Pour sa première sortie officielle, hier, après sa décision de briguer la magistrature suprême, le président du Mouvement des forces d'avenir (Mfa), Innocent Anaky Kobéna, a exprimé un doute sur la tenue des élections. «Il sera très difficile de tenir la date du 29 novembre», a-t-il affirmé. Fondant son pessimisme sur le fait que «le volet du processus de paix n'a pas encore été touché». Aussi, Anaky se dit-il conforté dans sa position par les résultats d'une étude de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (Onuci). «Il y a trois mois encore, révèle-t-il, une étude de l'Onuci a démontré que c'est au plutôt en février ou mars 2010 qu'on peut avoir l'élection présidentielle.» La fixation de la date connue l'a été « par une volonté politique ». Cela relève, selon le chef du Mfa, d'«une volonté politique» visant à «baisser les pressions» de la communauté internationale. Anaky a également avoué sa « peur » pour l'avenir du pays. « Il y a que le camp présidentiel mettra tout en œuvre pour ne pas perdre l'élection présidentielle. Référez-vous à la déclaration de M. Sokouri Bohui, chargé des questions électorales du Fpi, à Yamoussoukro. Il a dit ceci : « Si nous ne gagnons pas les élections nous sommes foutus», se rappelle le conférencier. Une autre raison de sa peur, est que « Blé Goudé qui a le plus accès à la télévision ivoirienne, dit qu'il a fait enrôler quatre millions de personnes». Et Anaky de dévoiler le jeu qui se cache derrière ces déclarations : «On veut déjà nous préparer à l'annonce d'un résultat électoral qui donnerait une victoire à 60 ou 80% des électeurs à Laurent Gbagbo ». En prévision de ce qu'il qualifie d'une « confiscation » en perspective du pouvoir d'Etat, l'homme en appelle à la responsabilité de ses alliés de l'opposition. « Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, doit se demander que faire si la victoire lui était arrachée», suggère-t-il. Dans la même veine de ses « inquiétudes », Anaky fait observer que « les Forces de défense et de sécurité (Fds) sont à 80% composées de gens qui relèvent du camp présidentiel ». Il y a un « risque » à l'horizon. Car, affronter le président de la République en rangs séparés est « une grande erreur ». Anaky illustre le schéma qu'il défend. « Si le Rhdp opte pour une candidature unique nous aurons ce qu'on appelle un coup K.O, avec un score fleuve », a-t-il affirmé avant d'interroger le Rhdp en ces termes. «Pourquoi vous refusez de l'abattre du premier coup, en allant groupés à l'élection ?». Pour lui, le Rhdp ne devrait pas prendre la responsabilité de laisser le Front populaire ivoirien (Fpi) au pouvoir une nouvelle fois. Ce serait, pense-t-il, «un manque de civisme». Et, prévient-il, « la population ivoirienne ne pardonnerait pas au Rhdp le fait qu'il ait laissé Laurent Gbagbo au pouvoir après ces élections».
Bidi Ignace
Bidi Ignace