Face à l'offensive politique que le camp présidentiel a savamment préparée et lancée contre son bastion, le Rassemblement des républicains (Rdr) a choisi une posture. Celle de la banalisation et du renvoie de son adversaire à ses propos du passé. Notamment ceux que l'ancien président du Front populaire ivoirien (Fpi), Laurent Gbagbo, tenait à l'endroit de ses militants, régulièrement soumis aux opérations de charme du Pdci qui tentait de les débaucher à coups de millions. En tournée dans le Nord-Ouest le 27 août, le ministre Amadou Soumahoro l'un des responsables du parti d'Alassane Dramane Ouattara a rappelé ces mots. «S'ils (le Fpi et le président Gbagbo) viennent (au Nord) et qu'ils vous donnent de l'argent, prenez-le ! C'est votre argent qui a été volé. Prenez, mais votez ADO», a-t-il conseillé. L'argument n'est pas clown. Même s'il n'a pas offert une victoire à son premier utilisateur face à Félix Houphouët Boigny, il lui aura quand même garanti une certaine notoriété qui lui a permis un peu plus tard de lever des foules contre le «vieux». Mais, de 1990 à 2009. Le contexte est si différent qu'ils sont nombreux les observateurs qui se demandent si cet argument dans la «bouche» du Rdr pourra faire mouche. En 1990, la situation économique de la Côte d'Ivoire était somme toute bien meilleure à celle d'aujourd'hui. Au Nord, ce sont des populations fortement éprouvées par la crise et parfois totalement démunies que Gbagbo va courtiser. Il serait, clament des responsables du Rdr, injurieux d'affirmer que les forages d'eau, les mobylettes (un engin très prisé dans la région), les vélos et autres présents que le camp présidentiel a commencé à distribuer suffisent à acheter les consciences des populations du Nord. Certes ! Une chose reste toutefois certaine. C'est qu'au-delà de ces dons, l'homme du Nord se laissera surtout convaincre par les propositions qui lui offrent des lendemains meilleurs. Or, dans la partie septentrionale de notre pays, le bonheur peut commencer par le fait d'être propriétaire de sa propre moto. Si en plus, cela est accompagné de projets d'avenir dont les retombés sont récoltables à court terme, un avenir s'en retrouve ouvert, béant. Gbagbo a-t-il les moyens de convaincre les populations qu'il peut leur offrir cela ? Si oui, et qu'en face rien de concret n'arrive, il y a fort à parier qu'ils seront nombreux ceux qui prendront l'argent et voteront le donateur.
Djama Stanislas
Djama Stanislas