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Société Publié le lundi 17 août 2009 | Notre Défi

Enquête de la semaine : Quand des cliniques privées deviennent des mouroirs

Traiter les cliniques privées de ‘’ cliniques de la mort ‘’est peut être fort mais cela vaut son pesant d’or. On retrouve ces cliniques pour la plupart dans les quartiers défavorisés et sont tenues par des médecins ou infirmiers diplômés d’Etat. Ils ont à leur manière décidé d’offrir leur service aux populations. Mais à quel prix ? Le lundi 10 août dernier, nous avons fait une incursion dans ces cliniques pour en savoir davantage sur les prestations qui y sont faites. Premier endroit, Abobo derrière Rails, un sous-quartier de la commune d’Abobo. La première clinique visitée dont nous tairons volontairement le nom, est construite en bois et située dans une grande cour commune. Son propriétaire, un médecin répondant aux initiales de B.S. Un homme, la cinquantaine, qui n’a pas eu la chance d’être recruté à la fonction publique, a décidé de s’installer à son propre compte pour assurer ses vieux jours .Dans cette clinique qui fait la fierté de certaines personnes, se trouvent deux lits avec deux matelas de fortune, un ventilateur posé dans le couloir jouxtant les deux salles d’hospitalisation. Quel calvaire ! Le médecin, lui, est aidé dans sa tâche par deux assistants. Un aide-soignant et une fille de salle. Quant aux patients et leurs parents, c’est une aubaine que cette clinique soit construite dans le quartier parce que l’hôpital général est très éloigné. Ils s’en réjouissent également du fait que les hospitalisations sont à moindre coût. A cela s’ajoute la qualité du travail qui est fait par le docteur B.S. Il est apprécié par certains patients et leurs parents. Mlle Kouassi Aline ne s’en cache pas d’ailleurs. Elle, qui a accompagné son fils de deux ans, souffrant d’une fièvre typhoïde soutient : ‘’Cette clinique nous rend d’énormes services même si elle est située dans un endroit peu fréquenté et qu’elle ne remplit pas toutes les normes. Il faut reconnaitre que c’est grâce au Docteur que nos malades retrouvent la santé. C’est un spécialiste. Jamais, je n’ai vu un médecin comme lui nulle part.’’ Un patient aborde dans le même sens que Mlle Kouassi.’’Ce monsieur connait bien son métier. Il m’a opéré sans incident. Je suis fier de lui.’’ Soutient M. Djéa André. D’autres personnes qui fréquentent aussi la clinique soutiennent plutôt le contraire.’’C’est avec amertume que je viens ici. Je ne suis pas obligé d’y venir. Mais quand je regarde la situation dans laquelle ma famille et moi vivons, je n’ai pas le choix. Les autres cliniques et hôpitaux coutent très chers. C’est pour quoi je prie le Seigneur pour ne pas qu’un malheur m’arrive. Sinon, voyez vous-même l’état de délabrement dans lequel est la clinique. C’est déplorable.’’ Nous avons cherché à recueillir les propos du propriétaire des lieux mais en vain. Autre lieu, une autre officine située à quelques encablures de la mairie de ladite commune. Elle a été construite, il y a seulement deux ans et répond à certaines normes, vu sa situation géographique. Mais, l’intérieur laisse à désirer. La propriété a foutu le camp. La peinture n’existe presque plus. Le matériel médical est rangé dans un coin sans précautions. Dans la salle d’attente, sont disposés deux bancs et un vieux poste téléviseur. Les malades se font un peu rares en cette matinée du 10 août. Seulement deux patients, un homme et une jeune fille attendent d’être reçus. Ils ont rendez-vous avec le maître des lieux. Dr N. C, vêtu d’une blouse blanche, fait son entrée .Quelques minutes après son entrée, il nous fit signe de le rejoindre dans son bureau. Moment choisi pour lui arracher quelques mots. Sur l’état de délabrement de sa clinique après seulement deux ans d’existence, Dr N. C a été très amer à l’endroit de certaines personnes. ‘’Ma clinique, je l’ai construite seul sans l’apport d’un soutien extérieur. J’ai sollicité des financements mais jusqu’à ce jour, je n’ai reçu aucun centime. Je me débrouille avec les moyens qui sont à ma disposition pour l’achever. Des gens refusent de m’aider et je ne sais pour quoi’’.Après Abobo, cap a été mis sur la commune de Yopougon qui abrite beaucoup de cliniques privées. Première destination, SIDECI carrefour Mandjo. Dans les environs, se trouve une clinique bien connue. Dans ces lieux, ce qui frappe à première vue, c’est la propriété. Ceux qui y travaillent sont en majorité des religieux. Selon les informations recueillies sur place, la clinique a enregistré beaucoup de décès ces dernières années .Raisons évoquées : la plupart des malades seraient presque morts avant qu’ils y soient transportés. ’’ Je ne comprends pas certains parents des patients. C’est quand les malades sont dans un état avancé qu’ils s’obstinent à nous les envoyer .Il n’y a pas longtemps, nous avons reçu un patient qui était déjà décédé sans que ses parents le sachent .Nous avons tenté de le sauver, mais il était trop tard ’’ regrette Dr T. L. Avant de poursuivre ’’Je souhaiterais que les parents nous emmènent les malades le plutôt possible pour éviter des morts.’’ A quelques mètres, se trouve une autre clinique. Son propriétaire exerce sans l’autorisation du ministère de tutelle. Maintes fois, il a été prié de fermer mais il s’entête, soutiennent nos sources. Devant la clinique, coule une eau nauséabonde sortie des égouts contenant les excréments humains. Mais cela n’attire pas l’attention du maître des lieux. A l’intérieur, une odeur vous accueille, signe que la propriété n’y a pas son droit de cité. Un matelas posé à même le sol. Le lit, lui a été rangé parce que rouillé. Quand au médecin, il est constamment absent. Son suppléant, un jeune homme, formé sur place tient les rênes de la clinique en l’absence de son patron. ‘’Je fais des injections. Mais quand il y a un cas urgent j’appelle mon patron. Je me débrouille bien’’ déclare B.M. Si débrouillardise il y a, nous devons faire attention aux prestations qui se font dans certaines cliniques. Former des personnes sur place et réaliser qu’elles sont aptes à exercer le métier, laisse croire qu’il y a un laisser aller dans la délivrance des autorisations des cliniques et que les contrôles n’y sont constamment pas effectués. Hormis ces cliniques dites de la mort, il y a tout de même d’autres qui offrent des cadres agréables. Seulement le ministère de la santé et de l’hygiène publique devrait jeter un regard sur ces endroits pour ne pas laisser mourir les patients.

Yahi G. Bonfils
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