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Politique Publié le mardi 4 août 2009 | Le Temps

Pr Pr Gnagne Yadou Maurice, (directeur de la stratégie et de la communication de la ddc du fpi - dabou), (directeur de la stratégie et de la communication de la ddc du fpi - dabou)

L'instauration de la carte de séjour par Alassane Dramane Ouattara a contribué à la création d'une Administration parallèle, selon le professeur Gnagne Yadou Maurice.


Il nous est revenu de façon récurrente, qu'en certains endroits, l'enrôlement de la population a connu des problèmes. Cela a été le cas de votre circonscription ?

Je reviendrai à la réponse à votre question, mais permettez-moi de relever un abus de langage qui a fait son chemin et qui semble de façon insidieuse passer dans le langage courant : c'est le mot ''enrôlement'' et l'usage que nous en avons fait à l'occasion de ces opérations d'identification du collège électoral national. Le mot ''enrôlement'' dérive du verbe transitif ''enrôler''. Mais il a aussi une forme pronominale c'est le verbe s'enrôler. Je vois que vous êtes perplexe et vous vous posez naturellement la question de savoir où je vous amène avec tout cela. Non c'est intéressant de me suivre pour comprendre la suite. Alors allons aux définitions des deux verbes, d'abord le verbe enrôler : première définition/ inscrire sur les rôles de l'armée ; deuxième définition/ faire adhérer à un parti ; troisième définition/ mettre au rôle, il s'emploie pour un soldat qui s'inscrit sur un ou des rôles des armées. Ça c'est pour le verbe enrôler. Revenons au verbe pronominal s'enrôler : première définition/ s'engager dans l'armée ; deuxième définition/ se faire admettre dans un groupe. En conséquence de quoi, un ''enrôleur'' est celui qui enrôle pour le service armé. Vous voyez donc comme moi que tous ces mots ont une connotation trop martiale, trop guerrière, et personnellement cela me gène. Comme si au plan de la psychanalyse il nous est difficile de nous défaire de ces années de traumatismes collectifs du fait de la guerre. Essayons donc de trouver un mot ou un groupe de mots qui nous éloignent des horreurs de la guerre. Nous allons aux élections mais pas à la guerre. Soyons convaincus de cette réalité. Pour revenir à votre question, dans notre circonscription la Direction départementale de campagne (Ddc), sous le leadership de Monsieur Paul Wood Angneroh et de son équipe, a fait un travail remarquable. Toutes les structures du parti y ont pris une part active. En ce qui concerne les commodités des agents de la Cei chargés de cette opération, la population s'est investie dans les villages, dans la préfecture, les sous-préfectures, et les communes pour leur faciliter la tâche. Les ''états-majors'' de campagne sont en train de faire le point pour savoir de façon exhaustive, le pourcentage des pétitionnaires inscrits sur ces listes d'identification par rapport à la population générale et au collège électoral local précédent. Nous saurons alors s'il existe des personnes qui n'ont pas été identifiées et quelle est la proportion de ces non-identifiés.


Est-ce à dire qu'au niveau de Dabou, cette opération d'identification du collège électoral, puisque vous voulez qu'on l'appelle ainsi, s'est déroulée sans trop de difficultés ?

En dehors des arrêts dus à des problèmes au niveau des agents affectés à cette identification qui ont fait traîner les choses en longueur, il n'y a pas eu de problème significatif. Les quelques velléités de fraudes qui n'ont pas manqué et surtout le forcing entrepris par ceux d'en face pour faire inscrire des non éligibles sur les listes ont été mis en échec ; d'ailleurs sans qu'il y est eu des heurts. Nous nous sommes compris, je peux dire. Nous nous connaissons à Dabou, autochtones, allochtones et non Ivoiriens.


En choisissant la Sagem et sa valise en question, on savait que certaines localités n'avaient pas d'électricité. Aujourd'hui, on vient nous dire que les agents n'ont pas pu identifier des personnes dans certaines localités faute d'électricité, qu'en pensez-vous ?

