Fofana Mamadou Roger (Conseiller politique de l’UNIR) : “Guillaume Soro est le directeur de campagne de Gbagbo”

IB en exil, l’Unir en crise. Un bicéphalisme qui rappelle étrangement la guerre au MPCI. Conflit de leadership chez les ex-rebelles. Fofana Mamadou Roger, secrétaire national à la sécurité de l’Unir, conseiller politique d’IB crache ses vérités. Il fait dans cet entretien des révélations sur la vie cachée du sergent -chef après sa condamnation.


Comment va le sergent chef Ibrahima Coulibaly ?

Il va très bien.

Au terme d’un procès, le 4 juin 2008, l’ex-sergent chef Ibrahim Coulibaly est jugé coupable de direction ou organisation d'un groupe destiné à la pratique du mercenariat et le condamne par contumace à quatre ans de prison. Cinq des coaccusés sont acquittés et les sept autres condamnés à des peines plus légères. Où vit-il en ce moment ? Que fait-il ?

IB vit en Belgique et consacre le clair de son temps à son parti politique.

On l’annonce tantôt au Ghana, tantôt en Belgique. Quelle est la vérité ?

La vérité est qu’il est en Belgique

En dépit de sa condamnation, il voyage beaucoup…

Ceux qui l’ont condamné vous ont-ils dit qu’il est interdit de voyage ?

Bien qu’il existe un mandat d’arrêt international en son encontre, le fait qu’il soit en liberté intrigue plus d’un Ivoirien. IB a-t-il des connexions qui font penser qu’il jouit de puissantes protections ?

De quels ivoiriens parlez –vous ? Certainement ceux qui veulent maintenir les ivoiriens dans la paupérisation et qui ne veulent pas du changement démocratique en Côte d’Ivoire. IB a des connexions avec son peuple dont la grande majorité adhère entièrement à son combat. Pour tout dire, c’est le peuple ivoirien qui constitue sa puissante protection.

IB est-il un pion des Français en Côte d’Ivoire ?

Je ne savais pas que la France avait pour habitude de condamner ses pions. Non, IB n’est que le pion des Ivoiriens.

L’Unir semble dans une zone de turbulences. Deux clans s’affrontent, celui de Claude Sahi et celui des partisans d’Ib. Le premier a prévu un congrès samedi. Après le Mpci, l’Unir ne va-t-il pas lui échapper de nouveau?

En réalité, il n'y a pas de bicéphalisme à Unir. Claude Sahi est un vulgaire solitaire qui s'agite pour faire plaisir à ses mandants qui l'ont soudoyé pour semer le doute dans l'esprit des ivoiriens. Sinon, c'est une vérité de Lapalisse d'affirmer que Claude Sahi n'est que l'ombre de lui-même. Vous convenez avec moi que l'appellation Claude Sahi n'a de signification qu'à l'évocation du nom IB

Quel est le fond de la crise. Qu’est ce qui oppose les deux camps ?

Je vous répète qu'il n'y a pas deux camps. Il y a tout simplement l’Unir dont le père fondateur est et demeure Ibrahim Coulibaly. Toutefois, il faut reconnaitre qu'un énergumène qui fut un des nôtres est en train de s'adonner à une sorte de prostitution politique.

Pourquoi prostitution politique ? Vous suggérez qu’il aurait pris de l'argent pour exécuter quelques missions? Allez au fond des choses…

Je n'affirme rien au hasard. Apres avoir flirté avec les Forces nouvelles, il est aujourd'hui nourri et blanchi par des proches de M. Laurent Gbagbo, qui pensent pouvoir ainsi neutraliser à jamais notre mentor. C’est pourquoi, il soutire de l'argent à tous ses "clients" leur faisant croire qu'il peut réussir une telle mission.

Ce ne serait pas la première fois. Les FN ont accusé Ib d’avoir pris l’argent de Gbagbo. Le retour du bâton?

Le temps a fini par démontrer qui de IB et des FN roulent pour Gbagbo Laurent.

Pourquoi les FN rouleraient pour Gbagbo? Avez- vous des preuves de ce que vous affirmez?

