En vérité, Oulaï Bruno s’est dénudé de toutes les contraintes morales. Il a mis son génie au profit d’une entreprise malicieuse. Nous sommes le 14 juillet. Bruno se fait passer successivement pour un agent de police, un agent des renseignements généraux et enfin un commissaire de police. Muni de ces titres usurpés, le pseudo-policier va extorquer le montant total d’un million deux cents mille francs. Ses victimes se nomment Tollo Abdoul Karim et Ousmane Aboubacar. Ils sont des commerçants au Forum des marchés à Adjamé. Bruno dévoile sa stratégie: « A l’aide des faux documents administratifs, je me suis présenté comme un agent des forces de l’ordre. J’ai reçu une information concernant une bande de faussaire de billets de banque. Et ma source m’a indiqué que ce sont Abdoul et Aboubacar qui étaient les cerveaux. J’ai fait une perquisition chez eux sans rien trouver ». En réalité, poursuit l’escroc, ce n’était qu’un moyen pour soutirer de l’argent. Le faux flic prend alors les devants de cette « affaire de faux billets de banque » pour faire chanter les deux infortunés. Abdoul livre un bout de son calvaire. « Il m’a séquestré toute une journée. Selon lui, je devais lui verser la somme de 500.000 Fcfa pour obtenir ma liberté. Il m’a présenté des documents qui attestent, d’après lui, qu’il était un commissaire de police. J’ai dû céder à ses exigences en lui remettant les 500.000 Fcfa », confie Abdoul qui précise que lors de sa séquestration le pseudo-policier l’a menacé de mort. «Au cas où je refusais de coopérer», ajoute-t-il. Bruno applique le même diktat à la seconde victime, Aboubacar. «Il s’est présenté d’abord comme un planteur. Selon lui, il avait une plantation d’hévéas, à Grand-Lahou qu’il voulait vendre. J’étais intéressé et on devait alors partir sur les lieux. C’est au cours du trajet, qu’il s’est présenté de nouveau comme étant commissaire de police. Il m’a dit qu’il avait reçu des informations selon lesquelles, j’étais impliqué dans une affaire de faux billets de banque », relate Aboubacar qui panique devant le faux officier de police. L’occasion est belle pour Bruno qui fait monter les enchères. « Il m’a dit que si je tenais à ma liberté, je devais lui verser de l’argent. J’ai exécuté à la lettre ses exigences en lui donnant 700.000 Fcfa», indique-t-il. Le crime parfaitement accomplit, Bruno Oulaï prend la poudre d’escampette. Il s’évanouit dans la nature avec la somme totale de 1.200.000 Fcfa. Les deux infortunés commerçants déposent alors une plainte régulière au commissariat de police du 3ème arrondissement. Les limiers parviennent à mettre le grappin sur l’escroc. Bruno Oulaï, 44 ans, comparaît le 24 août devant le tribunal. Il est poursuivit pour les faits suivants : Usurpation de titre, extorsion de fonds et vol. Le prévenu endosse seulement un chef d’accusation. « Je reconnais l’accusation d’usurpation de titre. J’ai été un militaire puis, j’ai servi comme un agent des renseignements généraux. Cependant, je n’ai jamais extorqué de l’argent aux plaignants. Encore moins, volé des numéraires », soutient le prévenu. Le tribunal ne tient pas compte de ses dénégations. C’est le procureur qui démontre que Bruno est effectivement l’auteur des délits. «Il y a longtemps que nous sommes à vos trousses. D’ailleurs, plusieurs plaintes ont été enregistrées à votre encontre. Vous avez détroussé ces victimes en arborant les signes de la police nationale », affirme le parquet général. Tête baissée, le prévenu est confus. Le tribunal quant à lui, reste lucide. Bruno Oulaï croupit en prison pour trois ans fermes. A sa sortie du cachot, il doit payer à titre de dommages et intérêts 700.000 Fcfa et 500.000 Fcfa, respectivement à Ousmane Aboubacar et Tollo Abdoul Karim.
OM
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