Oui, en effet, c'est bizarre que des gens qui, durant quarante années de règne ont totalement ignoré l'électrification des agglomérations rurales aient exigé du pouvoir cette méthode dispendieuse en moyens et en temps. Il est aisé de comprendre que derrière ce choix se cache la volonté manifeste d'exclure de ces consultations électorales historiques le monde rural qu'ils prétendent être acquis à leur cause. Ne dit-on pas que la lumière comme la route apporte la ''civilisation''. Ainsi, des hommes et des femmes qui, durant quarante années de règne sans partage des régimes Pdci ont vécu dans les ténèbres, exclus volontiers de la modernité, sont ou seront spoliés de leur droit inaliénable de citoyen de choisir leurs gouvernants. Heureusement, le Front populaire ivoirien (Fpi) et son programme de gouvernement conduit par le Président Laurent Gbagbo ont réussi le tour de force d'électrifier la quasi-totalité de nos villages, villes et campements en moins de dix ans d'exercice du Pouvoir dans des circonstances extrêmement difficiles. Nos populations doivent donc se souvenir de ceux et celles qui leur ont apporté la modernité en leur faisant découvrir l'électricité et les bienfaits de la lumière. Le Front populaire ivoirien (Fpi) est encore prêt à faire plus si le peuple souverain de Côte d'Ivoire, par le choix du Président Laurent Gbagbo à se succéder à lui-même, lui redonne l'occasion d'exécuter son programme de gouvernement. Il reste, en effet, l'Assurance maladie universelle (Amu) la revalorisation des salaires pour booster l'économie par la consommation des ménages etc. Pour ce qui est du problème que vous évoquez quant aux difficultés qu'auraient la Sagem pour identifier les potentiels électeurs en zones non électrifiées, c'est le problème de la Sagem. Ce que nous exigeons de cette structure, c'est que tout Ivoirien en âge de voter doit être identifié et inscrit sur les listes électorales, alors seulement elle aura mérité les milliards que cette opération a coûtés. Cette structure qui a eu les faveurs de la gestion de cette opération doit savoir que la Côte d'Ivoire, notre pays, joue l'avenir de milliers de générations au cours de ces consultations générales à venir. Par conséquent, aucune légèreté… dans l'exécution de cette mission ne leur sera pardonnée.


En votre qualité de Directeur de la stratégie et de la communication, pouvez-vous affirmer qu'effectivement, il y a eu des cas de fraudes à Dabou ?

Vous savez, la nature humaine, par essence, à une fâcheuse propension à la fraude. C'est l'auto-contrôle par notre propre conscience et le contrôle par le biais des lois qui fondent notre société qui dissuadent les gens à vouloir frauder. Si un étranger non Ivoirien veut opérer une fraude sur la nationalité ivoirienne, bien que se sachant non Ivoirien, c'est sa conscience qui lui fera comprendre que l'entreprise dans laquelle il veut s'engager n'est pas bien et digne pour quelqu'un qui renie sa nationalité d'origine. Si malgré tout, il s'obstine à le faire c'est à la population qui le reconnait en tant que non Ivoirien à le dénoncer pour le remettre à la justice qui décidera de son sort. Partout dans les régions de Côte d'Ivoire, il y a eu des tentatives de fraude sur la nationalité ivoirienne, et la presse nationale en a fait largement l'écho. D'ailleurs, cette malheureuse tendance à la fraude à la nationalité ne date pas d'aujourd'hui et à une histoire ! Elle est née de la volonté de Monsieur Alassane Dramane Ouattara d'instituer une carte de séjour pour les étrangers y compris de la zone Cedeao. Cela a contribué à pourrir l'Administration par la création d'une administration parallèle qui délivrait de faux papiers à moindre coût à des populations qui n'avaient pas les moyens de s'offrir les cartes de séjours. Ceux-là, une fois Ivoiriens avec ces faux papiers, n'ont plus de problème et peuvent circuler comme ils veulent. Et c'est une bonne chose que le Président Gbagbo ait supprimé cette incongruité que les vrais géniteurs ont honte de revendiquer en lieu et place des pluies de milliards qu'ils promettent aux régions. Et surtout, l'espoir qu'ils nourrissent d'un collège électoral qui sera artificiellement gonflé par des inscriptions de non Ivoiriens acquis à leur cause. A Dabou, il y a eu le même phénomène avec cependant une moindre ampleur, surtout dans les villages où les gens se connaissent et peuvent se compter. Et ceux des allochtones qui sont vraiment connus comme étant Ivoiriens n'ont pas eu de problème pour se faire identifier et inscrire sur les pré-listes électoraux. Ce contrôle continuera pour extirper les fraudeurs de la liste définitive par les recoupements des listes existantes et celles établies au cours de ce processus qui vient de finir. Et ça, c'est le rôle de l'Institut national de la statistique (Ins), de l'Office national de l'identification (Oni), et de la Cnsi (Centre national de la statistique et de l'identification), qui sont tous des structures nationales suffisamment outillées pour le faire.


