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Économie Publié le samedi 18 juillet 2009 | Fraternité Matin

Corridor de la Gesco : Une véritable foire

Il est 6h35 du matin, ce jeudi 16 juillet 2009. Deux véhicules de marque japonaise, les capots ouverts, sont stationnés à quelques pas de l’entrée de la station Shell, au corridor de Yopougon dans le sens Abidjan-Yamoussoukro. Les visages crispés des conducteurs montrent bien qu’ils ont des soucis. En fait, ils ont le même problème. Leurs moteurs ont trop chauffé à cause de l’embouteillage au corridor. L’un des deux, qui dit s’appeler Manouan est particulièrement embêté. Il doit arriver tôt à Oumé pour organiser l’accueil du cortège funèbre de son cousin. Il s’est retrouvé bloqué pendant une vingtaine de minutes, à 500 mètres du corridor dans la longue file de véhicules qui cherchent à sortir d’Abidjan. Il était pressé. Malheureusement pour lui, il va accuser du retard… à cause du corridor.


Tel est le calvaire que vivent les automobilistes aux corridors de sécurité en Côte d’Ivoire. Celui de Yopougon qu’on a présenté comme ultra sophistiqué, à la pointe de la technologie, est l’un des principaux sanctuaires de ce martyre. Si nombre d’usagers comprennent que pour «des raisons sécuritaires» le contrôle soit rigoureux sur les véhicules entrants, ils s’interrogent sur la nécessité de paralyser la circulation dans le sens Abidjan-Yamoussoukro. Comme les autres jours, les usagers ont encore subi le ralentissement de la circulation, ce matin. Ce, jusqu’aux environs de 8 h30.

En fait, ce sont les nombreuses tractations entre agents des forces de l’ordre et chauffeurs de véhicules de transport public qui sont essentiellement à la base du problème. Tous les camions de marchandises et cars sont systématiquement arrêtés. Les pièces afférentes aux engins sont récupérées et déposées dans l’un des nombreux box. Le chauffeur ou le plus souvent l’apprenti doit se rendre vers ce box où se trouvent des agents à qui il paie le droit de passage. Ce n’est véritablement pas un contrôle du contenu des camions qui est fait, même si parfois il arrive que l’agent exige de jeter un coup d’œil à l’intérieur. Mais, c’est vraiment juste un coup d’œil. Peut-être que le scanner de pointe tant annoncé par le concepteur du corridor, N’Da Comoé Florian, est enfin fonctionnel. Il avait été présenté comme étant capable de voir à l’intérieur des camions sans qu’on en ouvre les portières. «Si tel est le cas, alors les lenteurs ne se justifient pas», se plaint un autre automobiliste qui se trouvent dans la file, ce jeudi matin. Lui, n’a aucun ennui mécanique avec sa voiture. Mais, il est irrité par les lenteurs. Face à cette situation, il propose l’élargissement du corridor en réservant des voies de stationnement pour les camions et cars à contrôler, la ligne droite resterait ainsi libre à la circulation. Ce qui permettrait aux usagers de souffrir moins à cet endroit qui ressemble à s’y méprendre au boulevard Nangui Abrogoua d’Adjamé.

Quel cafouillage au corridor de Yopougon ! En fait de corridor sécuritaire, c’est plutôt un marché, voire une gare où un millier de civils disputent chaque jour leur business aux locataires légaux des lieux. Les premiers viennent y vendre toutes sortes de marchandises tandis que les seconds «font les comptes» avec les camionneurs et autres chauffeurs de véhicules de transport. Des individus ont même ouvert à l’intérieur du corridor des « guichets-debout » de vente de places dans les cars qui passent. On les voit racoler les passants grâce à une horde de rabatteurs. Ils tiennent les tickets de transport bien en vue, qu’ils remettent aux clients. Des véhicules de transport restent en stationnement même après le contrôle… juste pour prendre des passagers. En fait, il s’agit bien de gares qui se sont établies en plein corridor sécuritaire, à ne pas confondre avec celles qui ont jusque-là existé avant la station Shell. La première est destinée aux voyageurs en partance pour Yamoussoukro, Bouaké et les localités du nord. La seconde reçoit ceux qui sont en quête de véhicule pour le centre-ouest et l’ouest. Tout ça, au vu et au su des forces de l’ordre. «Ne croyez pas que ces gares existent sans leur (les forces de l’ordre. (Ndlr) autorisation. C’est avec leur accord que ces vendeurs de places opèrent. Ils les tolèrent parce qu’ils y ont intérêt. Regardez bien», fait remarquer un client en partance pour Yamoussoukro et arrivé là avec sa fille d’environ six ans. Il a eu de la place dans un car de Bouaké.

Nous avons bien regardé. Nous avons compris… que ce sont les forces de l’ordre qui organisent le désordre dans cet espace dit sécuritaire. Qu’elles transforment en véritable foire.

Et c’est ce cafouillage qui occasionne le goulot d’étranglement nuisible aux activités économiques.




Alakagni Hala
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