Le 25 juin, dans la journée, un taxi suspect transportant cinq personnes est intercepté par une patrouille de la police au niveau de l’échangeur d’Abobo-Adjamé. C’est le comportement d’une femme qui attire surtout l’attention des policiers. La dame, qui hurlait, est assise devant, près du chauffeur. Elle se nomme K.A., son mari K., est assis derrière, avec trois autres passagers. Le chauffeur, Konaté Issouf, 36 ans, explique aux policiers qu’il y a méprise. Alors qu’ils allaient à Yopougon, la dame leur a demandé de les conduire à Abobo. L’altercation portait donc sur l’itinéraire à suivre. Ce que démentent K.A. et son mari. Ils étaient au Plateau, et attendaient un taxi pour Abobo. Alors qu’ils étaient fatigués d’attendre, ce véhicule leur a fait signe. Il transportait déjà trois personnes. Le chauffeur a rassuré que l’un des passagers descendrait non loin. Le couple monte dans le véhicule. La dame devant, le mari derrière. « Au niveau de la gendarmerie d’Agban, la conduite du chauffeur était bizarre. J’ai commencé à me plaindre », explique Mme K.A. Quelques minutes plus tard, l’un de ses voisins a fait tomber sa monnaie. Ce dernier lui a demandé de l’aider à la ramasser. Ce qu’elle a fait, mais en tenant fermement son sac à main. Le chauffeur lui a proposé de laisser le sac à son mari, pour ramasser correctement la monnaie. Elle a refusé. Le chauffeur, sans vergogne, a arraché alors le sac. Ensuite, il lui a serré la gorge en tenant le volant d’une main. « C’est alors que nous sommes parvenus au niveau de l’échangeur », ajoute-t-elle. La patrouille de police qui y était postée leur a été d’un secours inestimable. Dieu seul sait ce qui leur serait arrivé. Les trois autres personnes du véhicule sont Gnagbo Djalega Emmanuel, 30 ans, Kouassi N’Dri Marc, 33 ans, Mehon Tehe Adeline, 31 ans. Interrogés, ils nient les faits. Une fouille du véhicule permet à la police de mettre la main sur un portemonnaie et une pièce d’identité appartenant à une certaine K.A.M. Qui est-ce ? Et que fait cette pièce sans propriétaire dans le véhicule ? Konaté Issouf, le chauffeur, Gnagbo Djalega Emmanuel, Kouassi N’Dri Marc et Mehon Tehe Adeline présentés comme ses acolytes sont arrêtés. Ils sont conduits au 8ème arrondissement de Cocody. Ce n’est qu’une fois au commissariat que les policiers se rendent compte qu’ils viennent de pêcher de gros poissons. En effet, les trois suspects s’avèrent être des voleurs…d’une triste célébrité. Ayant appris l’arrestation des trois quidams, K.A.M, dont le portemonnaie et la pièce d’identité ont été retrouvés dans le taxi, se présente au commissariat. Elle reconnaît parmi les personnes arrêtées, Mehon Tehe Adeline. « Je la reconnais de façon formelle », affirmera-t-elle aux policiers. Elle explique avoir été dépossédée de ses biens par celle-ci et son taxi-gang. Vers fin juin, elle quittait Cocody pour le Chu de Treichville. Au niveau du super marché « Super Hayat », un chauffeur de taxi lui fait signe. Mais, dans la voiture, il y avait déjà trois personnes. Un homme devant et deux passagers derrière, dont Mehon Tehe Adeline. Elle est montée derrière. Quelques centaines de mètres plus loin le chauffeur lui a réclamé le règlement de la course. Elle s’en est plainte. Vu qu’elle refusait de payer, le chauffeur a concerté le passager à côté de lui. Soudain, explique-t-elle, ils lui ont dit qu’ils n’allaient plus à Treichville mais, à Yopougon. Furieuse, K.A.M s’est mise à se disputer avec lui. C’est ce moment que choisit l’un des passagers, près d’elle, pour faire tomber sa monnaie dans le taxi. K.A.M s’est abaissée pour la ramasser. Quand elle a fini, le passager qui se trouvait au milieu a demandé au chauffeur d’arrêter le véhicule. Avant de demander à K.A.M. de descendre rapidement parce qu’il voulait sortir. Elle est descendue du taxi pour permettre à l’autre de sortir. Mais, l’homme ne l’a pas fait. Il a plutôt fermé la porte du taxi, le chauffeur a démarré en trombe et ils ont disparu. Trouvant leur attitude suspecte, K.A.M vérifie son sac à main. Trop tard ! Son portemonnaie contenant la somme de 15.000 Fcfa et ses pièces a disparu. Après la déclaration de K.A.M à la police, une autre victime de ce taxi-gang vient se plaindre au 8ème arrondissement. « Il y a deux semaines, je quittais le Plateau pour Yopougon. Vers la gare de wôrô-wôrô, un taxi qui avait à son bord deux personnes m’a fait signe en me disant qu’il faisait la ligne Plateau-Yopougon. Je suis montée. Arrivé à l’échangeur d’Abobo-Adjamé, sous prétexte qu’il y avait de l’embouteillage, le taxi a pris la direction d’Abobo. A un moment donné, le chauffeur a demandé de baisser la tête. Il a ensuite pris une autre direction. C’est là qu’ils m’ont dépouillé. Je reconnais la fille qui est avec eux. Parce qu’elle a appuyé ma tête contre la porte ce jour-là», se plaint A.Y.G. Au total, 4 victimes ont témoigné contre le taxi-gang. Selon la police, il y a beaucoup plus de victimes. Certain n’ont pas témoigné par peur. La plupart des victimes ont fait le lien entre leurs agresseurs et ce gang, grâce à Mehon Tehe Adeline qu’ils ont reconnue en premier. Interrogée, Adeline a expliqué que le fait de l’avoir déjà vue dans un taxi où ces personnes ont été agressées ne présume pas qu’elle est de mèche avec les bandits. Gnagbo Djalega Emmanuel et Kouassi N’Dri Marc affirment, quant à eux, n’être que de simples clients de Konaté Issouf. Pour sa part, le chauffeur jure n’avoir jamais eu de telles intentions. Les prévenus ont cependant été reconnus coupables aux flagrants délits du Plateau, ils ont tous pris 10 ans fermes chacun et 100.000 Fcfa d’amende.
Raphaël Tanoh
Raphaël Tanoh
