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Politique Publié le mardi 15 septembre 2009 |

Interview : Drigoné Faya (ancien compagnon de Soro et Blé): "Je ne suis pas un vautour…"

Latéral.info - Quelques mois après la publication de sa première interview, Drigoné Bi Faustin alias Faya, revient à la charge. Il fait une lecture de l’actualité ivoirienne avec un point d’honneur sur l’élection présidentielle prévue pour le 29 novembre prochain en Côte d’Ivoire.

Après la sortie de notre premier entretien, beaucoup de vos compagnons, surtout de la fesci, ont estimé que vous n’avez dit que la moitié de la vérité sur votre collaboration avec la rébellion. Y-aurait-il, comme ils le disent, d’autres aspects cachés ?
A mon avis, j’estime avoir dit ce que je pensais être juste. Et pour moi il n’y a pas d’autres aspects cachés. S’ils estiment ne pas être satisfaits qu’ils partent à la primature rencontrer le patron actuel de cette institution, il leur en dira plus car se réclamant père de la rébellion. Ils auront, je pense, tous les aspects avec lui. Depuis les assassinats, pillage des ressources et son arrivée là où il est aujourd’hui. Ces soi-disant compagnons ne participent jamais à rien et ils sont toujours prêts à critiquer les actions des autres. Moi, je dis haut et fort ce que je pense de la gestion actuelle de mon pays que de rester sous ma carapace. C’est malheureusement ce que font ceux qui pensent que j’ai gardé des cadavres dans le placard. Je ne regrette pas d’avoir pris part à un moment donné à la rébellion. Ce que je peux regretter c’est ce qu’est devenue cette rébellion. Personnellement, je suis tranquille avec ma conscience car je n’ai fait de mal à personne. Mais, tout le monde sait qu’un homme comme Blé a débuté ses assassinats depuis la fesci et il les continue jusqu’à présent. Et même que son goût du sang des innocents a accru car il jouit d’une impunité et d’un parapluie atomique que lui offre son maitre Gbagbo. Aujourd’hui il pense qu’il est éternel et invincible car il a l’appui de l’autorité suprême du pays. Et également parce qu’il a réussi à faire entrer des gens illégalement dans l’armée, la police et l’administration. Il pense un jour être lui aussi président de la Côte d’Ivoire. C’est une noble ambition mais qui aura le malheur de nous trouver sur son chemin. Car, il lui faudra nous expliquer les différents aspects de ses tueries qui ont eu lieu à Abidjan et qui lui valent d’ailleurs d’être sur la liste noire de l’Onu. J’ai l’impression que les gens pensent que les personnes responsables et coupables de cette guerre sont seulement les rebelles. Moi je dis non et non car ceux qui ont tué et pillé les biens sont des deux côtés. Beaucoup roulent d’ailleurs en carrosses à Abidjan. Le moment viendra ou les ivoiriens sauront les véritables coupables de cette guerre. Pour le moment toutes les parties sont dans des stratégies de conquêtes ou de conservation du pouvoir.


Lors de cette même sortie, vous aviez volé dans les plumes de Claude Sahi qu’il ne serait pas le patron de l’Unir. Pourtant il a organisé un congrès au nom de ce parti. Ne pousse-t-il pas l’imposture trop loin ?
Vous savez ce monsieur est dans une logique où il ne peut plus faire machine arrière. Il a vendu son âme au diable. Et lorsque tu vends ton âme, tu ne penses plus par toi-même. Toutes ta conduite est dictée par un maitre. Aujourd’hui sa relation avec Guillaume Soro est un secret de polichinelle. Tout le monde sait qu’il dort à l’hôtel du golfe, nourri et blanchit par Soro. Les traitres meurent toujours à l’aube. Pour moi, ses différentes gesticulations sont les derniers soubresauts d’un homme qui agonise. C’est un homme finit et qui n’est que l’ombre de lui même. L’organisation de son congrès n’est qu’un mot d’ordre de son maître. Le temps de la vérité viendra un jour. Pour le moment il peut faire ce qu’il a à faire puisque c’est son gagne pain quotidien. C’est en jouant les corbeaux qu’il arrive à joindre les deux bouts. Il peut toujours en profiter car connaissant la situation réelle du véritable patron mais il ne pourra pas le faire indéfiniment et il le sait. Qu’il s’en mette le maximum en poche maintenant pour s’offrir des vacances à Miami avant que les choses n’entrent en ordre pour le véritable. Car en ce moment ça risque de faire mal. Lorsque je vois ses différentes interventions dans certains journaux, j’en rigole. Et je me rends compte que ce monsieur baigne dans un misérabilisme intellectuel pas croyable. A la limite, j’ai envie de dire qu’il a besoin d’une cure psychanalytique. En clair Claude n’est qu’un simple voyou vu tout ce qu’il fait et pose comme acte.

« Claude Sahy est homme fini… »

Le 29 novembre a été choisie comme date pour le premier tour de l’élection présidentielle. A moins de cent jours de cette date la polémique fait rage entre les différents organes en charge de l’organisation. Croyez-vous en la tenue effective de ces élections ?
Je vous le dis et je le répète ces élections auront lieu si et seulement si le parti au pouvoir est sur de les remporter. Tous les actes posés actuellement par Gbagbo et ses sbires que sont les patriotes participent d’une stratégie bien organisée. Je veux parler les différents retards dans le processus et autres actes tendant à bloquer l’avancée des choses. Tout cela est fait exprès car ils n’ont pas encore fini d’arrêter définitivement leur stratégie pour se maintenir au pouvoir. Le président Gbagbo, comme l’a dit un chef de guerre rebelle un jour dans les colonnes de Jeune Afrique, traîne trop de vieilles casseroles au pied pour avoir le courage de laisser ce pouvoir. Des procès en suspension. Donc pour eux perdre les élections signifie leur arrêt de mort car le tribunal pénal international pourrait se voir confier les dossiers Guy André Kieffer et Jean Hélène qui les éclaboussent directement et où le mystère restent entier. C’est parce qu’ils sont aux affaire qu’ils jouent les sereins. Donc même s’il y a des élections, c’est même temps leur survie qu’ils jouent. Que l’opposition le sache clairement. L’opposition doit contraindre Soro et Gbagbo à organiser les élections mais en ayant à l’esprit que cela pourrait se passer dans la violence car le FPI est un parti où la violence est un sacerdoce. Elle doit préparer ses troupes à contrer cette option si elle était choisie par le front populaire. Mais j’ai l’impression par moment que l’opposition somnole. Il suffit que les jeunes patriotes haussent le ton pour que tout le monde se ramollissent. Et le Fpi joue sur cette corde de la traumatisassion. L’opposition aussi a une jeunesse dynamique qui doit monter qu’elle est fatiguée de cette situation. Je n’encourage pas des soulèvements mais je n’ai aussi aucun optimisme face à toutes les tergiversations dans les différents camps. Là-dessus, je préfère rejoindre Nicolas Sarkosy quand il trouve le processus électoral défaillant.
Aussi, tactiquement parlant, lorsque Monsieur Anaki parle de candidature unique il est mal vu parce que chacun pense gagner ces élections. Pourtant sa lecture est simple. Si aller en rang dispersé nous conduirait à un deuxième tour, pourquoi prendre le risque alors qu’on estime que l’ennemi est commun ? Le pays est dans une situation exceptionnelle et les gens ne doivent pas risquer la plus petite chance d’en finir avec ce régime. Au vu de tout cela ce n’est pas sûr que les élections se tiennent à la date du 29 novembre 2009. Le parti au pouvoir fait endormir l’opposition afin de lui porter le coup fatal. Si l’opposition n’a pas compris cela qu’elle dorme et Gbagbo viendra leur donner le pouvoir dans un plateau d’or.

Avant cette date, un sondage donne l’actuel président vainqueur quel que soit le cas de figure. Etes-vous d’avis avec cette lecture ?
Ceux qui sont à la base de ce sondage préparent savent sur quoi ils se fondent. Mais bref. Le fonctionnement de l’électorat africain n’est comme celui de l’Europe. Ici en Europe, les populations donnent leur avis sur tel ou tel candidat sans l’ombre d’aucune crainte. Donc, on peut avoir des chiffres avec une petite marge d’erreurs. Mais au niveau de l’Afrique, je ne suis pas sûr que cela soit possible tant les pressions et menaces sur les populations sont grandes. La liberté d’expression est un leurre dans certains pays. Et la situation exceptionnelle que traverse la Côte d’Ivoire avec son aspect traumatisant dont les jeunes patriotes sont responsables a fait qu’aujourd’hui, on préfère s’exprimer pour et non contre. Surtout quand on a affaire à des agents de sondage qui peuvent bien être des indics dans les têtes des gens. Aux premières heures de la rébellion, des personnes ont été exécutées aussi bien à Abidjan qu’à Bouaké surtout simple dénonciation. Parce qu’elles auraient à un moment donné exprimé un avis défavorable ou favorable sur un tel ou un tel. Le traumatisme de ne pas dire exactement où on se situe est encore présent dans les esprits. Cela concoure à la survie selon qu’on soit du côté loyaliste ou rebelle. Donc je peux douter des chiffres de ce sondage. Mais il force certaines hypothèses. La première est qu’il a été diligenté pour donner une certaine contenance à Gbagbo pour aller rapidement aux élections. Ce qui est une bonne chose pour ceux qui l’ont diligenté. La deuxième, ça pourrait être le socle d’un passage en force. En présentant Gbagbo comme le grand gagnant dans tous les cas de figure, on prépare les militants du Fpi à n’accepter aucun autre résultat. Ce qui revient à leur propre slogan, « on gagne ou on gagne ». Ce qui préparerait à une violence post électorale au cas où le candidat Gbagbo n’est élu. Nous n’en sommes pas là. Mais, je ne crois pas aux indices qui donnent 43% des électeurs à Koudou.

