J’en commenterai deux, du reste pas bonnes. Pour la première nouvelle, il s’agit des résultats du BAC 2009. Le mot «bac» est l’abréviation par apocope du mot «baccalauréat», appelé aussi «bachot» et à ne pas confondre avec le mot «bac» (bateau) qui nous vient du latin «baccus» (récipient). Les résultats de ces examens qui terminent les études secondaires furent qualifiés par tous de «catastrophiques». Et si cet adjectif de l’extrême et des drames, au- delà des résultats, s’appliquait aussi à la gestion de l’Education nationale ? Rien n’est innocent… surtout quand on sait que ce qui est arrivé n’est guère un accident.
Pour la seconde nouvelle, il s’agit de la chute la semaine dernière du mentor du RDR, Alassane Ouattara, en plein meeting à Gagnoa. La nouvelle gagna très vite le pays. Sur le sujet, je reçus un message écrit ou SMS et un appel sur mon portable. Pour le message il est écrit ceci, et je lis : «Pourquoi, dans toute la Côte d’Ivoire, c’est Gagnoa seulement il a vu pour aller tomber. Et les zones CNO, il n’y a pas d’endroit pour tomber là-bas? Je ne comprends rien en ce Monsieur, même ses malaises. Mais enfin». Je ne répondis pas à ce SMS et me répétai à bas bruit (ou voix basse) que nos crises majeures relèvent vraiment des crises de représentations que nous avons les uns des autres, fruits amers de nos préjugés. Quant à l’appel il vint de Tengréla (Nord du pays) de l’oncle mien (déjà cité dans ces colonnes vôtres). Il me demanda «confirmation» et ceci : «A têrênna lo wa ?» (Aurait-il glissé ?). «Non», lui répondis-je. Alors il dit ceci, très affirmatif : «ayiwa, nin te ko gbansan yé,nin ye gwalo le yé ou ye saraka bô». Ah, ça ce n’est ni innocent ni gratuit, c’est le malheur à ne pas voir. «Qu’il fasse des sacrifices». Voila une réaction qui mérite qu’on s’y arrête. J’y reviendrai.
1/- Plein feu sur l’adjectif «catastrophique»
On l’a appliqué aux résultats du Bac 2009. Selon le ministère de l’Education national, ils sont les suivants : 20,27 % d’admis, c’est-à-dire 28 487 admis sur 140 545 candidats. Dans la lecture de ces résultats la Dden (Direction départementale de l’Education nationale) de Yamoussoukro vient en tête du classement avec 29,74 % (c'est-à-dire 2376 admis sur un total de 7988 candidats) alors que celle de Séguéla assure la place de lanterne rouge avec un taux de réussite très faible de 5,20%. Qui peut être fier de tels résultats ?
L’adjectif «catastrophique» (et c’est bien le cas de le dire, vu la singularité et l’ampleur du désastre éducationnel) ne laisse personne intact : ni les candidats ni les enseignants ni le ministère de l’Education nationale ni l’Etat. Cet adjectif dévoile toujours les failles, la médiocrité, la laideur d’un système ou d’une société et appelle par conséquent, mobilisation pour le redressement et forcement nouvelles réflexions sur les moyens à mettre en œuvre pour éviter pareil désastre. Plus jamais ça, dit-on souvent.
Il est un dérivé du mot «catastrophe» qui, quand il survient, affecte toujours les esprits des peuples concernés. N’est-il pas défini au sens propre comme «un évènement brutal, d’origine naturelle ou humaine, ayant généralement la mort et la destruction à grande échelle pour conséquence ?».
Sous l’angle de cette définition, l’on distingue deux types de catastrophes par leurs causes naturelles ou humaines. Ainsi parle-t-on après les fortes pluies diluviennes de catastrophes naturelles. Il y a quelques mois, que de catastrophes aériennes ! Et tout cela n’est pas seulement fâcheux pour les familles et l’Etat, c’est aussi «catastrophique», c'est-à-dire «déplorable».
Certes cet adjectif n’est pas à confondre avec l’adjectif «accidentel» (la catastrophe est plus qu’un accident), mais s’il traduit désastre, drame, force est de constater que ces désastres ont quelque chose d’utile puisqu’ils forcent l’homme à de nouvelles réflexions sur sa condition de vie et à la création de nouvelles normes (de sécurité, par exemple). Comme quoi, bien souvent à quelque chose malheur est bon ! Que cela soit entendu au ministère de l’Education nationale.
2/- Jamais deux, sans trois
La chute de Alassane Ouattara (qui du reste m’émeut et je profite de cette colonne pour lui dire ma compassion : Yako ! i fo ! courage) vient boucler une boucle, ouverte en début d’année 2009 par le président du PDCI, Henri Konan Bédié en meeting à Tiapoum (région du Sanwi), puis vint la chute à Paris du président français Nicolas Sarkozy au moment même où il attaque sans raison et sans sens de la mesure la Côte d’Ivoire… Quelle histoire de chute dans le camp des défenseurs et tenants de la Françafrique, en cette année électorale en Côte d’Ivoire qui a le profit d’une épreuve sportive de haut niveau. Celle-ci, on le sait, se mesure aussi en terme de fraîcheur physique et d’endurance. Avec ces chutes locales, le peuple qui n’est pas dupe comprend dès lors que ces acteurs qui viennent à lui ne sont pas physiquement à la hauteur de la compétition. Qui leur dira de ménager leur santé insinuera qu’ils sont fragiles (du latin «fragilis» c'est-à-dire «qui se brise facilement»). Car si les enfants (comme on le dit) sont d’un âge fragile, les gens d’un certain âge sont d’une santé fragile. Surtout quand ils n’ont aucune pratique sportive. L’oncle mien a averti. Cette chute de Ouattara est un «gwalo», mot malinké signifiant «malheur, à ne pas voir». C’est pourquoi il lui propose de faire des sacrifices pour éloigner le pire. A bon entendeur, linguistique salut.
