Comme il fallait s’y attendre, le parti fondé par le général Guéi est à nouveau dans la tourmente. A force d’une gestion catastrophique, le ministre Mabri Toikeusse a fini par se mettre tout le monde à dos. Et la dernière sortie musclée du président du conseil général de Man, Siki Blon Blaise, présenté comme la colonne vertébrale du parti arc-en-ciel, apparaît comme le début de la descente aux enfers d’un homme qui aura essayé de se fabriquer une carrière politique par la duplicité, le mensonge, l’ingratitude et la violence.
“J’ai décidé de retirer ma confiance à Mabri jusqu’à nouvel ordre. Je ne ferai plus ce que je faisais pour lui. Je lui donnais mon appui politique, mon soutien moral et financier. Mais j’ai constaté qu’il n’en faisait pas bon usage et c’est pour cela que le parti se porte mal”. Ces propos de l’honorable Siki Blon Blaise, député des sous-préfectures de Man-Sangouiné et président du conseil général de Man, tenus en fin de semaine dernière devant les responsables des structures de base de l’Union pour la démocratie et la paix (UDPCI) de la capitale de la région des Montagnes, marqueront certainement pour longtemps la vie socio-politique de cette partie de la Côte d’Ivoire. En effet, si le discours ne surprend pas vraiment les observateurs avertis de la scène politique locale à cause des relations notoirement exécrables que le député Blon entretenait depuis un certain temps avec le ministre Mabri, le lieu choisi pour s’exprimer, les interlocuteurs, mais surtout la trame du message laissent clairement apparaître que “Bulldozer” est entré en guerre contre son ancien poulain pour lui arracher l’appareil du parti et le contrôler lui-même. Connaissant l’homme, son parcours, ses méthodes et ses moyens, il est presque certain que la partie est perdue d’avance pour le député de Zouan-hounien.
En effet, contrairement aux autres cadres qui ont eu maille à pâtir avec l’actuelle direction de l’UDPCI, le député Blon a choisi de mener le combat de l’intérieur. “Pour rien au monde, je ne quitterai l’UDPCI”, a-t-il martelé, avant d’annoncer son intention “de laver la maison de ses souillures”. Ce qui signifie en mots plus simples qu’il a l’intention de chasser l’équipe Mabri, pour redresser la situation, lui-même. En adoptant cette posture, Blon coupe court à la propagande anti-Gbagbo dont s’est servi jusque-là le camp Mabri pour discréditer tous ceux qui ont décrié sa gestion du parti. Il évite qu’on lui colle l’image de celui qui abandonne la maison du père pour répondre aux chants de sirène. C’est aussi ce qui explique le choix de son auditoire, les coordonnateurs et secrétaires de section UDPCI, et le lieu de la rencontre, le quartier général du parti à Man. Ayant pris directement les militants de base à témoin, Blon achève sa stratégie par une anticipation sur l’autre argument fétiche des pro-Mabri. “Gbagbo les a achetés”. En revenant avec force détails sur l’épisode du congrès qui a porté Mabri à la tête du parti, le message du maire de Sangouiné est clair. S’il y a des gens qui prennent de l’argent avec Gbagbo, Mabri est le premier. Il est donc très mal placé pour accuser les autres d’aller à la soupe. Ces deux mises au point faites, “Bulldozer” enfonce le clou en accusant le ministre Mabri de détourner l’argent qu’il prend au nom du parti. Plus grave, il le met en porte-à-faux avec ses propres parents de Boueneu, son village natal, au nom de qui il a pris 23 millions de francs CFA pour l’électrification du village. Face à des accusations d’une telle gravité, la réponse de Blé Guirao, le secrétaire général adjoint du parti et répondeur automatique du ministre Mabri a manqué de punch. Comme d’habitude, il a