En marge de la cérémonie de présentation de la maquette du nouveau marché central de Gagnoa, Roger Gnohité, maire de la cité du Fromager a bien voulu se prêter à nos questions. Il présente le nouvel édifice et parle de ses relations avec le Rassemblement des républicains.
•Vous avez présenté récemment la maquette du nouveau marché de Gagnoa. Quels sentiments vous animent, vos populations et vous ?
Je dirais que pour la population de Gagnoa, c'est une joie et en même temps une grosse responsabilité. Les financiers veulent savoir comment leur argent va être utilisé. Le marché est un package parce qu'autour, il y aura des banques, des assurances, des sociétés de sécurité, des syndicats... C'est au fur et à mesure que nous allons mettre chacun devant ce qu'il doit faire. On a commencé à faire la clôture du chantier. Le déblayage nous a déjà coûté 6 millions de Fcfa. C'est un budget global de 6 milliards Fcfa qui va être décaissé au fur à mesure de l'avancement des travaux. Cela comporte des obligations car, si vous n'avez pas atteint l'objectif, la banque ne continue pas le décaissement.
•Est-ce vrai que pour acquérir une place, il faut simplement se procurer un avis de versement à retirer dans les locaux du service technique, suivi du versement de 15.000 F CFA dans une banque ?
Le montant versé (15.000Fcfa) n'est pas le prix de la place. Je n'ai pas été favorable à la fixation du prix des places maintenant car si à la finition vous avez un coût plus élevé, le prix que vous avez donné au départ peut être complètement faux. Donc ce qu'on prend correspond à une réservation. Cela nous permet de maîtriser le nombre de personne, parce qu'il ne faut pas prendre 5.000 personnes et ne livrer que 3.000 places. J'ai déjà signé pour 3.500 commerçants. Et ce n'est que la liste de ceux qu'on a enregistré lorsque le marché a été incendié. Vous savez que Gagnoa est un centre de transbordement, c'est un grand carrefour. Donc, les conditions qui sont posées sont des conditions de réservation des places.
•Vous avez dit que vos cibles privilégiées sont les femmes. Pourquoi ce choix ?
C'est parce qu'il faut faire la promotion des femmes. Mais les hommes ne sont pas oubliés. C'est-à-dire dans la conception du marché, nous avons privilégié l'autosuffisance alimentaire. Si vous avez remarqué l'architecte n'a parlé que du vivrier. Les investisseurs veulent qu'on fasse leur promotion. A travers elles, on atteint donc deux objectifs. Respecter les conditions des investisseurs et parvenir à l'autosuffisance alimentaire.
•On a entendu dire qu'il y a un conflit ouvert entre le préfet de région et vous concernant la construction du nouveau marché. Qu'en est-il exactement ?
Le préfet de région est un fonctionnaire d'Etat. Moi, je suis un élu. Il n'a jamais arrêté mes travaux. En réalité, il m'a fait venir un jour une lettre confidentielle dans laquelle il me demandait d'arrêter les travaux. J'ai répondu à cette lettre. Mais, l'indélicatesse a fait qu'il a parlé de cela sur la place publique. C'est pourquoi cela a donné cette impression. Mais la mise au point a été faite dans mon discours en présence du chef de l'Etat lors de la pose de la première pierre de l'hôpital général. Je fais une différence entre mes actions en temps que maire et ce que le préfet qui est un fonctionnaire peut poser comme acte. Il ne devrait pas être un homme politique. Mais, les hommes sont ce qu'ils sont. S'il n'est pas d'accord vu qu'il représente mon ministre de tutelle, il peut s'opposer à mon arrêté. Et si je ne suis pas d'accord aussi, on va devant la chambre administrative de la Cour suprême.
•Quels sont aujourd'hui vos rapports avec le ministre Dano Djédjé, le Pca de la Société ivoirienne de raffinage (Sir), Ottro Laurent et même avec vos anciens camarades du Rassemblement des républicains ?