On a constaté que dans certaines localités, même à Dabou, il s'est posé le problème de leadership. Soit, c'est le Ddc qui est contesté, soit c’est le Dlc. Est-ce que Dabou a lui aussi connu ce phénomène. Comment expliquez-vous cette contradiction ?

Cette question est opportune et elle nous permettra d'aborder quelques aspects de la vie au sein de notre parti, le Fpi. Je crois que les débats d'idées guidés par le choix idéologique clairement défini par le parti, et respectant les règles et la discipline, sont au développement et à l'épanouissement des partis en général et particulièrement du nôtre, ce qu'est la sève à l'accroissement d'une plante. Donc, les débats d'idées dans la discipline, le respect des règles et de la hiérarchie du parti, je veux parler de ceux qui dirigent le parti au plan national et/ou local, sont les facteurs d'épanouissement du parti. Ce sont là, je crois, l'essentiel des principes fondateurs de ce parti. Quand on adhère à une telle organisation d'hommes et de femmes mus par une idéologie de combat politique c'est le minimum à connaître : respect des règles et respect de la discipline du parti, connaissance des textes qui fondent l'organisation du parti et qui régulent son fonctionnement. Sinon, bonjour les dégâts, les incohérences, et en définitive, la démobilisation des militants. Oui c'est vrai, comme les autres Fédérations dans les différentes régions, Dabou a connu ses crises de jeunesse idéologique.

Pour être sincère, Dabou avait même détenu, avec Soubré, la palme de la contestation des autorités régionales du parti, notamment le Fédéral, Monsieur Sess M'Boua André, et le Directeur départemental de campagne (Ddc), Monsieur Paul Wood Angneroh. Ces deux camarades ont été quelquefois violemment et de façon discourtoise et injuste contestés par certains cadres locaux du parti. A la demande du Directeur départemental de campagne, j'ai tenu une conférence de presse le 2 février 2008, à Orbaff, devant une demi-douzaine de journalistes représentant des quotidiens de la place et des reporters de la Rti. Le camarade Niangoran Florentin représentait, lui, la Direction du Fpi. J'ai interpellé à cette occasion, la Direction du parti en l'invitant à prendre toutes ses responsabilités pour contraindre les récalcitrants à respecter les choix du parti. Ça n'était pas soutenable qu'au moment où notre parti est attaqué de partout, des militants ou des gens se disant tels créent le désordre au sein des Fédérations. Ce qui me gênait le plus, ce sont les insultes et les invectives à l'endroit de certaines autorités du parti. De tels comportements ne cadraient pas avec notre culture, dans cette région, du respect de la hiérarchie établie. Je crois qu'aujourd'hui les choses semblent rentrées dans l'ordre. Soubré a fait une grande fête de réconciliation, c'est bien et c'est encourageant, il faut tout faire pour maintenir cette cohésion, et qu'elle soit sincère pour le bien du parti. Dabou devrait aussi suivre l'exemple de Soubré, puisque les choses sont entrées dans l'ordre, me semble-t-il. Dans le fond partout où il y a eu ces conflits de positionnement et de leadership, le diagnostic était qu'il y avait là, l'expression d'une immaturité idéologique. Certains militants poussés par des ambitions trop exacerbées foulent aux pieds, les principes et les règles de fonctionnement du parti. L'ambition est certes humaine, mais toute ambition qui dans sa conception et dans sa réalisation met en danger l'existence du Parti, du groupe ou de la société auxquels on appartient, n'est plus une ambition. Ça devient une œuvre diabolique de destruction du groupe ou de la société. Cela conduit à l'anarchie. Et personnellement, c'est le sentiment qui m'a animé au cours de cette période d'incompréhension. Au plan national, il est aisé d'observer que c'est ce genre d'ambition qui a ''pourri'' le premier mandat du Président Gbagbo ? C'est exactement, au niveau local, ce qui s'est passé au sein de nos Fédérations. Il était évident que le conflit ivoirien, et la guerre faite au pouvoir Fpi était une leçon de chose qui aurait pu nous pousser à resserrer nos rangs autour de nos leaders. Cela n'a pas été le cas malheureusement et nous avons passé notre temps à faire nos petites guerres de positionnement dans la grande guerre.

