Il importait de le voir pour y croire. Il fallait assurément être présent sur les lieux pour comprendre jusqu’où peut mener la méchanceté et le cynisme des humains. Ainsi donc, les sieurs Gabriel Lohoury Guigui, conseiller de Laurent Gbagbo et Antoine Guédé Kipré ont eu gain de cause. L’ordonnance prise en début de soirée du vendredi, par le juge Blé Antoine a empêché samedi, la levée de corps et l’inhumation du maire Frédéric Guédé Guina au cimetière de Williamsville. Dès 7 h du Matin, ce samedi, la police a pris d’assaut l’église Sainte Famille de la Riviera II. Présent sur les lieux, on a pu remarquer un impressionnant déferlement de policiers. Un groupe d’agents entassés dans une grosse benne, veillaient au grain, armes aux poings. En face, deux véhicules de type 4X4 obstruent le passage menant à l’entrée principale de la maison de Dieu. A l’intérieur, rien de particulier. Une messe ordinaire s’y tient, comme tous les samedis matins, nous signifie un fidèle. Le message est très clair. La levée de corps de Guédé Guina n’est pas à l’ordre du jour. A trois cents mètres de l’Eglise, se tiennent tranquilles, des membres de la famille et des militants du Rassemblement Des Républicains, formation politique du partant. Ils ne réalisent pas ce qui arrive. En témoignaient les balbutiements et les tremblements des voix. Ils ne pouvaient pas comprendre qu’en Afrique et principalement en Côte d’Ivoire, tout es lié à la politique, même la mort. Une heure plus tard, nous sommes à Ivosep d’où la dépouille de l’illustre disparu devrait partir pour arriver au parvis de l’église Sainte Famille. Là aussi, le périmètre est bouclé à tout empêcheur de vouloir organiser les obsèques de Guédé Guina. Un officier, très coopératif, nous apprend, que la police est là pour faire appliquer l’ordonnance du magistrat Blé Antoine. Jusqu’à midi, les « cerbères » étaient visibles à l’entrée d’Ivosep. Pour sûr, l’ordonnance judiciaire a été appliquée à la lettre, pour le grand bonheur de Lohoury Guigui Gabriel, le demi-frère qui a réussi la prouesse de n’avoir pas adressé la parole à Guédé Guina durant les quarante dernières années de son existence et qui, aujourd’hui, remue ciel et terre pour sa dépouille mortelle. Sous les soleils de la refondation, il a le beau rôle. Après avoir fait exploser à la grenade, la tombe prévue à Daloa où devrait se faire l’enterrement, conformément à la dernière volonté du serviteur « loyal et fidèle » du Président Ouattara, il vient de bloquer l’organisation des funérailles à Abidjan où, par dépit, les enfants du défunt avaient voulu inhumer leur père pour qu’il repose en paix. Par la faute de cet homme qui n’aime son frère que mort, plus de deux mois après son rappel à Dieu, le Pr Guédé Guina n’a pas encore le repos éternel. Quelle indécence !
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga