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Politique Publié le vendredi 18 septembre 2009 | Le Repère

Sous la refondation : Les Ivoiriens comme des prisonniers

Aujourd'hui, malgré toutes les épreuves traversées par notre peuple et les contradictions diverses auxquelles notre pays a été confrontées, tous les Ivoiriens s'accordent sur une seule et même chose : chasser les tenants du régime actuel du pouvoir tant ils se sont illustrés par une incompétence notoire doublée d'une inconscience et d'une insouciance flagrantes. Sous ce régime, l'école n'existe plus. Elle a été depuis lors substituée par la rue, les Parlements et les Agoras. Et, parce que les promesses de dix milliards et de la gratuité n'ont été qu'une véritable arnaque, l'agriculture s'est effondrée et les paysans attendent toujours les promesses d'achat des trois et cinq mille francs (Café-cacao), le chômage s'est considérablement accru et les diplômés de nos écoles sont voués à être des vendeurs de recharges ou des patriotes, pour ceux qui ont la chance, ou des videurs de poubelles pour les moins chanceux. Sous ce régime encore, les diplômes se sont dévalués, les valeurs du mérite et de l'excellence dévoyées, les concours déconsidérés et le pays défiguré. Sous ce régime enfin, l'impunité est érigée en loi, l'injustice en dogme, les inégalités en règles, le vol transformé en vertu, le meurtre banalisé, le mensonge vulgarisé et officialisé, la violence et le sang célébrés. Et la liste est loin d'être exhaustive tant les Ivoiriens, gagnés aujourd'hui par une pauvreté sans nom, meurent par milliers, faute de structures sanitaires adéquates et de l'absence d'une véritable politique de santé réaliste (depuis l'échec de l'Amu, aucune autre politique sanitaire n'a été proposée aux Ivoiriens). Jetés et enfermés à double tour dans les geôles de la refondation, les Ivoiriens se débattent comme de beaux diables, emprisonnés entre les odeurs nauséabondes des ordures ménagères, la fumée des voitures et les déchets toxiques déversés sur nos têtes. Sur les quelques voies qui existent encore, si ce ne sont pas les rackets et les nombreuses files d'attente dues aux embouteillages, ce sont les coupeurs de routes qui terrorisent les automobilistes et les passagers. Abidjan et les autres villes sont noyées dans une insécurité du fait de la montée du grand banditisme. Les Ivoiriens vivent en permanence dans une peur indescriptible ne sachant à qui confier leur sécurité, car il y a longtemps qu'il n'existe plus d'Autorité. Entre la corruption dans notre administration, les incendies mystérieux de nos espaces commerciaux et des bâtiments administratifs, les braquages des banques, les disparitions obscures, la violence sur nos campus, la montée sans cesse des prix sur nos marchés (l'exemple du carburant) et les nombreuses sollicitations du pouvoir à l'endroit des quelques rares entreprises qui ont miraculeusement survécu après le passage de l'ouragan "patriote" en 2004, et qui ploient déjà sous le poids des impôts divers, les habitants de ce pays se trouvent pris dans un étau qui petit-à-petit les asphyxie. La Côte d'Ivoire n'est jamais tombée aussi bas. Jugez-en vous-mêmes ! Notre pays a été déclassé pour figurer aujourd'hui sur la liste des pays les plus pauvres de la terre. Quel paradoxe pour ce pays qui regorge de tant de richesses naturelles ? Une telle descente aux enfers s'explique par l'incapacité du régime Fpi à proposer une alternative économique conséquente. L'option de l'initiative Ppte brandie comme la panacée n'a pas eu d'incidence sur le quotidien des Ivoiriens. Au contraire, le coût de la vie ne cesse d'augmenter, la dette intérieure de l'Etat ne cesse de s'accumuler, le manque chronique de liquidité qu'on cache pudiquement sous l'appellation de tension de trésorerie plombe le fonctionnement des structures étatiques qui peinent à payer le salaire de leurs agents. Mais il y a pire, jamais dans l'histoire de notre pays, nous avons atteint un niveau d'amoralité aussi élevé, un degré d'indécence et de perversité aussi ignoble : la profanation des tombes et les scandales sexuels à répétition. Lorsque dans un pays, les morts ne sont pas respectés, comment s'étonner que l'on banalise la vie des vivants. Que dire des multiples bastonnades des maîtres par leurs élèves protégés par l'impunité que leur confère le Fpi. Nous comprenons bien pourquoi en cette Côte d'Ivoire en proie à la Refondation, nous ne sommes tous que des morts vivants et des vivants morts. Le scandale des déchets toxiques est là pour nous le rappeler. Qu'avons-nous fait pour mériter un tel sort? Même le bon Dieu n'aurait jamais souhaité un tel malheur à son pire ennemi qu'est le démon. C'est vrai qu'il y a longtemps que les refondateurs se sont éloignés de Dieu pour n'adorer aujourd'hui que l'argent, le luxe et le lucre, toutes choses qui ne sont pas loin des pratiques démoniaques. Aussi, en cette période préélectorale, ceux-ci auront beau vendre leur rêve que cela ne changera point le cours irréversible de notre histoire après le 29 novembre. Un rêve qui s'est transformé en dix ans en un cauchemar pour le peuple. D'ailleurs, comment peuvent-ils réaliser en cinq ans, ce qu'ils n'ont pu faire en dix ans? Ce ne sont pas non plus ces opérations de charme en direction du groupe ethnique Baoulé ainsi que ces pluies torrentielles de milliards distribués à tour de bras qui convaincront même le dernier des nouveaux nés à donner son suffrage à une classe de "politiqueros" et de "guerrilleros" arrogants qui pille sans vergogne, au vu et au su de tout le monde, les biens de l'Etat. Ce sont encore moins la multiplication des séminaires, des colloques et autres réunions qui sauveront ce régime du naufrage. A bien observer, tous ces suiveurs et tous leurs suivants, ne croient point au retour du Fpi au pouvoir. Autrement dit, ils ne multiplieraient pas quotidiennement les manifestations de soutien sur l'ensemble du territoire, ne redoubleraient pas d'ardeur pour se faire remarquer, ne rivaliseraient pas avec autant d'acharnement entre eux, ne prendraient pas en otage les médias publics, etc. Certains nous donnent l'impression qu'ils ne croient même pas en leur candidat, car comment peut-on porter son choix sur un homme au seul motif qu'il a été humilié? L'humiliation est-elle un programme politique? Est-ce la nouvelle voie pour la Côte d'Ivoire à nous promise par le Rppp? D'humiliation parlons-en ! Qui a humilié qui ? Celui qui a été injustement chassé du pouvoir à quelques mois des élections ou celui qui a apporté son appui à ce coup d'Etat, et qui plus tard, rejettera ses alliés d'hier ? On l'aura compris, cette guerre n'est en réalité qu'un règlement de compte, une vengeance entre les bénéficiaires du coup d'Etat de 99, c'est-à-dire entre ceux qui ont accaparé le gâteau et ceux qui estiment avoir été trahis et humiliés. La crainte des refondateurs est moins celle de perdre les élections (cela est un fait déjà acquis et ils le savent) que la peur du sort à eux réservé une fois boutés hors du pouvoir. Au fur et à mesure qu'approche la date du 29 novembre, il apparaît de plus en plus en leur sein, un manque de sérénité et une fébrilité maladive. Leur sommeil se trouve être perturbé par la présence des deux poids lourds de l'opposition que sont Bédié et Alassane. Tantôt la presse du pouvoir écrit que le premier est atteint par la limite d'âge quand il n'est pas présenté comme un grand malade, tantôt le second est donné pour mort s'il n'est pas présenté comme le candidat de l'ennemi juré de la refondation : la France. Par tous les