L’absence de structures agréées pour le transfert de fonds et l’expédition de courrier et de colis dans les zones reculées de la Côte d’Ivoire a incité les compagnies de transport à s’approprier cette activité.
Les compagnies de transport ont pour mission essentielle de transporter les personnes. Mais, depuis quelques années, on constate en Côte d’Ivoire qu’elles sont sollicitées par nombre de personnes pour le transfert de fonds, l’expédition de courrier ainsi que le transport de colis et marchandises non accompagnés. Cette mission, pourtant dévolue exclusivement à la Poste de Côte d’Ivoire et aux agences de transfert d’argent telles que Snf finances (représentant de Western Union) et Money Gram, est devenue aujourd’hui une activité en plein essor pour le secteur du transport interurbain. Diaby Mamadou, directeur d’exploitation de la Société de transport Inza et frères (Stif), nous situe sur les origines de ce phénomène qui a pris de l’ampleur. « Tout a commencé dans les années 90. C’était à une époque où la Poste de Côte d’Ivoire était défaillante. Elle ne couvrait pas l’ensemble du territoire. En plus, la poste mettait plusieurs jours pour acheminer un colis. Cela a amené certaines personnes à remettre leur colis à des passagers pour qu’ils les fassent parvenir à leurs parents. Le service était gratuit. Les compagnies de transport, voyant une opportunité pour rentabiliser leurs recettes, se sont adonnées à cette activité en créant des services de messageries pour le transport des plis et colis non accompagnés », raconte-t-il. Il explique qu’au départ, les compagnies ne s’intéressaient qu’à l’expédition de courrier et de colis. C’est par la suite, qu’elles ont diversifié leurs activités avec le transfert de fonds. Mais, n’y a t-il pas de risques à utiliser les services d’une compagnie de transport pour transférer de l’argent et expédier des courriers ? Pourquoi les Ivoiriens se tournent-ils vers ces compagnies qui ne sont pourtant pas habilitées à exercer de telles activités?
Fiabilité et rapidité
Le directeur d’exploitation de la Stif se veut rassurant à ce sujet. «La Stif est une Sarl (Société anonyme à revenu limité) légalement constituée. Elle a des agences aussi bien dans de nombreuses villes de l’intérieur de la Côte d’Ivoire que dans certaines villes de la sous-région», se justifie-t-il. Il affirme aussi que la compagnie exige un reçu de paiement du colis à expédier et une déclaration de sa valeur avant de s’engager à transporter des colis non accompagnés. En outre, un reçu imprimé attestant que le client leur a confié son colis ou son courrier est délivré par la Stif. Ainsi, en cas de perte, la société s’engage à rembourser le client. Il ajoute que toutes les mesures sont prises également pour permettre au destinataire d’entrer en possession de son colis dans les plus brefs délais afin d’éviter qu’il se perde. Il est vrai, au dire de Diaby Mamadou, que l’expédition est un travail risqué. «Il se peut que le colis soit abîmé au cours du transport », reconnait-il. Sa compagnie prend, selon lui, les précautions nécessaires pour éviter qu’une telle situation n’arrive car lorsqu’un colis est abîmé, le transporteur est dans l’obligation de le rembourser. A l’Ong Massa, une autre compagnie de transport, les précautions prises pour que les colis et courriers arrivent à bon port sont identiques à celles de la Stif. Doh Patrick, responsable du service courrier de l’agence d’Adjamé, explique que sa compagnie ne prend pas le risque d’acheminer des fonds ou des colis à partir de 15 heures. Ce, pour éviter d’être victime de braquage de la part des coupeurs de route. Toutes ces précautions, précise-t-il, démontrent que l’activité est exercée avec le plus grand sérieux. Et d’ajouter que le fait que la compagnie ait un agrément pour exercer est une garantie pour les clients. Ces derniers ne doutent, d’ailleurs, pas de la fiabilité de l’expédition de courrier et de colis ainsi que le transfert d’argent par les compagnies de transport. Certains ne manquent pas de tarir d’éloges à l’endroit de ces sociétés. C’est le cas de Traoré Ahmed, mécanicien dans la commune de Yopougon. «Chaque mois, j’envoie 20.000 Fcfa à ma mère qui vit à Bouaké. Depuis que j’ai recours à leurs services, je suis toujours satisfait surtout pendant les périodes de fêtes de Ramadan et de Tabaski où je lui envoie de grosses sommes. Je n’ai jamais eu de problèmes. Et depuis quelques années, ma mère n’est plus obligée d’attendre le lendemain pour percevoir son argent. Elle peut, quelques minutes après le transfert, aller retirer son argent », dit-il avec conviction.
