Nanan Kouamé Koko Antoine, chef du village de Kékréni dans le département d`Assuefry est en détention préventive depuis le jeudi dernier à la maison d`arrêt et de correction de Bondoukou pour avoir donné l`ordre à ses sujets d`attaquer en mai les campements de Souleykro, Kouassiboronikro et de Séréoudéyaokro. L`arrestation de ce chef coutumier est-elle un signal fort émanant du juge d`instruction pour marquer la fin de la longue tradition d`impunité qui semble caractériser la région du Zanzan ? Rien n`est moins sûr. Sauf que dans cette partie du pays, les affaires irrésolues au tribunal de première instance de Bondoukou sont multiples.
Dix mois après les attaques sanglantes du village Koulango de Marahui perpétrées par des Lobis venus d`autres localités voisines et qui ont fait 9 morts et plusieurs blessés, les coupables ne sont toujours pas arrêtés. Aucun procès n`est ouvert. Les coupables ne seront certainement jamais inquiétés. A Marahui, l`atmosphère demeure toujours à la peur et à la méfiance. Les populations redoutent une imminente attaque des Lobis. Kouakou Menzan, cadre du village, dénonce le «mutisme et l`inertie» des autorités judiciaires et des forces de défense et de sécurité. «Des Lobis ont rencontré récemment notre chef du village. Ils ont ouvertement menacé de s`en prendre à nouveau aux populations si d`aventure la gendarmerie procédait à l`arrestation de l`un des leurs», a-t-il confié. Des propos que réfute le chef de la communauté lobi de Bondoukou. Selon de bonnes sources, la gendarmerie de Bondoukou, qui était présente à Marahui au lendemain de l`insurrection lobi, a bouclé son enquête. Des suspects ont été identifiés. Les dossiers ont été transmis au tribunal de première instance de Bondoukou qui tarde toutefois à ouvrir le procès. Informée de la rumeur d`une nouvelle attaque lobi qui plonge depuis bientôt un mois les populations de Marahui dans la psychose, le capitaine Kouakou Tangba, commandant de la compagnie de gendarmerie de Bondoukou, ne reste pas indifférent. Il a choisi de jouer la carte de la prévention. Récemment, lui et ses hommes ont entrepris dans cette zone, encore sous haute tension, une tournée de sensibilisation et de dissuasion. « Nous avons rappelé aux populations lobi et koulango la nécessité de vivre ensemble en parfaite intelligence. Aux populations de Marahui, nous avons demandé d`éviter de se faire justice car, l`affaire suit son cours au tribunal de Bondoukou », a affirmé le commandant. Sur le terrain, les actions de réconciliation entreprises par le chef coutumier, Dagbolo Saye 1er, tardent à porter des fruits. Dans cette affaire, l`ancien commandant du groupement Est de la gendarmerie, le lieutenant colonel Alphonse Gouanou, avait suggéré l`arrestation immédiate de tous les suspects et leur mise à la disposition de la justice. Mais, il n`a pas été suivi par le préfet de région, Goun François Germain, et le président du conseil général de Bondoukou, Kouamé Sécré Richard. Pour ces autorités, l`arrestation des suspects pourrait provoquer un regain de violence. « Dans le feu de l`action, nous nous sommes préoccupé du sort des victimes», explique le préfet. Face aux grognes à répétition, lui se veut rassurant. «Les crimes de Marahui ne resteront pas impunis. La région du Zanzan ne doit pas être considérée comme une zone d`impunité», a-t-il soutenu.
Autre foyer de tension : Béléoulé. Cette localité, située à 7 km de Tanda, a été le théâtre, le mois dernier, d`affrontements sanglants entre les populations de ce village et celles de Guiendé. Bilan, 9 blessés graves par balle et à l`arme blanche et trois cases incendiées. Ces deux localités, distantes de trois kilomètres, qui se disputent depuis plus de dix ans la propriété d`une portion de terre, ont réglé leurs comptes dans le sang. Là encore, aucune arrestation, aucun jugement jusque-là.
