Innocent Anaky Kobena, président du Mouvement des forces d'avenir (Mfa), candidat à l'élection présidentielle de novembre 2009, était face à la presse hier matin au siège du parti à Angré. Autour d'un petit déjeuner de presse, il a exposé les grandes lignes de son programme de gouvernement et situé le sens de sa candidature. De prime abord, le président Anaky Kobena a demandé aux Ivoiriens de se départir des clichés anciens. "(…) Il ne faut pas que les Ivoiriens voient ces élections par rapport aux prismes ou aux paramètres du passé, par rapport aux anciens partis ou aux partis du passé. Il faut les voir par rapport à ce que doit être la Cote d'Ivoire de demain. Ces élections doivent être celles de la sortie de crise. Il faut que la personne qui va gouverner le pays soit capable de fédérer tout le monde, amener tout le monde à vivre ensemble. On peut se demander si les Ivoiriens ne seraient pas un peu fous de mettre à la tête de la Côte d'Ivoire des personnes qui comptent parmi celles qui sont responsables de la survenue de cette crise. Il ne faut pas que l'annonce du résultat de la présidentielle soit le début de nouvelles hostilités", soutient le président du Mfa. Pour lui, il ne fait aucun doute : le Fpi se prépare activement à s'accaparer le pouvoir après le scrutin de novembre prochain. "(…) Nous avons peur quand au cadre dans lequel ces élections se dérouleront. Il y a le camp présidentiel qui voudra mettre tout en œuvre pour ne pas perdre. Référez-vous à ce qu'a déjà dit un certain Sokoury Bohui qui est le responsable des élections au Fpi. Il a dit "Si nous ne gagnons pas ces élections, nous sommes foutus". Ils mettront tout en œuvre pour cela. Depuis quelque temps, nous voyons un certain Blé Goudé qui normalement n'est pas une personnalité de la scène politique ivoirienne, mais qui est la personne qui a le plus accès à la télévision, venir dire à toute la Cote d'Ivoire qu'il s'est fait fort d'avoir fait enrôler 4 millions de personnes qui sont sous son contrôle direct. Cela veut dire qu'on veut nous préparer à l'annonce d'un résultat qui donnerait une victoire au premier tour avec environ 60 ou 65% au candidat de la refondation. C'est un schéma et ils en ont d'autres. Cette déclaration de Blé Goudé est faite pour commencer à préparer l'esprit des Ivoiriens à cela. Cela voudrait dire pour l'ensemble de l'opposition et surtout pour le Rhdp, qu'on va à quelles élections le 29 novembre ? Il faut se le dire, " Et si le 29 novembre, les conditions étaient réunies pour que la victoire nous soit arrachée, ou que la victoire soit arrachée à la Côte d'Ivoire par des méthodes comme celle du Kenya ou celle du Zimbabwe" ? Il faut déjà commencer à y penser et commencer à prendre ses dispositions. Il ne suffit pas seulement d'aller en campagne électorale pour chercher des voix. Il faut se demander, et si le jour des élections, nous nous trouvons dans un contexte tel que la victoire nous est imposée. Car depuis 2002, nous savons que près de 80% de ceux qui sont enrôlés dans les Forces de défense et de sécurité, je parle de la gendarmerie, de l'armée, de la police, de la douane, des eaux et forêts, relèvent du camp présidentiel. Ce n'est pas un secret. Cela veut dire que le jour du vote, sur dix personnes qui vont sécuriser les bureaux de vote, sept ou huit seront étiquetées comme appartenant au camp d'en face", fait remarquer Anaky Kobena. Par ailleurs, il est revenu sur son idée de la candidature unique du Rhdp. "Je persiste à croire que le Rhdp commettrait une grave erreur en n'optant pas pour la candidature unique. Si le Pdci, le Rdr, l'Upci et Mfa optent pour un candidat commun, nous aurons ce qu'on appelle un "coup K. O". Le Rhdp est en fait une ligue contre un adversaire commun qui est Laurent Gbagbo et la refondation en tant que système. La refondation ne parlerait pas de scénario de gagner au premier tour si le Rhdp avait un candidat unique. (…) Si jamais Laurent Gbagbo devrait encore diriger la Côte d'Ivoire pour cinq ans encore, la population ivoirienne ne le pardonnerait pas aux leaders du Rhdp ", dixit le président du Mfa. Relevant les grandes priorités de son programme de gouvernement qu'il dit "être différent de ce que proposent les autres", Anaky Kobena a noté la "lutte contre la vie chère, la restauration du secteur de l'éducation, la formation, l'amélioration de l'accès des populations aux services de soins de santé, la sécurité alimentaire, la lutte contre la pauvreté et le chômage, la reconstruction du pays, la bonne gouvernance, la restauration du secteur du transport".
Paul Koffi
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