Si le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) devait se choisir un leader sur la base du sondage Sofres qui fait couler beaucoup d'encre et de salive depuis une dizaine de jours, Henri Konan Bédié part incontestablement favori. Le candidat du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) serait le meilleur cheval des houphouétistes contre Laurent Gbagbo, le candidat sortant. Au premier tour, il se classerait deuxième selon le sondage, avec un pourcentage de votes de 29%, contre 28% à son allié, le candidat du Rassemblement des républicains (Rdr). Ces deux candidats seraient distancés par leur grand rival, le président sortant (43%). Ils pèsent tout de même ensemble 57 % des intentions de vote. Malheureusement, le sondage ne prend pas en compte les petits candidats, notamment ceux du Rhdp. Même s'ils ont été ignorés par le sondage, Innocent Anaky Kobena (Mouvement des forces d'avenir, Mfa) et Albert Mabri Toikeusse (Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d'Ivoire, Udpci), ont leurs électeurs. Et, ceux-ci pourraient faire basculer la balance en faveur de Bédié ou de Ouattara. Surtout que les deux hommes se tiennent dans un mouchoir de poche.
Malgré tout, mathématiquement, l'on pourrait conclure qu'une candidature unique devrait profiter au Rhdp au premier tour. Pas si simple pourtant !
Car, la seconde partie du sondage publiée par Jeune Afrique dans son édition d'hier, disponible en kiosque aujourd'hui, réserve quelques surprises. Elle révèle surtout que le Rhdp n'est pas aussi solide qu'on ne le croit. Alors que cette coalition de quatre partis d'opposition était censée remporter le premier tour en cas de candidature unique, aucun de ses deux candidats sérieux ne fera l'affaire devant l'actuel chef de l'Etat. Face à Bédié, Gbagbo se succéderait avec 52% des votes. Il devrait améliorer ce score face à Ouattara en s'octroyant 58% des suffrages. Ces chiffres mettent à nu le manque d'harmonie de l'électorat du Rhdp. Une bonne frange des militants de l'un ou l'autre des leaders n'accepte pas l'idée de voter pour un candidat autre que le sien. Ces militants préfèrent même donner leur voix, le cas échéant, à Laurent Gbagbo. Il apparait clairement que ces votants peu solidaires se retrouvent majoritairement au Pdci. Comme une subsistance du « Tout sauf Ouattara » d'il y a quelques années, l'on note que si Bédié et Ouattara étaient face-à-face au second tour, le report des voix de Laurent Gbagbo serait profitable au premier (56% contre 44%). Ces résultats sont conformes à ceux relatifs à l'image des partis qui portent les différentes candidatures. Pour 32% de l'échantillon, le Pdci a une mauvaise image. Le Fpi lui ne séduit pas 38% des personnes interrogées. Le Rdr lui culmine à 55% en terme d'image défavorable. Cela laisse croire qu'au niveau des appareils politiques, le dernier parti cité rencontre des difficultés à percer certains milieux. Ce qui peut expliquer la constante troisième place de son candidat.
En définitive, les chiffres du sondage Sofres donnent du Rhdp une image de rassemblement circonstanciel, tiraillé par des intérêts divergents et beaucoup de non-dits. Les héritiers de Houphouët-Boigny n'ont jusque-là pas pu se constituer en vraie alternative à l'actuel chef de l'Etat. Dans les cœurs surtout.
Kesy B. Jacob
Malgré tout, mathématiquement, l'on pourrait conclure qu'une candidature unique devrait profiter au Rhdp au premier tour. Pas si simple pourtant !
Car, la seconde partie du sondage publiée par Jeune Afrique dans son édition d'hier, disponible en kiosque aujourd'hui, réserve quelques surprises. Elle révèle surtout que le Rhdp n'est pas aussi solide qu'on ne le croit. Alors que cette coalition de quatre partis d'opposition était censée remporter le premier tour en cas de candidature unique, aucun de ses deux candidats sérieux ne fera l'affaire devant l'actuel chef de l'Etat. Face à Bédié, Gbagbo se succéderait avec 52% des votes. Il devrait améliorer ce score face à Ouattara en s'octroyant 58% des suffrages. Ces chiffres mettent à nu le manque d'harmonie de l'électorat du Rhdp. Une bonne frange des militants de l'un ou l'autre des leaders n'accepte pas l'idée de voter pour un candidat autre que le sien. Ces militants préfèrent même donner leur voix, le cas échéant, à Laurent Gbagbo. Il apparait clairement que ces votants peu solidaires se retrouvent majoritairement au Pdci. Comme une subsistance du « Tout sauf Ouattara » d'il y a quelques années, l'on note que si Bédié et Ouattara étaient face-à-face au second tour, le report des voix de Laurent Gbagbo serait profitable au premier (56% contre 44%). Ces résultats sont conformes à ceux relatifs à l'image des partis qui portent les différentes candidatures. Pour 32% de l'échantillon, le Pdci a une mauvaise image. Le Fpi lui ne séduit pas 38% des personnes interrogées. Le Rdr lui culmine à 55% en terme d'image défavorable. Cela laisse croire qu'au niveau des appareils politiques, le dernier parti cité rencontre des difficultés à percer certains milieux. Ce qui peut expliquer la constante troisième place de son candidat.
En définitive, les chiffres du sondage Sofres donnent du Rhdp une image de rassemblement circonstanciel, tiraillé par des intérêts divergents et beaucoup de non-dits. Les héritiers de Houphouët-Boigny n'ont jusque-là pas pu se constituer en vraie alternative à l'actuel chef de l'Etat. Dans les cœurs surtout.
Kesy B. Jacob