x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mardi 8 septembre 2009 | Nord-Sud

Huis clos avec le président du Pdci - Bombet chez Bédié : La vérité

Le président Henri Konan Bédié et le ministre Emile Constant Bombet ont eu un huis clos le lundi 31 août. Cette rencontre présentée comme celle d'un «retour» du second dans les rangs commence à livrer ses secrets.

L'information a barré mardi 1er septembre la Une du quotidien le Nouveau Réveil : «Hier (Ndlr, lundi 31 Août) à la résidence du président du Pdci / Retrouvailles Bédié-Bombet». A côté, l'on aperçoit une photo où le président du parti doyen et son ancien ministre de l'Intérieur, les regards fixés sur l'objectif, se serre la main. Une poignée de main dont «la chaleur», peut-on lire en légende, «témoigne de la convivialité de la rencontre», souligne le journal. A l'intérieur, l'article qui tient en tout et pour tour sur 13 lignes à la page 3 est illustré, en plus de la photo de Une, par deux autres photos des deux personnalités. L'une les montrent assis dans l'un des salons feutrés de la résidence des Bédié, tandis que l'autre les fixe, débout, en compagnie de trois cadres du parti (le Premier ministre Daniel Kablan Duncan, le ministre Kakou Tiapani et le doyen Yocoli N'Dri). Dans le papier, Nouveau réveil explique que Bédié et Bombet ont renforcé «les bases de leur collaboration au sein du Pdci dans la perspective des échéances électorales à venir». Et d'ajouter : «Le ministre d'Etat Emile Constant Bombet s'est engagé à travailler et à s'investir personnellement aux côtés du candidat du Pdci pour la victoire finale au soir du 29 novembre».


Les dessous de la rencontre du 31 août

Plusieurs sources très proches de l'hôte du président du Pdci qui nous ont contacté récemment ont précisé qu'à cette rencontre, il n'a jamais été question pour Bombet de renoncer à ses ambitions de candidat à l'élection présidentielle au profit de qui que ce soit. Cette façon, poursuivent nos interlocuteurs de présenter le colonel-major à la Une comme «un trophée de guerre» après sa rencontre «fraternelle» avec Bédié a irrité le concerné qui entend «apporter la riposte» dans les heures qui suivent. Histoire pour lui de montrer à tous ceux qui lui sont restés fidèles, qu’il n’a pas trahi.

Il ressort des différents témoignages que le rendez-vous au domicile du «Sphinx» de Daoukro n'était en fait pour Bombet que l'une des nombreuses phases de la longue démarche que le Pdci mène auprès de lui dans l'optique d'un «dialogue direct» avec «Nzuéba» au sujet de l'avenir du parti. Pour rappelle, depuis le coup d'Etat qui a renversé leur régime en 1999, les deux hommes sont en froid. L'ex-ministre de l'Intérieur avait même manqué de très peu d'arracher la direction du parti doyen à son ancien mentor au cours d'un congrès en 2000.

Tout commence courant juillet 2009. Bombet se trouve en France où doit se tenir le mariage de l'un de ses fils. «Pdci vision nouvelle», un courant de rénovateurs né il y a trois ans au sein du parti de Bédié et dont Bombet a toujours été soupçonné d'être le créateur, choisit cette occasion pour demander à son «parrain» de sortir de l'ombre. Le secrétaire général du mouvement, Ehoussou Narcisse, forme une délégation de quatre personnes pour cette mission. Il s'agit des représentants de «Pdci Vision nouvelle» des USA, Mme Gnoan, d'Europe, M. Bokoua Kédier, celui de la France et le Sga chargé des questions politiques, Bayé Etienne. Ils vont pour convaincre Bombet de ce que son courant a suffisamment essaimé l'ancien parti unique et la société ivoirienne en générale pour qu'il déclare sa candidature sous sa bannière. Les émissaires expliquent à Bombet que pour son investiture qu'ils ont programmée pour le 12 août à Treichville au bar «Etoile du Sud» (c'est là qu'est né le Pdci le 9 avril 1946), le porte-parole de l'Union pour un mouvement populaire (Ump) de Nicolas Sarkozy s'est engagé à effectuer le déplacement. L'ancien premier policier demande à ses hôtes de lui accorder un délai de réflexion. «Une fois rentré à Abidjan, après avoir pris conseil auprès de tous les cadres et les barons du Pdci qui le soutiennent, Bombet nous a donné son accord. Nous avions déjà réservé le bar. Les préparatifs allaient bon train lorsqu'il y a eu une fuite. Un journal de la place (Nuit et jour) a annoncé à sa Une que Bombet va être investi le 12 août. C'est comme ça que le Pdci a eu l'information et l'a approché aussitôt», relate un proche collaborateur du ministre.