C'était agaçant d'assister à tout ce gâchis. Il me semble que la philosophie qui a guidé ces combats autodestructeurs était la philosophie du ''ôte-toi de là que je m'y mette''. Une aberration quoi ! Au niveau national, on foule aux pieds la Constitution et on demande de bâtir le pays sur du fictif. Au niveau du parti, on exprime son mépris des textes qui le fondent et on se lance dans un combat de positionnement à corps perdu ! Ça n'était vraiment pas sérieux. La réflexion est que si nous avons tous comme objectif le développement de notre pays, nous devons nous convaincre que cela ne peut se concevoir que dans une atmosphère de respect des règles établies, aussi bien au niveau des partis qu'au niveau national. Le combat est ailleurs : c'est celui de faire face avec assurance et fermeté patriotique aux propos hautement irrévérencieux de certains hommes politiques français qui nous dénient notre droit inaliénable de choisir ce qui est bien pour notre pays et pour son peuple. Malgré nos bagarres, nous ne devons pas oublier le seul choix qui vaille pour la Côte d'Ivoire d'aujourd'hui et de demain, le Président Gbagbo.


Au niveau de Dabou, comment êtes-vous arrivé à régler cette immaturité idéologique ?

Au-delà du cas de Dabou, les conflits de leadership, qui ont éclaté çà et là dans nos fédérations, ont été résorbés et réglés par la Direction, et les différentes structures du parti. Je voudrais remercier, au nom du Fédéral, de la Ddc, et de tous les militantes et militants, le Président du parti, Monsieur Pascal Affi N'Guessan, le Secrétaire général du parti, Monsieur Miaka Ouréto, le Responsable du Segad-Sud, Madame Odette Sauyet Likikouet, pour leur sens de responsabilité, de disponibilité et de diplomatie. Ces remerciements vont aussi aux membres du Comité central et du Secrétariat général. Ces hauts responsables n'ont ménagé aucun effort pour que la paix revienne dans nos Fédérations et notamment dans celle de Dabou. Vous savez, chez nous, nous avons des vertus sociologiques qui nous auraient permis de ne jamais connaître cette période d'incompréhension qui a donné une mauvaise image de notre société. Une société où le respect de la hiérarchie établie est un des principes fondateurs de son unité. Une société où tout le monde, sans distinction de genre, est appelé à diriger, il suffit, pour cela, de respecter le cycle de chaque exercice du pouvoir. Nous devons puiser dans chaque culture de nos différentes régions, un peu comme le font les Orientaux, ce que nous avons de meilleur pour renforcer la République, affirmer notre volonté d'entrer dans la modernité avec certaines de nos valeurs sûres, enrichir, apaiser et sécuriser nos rapports à la hiérarchie dans notre parti. Notre région, par son organisation sociale, aurait été un exemple d'ordre et de modération au sein de notre parti pendant ces moments difficiles que nous avons vécus. Je continue de croire que ces valeurs et ces vertus qui sont célébrées chaque cycle d'initiation et de passation de pouvoir ne sont pas des slogans vides de sens qui donnent l'alibi d'exposer de façon ostentatoire, nos richesses. J'ai la conviction que cette culture, qui nous a vu tous et toutes naître, véhicule des valeurs et des vertus qui devraient nous aider plus que les autres à affirmer notre appartenance à cette République et à cette Nation. Maintenant que nous savons ces choses, fermons la page et repartons au combat : d'Eburnie, de France et de Navarre, les voix s'élèvent à nouveau pour menacer notre Peuple et son Président, qu'on veut nettoyer ''au Karcher'' comme les immigrés du 93 (le Département de la Seine Saint-Denis). C'est le temps des braves qui s'annonce, et ce temps exige que nous soyons unis, entrelacés comme des lianes pour être forts à résister à l'adversité. Nous vaincrons si nous sommes unis.


Je reprends donc ma question. Comment allez-vous y prendre pour régler cette immaturité idéologique ?