moyens, le régime Fpi tente de s'accrocher au petit bout du pouvoir qui lui reste encore, sans sourciller et sans se soucier de la population qui, la plupart du temps, vit dans une psychose profonde. Cette peur cultivée à dessein par le régime, vise à dissuader les Ivoiriens désormais interdis de toute manifestation et réflexion. On a encore en mémoire la répression sanglante de l'opposition en Mars 2004 et tout récemment celle des femmes manifestant contre la vie chère. C'est cette peur distillée à profusion et servie à volonté aux Ivoiriens qui justifie l'assurance des dirigeants actuels quant au non respect récurrent des engagements pris. Ce terrorisme, d'une autre époque, est d'autant plus détestable qu'il permet à un seul homme de mener le bal tandis que les autres sont condamnés à suivre le rythme. C'est cette prime que s'octroie la Refondation pour bafouer les droits des citoyens et étouffer en tous rêves et espoir. Quant à la réaction de l'opinion internationale, il y a longtemps qu'elle n'en a cure. Les explications et autres arguments brandis ça et là pour justifier la nomination d'un des leurs à la tête du conseil constitutionnel est la preuve évidente du doute et du désarroi qui gagnent de plus en plus le camp de la refondation et de ses alliés. Il faut cependant se méfier car au Fpi rien ne se fait au hasard, tout au profit du parti et rien pour l'intérêt général. Tout au long de cette période, nous assisterons à de telles manœuvres dont le but est de semer la confusion et le doute dans l'esprit des Ivoiriens. Une des preuves est le pessimisme qui petit-à-petit a gagné tous les Ivoiriens, grand nombre d'entre eux doutant de la tenue des élections en novembre. Les Ivoiriens réalisent aujourd'hui que la rose, depuis quelques années s'est fanée du fait des nombreuses épines qui s'y sont greffées. Et ce ne sont pas les barons de la filière café cacao qui nous contrediraient, eux qui sont aujourd'hui brandis comme des trophées de guerre par le pouvoir Fpi, comme pour faire amende honorable et montrer patte blanche par rapport aux nombreuses critiques relevées dans la gestion de l'Etat. Mais les Ivoiriens ne sont pas dupes, ils savent que ces prisonniers ne sont ni plus ni moins que des boucs émissaires jetés en pâture, des martyrs qui portent à l'image de Jésus, et à la différence de celui-ci, la croix (à savoir les travers) d'un régime inique et impitoyable. Jésus avait accepté, parce que telle était sa mission, de porter sa croix, et a été crucifié après avoir été jugé. Les prisonniers du cacao et du café, quant à eux, ont été condamnés sans avoir été jugés et en sont encore à se demander les raisons. Heureux la nation, dit la Sainte Ecriture, dont l'Eternel est Dieu. Dieu a tellement aimé la Côte d'Ivoire qu'il a envoyé sur cette terre d'Eburnie le christ de Mama, l'unique justicier, le plus grand des démocrates afin que pour le pardon de nos péchés nous payions par nos vies, le prix fort. Les graves et nombreuses violations des droits de l'homme commises par la refondation, pour ceux qui ne le savent pas, s'inscrivent dans cette logique. A quelques mois de la date fatidique, le discours refondateur autrefois menaçant et méprisant, semble avoir changé : le persécuteur devient le persécuté et le chasseur la proie. Qui pourrait se laisser convaincre par un discours qui est tout le contraire de la réalité : la misère et la souffrance de tout un peuple qui n'a plus confiance en lui et en ses dirigeants? Qui pourrait encore se laisser séduire par un parti qui n'a que pour tout projet de société, la résistance, et pour tout programme de gouvernement, la distribution de préfectures et de sous-préfectures? Qui se laisserait enfermer dans les panses de la refondation quand, face aux nombreuses et légitimes attentes des