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Politique Publié le vendredi 31 juillet 2009 | Notre Voie

Poids des partis politiques : Le député Martin Sokouri Bohui démonte les allégations du RDR

Désarçonné par le sondage de l’Institut française TNS SOFRES, le RDR de Dramane Ouattara brandit les résultats des élections municipales de mars 2001 comme étant le seul repère pour mesurer le poids des partis politiques sur le terrain. Dans l'entretien qui suit, le député Martin Sokouri Bohui, Secrétaire national chargé des élections au FPI, rétablit la vérité .

Notre Voie : En prélude à l’élection présidentielle du 29 novembre, la précampagne bat son plein. Les principaux candidats de l'opposition sont en campagne. C'est dans cette atmosphère qu'un sondage réalisé par TNS SOFRES, annonce le président Gbagbo en tête du 1er tour avec 43 %. Ses deux principaux adversaires, Bédié et Ouattara s'en sortent respectivement avec 29 % et 28 %. Quelles réflexions vous inspire ce sondage?

Martin Sokouri Bohui. : Je vous remercie pour cette question extrêmement importante, parce que le sondage fait par SOFRES, qui est un institut de sondage reconnu pour son sérieux dans le monde entier et qui ne peut pas s'amuser à contenter le président d'un pays en voie de développement au risque de perdre sa crédibilité, vient clarifier le débat politique national. Ce d'autant plus que chaque chapelle politique affirme avec conviction qu'elle va gagner l'élection présidentielle du 29 novembre au 1er tour.

Je me réjouis et cela ne m'étonne guère que le président Laurent Gbagbo soit en tête avec 43 %. Ce sondage nous donne raison, parce que des trois principaux candidats, le seul capable de conduire la Côte d'Ivoire vers un destin prometteur, c'est bien Laurent Gbagbo. De toute évidence, les deux autres ne font pas le poids. Pour tout dire, ce sondage, qui met chaque candidat à la place véritable qui est la sienne, reflète la réalité du terrain, mettant ainsi fin à tous les mensonges et autres discours démagogiques. Il indique sans ambages la victoire inéluctable du président Laurent Gbagbo.


N.V. : Mais le président Bedié et le Premier ministre Ouattara estiment que ce sondage n'est pas crédible ?

S.B. : Depuis 1974 que je suis les élections en France, j'observe que les sondages réalisés par SOFRES se sont toujours montrés justes. Les opposants peuvent donc penser ce qu'ils veulent de ce sondage. C'est leur droit. Mais ce qui me chagrine, c'est qu’ils contestent déjà les résultats d'un simple sondage. Je me demande bien s'ils pourront accepter les résultats des vraies élections du 29 novembre qu'ils vont perdre inéluctablement.

C'est pourquoi je demande à tous les acteurs engagés dans le processus de paix de les dissuader dès maintenant de cet état d'esprit négatif qui ferait perdurer la crise. Or, tout le monde s'accorde à dire qu'on sortira de cette crise par les élections. Dans tous les pays du monde où les élections sont organisées, il y a un vainqueur et un vaincu, et le travail pour le développement reprend aussitôt. Après le verdict des urnes, je me pose la question si le sondage leur était favorable, quel aurait été leur comportement ! SOFRES serait sûrement un institut fiable. Et, pourtant, les faits montrent que SOFRES ne dit que la vérité. C'est pourquoi, nous au FPI, prenant acte de ce sondage, constatons qu'il nous reste seulement quelque (08) huit points pour gagner au 1er tour. Nous allons donc retrousser nos manches pour atteindre cet objectif. En tout état de cause, notre candidat n'est même pas encore entré en campagne, contrairement aux autres qui, depuis plusieurs mois, font campagne.

Quand il entrera en campagne et que le rouleau compresseur sera déroulé, nous allons facilement remonter les (8) huit points et même les dépasser largement. Ce sondage nous conforte donc dans notre conviction que nous allons gagner ces élections au 1er tour. Quand nous disons depuis toujours que nous allons gagner au 1er tour, c'est en rapport avec notre connaissance du terrain.


N.V. : Le RDR d'Alassane Ouattara oppose à ce sondage, les résultats de l'élection municipale de 2001. Pour ce parti, ces résultats sont “les seuls et vrais chiffres du poids des partis politiques” .

S.B. : Quand nous disons que le RDR est un phénomène de ville, il y a des gens qui ne nous croient pas. Mais le RDR vient de montrer que nous avions raison de le dire. En effet, la dernière élection qui a vu la participation de tous les partis politiques et qui est une élection nationale, c'est bien l'élection des conseillers généraux organisée en juillet 2002. Donc le poids des partis politiques devrait être mesuré à partir de cette élection qui est la dernière photographie des partis politiques avant la guerre. Mais le RDR évite cette dernière photographie et recule dans le temps pour aller s'accrocher aux élections municipales qui ont eu lieu en mars 2001, parce qu'il les a remportées.