Koné Dramane
direbien@live.fr
Pour la seconde nouvelle, il s’agit de la chute la semaine dernière du mentor du RDR, Alassane Ouattara, en plein meeting à Gagnoa. La nouvelle gagna très vite le pays. Sur le sujet, je reçus un message écrit ou SMS et un appel sur mon portable. Pour le message il est écrit ceci, et je lis : «Pourquoi, dans toute la Côte d’Ivoire, c’est Gagnoa seulement il a vu pour aller tomber. Et les zones CNO, il n’y a pas d’endroit pour tomber là-bas? Je ne comprends rien en ce Monsieur, même ses malaises. Mais enfin». Je ne répondis pas à ce SMS et me répétai à bas bruit (ou voix basse) que nos crises majeures relèvent vraiment des crises de représentations que nous avons les uns des autres, fruits amers de nos préjugés. Quant à l’appel il vint de Tengréla (Nord du pays) de l’oncle mien (déjà cité dans ces colonnes vôtres). Il me demanda «confirmation» et ceci : «A têrênna lo wa ?» (Aurait-il glissé ?). «Non», lui répondis-je. Alors il dit ceci, très affirmatif : «ayiwa, nin te ko gbansan yé,nin ye gwalo le yé ou ye saraka bô». Ah, ça ce n’est ni innocent ni gratuit, c’est le malheur à ne pas voir. «Qu’il fasse des sacrifices». Voila une réaction qui mérite qu’on s’y arrête. J’y reviendrai.
1/- Plein feu sur l’adjectif «catastrophique»
On l’a appliqué aux résultats du Bac 2009. Selon le ministère de l’Education national, ils sont les suivants : 20,27 % d’admis, c’est-à-dire 28 487 admis sur 140 545 candidats. Dans la lecture de ces résultats la Dden (Direction départementale de l’Education nationale) de Yamoussoukro vient en tête du classement avec 29,74 % (c'est-à-dire 2376 admis sur un total de 7988 candidats) alors que celle de Séguéla assure la place de lanterne rouge avec un taux de réussite très faible de 5,20%. Qui peut être fier de tels résultats ?
L’adjectif «catastrophique» (et c’est bien le cas de le dire, vu la singularité et l’ampleur du désastre éducationnel) ne laisse personne intact : ni les candidats ni les enseignants ni le ministère de l’Education nationale ni l’Etat. Cet adjectif dévoile toujours les failles, la médiocrité, la laideur d’un système ou d’une société et appelle par conséquent, mobilisation pour le redressement et forcement nouvelles réflexions sur les moyens à mettre en œuvre pour éviter pareil désastre. Plus jamais ça, dit-on souvent.
Il est un dérivé du mot «catastrophe» qui, quand il survient, affecte toujours les esprits des peuples concernés. N’est-il pas défini au sens propre comme «un évènement brutal, d’origine naturelle ou humaine, ayant généralement la mort et la destruction à grande échelle pour conséquence ?».
Sous l’angle de cette définition, l’on distingue deux types de catastrophes par leurs causes naturelles ou humaines. Ainsi parle-t-on après les fortes pluies diluviennes de catastrophes naturelles. Il y a quelques mois, que de catastrophes aériennes ! Et tout cela n’est pas seulement fâcheux pour les familles et l’Etat, c’est aussi «catastrophique», c'est-à-dire «déplorable».
Certes cet adjectif n’est pas à confondre avec l’adjectif «accidentel» (la catastrophe est plus qu’un accident), mais s’il traduit désastre, drame, force est de constater que ces désastres ont quelque chose d’utile puisqu’ils forcent l’homme à de nouvelles réflexions sur sa condition de vie et à la création de nouvelles normes (de sécurité, par exemple). Comme quoi, bien souvent à quelque chose malheur est bon ! Que cela soit entendu au ministère de l’Education nationale.
2/- Jamais deux, sans trois
La chute de Alassane Ouattara (qui du reste m’émeut et je profite de cette colonne pour lui dire ma compassion : Yako ! i fo ! courage) vient boucler une boucle, ouverte en début d’année 2009 par le président du PDCI, Henri Konan Bédié en meeting à Tiapoum (région du Sanwi), puis vint la chute à Paris du président français Nicolas Sarkozy au moment même où il attaque sans raison et sans sens de la mesure la Côte d’Ivoire… Quelle histoire de chute dans le camp des défenseurs et tenants de la Françafrique, en cette année électorale en Côte d’Ivoire qui a le profit d’une épreuve sportive de haut niveau. Celle-ci, on le sait, se mesure aussi en terme de fraîcheur physique et d’endurance. Avec ces chutes locales, le peuple qui n’est pas dupe comprend dès lors que ces acteurs qui viennent à lui ne sont pas physiquement à la hauteur de la compétition. Qui leur dira de ménager leur santé insinuera qu’ils sont fragiles (du latin «fragilis» c'est-à-dire «qui se brise facilement»). Car si les enfants (comme on le dit) sont d’un âge fragile, les gens d’un certain âge sont d’une santé fragile. Surtout quand ils n’ont aucune pratique sportive. L’oncle mien a averti. Cette chute de Ouattara est un «gwalo», mot malinké signifiant «malheur, à ne pas voir». C’est pourquoi il lui propose de faire des sacrifices pour éloigner le pire. A bon entendeur, linguistique salut.
Koné Dramane
direbien@live.fr