sorti la vieille rengaine de l’achat de conscience qui s’avère d’autant plus inopérante qu’il ne dit rien de l’acte d’accusation principal du député Blon : l’utilisation, à des fins personnelles, de l’argent donné par le chef de l’Etat. Oui ou non Mabri a-t-il pris de l’argent avec le chef de l’Etat, qu’il vilipende à longueur de journée, pour financer son congrès. Et qu’au surplus il a détourné une partie de cet argent ? En évitant soigneusement de répondre à cette question Blé Guirao s’avoue vaincu et donne la preuve que la partie s’annonce très difficile pour son patron. En effet, maintenant que la guerre est déclarée, la bataille pour le contrôle effectif du parti va s’engager au grand jour. Blon, le patriarche de Sangouiné, sait qu’il joue gros. Son honneur et sa réputation sont en jeu. “La partie s’annonce très compliquée pour Mabri. Blon est un bon Yacouba. Il tient à son honneur comme la prunelle de ses yeux. S’il a franchi cette étape, il va se donner les moyens de triompher de Mabri. Or, sur le terrain il bénéficie du soutien d’une frange importante de la chefferie traditionnelle et des responsables de base. Sans être ministre, il a assez de moyens. Et il a, avec lui, la connaissance du terrain. Bien entendu, dans sa nouvelle guerre contre Mabri, il peut compter sur ses anciens compagnons à qui son action donne aujourd’hui raison” commente un observateur sous le sceau de l’anonymat. En effet contrairement à ce que laissent croire les pros Mabri, Siki Blon Blaise est un client sérieux. Véritable dinosaure du marigot politique manois depuis des dizaines d’année, il s’est donné une véritable stature de leader régional au sein de son parti. Une assise qu’il pourra certainement utiliser pour déboulonner Mabri. Le schéma semble déjà tout tracé. Mobilisation des sections et coordinations, convocation d’un congrès extraordinaire avec pour objectif de changer la tête du parti. Face à lui, Mabri semble plus que jamais seul. Et incapable de résister à la charge de “Bulldozer”. Abandonné par la quasi-totalité des notables du parti, il apparaît clairement en bout de course. Sa stratégie faite de duplicité, de coup bas de manque de respect pour ses aînés et d’un amour démesuré pour le pouvoir personnel s’est finalement avérée catastrophique. Et les prochains jours pourraient être les derniers d’une carrière éphémère.
Le pauvre.
Guillaume T. Gbato
“J’ai décidé de retirer ma confiance à Mabri jusqu’à nouvel ordre. Je ne ferai plus ce que je faisais pour lui. Je lui donnais mon appui politique, mon soutien moral et financier. Mais j’ai constaté qu’il n’en faisait pas bon usage et c’est pour cela que le parti se porte mal”. Ces propos de l’honorable Siki Blon Blaise, député des sous-préfectures de Man-Sangouiné et président du conseil général de Man, tenus en fin de semaine dernière devant les responsables des structures de base de l’Union pour la démocratie et la paix (UDPCI) de la capitale de la région des Montagnes, marqueront certainement pour longtemps la vie socio-politique de cette partie de la Côte d’Ivoire. En effet, si le discours ne surprend pas vraiment les observateurs avertis de la scène politique locale à cause des relations notoirement exécrables que le député Blon entretenait depuis un certain temps avec le ministre Mabri, le lieu choisi pour s’exprimer, les interlocuteurs, mais surtout la trame du message laissent clairement apparaître que “Bulldozer” est entré en guerre contre son ancien poulain pour lui arracher l’appareil du parti et le contrôler lui-même. Connaissant l’homme, son parcours, ses méthodes et ses moyens, il est presque certain que la partie est perdue d’avance pour le député de Zouan-hounien.