Je crois qu'il ne faut pas s'alarmer, les militantes et militants du Front populaire ivoirien sont idéologiquement bien formés. Il s'est trouvé qu'avec la crise, les priorités du combat étaient ailleurs et nos militants se sont sentis passablement abandonnés par certains cadres et à tort, ont-ils cru, par la direction du parti. Il s'agit aujourd'hui, de les reprendre en main, dans toutes les régions pour leur dire que le terme du combat qu'ils ont mené depuis deux décennies n'est plus très loin : c'est le 29 novembre avec la réélection du Président Gbagbo. Cette réélection à mon sens sonnera l'an 1 de notre vraie libération et de notre vraie indépendance. Alors seulement notre génération pourrait s'arrêter pour regarder derrière et apprécier le chemin parcouru. Alors seulement notre génération pourra bâtir un Pays puissant, prospère et solidaire aux autres pays africains. Alors seulement, nous laisserons un héritage parfait à nos enfants et aux générations à venir. Nous devons tous avoir en point de mire et en tête cette vision idéologique des élections à venir. Nous irons au-devant de nos militants et militantes dans nos régions pour leur tenir ce discours, et au-delà de nos militants et militantes, à tous les patriotes ivoiriens qui ont eu et continuent d'avoir à cœur la défense de la dignité et de l'honneur de ce pays. Et cela se fera très bientôt à travers des meetings, des conférences et des débats contradictoires qui nous opposeront à nos frères dans un contexte beaucoup plus apaisé. Nous souhaitons que ces débats soient constructifs. Nous n'aurons pas le verbe cassant, nous nous garderons du langage qui indispose. En revanche, nous manierons le langage de la vérité et de l'humilité pour leur permettre d'adhérer à notre vision idéologique de ce combat. Ce combat-là nous devons le mener ensemble, l'histoire de ce pays nous regarde. Car le danger est à nos portes et nous devons tous ensemble lui faire barrage.


Avez-vous le sentiment que le militant Fpi a compris qu'il ne va pas à cette élection avec les mêmes armes comme cela avait été en 2000. Ces élections se présentent pour le militant Fpi comme un combat pour l'affirmation de son parti. Avez-vous le sentiment que le militant Fpi a compris cette mission ?

Vous me posez là trois questions en une seule. Et vous me permettrez de les prendre une à une pour donner ma réponse. C'est plus cartésien, il me semble. Oui c'est vrai que les élections de 2009 n'auront rien de comparables à celles de 2000. Et tous nos militants et militantes devraient le savoir. Et tous les patriotes ivoiriens devraient aussi le savoir. Selon que nous nourrissons les mêmes ambitions ou que nous avons le même dessein pour notre Pays, les militants Fpi et les patriotes ivoiriens ont de quoi se motiver pour ces élections. D'abord la France nous a imposé une guerre à laquelle elle a activement participé en rusant jusqu'à se découvrir en novembre 2004. La question qui nous vient à l'esprit est celle-ci : pourquoi la France a-t-elle livré une telle salle guerre à la Côte d'Ivoire, notre Pays ? J'invite pour cela à la lecture des ''Accords de défense et de coopération'' pour comprendre les raisons de cette guerre de la France contre la Côte d'Ivoire. En résumé, elle nous a fait la guerre pour mettre à la tête de notre pays un président qui lui permettra de continuer à exploiter nos ressources en sacrifiant nos propres intérêts. Et ses récentes gesticulations au conseil de sécurité sont là pour conforter cette thèse. Et c'est parce que le Président Gbagbo n'a pas marché dans cette combine que nous avons eu cette guerre. Il est donc évident que tout Ivoirien qui désire et se bat pour la fin d'une telle exploitation doit voir en la réélection du Président Gbagbo une véritable libération de notre pays. Mais nous devons retenir une chose, il n'a jamais été exclu que nous continuons cette coopération avec la France ! Mais alors, il faudrait alors que les Français comprennent que le monde a changé et la Côte d'Ivoire avec. Du respect nous voulons du respect dans un cadre strict de nouveau partenariat! La Côte d'Ivoire de nos parents c'est terminé ! Basta ! Abana ! Ensuite, en la personne de notre Président, nous avons retrouvé un leader courageux, généreux, patriote, qui sait exactement où il veut mener ce peuple. Il a géré une guerre que beaucoup n'auraient pas pu gérer. C'est un grand homme d'Etat qui mérite qu'on se batte pour lui. Avec lui, son parti et tous les patriotes ivoiriens, la Côte d'Ivoire est parée pour le combat du développement. Enfin, dernière arme, et celle qui touche le plus notre dignité et nos consciences : accepterions-nous Ivoiriens que nos compatriotes soient morts en vain ? Tous ceux et toutes celles qui d'octobre 2000 à novembre 2004 (les morts du fait de la Force Licorne française), en passant par ceux et celles de septembre 2002, mourront deux fois si après leur sacrifice nous venons à fléchir dans notre motivation à libérer notre Pays en remettant de nouveau ce Pouvoir aux protégés de la France. Voici les armes et les arguments avec lesquels nous devons aller convaincre les électeurs. Oui ces élections se présentent pour le militant Fpi comme un combat pour l'affirmation de son Parti, c'est vrai. Nous devons le dire en restant humble et mesuré, car il n'y a pas de mérite particulier à mener un combat qui est le sien et celui de sa génération. C'est le destin qui a voulu que ce soit le Front populaire ivoirien du Président Gbagbo qui mène ce combat. C'est un combat qui est, en fait, un legs, un héritage des générations passées. Il fallait être fort pour faire face à ce choc. Maintenant, l'affirmation de notre parti, et au-delà de ce parti, du Peuple de Côte d'Ivoire qui veut être maître de son destin, c'est arriver à mettre notre projet de société et notre programme de gouvernement en marche après la réélection du Président Gbagbo, pour le bonheur de notre Peuple. Pour cela, toutes les compétences ivoiriennes devraient être les bienvenues pour montrer au monde que ce pays est plus que jamais uni, et que ces fils et filles sont en mouvement pour sa reconstruction.

