Au Burkina, l’histoire constitutionnelle va encore bégayer. Le Burkinbè Blaise Compaoré n’est pas content de l’article 37 de sa propre constitution. Aujourd’hui, le capitaine Blaise Compaoré digère mal à Ouaga l’article 37 qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux quinquennats. Or la constitution actuelle burkinabè, si elle est appliquée, ne donne plus droit à Blaise Compaoré - au pouvoir depuis 1987-de briguer un autre mandat présidentiel. C’est bien à cette option juridique qu’il ne veut pas se soumettre après une première violation de la constitution burkinabè. Mais le cas de Blaise Compaoré est un véritable danger quand on sait qu’il porte sur sa conscience des assassinats politiques dont les plus célèbres sont celui du capitaine Thomas Sankara et celui du journaliste indépendant Norbert Zongo. En revisitant la constitution burkinabè pour modifier éventuellement la limitation des mandats présidentiels à deux quinquennats, Blaise Compaoré ‘’infecté’’ depuis longtemps par les coups de force, prépare tout simplement un pouvoir sans fin. Une longévité comme le Togolais Gnassingbé Eyadéma, Omar Bongo… et mourir au pouvoir comme l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Aujourd’hui, je comprends Blaise Compaoré qui, avec cette longévité au pouvoir, entend échapper au poids des interrogations sur la mort du capitaine Blaise Compaoré et sur celle très atroce du journaliste Norbert Zongo. Dans l’opinion burkinabè, le ‘’débat’’ reste toujours d’actualité. Et Blaise Compaoré sait très bien qu’il existe un mécontentement populaire qui peut se transformer en une crise politico-sociale. En tout état de cause, si je fais le bilan du Président Blaise Compaoré en s’attachant surtout à ses actions politiques, je constate tout simplement que le Chef d’Etat burkinabè est pétri de contradictions. Mon observation tire son origine de la ressemblance que Blaise Compaoré a cultivée avec le Libyen Muammar Kadhafi personnage ambigu, ou avec l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny pour ses manipulations politiques et son appétit du pouvoir. Dans ce parcours tortueux depuis 1987, Blaise Compaoré exerce le pouvoir et depuis 22 ans, « règne » sur toutes les institutions judiciaires et républicaines du Burkina. A Ouaga, Blaise Compaoré ne peut pas céder le palais et il est prêt à organiser une autre ‘’résistance’’ politique de sa carrière présidentielle : modifier l’article 37 de la constitution burkinabè pour y mourir au pouvoir. Etrange comportement de la part de Blaise Compaoré dont le symbole de vie des populations de son pays est ‘’les hommes intègres’’. Aujourd’hui, Blaise Compaoré fait étalage d’une contradiction énorme de la noble pensée des Burkinabé avec des mauvais arguments politiques pour rester définitivement et mourir au pouvoir. C’est vrai que le Burkina Faso a fait des bonds sérieux dans le domaine des sports, l’habitat, dans des structures d’échanges économiques mais je constate le désir politique affiché par Blaise Compaoré vis-à-vis des autres Burkinabé. Mais de quoi ou de qui Blaise compaoré a-t-il peur, après 22 ans de pouvoir, pour donner la chance aux autres hommes politiques de son pays ? Aujourd’hui, une alternance est possible. Une option, clairement aussi souhaitée à l’intérieur du parti de Blaise Compaoré. Une option possible également à notre avis, surtout avec les Sankaristes ou les socialistes de Hermane Yaméogo qui sont aussi capables de crédibiliser les réformes de l’histoire burkinabè. Dans son obstination à demeurer au pouvoir pour toujours, Blaise Compaoré se dirige à pas comptés vers une mauvaise fin politique en transformant le Burkina en un véritable « Royaume » et son parti politique en instrument docile de son pouvoir. Mais ironie de l’histoire, c’est bien Salif Diallo, un membre influent du parti politique de Blaise Compaoré qui attire l’attention de l’opinion internationale sur certaines manipulations politiques du Président Blaise Compaoré et son manque de rigueur dans les réformes de la vie politique du Burkina. Ironie du sort, c’est bien Blaise Compaoré qui est décrié comme la cause d’une déstabilisation régulière de sa propre constitution, c’est bien celui-là même qui est appelé à régler la crise militaro-politique en Côte d’Ivoire, ou encore effacer la fissure et régénérer la classe politique togolaise. Je ne comprends plus rien. Mais, dans le même temps, je suis totalement rassuré que l’action politique de Blaise Compaoré est pleine de contradictions et il est difficile à expliquer correctement à l’opinion diplomatique les raisons qui ont inscrit le choix de Blaise Compaoré à régler les crises ouest-africaines. Mais aujourd’hui, seul Blaise Compaoré sait qu’il a bénéficié de la manipulation et de la préférence de Jacques Chirac, à l’époque locataire de l’Elysée, hostile au régime de la Côte d’Ivoire, le voisin puissant du Burkina. Abdou Diouf, flanqué de Jacques Chirac pour un sommet de la Francophonie à Ouaga, facilite la réélection de Blaise Compaoré, après tripatouillage de la constitution. En 2009, Blaise Compaoré sait que la révision de l’article 37 de la constitution va réveiller la classe politique ou les syndicats. Aussi Blaise Compaoré le sait très bien qu’il est assis entre deux chaises : le poids des militaires qui pèse tout de même dans la gestion du pays et la puissante société civile burkinabè qui reproche à tout moment au Président Blaise Compaoré ses méthodes douteuses dans la gestion de la crise judiciaire des affaires Thomas Sankara et Norbert Zongo. Attention… il y a danger à Ouaga.
Afrique Publié le lundi 3 août 2009 | L’intelligent d’Abidjan