A Bondoukou ville même, les populations se rappellent aussi l`explosion d`une grenade le 1er janvier 2008 et qui a ôté la vie à 7 adolescents, occasionnant 7 blessés graves. 19 mois après ce drame, l`enquête piétine. Autant de dossiers non résolus, qui traînent sur les bureaux du procureur et du juge d`instruction de Bondoukou. Il faut craindre que les populations, qui ne comprennent pas cette impunité, choisissent tôt ou tard de se rendre justice.
Jean Michel Ouattara
Correspondant régional
Dix mois après les attaques sanglantes du village Koulango de Marahui perpétrées par des Lobis venus d`autres localités voisines et qui ont fait 9 morts et plusieurs blessés, les coupables ne sont toujours pas arrêtés. Aucun procès n`est ouvert. Les coupables ne seront certainement jamais inquiétés. A Marahui, l`atmosphère demeure toujours à la peur et à la méfiance. Les populations redoutent une imminente attaque des Lobis. Kouakou Menzan, cadre du village, dénonce le «mutisme et l`inertie» des autorités judiciaires et des forces de défense et de sécurité. «Des Lobis ont rencontré récemment notre chef du village. Ils ont ouvertement menacé de s`en prendre à nouveau aux populations si d`aventure la gendarmerie procédait à l`arrestation de l`un des leurs», a-t-il confié. Des propos que réfute le chef de la communauté lobi de Bondoukou. Selon de bonnes sources, la gendarmerie de Bondoukou, qui était présente à Marahui au lendemain de l`insurrection lobi, a bouclé son enquête. Des suspects ont été identifiés. Les dossiers ont été transmis au tribunal de première instance de Bondoukou qui tarde toutefois à ouvrir le procès. Informée de la rumeur d`une nouvelle attaque lobi qui plonge depuis bientôt un mois les populations de Marahui dans la psychose, le capitaine Kouakou Tangba, commandant de la compagnie de gendarmerie de Bondoukou, ne reste pas indifférent. Il a choisi de jouer la carte de la prévention. Récemment, lui et ses hommes ont entrepris dans cette zone, encore sous haute tension, une tournée de sensibilisation et de dissuasion. « Nous avons rappelé aux populations lobi et koulango la nécessité de vivre ensemble en parfaite intelligence. Aux populations de Marahui, nous avons demandé d`éviter de se faire justice car, l`affaire suit son cours au tribunal de Bondoukou », a affirmé le commandant. Sur le terrain, les actions de réconciliation entreprises par le chef coutumier, Dagbolo Saye 1er, tardent à porter des fruits. Dans cette affaire, l`ancien commandant du groupement Est de la gendarmerie, le lieutenant colonel Alphonse Gouanou, avait suggéré l`arrestation immédiate de tous les suspects et leur mise à la disposition de la justice. Mais, il n`a pas été suivi par le préfet de région, Goun François Germain, et le président du conseil général de Bondoukou, Kouamé Sécré Richard. Pour ces autorités, l`arrestation des suspects pourrait provoquer un regain de violence. « Dans le feu de l`action, nous nous sommes préoccupé du sort des victimes», explique le préfet. Face aux grognes à répétition, lui se veut rassurant. «Les crimes de Marahui ne resteront pas impunis. La région du Zanzan ne doit pas être considérée comme une zone d`impunité», a-t-il soutenu.
Autre foyer de tension : Béléoulé. Cette localité, située à 7 km de Tanda, a été le théâtre, le mois dernier, d`affrontements sanglants entre les populations de ce village et celles de Guiendé. Bilan, 9 blessés graves par balle et à l`arme blanche et trois cases incendiées. Ces deux localités, distantes de trois kilomètres, qui se disputent depuis plus de dix ans la propriété d`une portion de terre, ont réglé leurs comptes dans le sang. Là encore, aucune arrestation, aucun jugement jusque-là.
A Bondoukou ville même, les populations se rappellent aussi l`explosion d`une grenade le 1er janvier 2008 et qui a ôté la vie à 7 adolescents, occasionnant 7 blessés graves. 19 mois après ce drame, l`enquête piétine. Autant de dossiers non résolus, qui traînent sur les bureaux du procureur et du juge d`instruction de Bondoukou. Il faut craindre que les populations, qui ne comprennent pas cette impunité, choisissent tôt ou tard de se rendre justice.
Jean Michel Ouattara
Correspondant régional