait utiliser les vingt trois millions restants pour financer l'électrification de son village, Bouéné. Un refus lui a été opposé, avant qu'il ne reçoive cinq millions. Blon Blaise dit avoir pris un million, et deux millions de Fcfa ont été remis à Woï Messé. Devant tous ces bienfaits, l'orateur se demande pourquoi il est victime de méchanceté. Il invite de ce fait le président de l'Udpci à réfléchir. Après ce déballage, les coordinateurs ont convoqué Albert Flindé et Albert Toikeusse Mabri pour une séance d'explication.
Bidi Ignace
Entre Albert Mabri Toikeusse et Siki Blon Blaise, si ce n'est pas la rupture, ça y ressemble fort. Le second n'a pas pris de gang, samedi, pour charger son président. Face aux présidents de coordinations, de sections, de comités de base, aux responsables de mouvements de jeunesse, de femmes, et les superviseurs de l'Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d'Ivoire (Udpci) à Man, le conseiller de Mabri a rué dans les brancards. Devant ces représentants de la formation politique créée par le général Robert Guéï, le conseiller spécial chargé de la région a évoqué les rapports entre les cadres de l'Udpci, devant une salle comble, au QG de la capitale des 18 Montagnes. Seul le coordonnateur du quartier Campus, Gbê Samuel, proche du président, a manqué à l'appel.
Les rapports tumultueux, a d'emblée souligné Blon Blaise, doivent être portés à la connaissance de la base. Ainsi, celui que les militants appellent « Bulldozer » s'est prononcé sur la guéguerre qui l'oppose à ce qu'il convient d'appeler le « camp Mabri », dans lequel est cité le maire, Flindé Albert. « Quand je suis rentré des Etats-Unis, nombreux sont les militants de l'Udpci qui disaient: Blon Blaise va rejoindre les dix députés qui ont quitté le parti. Chers frères, je vous ai appelé ce matin pour vous dire que, pour rien au monde, Blon Blaise ne quittera le parti de Robert Guéï. » Après la clameur des applaudissements saluant cette déclaration, il a donné des preuves de son attachement au parti. En effet, il réhabilite sur fond propre, le QG dont il a décidé de faire un « monument Robert Guéï ». Toujours au titre des travaux de réhabilitation, le député Blon, envisage la construction d'une bibliothèque, le transfert du siège de radio Man au sein du QG. L'orateur a demandé à ses camarades d'apporter leur soutien aux travaux. Comment une personne peut-elle s'investir de la sorte pour son parti et être la cible de « haine », de la « méchanceté » ? Pourtant, l'élu dit en être victime, de la part du clan Mabri. Le conseiller spécial a ainsi pris une décision sans appel : « J'ai décidé de ne plus faire ce que je faisais. Avant, j'offrais mon soutien à Mabri Toikeusse. Je lui donnais de l'argent tous les jours. J'ai vu que mon soutien n'est pas bien utilisé. L'argent que je donne à Mabri n'est pas bien utilisé. Et j'ai constaté que c'est pour cela que les grands militants s'en vont. Moi, je n'irai pas, nous allons redresser le parti ». Il a justifié ce déballage par le fait que cela fait deux ans qu'il pose le problème, sans trouver une oreille attentive auprès du n°1 du parti.
De grands secrets dévoilés
Si officiellement la base sait que dix députés sur quatorze ont quitté le parti, elle ignorait sans doute que celui-ci est financé par l'Etat. « Nous avons demandé au gouvernement dont le parrain est le président Laurent Gbagbo de financer les partis politiques. Le président a donné son accord. Ainsi, chaque année on donne de l'argent à chaque parti politique. Au niveau de l'Udpci, tous les trois mois on donne soixante dix millions de Fcfa. Même pendant la crise », a révélé M. Siki. Information accueillie par des cris d'étonnement. « J'ai dit, a poursuivi l'orateur, qu'il faut qu'on donne au moins cent mille francs par trimestre aux coordonnateurs, aux secrétaires de sections. La discorde est donc partie de là, et depuis lors il se raconte que Blon Blaise fait la publicité de Gbagbo. » Une autre discorde qui est à la base de la démission du député Noutoua Youdé, c'est la « gifle » à lui administrée par un jeune au cours d'une réunion, devant la direction du parti. Le président de l'Udpci n'aurait rien dit sur ce manquement. Tout comme il reste de marbre, selon le conseiller spécial, sur les sorties «haineuses», contre lui, du président des jeunes, Yao Séraphin, et du secrétaire général-adjoint, Blé Guirao. Le député Yoro David a, lui aussi, été l'objet de frustrations qui ont motivé sa démission. « Aujourd'hui, quand il y a une réunion à la direction du parti, on nous compte sur le bout des doigts. Si nous devons tous partir, de sa tombe Robert Guéï va dire: Je n'ai pas laissé de parents derrière moi. Moi, Blon Blaise je ne m'en irai pas, on va tout faire pour laver cette maison sale ». Passant rapidement sur la démission collective des coordonnateurs de San Pedro, à cause d'autres manquements, Blon Blaise a révélé les dessous de la nomination de Albert Toikeusse Mabri comme ministre. « Après Marcoussis, quand on devait former le nouveau gouvernement, c'est moi qui suis allé voir le président de la République et qui lui ai dit : Si tu veux faire plaisir au peuple Yacouba, il faut que tu nommes Mabri comme ministre. Je le lui ai dit en présence de Mabri, Paul Guidibo, Woï Messé et Paul Akoto Yao. Le conseiller Voh Sahi était à côté du président Laurent Gbagbo. » Une fois le ministère obtenu, Blon Blaise dit avoir donné sa Mercedes et la somme d'un million de Fcfa à l'intéressé, à Yamoussoukro. Des cadres du parti lui ont également trouvé une résidence, avant que Mabri Toikeusse ne s'offre un château à la Riviera.
Par ailleurs, c'est le président du parti arc-en-ciel qui a eu l'idée, selon son conseiller, de solliciter le président Laurent Gbagbo afin que ce dernier finance le congrès de l'Udpci. « Le président de la République a demandé : Mais pourquoi ne pas en parler à Paul Akoto Yao? Et puis vous venez me voir? Mais, c'est moi Gbagbo Laurent ! Il a demandé l'avis de Mabri séance tenante. Mabri a dit: M. le président c'est moi qui ai demandé que nous venions vous voir pour que vous nous aidiez. Nous avons des problèmes, nous voulons redynamiser le parti. Gbagbo a demandé: Votre besoin s'élève à combien? ». Après ce rappel, Blon Blaise a indiqué que le chef de l'Etat a financé le congrès de l'Udpci à hauteur de cinquante millions de Fcfa. Le comble au sens de l'orateur, c'est qu'après le congrès, Mabri voulait utiliser les vingt trois millions restants pour financer l'électrification de son village, Bouéné. Un refus lui a été opposé, avant qu'il ne reçoive cinq millions. Blon Blaise dit avoir pris un million, et deux millions de Fcfa ont été remis à Woï Messé. Devant tous ces bienfaits, l'orateur se demande pourquoi il est victime de méchanceté. Il invite de ce fait le président de l'Udpci à réfléchir. Après ce déballage, les coordinateurs ont convoqué Albert Flindé et Albert Toikeusse Mabri pour une séance d'explication.
Bidi Ignace
