Au lendemain d'un article du défunt Matin d'Abidjan qui l'accusait de comploter pour renverser l'actuel régime, le Colonel Oulatta Gaoudi avait, la main sur le cœur, juré n'être ni de près ni de loin mêlé à une quelconque conspiration. C'était au cours d'une conférence de presse qui a duré un peu plus de deux heures et qui a eu pour cadre un restaurant situé sur le Boulevard des martyres, à Cocody. Conférence au cours de laquelle, il est revenu sur les circonstances de son arrivée en Côte d'Ivoire. A l'en croire, les services de renseignements ivoiriens, notamment l'Ansi, ont joué un rôle important dans ce retour “d'exil”. Il avait aussi expliqué comment il a fait la rencontre de feu Robert Guéi à Man, lequel, par la suite, l'avait nommé comme son Directeur de Cabinet. Les événements qui l'ont éloigné de la Côte d'Ivoire comme attaché militaire aux Etats-Unis n'ont pas été occultés. Mais surtout, les difficultés qu'il avait à rencontrer l'actuel chef de l'Etat, difficultés qu'il a imputé à des frères d'armes dont il dit qu'il dérange, ou du reste, qui craignaient son ascension auprès de Laurent Gbagbo. " Je ne comprenais pas pourquoi les gens m'empêchaient de venir défendre mon pays attaqué ", se lamentait-il, sous l'admiration d'un auditoire " hypnotisé " par sa narration des faits. Hélas, mille fois hélas, les derniers développements de l'actualité semblent donner raison à ceux qui voyaient d'un mauvais œil l'arrivée du parachutiste au pic de la crise. Parce que peu convaincus de la loyauté de Oulata Gaoudi. Certes, il est militaire à la retraite. Ce qui l'autorise à faire de la politique et à opérer un choix en faveur de celui qu'il juge apte à faire le bonheur des Ivoiriens. Toutefois, la crise qui secoue la Côte d'Ivoire depuis septembre 2002 comporte encore des foyers résiduels de tension. Pis, il a été montré et démontré que Ouattara et son parti ne sont pas totalement étrangers à cette situation. La célèbre rhétorique du " pipi " en est la preuve. " Nous ne pouvons faire notre pipi et un caïman va sortir là-dedans pour nous effrayer ", avait clamé un ponte du Rdr. Pour un officier supérieur de la trempe de Oulata, choisir de rejoindre Ouattara, en ce moment, soulève nécessairement des questions. " Il n'y a personne d'autre que Ado pour régler les choses. En toute objectivité, il est l'homme de la situation ", soutient-il, provoquant mélancolie et indignation. Voulait-il rentrer pour prêter main forte à l'ex-rébellion ? La question mérite d'être posée d'autant plus qu'on ne peut pas affirmer qu'on avait à cœur de défendre l'intégrité de son pays et se rallier en si peu de temps à ceux qui ont porté le glaive dans le sein de la mère patrie. La Côte d'Ivoire, c'est environ 150 partis politiques. Pour un militaire régulièrement cité, à tort peut-être, dans les actions de déstabilisation, il n'est pas bien indiqué de se " marier " avec ceux dont le putsch est inscrit dans le code génétique. Ça renforce les soupçons, et c'est dommage. Autre hypothèse, ceux qui jubilent d'avoir pêché un gros poisson devaient se poser la question de savoir dans quelle eau politique, cette pêche a eu lieu. En tout cas, de sources crédibles, Oulata aurait agi par dépit. Ses multiples tentatives de rencontrer le chef de l'Etat s'étant soldées par des échecs. Parce que le numéro1 ivoirien avait du mal à investir sa dose de confiance en l'officier. Et le temps vient de lui donner raison, lui qui passe pour détenir désormais le brevet de " Le temps est un autre nom de Dieu ".
Tché Bi Tché
zanbi05641405@yahoo.fr
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