Pour l'emmener à la table de négociation, le président Bédié dépêche vers son vice-président (Bombet n'a jamais quitté ce poste) l'inspecteur du parti, l'ancien Premier ministre, Daniel Kablan Duncan. Ce dernier demande et obtient qu'il reporte son investiture le temps d'un échange avec Bédié. Bombet n'y voit pas d'inconvénients. Mais, dès le départ, soutiennent ses proches, les choses sont claires pour lui.


Bombet maintient sa candidature

Sa candidature n'est pas négociable. Il approche Bédié juste pour décider avec lui de la forme qu'elle prendra. Les trois options qu'il propose sont d'y aller : soit en indépendant, soit comme candidat de « Pdci vision nouvelle », soit comme candidat officiel du Pdci en lieu et place de Bédié. Pour montrer sa bonne foi à Kablan Duncan, Bombet accepte d'être présent aux côtés de Bédié le vendredi 28 août lorsque ce dernier élève au titre de «grands officiers» du parti, les doyens Antoine Konan Kanga, Pr Koffi Allangba et Lambert Kouassi Konan. Le premier round du «dialogue direct» ainsi amorcé est alors fixé au 31 août. Bombet insiste dans un premier temps pour y convier au moins deux journaux (l'un proche du camp Bédié et l'autre proche de lui-même) en vain. A défaut de la presse, le militaire insiste et obtient enfin que le ministre Albert Kakou Tiapani, un ami qu'il a en partage avec Bédié soit présent. Bédié, lui, convie le doyen Yocoli N'dri pour être son «témoin». Les échanges ont lieu en début d'après-midi de ce lundi. Les deux personnalités vident leurs sacs. En résumé, Bédié, confient nos sources, a expliqué qu'il a besoin de tout le monde aujourd'hui. Il affirme que par le passé, il reprochait à son «jeune frère» d'avoir failli «tuer» le Pdci en tentant de le renverser et de toujours le défier. Mais, qu'aujourd'hui, aucune rancœur ne l'habite. En retour, Bombet lui a rappelé pêle-mêle qu'il a été l'objet de toutes sortes de brimades après le 24 décembre 1999, mais qu'il n'a jamais reçu le soutien du parti. Pis, il a perçu du dédain dans l'attitude du président à son égard. Après plusieurs heures d'échanges, les parties conviennent qu'il s'agissait là d'une prise de contact et que d'autres rencontres suivront pour aborder les «questions de fonds». “A la fin de la rencontre, tout le monde se prête à la séance photo improvisée que Bombet accepte sans appréhension, d’autant que la presse n’était pas conviée. Mais, il verra son image à la Une du Nouveau réveil avec des commentaires annonçant son ralliement”, tonne l'un des collaborateurs du ministre. Selon lui, après ce «coup bas», Bombet a compris que l'objectif de l'article du Nouveau Réveil était de le couper de ses bases afin de l'isoler. «Ils ont échoué !», se réjouit-il révélant que son «champion» continue de recevoir le soutien de plusieurs barons pour sa candidature qui n'est pas monnayable.

Djama Stanislas
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