« La date du 29 novembre n’est sûre… »

Pour vous, quel serait le scénario possible si l’élection présidentielle devait se tenir ?
C’est une question difficile et facile à la fois. Facile parce qu’il s’agit de donner ma position sur le candidat de mon choix. Si je choisis un candidat, je ferai assez de tort aux autres. Je tire mon joker à ce niveau. Je souhaite simplement que l’opposition gagne et que le FPI soit renvoyé plus que jamais dans les ténèbres où une place est déjà prévue pour eux. Mais si l’opposition veut gagner ces élections qu’elle travaille dur car en Afrique les pouvoirs qui organisent les élections pour les perdre ne courent pas les rues. Avec le FPI il faut envisager tous les cas de figure. Il faut alors intégrer une stratégie de contre violence. Face à la violence opposer une bonne stratégie de contre violence de sorte à créer l’équilibre. Je crains fort que les armes cachées par les milices ne se pointent au moment venu pour intimider l’opposition. Car je reste convaincu que les milices n’ont pas désarmé.

Ne pensez-vous pas que les guéguerres au sein des différents partis d’opposition risquent de compromettre l’idéal de voir un changement advenir ?
Je pense que la plupart des guéguerres sont favorisées et entretenues par le parti au pouvoir qui tente de conquérir certains prés carrés. Le dernier exemple est celle de l’UDPCI , entre Mabri et Blon. Et cette transhumance politique est monnaie courante dans les pays africains. Les gens sont souvent tenus par leur ventre et leur bas ventre que par leur idéal politique. C’est triste. Sinon dans une structure politique lorsqu’on n’est pas d’avis avec son premier responsable, on prend contact avec l’organe qui règle ce genre de problème. Mais lorsque tu es dirigeant d’un parti d’opposition et que tu fais le griot de Gbagbo, il y a problème. Blon Blaise foule au pied les principes même du parti de feu Guéi. Je ne sais pas quelle explication donnera-t-il aux militants ? Son comportement est purement et simplement un non respect de la discipline du parti. Et c’est frustrant pour les militants. Néanmoins, il aurait montré son vrai visage. Vous savez, il existe en politique des vautours. Des gens qui surfent sur la vague pour se faire un nom. Mais, aujourd’hui dans l’ouest montagneux les gens comme Blon sont dépassés. Je ne vois pas réellement quelle politique de développement il a mené dans une région aussi touristique que la sienne. La génération nouvelle n’a pas besoin de personnes comme lui ni en politique ni ailleurs. Mais c’est aux militants de l’Udpci de le comprendre et faire le chemin sans lui. Le problème des partis de l’opposition c’est que l’infiltration est grandissante en leur sein. Au RDR on a vu l’exemple de Zémogo. Mais où est ce parti qu’il appelle ANCI aujourd’hui ? Ce sont tous des serpents. On voit l’exemple avec UNIR, LE PPS même le RDR. L’exemple du Mfa de Anaki infiltré par des gens comme le gendre de Gbagbo est là. Et on ne s’en aperçoit que lorsqu’on leur demande de démissionner de tel ou tel poste pour protester contre la politique du président de la république. Là, ils laissent tomber leurs masques d’infiltrés. On a le sentiment qu’en Côte d’Ivoire les gens viennent à la politique pour se remplir les poches et ne pensent pas aux militants. Si je veux parler de L’IDEAL DE CHANGEMENT, l’opposition a toutes les chances de gagner malgré certaines petites guéguerres qui doivent être dépassées. Elle doit avoir pitié des ivoiriens qui souffrent et non penser à remplir ses caisses avec des sommes mal acquises.

