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Faits Divers Publié le jeudi 27 août 2009 | Le Quotidien d’Abidjan

En complicité avec des officiers de la gendarmerie

Oulaï Bruno (44 ans) se faisait passer pour un commissaire de police pour escroquer les gens avant de les faire arrêter avec la complicité de deux gendarmes. “Je suis dans les affaires. Est-ce que ça t`intéresserait de bosser avec moi?». C`est en ces termes que Oulaï Bruno vous aborde quand il vous rencontre pour la première fois. Puis curieusement, dans les jours qui suivent, à une deuxième rencontre, c`est homme en tenue de commissaire de police qui se présente à vous. De cette façon, Oulaï Bruno a causé d`énormes préjudices à bons nombres de personnes dans le District d`Abidjan. « Tous les jours pour le voleur et un seul jour pour le propriétaire », dit d`adage. Ce faux commissaire de police a comparu devant le tribunal des flagrants délits du Plateau, le lundi 24 août dernier pour répondre des faits « d`usurpation de titre et d`extorsion de fonds ». Ce procès très attendu par ses victimes qui étaient présentes à l`audience, a permis de savoir que Oulaï Bruno escroquait et faisait arrêter ses victimes avec la complicité, selon lui, d`un officier de la gendarme qui résiderait à la caserne d`Agban. «Sanogo, relatez-nous brièvement ce qui s`est réellement passé », dit le président du tribunal. « C`est à Adjoufou, à Port-Bouët, que l`ai fait la connaissance de Oulaï Brunot par l`intermédiaire d`un ami qui me l`a présenté comme un homme d`affaires. Peu après, j`ai effectivement rencontré Oulaï qui m`a confirmé qu`il était dans le trafic de faux billets de banque et de la drogue. On a convenu de travailler ensemble. Il m`a alors donné un rendez-vous, le jour suivant, au 220 logements à Adjamé. Le jour du rendez-vous, au lieu indiqué, à ma grande surprise, j`ai été accosté par un policier en tenue. Après m`avoir signifié que je suis en état d`arrestation, il a enlevé sa casquette et m`a demandé si je le reconnaissais. Ayant reconnu Oulaï Brunot, j`ai répondu par l`affirmatif. Il m`a alors demandé de le suivre à la gendarmerie d`Agban. Chemin faisant, il a intercepté un véhicule de la police qui était de passage. C`est à bord de ce véhicule qu`il m`a conduit au poste de police d`Agban. C`est à ce niveau qu`il a demandé après un gendarme. Celui-ci se trouvant à son domicile à l`intérieur du camp, Oulaï m`y a conduit. Une fois au domicile de ce dernier, à travers sa photo qui accrochée au mur, j`ai compris qu`il s`agissait d`un officier de la gendarmerie. C`est cet officier qui m`a appris, dans son salon, que les faits dont je suis accusé sont graves. Pour la ma liberté, il m`a demandé de payer la somme de 700.000 FCFA, faute de quoi, ils vont me déférer dans les heures qui suivent. N`ayant pas cette somme, ils ont accepté que je paye finalement 70.000 FCFA. Comme je n`avais pas cet argent sur moi, je leur ai proposé d`aller chercher la somme demandée. Pour toute garantie, ils ont exigé que je leur laisse mes deux téléphones portables et ma pièce d`identité. Dès que j`ai réuni l`argent, le lendemain, toutes les tentatives pour joindre Oulaï sont restées vaines. C`est alors que j`ai rencontré celui qui m`a mis en contact avec lui. Ensemble, nous nous sommes rendus au domicile d`Oulaï à plusieurs reprises. Ne voyant rien à l`horizon, j`ai porté plainte au parquet… », s`est-il expliqué à la barre. Toujours selon lui, c`est à la suite de cette plainte que le procureur lui a remis un ``Soit transmis``. Avec ce document de justice, il s`est mis à la recherche du faux commissaire de police qu`il a surpris un jour dans un maquis à Koumassi. Celui-ci était en train de boire avec des amis. A la vue de sa victime, Oulaï a pris ses jambes au cou. Dans sa fuite, il s`est retrouvé dans une cour où il a été arrêté et conduit au commissariat du 6ème a arrondissement. Ainsi confondu, Oulaï Bruno n`a pas fait de difficulté à reconnaître les faits qui lui sont reprochés. « Mme la Présidente, je reconnais les faits. C`est parce que j`avais affaire à un cerveau qu`on ne doit pas toucher que j`ai été arrêté. C`est pour l`arrêter que j`ai porté cette tenue de commissaire sinon, il détient des billets noirs. Je demande clémence», a-t-il plaidé. Sur la base de ses aveux, il a été condamné à 36 mois de prison ferme, à 100.000FCFA d`amende et la sommes de 700.000FCFA de dommages et intérêts à la victime qui s`est constituée partie civile. A la fin du procès, pour en savoir davantage, nous avons approché Sanogo. Il n`a pas du tout été avare en parole. Très à l`aise, il nous apprend que, selon ses investigations, le faux commissaire avait l`habitude de faire arrêter et déférer ses victimes avec la complicité du commandant de brigade de gendarmerie de Treichville. La preuve, toujours selon lui, à la suite de sa plainte, les cinq (5) personnes que ce commandant de brigade avait déférées ont été libérées pour insuffisance de preuves. Il a même révélé que pendant que Oulaï était au violon du 6ème arrondissement, ce même commandant de brigade est intervenu pour s`approprier du dossier. Ce que le commissaire de cet arrondissement a refusé et le faux commissaire s`est retrouvé à la barre du tribunal des flagrants délits.

Par Honoré Banhi
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