En effet, contrairement aux autres cadres qui ont eu maille à pâtir avec l’actuelle direction de l’UDPCI, le député Blon a choisi de mener le combat de l’intérieur. “Pour rien au monde, je ne quitterai l’UDPCI”, a-t-il martelé, avant d’annoncer son intention “de laver la maison de ses souillures”. Ce qui signifie en mots plus simples qu’il a l’intention de chasser l’équipe Mabri, pour redresser la situation, lui-même. En adoptant cette posture, Blon coupe court à la propagande anti-Gbagbo dont s’est servi jusque-là le camp Mabri pour discréditer tous ceux qui ont décrié sa gestion du parti. Il évite qu’on lui colle l’image de celui qui abandonne la maison du père pour répondre aux chants de sirène. C’est aussi ce qui explique le choix de son auditoire, les coordonnateurs et secrétaires de section UDPCI, et le lieu de la rencontre, le quartier général du parti à Man. Ayant pris directement les militants de base à témoin, Blon achève sa stratégie par une anticipation sur l’autre argument fétiche des pro-Mabri. “Gbagbo les a achetés”. En revenant avec force détails sur l’épisode du congrès qui a porté Mabri à la tête du parti, le message du maire de Sangouiné est clair. S’il y a des gens qui prennent de l’argent avec Gbagbo, Mabri est le premier. Il est donc très mal placé pour accuser les autres d’aller à la soupe. Ces deux mises au point faites, “Bulldozer” enfonce le clou en accusant le ministre Mabri de détourner l’argent qu’il prend au nom du parti. Plus grave, il le met en porte-à-faux avec ses propres parents de Boueneu, son village natal, au nom de qui il a pris 23 millions de francs CFA pour l’électrification du village. Face à des accusations d’une telle gravité, la réponse de Blé Guirao, le secrétaire général adjoint du parti et répondeur automatique du ministre Mabri a manqué de punch. Comme d’habitude, il a sorti la vieille rengaine de l’achat de conscience qui s’avère d’autant plus inopérante qu’il ne dit rien de l’acte d’accusation principal du député Blon : l’utilisation, à des fins personnelles, de l’argent donné par le chef de l’Etat. Oui ou non Mabri a-t-il pris de l’argent avec le chef de l’Etat, qu’il vilipende à longueur de journée, pour financer son congrès. Et qu’au surplus il a détourné une partie de cet argent ? En évitant soigneusement de répondre à cette question Blé Guirao s’avoue vaincu et donne la preuve que la partie s’annonce très difficile pour son patron. En effet, maintenant que la guerre est déclarée, la bataille pour le contrôle effectif du parti va s’engager au grand jour. Blon, le patriarche de Sangouiné, sait qu’il joue gros. Son honneur et sa réputation sont en jeu. “La partie s’annonce très compliquée pour Mabri. Blon est un bon Yacouba. Il tient à son honneur comme la prunelle de ses yeux. S’il a franchi cette étape, il va se donner les moyens de triompher de Mabri. Or, sur le terrain il bénéficie du soutien d’une frange importante de la chefferie traditionnelle et des responsables de base. Sans être ministre, il a assez de moyens. Et il a, avec lui, la connaissance du terrain. Bien entendu, dans sa nouvelle guerre contre Mabri, il peut compter sur ses anciens compagnons à qui son action donne aujourd’hui raison” commente un observateur sous le sceau de l’anonymat. En effet contrairement à ce que laissent croire les pros Mabri, Siki Blon Blaise est un client sérieux. Véritable dinosaure du marigot politique manois depuis des dizaines d’année, il s’est donné une véritable stature de leader régional au sein de son parti. Une assise qu’il pourra certainement utiliser pour déboulonner Mabri. Le schéma semble déjà tout tracé. Mobilisation des sections et coordinations, convocation d’un congrès extraordinaire avec pour objectif de changer la tête du parti. Face à lui, Mabri semble plus que jamais seul. Et incapable de résister à la charge de “Bulldozer”. Abandonné par la quasi-totalité des notables du parti, il apparaît clairement en bout de course. Sa stratégie faite de duplicité, de coup bas de manque de respect pour ses aînés et d’un amour démesuré pour le pouvoir personnel s’est finalement avérée catastrophique. Et les prochains jours pourraient être les derniers d’une carrière éphémère.
Le pauvre.
Guillaume T. Gbato