Les contrevérités de Sarkozy

"Gbagbo n'est pas digne de confiance. C'est fort de la présence des casques bleus qu'il fait tout cela ; sinon, j'aurais depuis longtemps demandé à mes gars de faire le nettoyage nécessaire ". Cette phrase est extraite du discours tenu vendredi dernier, à l'Onu par le Président français Nicolas Sarkozy. On dirait que le locataire de l'Elysée a la mémoire courte. Les 6,7 et 8 novembre 2004, la Force Licorne conduite par le général Henri Poncet a voulu renverser le pouvoir du Président Laurent Gbagbo. Et cela, sous l'ordre de l'ex-Président français, Jacques Chirac. Au moins 120 chars se sont retrouvés autour de la résidence du chef de l'Etat ivoirien sis à Cocody. Pendant trois jours, les soldats de la Licorne ont tenté en vain de le renverser. Les Ivoiriens mobilisés comme un seul homme ont fait barrage à cette imposture de l'Elysée. Les soldats français ont tenté à plusieurs reprises depuis leur arrivée en Côte d'Ivoire, de le dégommer pour mettre leur cheval qui n'est autre qu'Alassane Dramane Ouattara, leader du Rdr. Donc, dire que c'est la présence des Forces onusiennes qui empêche la France de réussir son coup est un mensonge caractérisé. Dire que Laurent Gbagbo n'est pas digne de confiance, est absurde. Bien au contraire, c'est le nouveau locataire de l'Elysée qui n'est pas digne de confiance. Au lendemain de son élection à la magistrature suprême, Sarkozy s'est présenté comme le Président de la rupture. Mieux, lors d'une tournée en Afrique du Sud, il a soutenu que désormais, entre l'Afrique et la France, on parlera de partenariat. Du coup, il met derrière lui le temps du tutorat. Voilà que l'homme met de côté son discours pour emprunter le chemin de ses devanciers. Donnant ainsi raison à tous ceux qui disaient qu'il ne pouvait pas faire la rupture. Comme l'avait prévenu le professeur Dédi Séry : " Celui qui se fie à la France paye le prix de sa vie ". Que peut-on attendre de la France ? Ce pays n'a jamais eu le courage d'assumer ses positions. On se rappelle, pendant les événements de novembre 2004, Michel Barnier, alors ministre des affaires étrangères disait : " La France respecte la légalité constitutionnelle. Et qu'elle n'a nullement l'intention de renverser le régime de Gbagbo ". Pendant qu'il tenait ses propos, des militaires français faisaient mouvement vers la résidence du numéro un ivoirien. Prétextant, leur désir de sécuriser les ressortissants français. Comme si Gbagbo est français. Il est temps que Nicolas Sarkozy s'occupe du bien-être des Français. Il a été élu par eux et pour eux. Et non par les Ivoiriens et pour les Ivoiriens. Depuis qu'il est au pouvoir c'est la catastrophe. On assiste à des grèves, à la reprise des casses dans les banlieux, le taux de chômage a augmenté, la croissance économique est au plus bas. En clair, l'Etat français court vers la faillite. Voilà autant de problèmes auxquels, les Français attendent une solution. Que de laisser l'espoir placé en lui par ses citoyens s'effriter jour après jour. A ce que l'on sache, la tenue des élections en Côte d'Ivoire ne fait pas partie du programme de gouvernement que Sarkozy a proposé aux Français. A croire que la France ne veut pas du retour de la paix en Côte d'Ivoire. Chaque fois que le pays amorce un virage vers ce point, l'Elysée met de l'huile sur le feu. S'il n'y a pas d'élection le 29 novembre 2009 où est donc son problème ? En tout cas, la Côte d'Ivoire a tout vu : coups d'Etat, rébellion… La Côte d'Ivoire des indépendances est différente de la Côte d'Ivoire adulte, tournée vers un partenariat responsable avec d'autres nations qui la respectent et qui tiennent compte de sa souveraineté. Les temps ont changé. Les hommes aussi. Un homme averti en vaut deux.
Y.Gbané