Depuis qu’il parcourt quelques régions de la Côte d’Ivoire dans le cadre de la précampagne, Alassane Dramane Ouattara distribue des milliards. Dans l’entretien qui suit, Martin Sokouri Bohui, Secrétaire national chargé des élections lui apporte la contradiction. Notre Voie : Certaines indiscrétions font état de ce que SAGEM et l’INS auraient achevé l’élaboration de la liste électorale croisée. Est-ce que vous en avez entendu parler ? Martin Sokouri Bohui : Oui, j’en ai entendu parler. Et ce que j’ai appris, est que le croisement est terminé. Et des informations dignes de foi indiquent que, bientôt, SAGEM et l’INS vont remettre les résultats de leur travail au gouvernement en présence du président de la République. Mais je pense que SAGEM et l’INS ont dû faire un travail allant dans le sens de la transparence des élections. Parce que ces élections, comme je l’ai toujours dit, doivent être transparentes pour que la paix arrive définitivement. N.V. : Vous êtes le premier responsable des élections au FPI et nous vous savons très regardant sur la question du croisement devant conduire, à la transparence des élections. Est-ce que vous êtes satisfait du travail qui a été fait? M.S.B. : Je ne dispose d’aucun élément, au moment où nous parlons, pour juger le travail accompli. J’ai appris comme tout le monde que les résultats qui devraient être remis au Premier ministre hier, vont être présentés au gouvernement, dans quelques jours. Donc attendons ensemble. Nous sommes vendredi et lundi n’est pas loin. Vous savez que c’est un travail délicat qui soulève beaucoup de passions. Alors les gens travaillent dans la discrétion la plus stricte. En tout état de cause, le FPI a toujours dit, et je le répète, qu’il n’acceptera jamais une liste truffée de fraudeurs. Nous avons toujours dit qu’il faut nettoyer la liste de tous les fraudeurs au moyen du croisement, même s’ils se comptent par millions. N.V. : Est-ce qu’avec la remise de la liste provisoire électorale croisée au gouvernement et bientôt son affichage, on peut dire qu’on s’achemine inexorablement vers les élections tant souhaitées ? M.S.B. : Effectivement, c’est un pas de géant vers les élections. La confection de la liste électorale est l’étape la plus importante de ces élections. N.V. : Parlant justement des élections, certains candidats sont en ce moment en pré-campagne. Où en est le FPI ? M.S.B. : C’est vrai que le FPI n’a pas encore déroulé son rouleau compresseur. Cependant il est très présent sur le terrain. Les directeurs départementaux de campagne travaillent très activement sur le terrain depuis 2005. Par ailleurs, notre candidat qui est le président de la République est également sur le terrain. Il y est certes dans le cadre de ses fonctions de chef de l’Etat, mais n’empêche que ce qu’il pose comme acte force l’admiration des Ivoiriens. Quand il va déposer sa candidature, et ça ne saurait tarder, nous allons nous mettre en campagne et très vite les Ivoiriens comprendront qu’il a déjà gagné. N.V. : Néanmoins, vos adversaires promettent en ce moment la lune à la population. Alassane Ouattara, par exemple, brandissant des relations qu’il posséderait dans le monde des finances, promet une pluie de milliards, s’il est élu président de la République. Est-ce que vous pensez que les Ivoiriens accordent du crédit à un tel discours ? M.S.B : Non, les Ivoiriens n’y accordent aucun crédit. Ils savent que c’est du bidon. Je voudrais faire remarquer qu’en 2001, le parti de Ouattara, le RDR, a remporté 63 communes en Côte d’Ivoire. Mais nous n’avons pas encore vu parmi ces communes celle qui a bénéficié de ses relations pour se développer. En revanche, lors d’une visite d’Etat à Korhogo en 2007, ce sont les maires RDR qui disaient au président Gbagbo qu’il n’y a pas d’eau, de courant, de routes, etc. Et pourtant l’homme qui se vante d’avoir de grandes relations est là. Et on s’adresse à celui dont il dit “qu’il n’a pas de relations”. Quelle incongruité ? Ou alors devons-nous croire que Ouattara n’aime pas son propre parti ? C’est vous dire que les milliards de cet homme, c’est du vent. C’est de l’illusion qu’il vend. Mais les Ivoiriens le savent très bien car ils ne sont ni dupes ni amnésiques. Le seul fruit des relations de Ouattara que les Ivoiriens ont vu, ce sont les armes qu’il a envoyées pour faire la guerre en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens n’ont pas besoin des hommes qui ont ce type de relations. Ils ont besoin des hommes qui ont des relations pour développer le pays et non pour le détruire. Oui aux relations de développement ! Non aux relations de destruction ! Par ailleurs, Ouattara se vante d’avoir été DGA du FMI et que pour cela il a des relations dans le monde des finances qui lui permettraient de faire pleuvoir des pluies de milliards FCFA sur la Côte d’Ivoire. Si on suit son raisonnement, la France qui a deux atouts dans ce domaine n’aurait pas de problème budgétaire. Or elle vient de déposer sur le bureau de l’Assemblée nationale un budget déficitaire. En effet, Michel Camdessus, l’ancien DG du FMI est français. Et c’est lui qui a recruté Ouattara en son temps. Il a donc plus de relations que Ouattara dans le monde des finances. Mais il ne dit pas qu’il va utiliser ces relations pour déverser des milliards sur son pays, la France. Ce n’est pas parce qu’il n’aime pas son pays, mais tout simplement parce qu’il sait que ce n’est pas possible. Mieux, l’actuel DG du FMI, Dominique Strauss kan est aussi français. Il a été candidat aux primaires au parti socialiste pour les présidentielles. Il est de surcroît ancien ministre de l’Economie et des finances. Il aurait pu donner des milliers de milliards à son pays la France. S’il ne le fait pas, ce n’est pas non plus parce qu’il n’aime pas son pays, mais tout simplement parce que ce n’est pas possible. Alors si un ancien DG qui a plus de relations que Ouattara et l’actuel DG qui, en plus de ses relations, est dépositaire des caisses du FMI, ne peuvent pas déverser des milliards sur leur pays, ce n’est pas Ouattara qui n’a été que DGA pour un mandat de quelques années qui peut le faire pour la Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens le savent et Ouattara lui-même le sait. Mais je préfère un Ouattara parcourant le pays en train de mentir aux Ivoiriens, à un Ouattara qui endeuille les familles ivoiriennes. Interview réalisée par Boga Sivori Bogasivo@yahoo.fr
Politique Publié le vendredi 2 octobre 2009 | Notre Voie
