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Société Publié le jeudi 23 juillet 2009 | Nord-Sud

Gaz d`échappement : Les Abidjanais étouffés

La circulation automobile est dense à Abidjan. Les gaz d`échappement qui en résultent ne sont pas sans danger pour la population.

Yopougon Saint-André, il est 7h du matin, ce 15 juillet. La fine pluie qui s`abat sur la commune n`empêche pas les travailleurs de prendre d`assaut la gare de wôrô- wôrô située en face du bureau des Impôts. Les chauffeurs de wôrô- wôrô qui font le trajet Yopougon-Cocody se relaient rapidement. A côté du rang dans lequel nous nous trouvons, se forme une longue haie de personnes qui attendent patiemment d`être transportées. Un wôrô- wôrô de couleur bleue vient stationner devant nous. L`état de la voiture laisse à désirer, mais qu`importe, il faut bien se rendre au travail. Les quatre premières personnes dont nous faisons partie y prennent place. Le chauffeur met le moteur en marche. Le démarrage est poussif. La fumée noirâtre qui sort du pot d`échappement inonde le visage des personnes restées à quai. Une discussion naît entre les occupants du véhicule et le chauffeur. « Depuis quand avez-vous passé votre dernière visite technique? », lui demande un occupant.

Le chauffeur qui se prénomme A. Kouadio ne trouve pas de réponse. Il semble d`ailleurs embarrassé et agacé par les questions insistantes des occupants. Dans un langage approximatif, il essaie d`éviter une polémique. « Messieurs, je ne sais pas si la voiture a fait une visite technique, parce que cet aspect des choses ne me regarde pas. Et puis je ne suis pas le seul à avoir un véhicule dans cet état », tranche-t-il. Nous décidons de nous rendre dans l`après-midi à la gare de wôrô- wôrô de la Riviera-Sideci. Cette gare, située à quelques encablures du poste de police, est à moitié déserte. Les chauffeurs de la ligne Riviera-Angré devisent tranquillement en attendant que les clients prennent place à bord de leurs véhicules. Un chauffeur ayant effectué le trajet inverse (Angré- Riviera) marque un arrêt à la gare non sans répandre le gaz d`échappement qui ne manque pas d`incommoder ses collègues et les deux ou trois passagers qui attendaient. S. Richard, le coupable, ne semble pas se préoccuper du danger qu`il fait courir à la population.

Les chauffeurs accusent la Sicta

A la question de savoir s`il est conscient que la fumée qu`il répand quotidiennement dans l`air favorise la dégradation de la couche d`ozone, sans sourciller, il répond par la négative. F. Issiaka, est conducteur de taxi communal à Cocody. Bien que son véhicule soit en bon état, son passage ne laisse pas indifférent à cause de la fumée qui traîne derrière sa voiture. Pourtant, Issiaka soutient que son engin est en règle, en prenant le soin de nous montrer toutes les pièces justificatives. Il brandit le certificat de visite technique dont le montant s`élève à 15.900 Fcfa. « J`ai fait la visite technique de mon véhicule il y a seulement quelques mois à la Sicta (Société ivoirienne de contrôle technique automobile) », précise-t-il. A Niangon, la population est habituée aux bruits assourdissants des mastodontes qui vont chercher du sable dans le village d`Azito. Chaque matin, le ballet incessant des camions avec le gaz nocif qu`ils répandent après leur passage contraignent les habitants à se boucher le nez et la bouche. Dramane, chauffeur de camion, n`ignore pas le danger que représente la pollution de l`air à travers les gaz. « Je suis conscient que le gaz que j`émets est nocif pour la population, mais, je ne peux faire autrement puisque mon camion ne roule pas au super », se défend-il. Les automobilistes ne partagent pas tous la même approche. Certains se plaignent des conditions de contrôle technique. C. Seydou, conducteur de Gbaka, est de ceux-là. «Certains agents de la Sicta agissent avec complaisance en réclamant de l`argent aux propriétaires de véhicules pour leur délivrer le certificat de la visite quand bien même ils savent que la voiture n`est pas en bonne état. », déplore-t-il.
Les Abidjanais ont fini par s`habituer aux gaz toxiques que les automobilistes leur servent chaque jour. Pour M. Kassy, agent des finances, qui emprunte quotidiennement le wôrô-wôrô à la gare de Yopougon-Sicogi, le phénomène de la pollution de l`air est lié à l`explosion du nombre de véhicules dans la capitale économique.

Une population résignée

Il lie cela au boom du marché des voitures d`occasion communément appelés « France au revoir » et qui servent en général de taxis communaux. Mme Yoboué, une autre cliente, est préoccupée par les effets néfastes sur la santé. « La respiration quotidienne de ces fumées peut provoquer des maladies chez la population. Mais, j`ai l`impression que les autorités ne s`en préoccupent pas. Nous sommes contraints de subir », se plaint-elle. S. Bernard, ingénieur en informatique, est plus critique à l`endroit des propriétaires de taxi qu`il accuse d`être des « assassins pernicieux». Il soutient que le gouvernement, par le biais du ministère des Transports doit sévir afin d`éviter une catastrophe humaine dans les années à venir. « Le continent africain n`a pas encore atteint le niveau de pollution assez élevé des pays industrialisés, mais il est impérieux de préserver l`atmosphère», plaide-t-il. Il ne cache pas cependant son inquiétude face à l`indifférence des Ivoiriens face au sujet.


OJM
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