Il faut reconnaître qu'en mars 2001 où les élections municipales ont été organisées, des Ivoiriens croyaient encore certainement en ce mouvement qui est un phénomène de ville, comme je l'ai déjà dit. Mais, très vite, ils se sont rendus compte que ce n'est qu'un club de soutien à une personne rejetée par la majorité des Ivoiriens du fait de ses “origines douteuses”.

A l'heure actuelle, si on organise les élections municipales, je suis convaincu que le RDR peut peut-être gagner quelques villes mais ne peut, en toute objectivité, gagner une élection municipale dans son ensemble.


N.V.: Qu'est-ce qui vous amène à faire une telle affirmation ?

S.B. : C'est tout simple ! Les élections, ce n'est pas la sorcellerie. C'est celui qui a le plus d'électeurs qui les gagne. Je voudrais, à ce propos, vous rappeler les chiffres des dernières élections. Selon les données de la CEI, le nombre d'inscrits en 2000 pour les différentes élections était de 5 400 000 environ (présidentielle en 2000 : 5 475 143 ; législatives en 2000 : 5 475 143 ; conseils généraux en 2002 : 5 413 475). Mais, pour les municipales, le nombre d'inscrits était de 3 184 415, soit 58 % de l'électorat national.

Dans ce tableau, le RDR n'a participé qu'à 2 élections. Premièrement, les municipales de mars 2001 qu'il a gagnées avec 27,15 % des suffrages exprimés contre 26,89 pour le PDCI et 25,02 pour le FPI. Même si en terme de nombre de mairies remportées, le RDR est nettement en tête (63 communes pour le RDR, 60 pour le PDCI et 33 pour le FPI), les trois partis se tiennent en termes de suffrages exprimés (RDR : 302 259 ; PDCI : 299 357 ; FPI : 278 559).

Il est bon de rappeler à toutes fins utiles que les résultats de l'élection présidentielle se mesurent en termes de suffrages exprimés. Dès lors, le RDR ne devrait pas pavoiser en prenant comme seuls repères les résultats de l'élection municipale.

Deuxièmement, les conseils généraux de juillet 2002 que le FPI a gagnés avec 34% en tenant compte de sa part sur les listes d'union, mais qui en réalité, a eu 21,94% avec ses seules listes, suivi du PDCI qui a eu 33% en tenant aussi compte de sa part sur les mêmes listes d'union, mais qui, en réalité, a eu 21,37% sur ses propres listes et du RDR avec 27%. Cela équivaut en termes de départements à 18 pour le FPI, 18 pour le PDCI et 10 pour le RDR.

Je note que tous les départements remportés par le RDR sont du Nord. Je note aussi que le FPI et le PDCI étaient en union entre eux et en union avec d'autres partis politiques tels le PIT et l'UDPCI
Nous constatons donc qu'aux élections municipales, le RDR a eu 27 % ; qu'aux élections des conseils généraux le RDR a, également, obtenu 27 % et que le sondage SOFRES vient de créditer son mentor de 28 %.

De ce qui précède, on peut donc déduire que le RDR ne pèse que 27, voire 28 % de l'électorat national. On ne gagne pas une élection nationale avec 27 % de l'électorat.

Avec la communalisation totale du pays, les prochaines élections municipales seront nationales. Le RDR ne peut donc objectivement les gagner, tout comme il ne peut gagner les élections présidentielles qui, elles, se gagnent avec 50 % + 1. Que le RDR se garde de se tromper et de tromper l'opinion nationale et internationale en brandissant les résultats d'une élection qui n'a intéressé que 58 % de l'électorat national, alors que tout le monde sait qu'il est quasiment absent dans les 42 % restants. Tous ces résultats électoraux ont été obtenus avant la guerre. Mais, quand on sait que c'est le RDR qui a envoyé la guerre dans ce pays et que son champion est contesté par plus de la moitié des ivoiriens du fait de sa “nationalité douteuse”, il est évident que ce club de soutien ne peut gagner les présidentielles.

Nous venons ainsi de démontrer que, pour ces élections présidentielles, Ouattara est totalement hors-jeu. Bédié non plus n'est pas mieux loti. C'est un homme dépassé et du passé qui a son avenir politique dans le passé. De plus, son parti politique, le PDCI-RDA, est en chute libre sur l’ensemble du territoire national, y compris dans ses propres bastions. Les Ivoiriens, qui ont tant souffert de cette guerre, attendent sereinement la date du 29 novembre pour achever en beauté le combat patriotique en plébiscitant le président Laurent Gbagbo au 1er tour.

Interview réalisée par Boga Sivori
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