C'est aujourd’hui un secret de polichinelle que le SG des FN est officieusement le DC (Ndlr : directeur de campagne) de Gbagbo Laurent pour les prochaines élections. Les mêmes qui affirmaient hier que Gbagbo était le piètre dirigeant lui trouvent aujourd’hui des qualités d'homme d'Etat exceptionnel. Allez-y comprendre quelque chose

Quels sont les relations de l’Unir avec Laurent Gbagbo

Aucune

IB a des comptes à rendre au peuple. Il a affirmé haut et fort que le 19 septembre, c'est lui…Alors
IB, contrairement aux autres leaders, n'a pas encore dirigé la Côte d'Ivoire, ni en tant que président ni en tant que Premier ministre encore moins ministre. Les Ivoiriens se plaignent des conséquences des déchets toxiques, des détournements de deniers publics, de l'insécurité galopante, du manque de logement, de la cherté de la vie et que sais-je encore? Les responsables des ces maux sont connus de tous. Ce sont autour de ces grandes questions que tourneront les débats électoraux.

Les Ivoiriens se plaignent aussi des effets dévastateurs de la guerre parlant d'Ib. Vous parlez d'idées novatrices, qu'est-ce qu'il propose que les autres n'ont pas? Quel est son projet pour les Ivoiriens.
Pourquoi le 19 septembre vous hante tant? Des gens ont revendiqué le 19 septembre et qui jouissent aujourd’hui des retombées. Pourquoi alors vouloir faire porter le chapeau de ces dérives à notre président? Il était à Paris quand des individus pillaient les succursales de la Bceao. Vous avez en mémoire également les rackets dans la zone Cno, les exécutions extra judiciaires, les viols et vols, j'en passe. Ils sont connus de tous et continuent de régner tant au Nord qu'au Sud. Parlant de son projet de société, IB aspire à une Côte d'Ivoire débarrassée de tous les maux précédemment cités. Une Côte d'Ivoire une et indivisible, une Côte d'Ivoire où ses fils agiront consciencieusement dans l'intérêt du peuple et non dans leurs propres intérêts.

Avec une condamnation à quatre ans par contumace, la candidature de IB à la présidentielle semble être compromise.

Je crois savoir que vous n'êtes pas Yao Paul N'Dré (rire)

La loi électorale a fixé les conditions pour être candidat, et du fait qu’il ait une condamnation sur le dos, il est frappé de facto par cette loi. Peut-être avez-vous d'autres tours dans votre sac ou un autre Pretoria en vue?

Je comprends votre inquiétude. Mais tous savent que notre président est victime d’une cabale politico-judiciaire. Nous sommes serein et persuadé que le moment venu les tenants du Conseil constitutionnel pourront disséquer le vrai de l'ivraie.

Yao N'dré est très un proche de Gbagbo. Ça ne vous inquiète pas?

La nomination de Yao Paul N’Dré, un proche de Gbagbo, corrobore la thèse selon laquelle il faut des hommes nouveaux avec des mentalités nouvelles à la tête de ce pays. Souvenez-vous que c'est le même décor qui avait été planté par le PDCI de Bédié pour préparer l'esprit des populations au hold- up électoral. Nous ne sommes pas inquiet parce que nous savons que le peuple ivoirien est assez mature.

Revenons à l’Unir et sa crise. À mille lieues du théâtre des opérations, vous pensez que votre mentor IB a toujours des chances de contrôler la maison. Quelles sont ses forces, qui sont ses hommes face à Claude Sahi qui dit aussi être le seul maître à bord? N’avez-vous pas l'impression d'un éternel recommencement?

L'Unir a été porté sur les fonts baptismaux autour des idéaux de M. Ibrahim Coulibaly. La force de M. Ibrahim Coulibaly, ce sont ses idées novatrices pour la Côte d'Ivoire. De tous les grands leaders dans le microcosme politique ivoirien, il est le seul qui n'a pas de compte à rendre au peuple. Que ce soit ado, Bédié ou Gbagbo, ils ont tous montré leurs limites. Le peuple a aujourd'hui besoin d'un homme d'action, d'un homme nouveau pour le tirer du creux de vague.

Quel est l'état des lieux de l'implantation du parti? Votre plan pour l'unir a court et moyen termes?

L’UNIR continue sa progression. Même si dans les zones Cno, les FN continuent de persécuter nos militants, les Ivoiriens adhèrent massivement au message du président Ibrahim Coulibaly. A court terme, l'Unir envisage une implantation sur l'ensemble du territoire national et se positionner comme la plus grande formation politique en Côte d’Ivoire.

Par Assoumane Bamba