Aujourd’hui, on avance le nom de Blé Goudé pour booster la campagne du président Laurent Gbagbo. En tant qu’ancien compagnon, le sentez-vous à la hauteur de la tâche ?

Mon frère tu sais vraiment je n’ai rien à dire tellement j’en suis sidéré. Des voyants qui veulent confier leur destin à un aveugle, c’est la première fois que je verrai ça. Si le FPI veut confier son destin à quelqu’un qui n’arrive pas à gérer une manifestation, qu’est-ce que tu veux que je dise ? C’est simplement la preuve qu’Affi Nguessan ne représente plus grand-chose au sein de ce parti. Même s’il affirme face à cette rumeur que Gbagbo n’appartient pas au seul Fpi, le monde retient néanmoins que c’est un cinglant revers pour lui si les choses devraient se passer comme ça. Lui qui a été directeur de campagne de Gbagbo en 2000. Et puis, de toutes les façons, le Fpi nous a habitués à ce genre d’incongruité depuis qu’il est au pouvoir. C’est la promotion de la médiocrité et des médiocres. Donc ce n’est pas étonnant. N’attends pas de moi que je te dise qu’il sera à la hauteur de la tâche ou pas. Demandes cela au FPI

L’actualité ivoirienne a été dominée ces derniers temps par la visite en Côte d’Ivoire du révérend Jesse Jackson et sa chute lors d’un meeting. Quel est votre commentaire sur ce sujet ?
En fait, moi je pense que ce respectable monsieur aurait du bien s’informer sur l’identité réelle de ses hôtes. Je ne sais pas ce qu’on lui a dit pour qu’il accepte cette visite. Mais elle transpire de loin la manipulation et la désinformation. Ceux qui l’ont fait ont réussi leur coup. Mais, quand on n’est pas saint face à un Saint, il y a toujours quelque chose pour nous le rappeler et révéler notre vraie identité. C’est simplement la malhonnêteté de Blé qui a été révélée. Avec tout le budget qu’il a dû recevoir pour cette manifestation, comment peut-il faire confectionner un podium par un apprenti menuisier ? Tout cela pour retenir l’argent qu’on lui a remis pour l’organisation de cette manifestation. De nos jours les podiums pour ce genre de manifestation se font en fer. Le chien ne change pas sa manière de s’asseoir. Ce monsieur ne changera jamais. Nous autres nous le connaissons depuis la fesci où souvent il faisait disparaitre l’argent des tee-shirts et souvent l’argent des tickets de concert. Son ami Serge Kassy, s’il est encore honnête, peut le reconnaitre puisqu’il en a été l’une des victimes.

« Jesse Jackson a été induit en erreur… »

Aussi, les résultats des examens toutes disciplines confondues ont montré un effondrement total du système éducatif ivoirien. Quel remède préconises-tu pour sauver l’école ivoirienne ?
Depuis longtemps l’école ivoirienne est malade. Et cela s’est aggravé avec l’avènement du FPI au pouvoir. L’école ne motive plus car les admis aux concours sont connus et l’éducation dans son ensemble n’est pas une priorité pour le parti au pouvoir. Regardez vous-même, l’université d’Abidjan est dans un état de délabrement avancé. Les conditions d’étude sont devenues extrêmement difficiles. Les cités sont devenues des repères de voyous de toute espèce et de prostitués de tout genre. Les amphis bondés ressemblent au marché d’Adjamé. Ajoutées à ce décor macabre les grèves intempestives des enseignants pour une meilleure condition salariale, quel résultat voulez-vous avoir ? Qu’on ne s’étonne pas de ce qui arrive. Les prémices se sentaient il y a des années. A ce sujet, Laurent Gbagbo, alors dans l’opposition, avait indiqué qu’il fallait environ une dizaine de milliards de franc cfa pour résoudre le problème de l’université. Malheureusement, ses années de pouvoir n’ont rien changé à la donne. La situation est plutôt devenue plus que dramatique. Bien sûr, on nous parlera de la guerre pour justifier cette incapacité à gérer le problème éducatif ivoirien. Mais cette situation n’empêche pas qu’on se remplisse les poches. La fesci, qui devrait revendiquer pour une amélioration de ces conditions de vie et d’étude, roule pour le parti au pouvoir. Et je suis sûr que ce syndicat ne mobilise plus. L’école ivoirienne est abandonnée à son sort pourtant le combat pour la libération totale commence par l’éducation.

Interview réalisée par L
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