Je n'ai aucun problème avec qui que ce soit. Le ministre Dano est mon petit frère. Il est aussi le seul ministre de notre région. Alors, je lui dois du respect. Quant à Ottro Laurent, sachez qu'il est mon cousin. Et il me doit ce respect. Concernant le Rdr, je réaffirme ici que c'est ce parti qui m'a fabriqué en tant qu'homme politique. J'ai été élu maire Rdr. Et la première qualité d'un être humain, c'est d'être reconnaissant. (Ndlr : Il s'énerve et va chercher l'une de ses photos où il est aux côtés du président du Rdr). Cette photo a créé des problèmes entre mes frères et moi. Vous voulez que je jette cette photo ? Mais non ! Elle fait partie de mes souvenirs. Je suis rentré au gouvernement en tant que ministre du Rdr. C'est Alassane qui m'a proposé pour être ministre. Mieux, j'ai été le seul Kapatronoia (propriétaire terrien de Gagnoa) à avoir été ministre de la République. Donc, je dois beaucoup à ce parti. Je n'ai pas de problème avec le Rdr, encore moins avec son président, le Dr Alassane Dramane Ouattara. Quand on se rencontre, on se salue. Lorsqu'il est venu ici récemment, je n'étais pas présent ici à Gagnoa. Sinon, je serais allé à son meeting. Vous savez, la politique ce n'est pas l'agressivité. Je pense même que c'est un problème d'éducation. Ici, à la mairie je m'entends bien avec tous mes adjoints qui sont au Rdr. Je répète que le Rdr ne peut, en aucun cas, être mon ennemi. Mais, comme toute association humaine lorsqu'à un moment donné on n'est pas d'accord on se sépare. Après moi, les Zémogo sont partis. Mais, le Rdr n'est pas mon ennemi. Car la politique, ce n'est pas la guerre.
•Le Pr Alassane Salif N'Diaye a dit récemment que certains cadres sont exclus de Gagnoa ? Pourquoi cela0?
Pourquoi peut-il dire cela ? Il a été maire de Gagnoa. Il faut peut être retrouvé le contexte dans lequel il l'a dit. Le Pr Alassane Salif N'Diaye est de Gagnoa. Il est notre neveu, car sa mère est de Gagnoa. Ici, nous ne faisons pas de matriarcat. Mais les neveux sont aussi importants chez nous. Il faut savoir pendre sa place dans certaines choses. C'est la politique qui nous a envoyé dans ces travers idiots, mais il y a aussi ce que toi-même tu es. Vous savez, les Français, les Allemands et les Italiens sont physiquement différents mais ils se battent depuis longtemps pour la communauté européenne. Et pourquoi, nous les nègres, qui avons beaucoup de ressemblances établissons des différences entre nous ? Si l'on dit des choses comme ça, alors je suis vraiment inquiet pour l'avenir. Donc, moi mes enfants qui sont métis, ne sont pas de Gagnoa alors ? Je crois qu'il faut qu'on arrête de tels raisonnements.
Interview réalisée par Tapé Jean-Baptiste, Correspondant régional
•Vous avez présenté récemment la maquette du nouveau marché de Gagnoa. Quels sentiments vous animent, vos populations et vous ?
Je dirais que pour la population de Gagnoa, c'est une joie et en même temps une grosse responsabilité. Les financiers veulent savoir comment leur argent va être utilisé. Le marché est un package parce qu'autour, il y aura des banques, des assurances, des sociétés de sécurité, des syndicats... C'est au fur et à mesure que nous allons mettre chacun devant ce qu'il doit faire. On a commencé à faire la clôture du chantier. Le déblayage nous a déjà coûté 6 millions de Fcfa. C'est un budget global de 6 milliards Fcfa qui va être décaissé au fur à mesure de l'avancement des travaux. Cela comporte des obligations car, si vous n'avez pas atteint l'objectif, la banque ne continue pas le décaissement.
•Est-ce vrai que pour acquérir une place, il faut simplement se procurer un avis de versement à retirer dans les locaux du service technique, suivi du versement de 15.000 F CFA dans une banque ?
Le montant versé (15.000Fcfa) n'est pas le prix de la place. Je n'ai pas été favorable à la fixation du prix des places maintenant car si à la finition vous avez un coût plus élevé, le prix que vous avez donné au départ peut être complètement faux. Donc ce qu'on prend correspond à une réservation. Cela nous permet de maîtriser le nombre de personne, parce qu'il ne faut pas prendre 5.000 personnes et ne livrer que 3.000 places. J'ai déjà signé pour 3.500 commerçants. Et ce n'est que la liste de ceux qu'on a enregistré lorsque le marché a été incendié. Vous savez que Gagnoa est un centre de transbordement, c'est un grand carrefour. Donc, les conditions qui sont posées sont des conditions de réservation des places.
•Vous avez dit que vos cibles privilégiées sont les femmes. Pourquoi ce choix ?
C'est parce qu'il faut faire la promotion des femmes. Mais les hommes ne sont pas oubliés. C'est-à-dire dans la conception du marché, nous avons privilégié l'autosuffisance alimentaire. Si vous avez remarqué l'architecte n'a parlé que du vivrier. Les investisseurs veulent qu'on fasse leur promotion. A travers elles, on atteint donc deux objectifs. Respecter les conditions des investisseurs et parvenir à l'autosuffisance alimentaire.