Rentabilité
Pour Antoine Koffi, instituteur à Abobo, non seulement il n’y a aucun risque mais en plus, les services sont très rapides. Il cite en exemple le service courrier de l’Union des transporteurs de Bouaké (Utb). Selon lui, ce service est informatisé et un code secret est exigé au destinataire au retrait. Il ajoute que le retrait d’un courrier, d’un pli ou d’un mandat ne peut se faire si le destinataire n’est pas muni d’une pièce d’identité. «Les colis et les courriers arrivent à destination le même jour. Ils peuvent être retirés dès le lendemain. Quant au mandat, le destinataire peut faire son retrait quelques minutes après l’envoi. Nous, les clients, sommes à la recherche de la qualité du service et de la rapidité», explique-t-il. Cette rapidité et cette fiabilité tant appréciées par les clients ont, cependant, un prix. Le responsable du service courrier de l’agence d’Adjamé de l’Ong Massa, Doh Patrick, affirme que cette activité est lucrative. Sur chaque colis et mandat expédié, la compagnie perçoit une commission de 10%. En ce qui concerne les courriers et plis, le client doit débourser 500 Fcfa afin qu’il soit acheminé. Selon lui, l’agence d’Adjamé, à elle seule, expédie 10 plis et courriers par jour. Quant au mandat, il rapporte 150.000 Fcfa par semaine à l’agence d’Adjamé et 300.000 Fcfa à celle de Yopougon où les activités sont plus importantes. Le directeur d’exploitation de la Stif, Diaby Mamadou, lui aussi reconnaît la rentabilité de cette activité. Même s’il refuse de donner des informations sur ce que leur rapporte l’expédition de courriers et de marchandises non accompagnées, il reconnaît que pendant les périodes de fêtes musulmanes et de fin d’année, la Stif peut acheminer 100 colis quotidiennement. A l’en croire, en dehors de ces périodes, les activités sont en baisse. « A peine 10 colis sont transportés quotidiennement », affirme-t-il. A la société Stif, les commissions ne sont pas fixes. Diaby Mamadou informe qu’elles sont déterminées en fonction du volume du colis.
Nimatoulaye Ba
Les compagnies de transport ont pour mission essentielle de transporter les personnes. Mais, depuis quelques années, on constate en Côte d’Ivoire qu’elles sont sollicitées par nombre de personnes pour le transfert de fonds, l’expédition de courrier ainsi que le transport de colis et marchandises non accompagnés. Cette mission, pourtant dévolue exclusivement à la Poste de Côte d’Ivoire et aux agences de transfert d’argent telles que Snf finances (représentant de Western Union) et Money Gram, est devenue aujourd’hui une activité en plein essor pour le secteur du transport interurbain. Diaby Mamadou, directeur d’exploitation de la Société de transport Inza et frères (Stif), nous situe sur les origines de ce phénomène qui a pris de l’ampleur. « Tout a commencé dans les années 90. C’était à une époque où la Poste de Côte d’Ivoire était défaillante. Elle ne couvrait pas l’ensemble du territoire. En plus, la poste mettait plusieurs jours pour acheminer un colis. Cela a amené certaines personnes à remettre leur colis à des passagers pour qu’ils les fassent parvenir à leurs parents. Le service était gratuit. Les compagnies de transport, voyant une opportunité pour rentabiliser leurs recettes, se sont adonnées à cette activité en créant des services de messageries pour le transport des plis et colis non accompagnés », raconte-t-il. Il explique qu’au départ, les compagnies ne s’intéressaient qu’à l’expédition de courrier et de colis. C’est par la suite, qu’elles ont diversifié leurs activités avec le transfert de fonds. Mais, n’y a t-il pas de risques à utiliser les services d’une compagnie de transport pour transférer de l’argent et expédier des courriers ? Pourquoi les Ivoiriens se tournent-ils vers ces compagnies qui ne sont pourtant pas habilitées à exercer de telles activités?
Fiabilité et rapidité
Le directeur d’exploitation de la Stif se veut rassurant à ce sujet. «La Stif est une Sarl (Société anonyme à revenu limité) légalement constituée. Elle a des agences aussi bien dans de nombreuses villes de l’intérieur de la Côte d’Ivoire que dans certaines villes de la sous-région», se justifie-t-il. Il affirme aussi que la compagnie exige un reçu de paiement du colis à expédier et une déclaration de sa valeur avant de s’engager à transporter des colis non accompagnés. En outre, un reçu imprimé attestant que le client leur a confié son colis ou son courrier est délivré par la Stif. