Elles sont sorties nombreuses, les populations de la cité des antilopes "les galébahouan" pour qui Bra Kanon ``Goly``, le courageux, s`est donné corps et âme pour son épanouissement. Toute la Côte d`Ivoire s`est déportée dans son ancienne capitale pour pleurer son digne fils. Jeudi 23 juillet, en provenance d`Abidjan, le corps du ministre Bra Kanon a eu, à partir de Bouaflé jusqu`à l`entrée de Daloa, droit aux derniers hommages de ses parents, Gouro, Yowlè, Bété, Malinké, Baoulé etc. Sapia, dernier village avant d`atteindre le corridor, femmes, jeunes et vieillards ont pris d`assaut la voie principale pour voir, toucher le corbillard transportant "Goly". C`est à pas de caméléon que le cortège a accédé difficilement à la résidence du défunt, sis au quartier, Evêché non sans faire un dernier escale à son domicile au quartier Kirman. Pour la circonstance, tout le Moronou, région de l`épouse du défunt, s`est déplacé massivement pour venir pleurer son "beau". Pendant ce temps, à Gbeliville, son village, le décor est insoutenable. Des femmes en pleurs, des incantatrices embouchent la trompette de l`histoire. Elles sillonnent toutes les ruelles et courent pour retracer les mérites et les valeurs du descendant du guerrier Zokou Gbeli. Elles sont venues du département d`Issia, de Vavoua, de Gagnoa et de Zoukougbeu, chacune avec sa spécificité, pour rendre un dernier hommage à un frère, un ami, une connaissance. Le "Lakadigbeu" de Yocolo de la sous-préfecture de Saïoua s`entremêlait aux danses et autres gesticulations mortuaires des autres groupes. Les hommes aussi ont pleuré le "guerrier". Les masques, le tohourou et le kwi (rituel uniquement réservé aux personnes très âgées) ont su interpeller le cosmos pour un séjour agréable du disparu. Pour la première fois et pour toujours, Bra Kanon n`a pas répondu aux provocations et interpellations du tohourou. Malgré les insistances de Blé Wangui de Zah, l`un des derniers souffles de ce rythme, le petit fils de Zokou Gbeli s`est endormi à jamais. Comme son ancêtre, Zokou Gbeli mourut en guerre à Zenouela, Bra Kanon est tombé les armes de la paix en main à Man. Et la Côte d`Ivoire avec à sa tête le Président Laurent Gbagbo a rendu hommage à Denis Bra Kanon. Le chef de l`Etat ivoirien qui pleure doublement a mis les moyens à la disposition du comité d`organisation pour faire de ces funérailles, une affaire d`Etat. Son engagement répond à la reconnaissance de la nation à un de ses honorables serviteurs.. Grand bâtisseur de la cité des antilopes, longtemps député maire de Daloa, cet ingénieur agronome aura donné à l`Agriculture ivoirienne sa place de poumon de l`économie de la Côte d`Ivoire naissante. Laurent Gbagbo n`a pas voulu se limiter à des cérémoniales institutionnelles qui se sont déroulées à Abidjan. Il s`est rendu à Daloa pour assister personnellement aux obsèques de son frère, Denis Bra Kanon. Il a apporté sa compassion à l`épouse, aux enfants, frères de l`illustre disparu qui leur était très cher. Hier, le ministre Bra Kanon a reçu en présence du chef de l`Etat, des honneurs militaires dignes à son rang. Plusieurs personnalités dont Mme Marie-Thérèse Houphouët-Boigny étaient aux côtés de la famille éplorée. Seul était absent, le maire Rdr, Frédéric Guédé Guina qui, dit-on, serait malade. Le secrétaire général du Pdci, Alphonse Djédjé Mady était présent. C`est ce matin, à 11 heures que l`ex-ministre de l`Agriculture sera mis en terre dans son caveau familial, en présence du Président Laurent Gbagbo.
Zéré de Mahi
Envoyé spécial à Daloa
Zéré de Mahi
Envoyé spécial à Daloa