Je ne vais pas vous surprendre, j'ai l'intime conviction que le militant Fpi a compris cette mission. Autrement, ce sera à désespérer de notre lutte. Je crois avoir donné au cours de cet entretien, quelques raisons qui devraient lui redonner la conviction et la motivation pour continuer et conclure cette lutte : ''le serpent n'est pas encore mort'', avons-nous coutume de dire. Alors ! Faut-il laisser le bâton ? Ce sera une erreur mortelle pour la Côte d'Ivoire. Nous devons taire nos querelles de leadership et je me suis largement expliqué. Nous devons arrêter les médisances vis-à-vis des autres camarades sur lesquels des jugements de valeurs sont émis sans que l'on les connaisse suffisamment.

A la fin de cet entretien, quel appel voudriez-vous lancer aux militants du Fpi de Dabou ?
Non, restons moins prétentieux ! L'appel à la mobilisation de nos militants est déjà lancé par la Direction du parti depuis des lustres, la Fédération et la Direction départementale de campagne. Et nous les militants, nous sommes en éveil permanent. Cependant, je voudrais, à l'adresse de mes camarades, reprendre le philosophe Martine Méheut, dans le commentaire (que j'ai sous les yeux) qu'elle fait sur l'œuvre d'Aristote (384-322 avant notre ère), ''Ethique à Nicomaque, Livre I, Chapitre VI''. Donc pour Aristote cité et commenté par ce philosophe, ''l'être humain est un ''animal politique'' c'est-à-dire qu'il ne peut se réaliser pleinement sans une vie de citoyen responsable dans la cité. Le bonheur humain n'est accessible que dans la participation à la vie politique, qui s'exerce par la délibération dans le respect de l'opinion des autres. L'amitié, c'est-à-dire les sentiments d'affection qui nous lient à l'autre, y compris l'amour est du même ordre puisqu'elle repose sur la confiance''(*). Nous aimer et avoir confiance, y compris même en politique, les uns dans les autres, voici le message que je voudrais partager avec nos camarades militants et militantes de Dabou, et aussi avec ceux et celles des autres régions de Côte d'Ivoire. Cela peut paraître naïf, je le concède, mais peut-on être un grand homme en dehors de ces vertus-là ? Ce, d'autant que le combat que nous menons est ardu ! Il nous revient comme un impératif d'avoir foi en ces vertus qui nous conforteront dans cette lutte.

(*) Martine Méheut, ''Aristote et le bonheur comme réalisation de soi'' ; in Le Point, Hors série n° 23, Juillet-Août 2009

Jean-Baptiste Essis
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