Les habitants et les travailleurs du quartier Yopougon Andokoi, près de la zone industrielle, sont dans la rue. Ils ont été délogés de leurs habitations et ateliers de travail hier matin par des bulldozers. Un malheur n’arrivant jamais seul, les infortunés ont été contraints de faire sortir tout ce qu’ils avaient dans leurs maisons et garages sous la pluie. Notamment, les appareils électroménagers, des salons, les lits, les armoires et autres ustensiles de cuisines pour les familles. Les déguerpis disent, pour la plupart, être surpris par cette opération. « Normalement elle concernait uniquement les garages de la zone artisanale. On ne sait pas pourquoi les machines détruisent également les habitations. Nous sommes des réfugiés dans notre propre pays », se lamente une dame. A côté d’elle, Kouamé Yao, à la fois travailleur et habitant de la zone, ne cesse de fulminer. « L’affaire est encore à la justice et on vient nous expulser. C’est de l’injustice. Des gens qui ont toujours payé leurs impôts se retrouvent aujourd’hui sans rien, alors qu’ils ont tous leurs papiers au complet. Nous sommes dans un pays sans loi », accuse t-il. A en croire ce dernier, l’opération serait menée par un certain Andoh Jacques au motif que le terrain appartiendrait à son père. « Nous avons présenté nos papiers au ministère de la Construction, mais on nous a rétorqués que c’était des faux papiers. Nous nous sommes réunis pour prendre un avocat et l’affaire est devant la justice », explique t-il. Du côté des garagistes, on reconnaît avoir reçu une note de déguerpissement. Mais les lots en question, avance t-on, ne correspondent pas à ceux qui sont sur le terrain. « Nous avons reçu une note, mais les numéros des lots indiqués n’étaient pas ceux que nous avons sur le terrain. Nous avons pris un avocat, et on avait rendez-vous le 7 septembre à la justice », affirme Zorkot Hassan, responsable d’un atelier de mécanique dans la zone. Les garagistes, indique t-il, vont se réunir à nouveau avec leur conseil pour connaître la position à tenir. En l’absence de l’huissier, les forces de l’ordre qui dirigeaient l’opération, n’ont pas voulu nous situer sur le commanditaire de ce déguerpissement.
Dao Maïmouna
Dao Maïmouna