x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le mardi 22 septembre 2009 | Nord-Sud

Beurre de karité : Une substance aux multiples vertus en voie de disparition

Bien que possédant de nombreuses vertus, surtout dans la pratique de la médecine traditionnelle, le beurre de karité ne fait pas l’objet d’une vraie politique de production. Il pourrait disparaître si rien n’est fait.

Maman Biti est naturothérapeute. Sur les étalages de son laboratoire à Abobo-Baoulé, plusieurs produits sont fabriqués à base du beurre issu des noix de karité. «Silhouette By» par exemple. C’est une crème qui concourt à l’embellissement de la peau. Elle permet d’éliminer les toxines et favorise la lipolyse (destruction des graisses dans un organisme). Appliquée régulièrement en massage, cette crème, au dire de la naturothérapeute, réduit considérablement le taux de cholestérol. Cette pommade «aplatirait » par exemple les ventres volumineux. Ce samedi 12 septembre, Mama Biti est en pleine préparation d’une mixture à son domicile à Adjamé, qui fait office de second laboratoire.

L’anacarde remplace le karité

Une partie de son salon a été aménagée pour conserver le beurre de karité, les plantes médicinales et tout le matériel devant servir à la fabrication des différentes tisanes. A l’aide d’un pilon, elle écrase dans un mortier, les boulettes de beurre auxquelles elle ajoute des semoules de plantes séchées. Un mélange qui dure plus d’une heure d’horloge. «Une fois la pâte obtenue, nous procédons à l’embouteillage», confie-t-elle. D’après Maman Biti, le karité reste la matière de base dans la fabrication de ses différents médicaments du fait des nombreuses vertus que cette plante possède. Obtenu à partir de l’exploitation de l’amende, le beurre de karité lutte contre la progression des vergetures. Il assure une élasticité à la peau, en évitant l’éclatement des cellules. Il permet d’hydrater les couches supérieures de l’épiderme et d’adoucir la peau.
Nadine K. n’est certes pas naturothérapeute mais, en tant que femme, elle utilise très souvent le beurre de karité pour ses soins corporels. «Je dépends quasiment du beurre de karité. C’est cette matière que j’utilise pour mes cheveux et mon corps. J’en suis satisfaite », se réjouit-elle. Ives O. qui évolue dans un centre de formation de football à Yopougon, utilise régulièrement le beurre de karité en pommade de massage. « Je me masse les cuisses et les pieds avant et après les match. C’est relaxant », explique-t-il. « Pour le Dr Megnannou Rose-Monde, assistante au laboratoire de bio technologie à l’université de Cocody « le karité est plus riche que le cacao. Il possède entre autres, des acides gras essentiels que l’organisme lui-même ne possède pas. Ce sont des apports extérieurs non négligeables.» Il est également riche en insaponifiable (une matière grasse qui ne fond pas, même dans la chaleur). Cette substance fait que ce beurre intervient dans la pâtisserie, la chocolaterie pour l’enrobage, etc... Malgré ces propriétés importantes pour la santé de l’homme, la production et la commercialisation du beurre de karité connaissent de nombreuses difficultés. Les zones de production qui sont généralement situées dans les villes comme Boundiali, Ferké, Korhogo et Bouna, sont difficiles d’accès et très éloignées des villages. Touré Aminata est l’une des vendeuses installées au grand marché d’Abobo qui se ravitaille à Korhogo. A l’en croire il faut assez de patience pour que les plantes produisent. Les premiers fruits sont produits entre l’âge de 25 et 30 ans. Mais la plante atteint sa vitesse de croisière vers 50 ans voire 100 ans. A telle enseigne que de nombreux paysans estiment que cette plante pousse seule. Des facteurs, dit-elle, qui n’encouragent pas les producteurs à se concentrer sur leurs plantations. Certains n’hésitent pas à abattre et à vendre les arbres aux artisans qui les transforment en mortier et autres objets d’art. «Souvent, ils préfèrent mettre les plantes en morceaux pour les revendre sous forme de bois de chauffe. La production de cette plante reste encore artisanale», s’inquiète l’opératrice économique. A se fier à ses propos, il faut entre 9 et 14 heures de travail par jour pour obtenir la poudre de l’amende séchée à base de laquelle on retrouve le beurre. Une activité contraignante et moins rémunérée (200 Fcfa/kg). Aujourd’hui la menace sur cet arbre est amplifiée par les feux de brousse. D’ailleurs une étude menée par l’Institut des forêts révèle que «les feux de brousse de décembre coïncident avec la période de floraison du karité. Or la litière produite par l’arbre comporte une grande quantité de matière combustible. Le risque de brûlure est donc élevé.» De plus, les plantes sont exposées aux attaques d’insectes du fait d’un manque de suivi des plantations. Le Dr Megnannou Rose-Monde explique que « les arbres de karité sont détruits de jour en jour au profit de nouvelles cultures plus rentables comme l’anacarde. Par ailleurs, tous les essais de culture industrielle ont échoué ». Si rien n’est fait, prévient-elle, le beurre de karité, bien que précieux, risque de disparaître. C’est le lieu d’interpeller les autorités compétentes afin qu’elles organisent au mieux le secteur de la production du beurre de karité.

N.D.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