populations, celle-ci pour toute réponse brandit l'électrification de quelques villages? Qui enfin, se laisserait embarquer dans une aventure où l'éducation et la santé sont reléguées au second plan, au profit de quelques réalisations pharaoniques (Hôtel des députés, Palais présidentiel, etc.) dans notre capitale politique? C'est à croire que le transfert de la capitale est la réponse à la situation de paupérisation et de chômage dans laquelle le Fpi a plongé le peuple. On comprend mieux aujourd'hui pourquoi le plus grand bénéficiaire du coup d'Etat de 99 s'était empressé, dès son retour de voyage, de célébrer ce coup de force qu'il qualifiera de démocratique et de révolutionnaire. Venant surtout d'un homme qui dit avoir toujours prôné la transition pacifique et, qui de surcroit, se présente comme le plus grand démocrate de notre univers, cela ne peut que surprendre. Comment peut-on approuver à la fois un coup d'Etat et rejeter la violence et la guerre qui en découlent? Quel degré de confiance peut-on accorder à un homme qui, hier encore se glorifiait d'être à la tête de la partie utile de la Côte d'Ivoire (acceptant de fait la partition du pays) et qui aujourd'hui pour des raisons électoralistes, courtise assidument ceux qu'il considérait comme la Côte d'Ivoire inutile? Comment peut-on se fier à un homme qui, après avoir hier vilipendé le président Houphouët, après l'avoir traité de vendu et de voleur dit être aujourd'hui, l'héritier de ce grand homme? Comment croire en un homme qui dit une chose le matin et son contraire le soir? Qui peut comprendre un homme qui dit être sorti du peuple, et qui distribue plus d'un demi-milliard de nos francs pour venir en aide aux populations sinistrées d'un pays voisin, quand par ailleurs rien n'a été fait dans son propre pays pour soulager les populations ivoiriennes victimes des récentes inondations? Face à ces incohérences et à bien d'autres, chacun peut valablement aujourd'hui se faire une idée de ce qu'il souhaite pour la Côte d'Ivoire de demain. Si nous savons ce qu'est la Côte d'Ivoire aujourd'hui depuis l'accession des refondateurs au pouvoir, nous pouvons deviner ce que pourrait être la Côte d'Ivoire de demain s'il advenait que ces mêmes prédateurs se maintenaient au pouvoir. Aussi, pouvons-nous l'affirmer : la refondation n'est rien d'autre que ce monstre sorti des ténèbres du 24 décembre pour dévorer ses propres enfants. Combien de victimes la refondation a-t-elle faites ? Nul ne saurait compter le nombre. Le 29 novembre, chaque Ivoirienne et chaque Ivoirien sera devant sa conscience, tel un miroir qui nous renvoie notre propre image. Mais quelle est donc cette image? Pour y répondre, chacun devra tout simplement demander au bon Dieu de regarder à travers ses yeux, pour voir comment est devenu tout ce qu'il a créé : des hommes et des femmes fatigués, attachés comme des animaux, le visage meurtri et défiguré par la douleur et la souffrance, les corps défaits par la misère et le cœur rempli de colère et de haine. Le 29 novembre, jour de la libération de près de dix ans de servitude, chacun devra avant de jeter son bulletin dans l'urne et dans le plus profond de sa conscience libérée, se poser cette seule question : quel avenir voudrais-je pour mes enfants? Les Israelites fuyant le règne de pharaon, ne se sont point posés de question pour suivre Moïse : ils savaient que le mieux vient après le pire. Dans toute démocratie, les peuples, disait Tocqueville, ont les dirigeants qu'ils méritent. Faisons en sorte le 29 novembre, pour une fois, de démentir sur cette terre d'Eburnie, ce qu'il semble être hélas une vérité. Le peuple Ivoirien ne mérite pas un tel régime, encore moins un tel sort à lui infligé depuis dix ans.
Désiré KOFFI
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