•On a entendu dire qu'il y a un conflit ouvert entre le préfet de région et vous concernant la construction du nouveau marché. Qu'en est-il exactement ?
Le préfet de région est un fonctionnaire d'Etat. Moi, je suis un élu. Il n'a jamais arrêté mes travaux. En réalité, il m'a fait venir un jour une lettre confidentielle dans laquelle il me demandait d'arrêter les travaux. J'ai répondu à cette lettre. Mais, l'indélicatesse a fait qu'il a parlé de cela sur la place publique. C'est pourquoi cela a donné cette impression. Mais la mise au point a été faite dans mon discours en présence du chef de l'Etat lors de la pose de la première pierre de l'hôpital général. Je fais une différence entre mes actions en temps que maire et ce que le préfet qui est un fonctionnaire peut poser comme acte. Il ne devrait pas être un homme politique. Mais, les hommes sont ce qu'ils sont. S'il n'est pas d'accord vu qu'il représente mon ministre de tutelle, il peut s'opposer à mon arrêté. Et si je ne suis pas d'accord aussi, on va devant la chambre administrative de la Cour suprême.
•Quels sont aujourd'hui vos rapports avec le ministre Dano Djédjé, le Pca de la Société ivoirienne de raffinage (Sir), Ottro Laurent et même avec vos anciens camarades du Rassemblement des républicains ?
Je n'ai aucun problème avec qui que ce soit. Le ministre Dano est mon petit frère. Il est aussi le seul ministre de notre région. Alors, je lui dois du respect. Quant à Ottro Laurent, sachez qu'il est mon cousin. Et il me doit ce respect. Concernant le Rdr, je réaffirme ici que c'est ce parti qui m'a fabriqué en tant qu'homme politique. J'ai été élu maire Rdr. Et la première qualité d'un être humain, c'est d'être reconnaissant. (Ndlr : Il s'énerve et va chercher l'une de ses photos où il est aux côtés du président du Rdr). Cette photo a créé des problèmes entre mes frères et moi. Vous voulez que je jette cette photo ? Mais non ! Elle fait partie de mes souvenirs. Je suis rentré au gouvernement en tant que ministre du Rdr. C'est Alassane qui m'a proposé pour être ministre. Mieux, j'ai été le seul Kapatronoia (propriétaire terrien de Gagnoa) à avoir été ministre de la République. Donc, je dois beaucoup à ce parti. Je n'ai pas de problème avec le Rdr, encore moins avec son président, le Dr Alassane Dramane Ouattara. Quand on se rencontre, on se salue. Lorsqu'il est venu ici récemment, je n'étais pas présent ici à Gagnoa. Sinon, je serais allé à son meeting. Vous savez, la politique ce n'est pas l'agressivité. Je pense même que c'est un problème d'éducation. Ici, à la mairie je m'entends bien avec tous mes adjoints qui sont au Rdr. Je répète que le Rdr ne peut, en aucun cas, être mon ennemi. Mais, comme toute association humaine lorsqu'à un moment donné on n'est pas d'accord on se sépare. Après moi, les Zémogo sont partis. Mais, le Rdr n'est pas mon ennemi. Car la politique, ce n'est pas la guerre.
•Le Pr Alassane Salif N'Diaye a dit récemment que certains cadres sont exclus de Gagnoa ? Pourquoi cela0?
Pourquoi peut-il dire cela ? Il a été maire de Gagnoa. Il faut peut être retrouvé le contexte dans lequel il l'a dit. Le Pr Alassane Salif N'Diaye est de Gagnoa. Il est notre neveu, car sa mère est de Gagnoa. Ici, nous ne faisons pas de matriarcat. Mais les neveux sont aussi importants chez nous. Il faut savoir pendre sa place dans certaines choses. C'est la politique qui nous a envoyé dans ces travers idiots, mais il y a aussi ce que toi-même tu es. Vous savez, les Français, les Allemands et les Italiens sont physiquement différents mais ils se battent depuis longtemps pour la communauté européenne. Et pourquoi, nous les nègres, qui avons beaucoup de ressemblances établissons des différences entre nous ? Si l'on dit des choses comme ça, alors je suis vraiment inquiet pour l'avenir. Donc, moi mes enfants qui sont métis, ne sont pas de Gagnoa alors ? Je crois qu'il faut qu'on arrête de tels raisonnements.
Interview réalisée par Tapé Jean-Baptiste, Correspondant régional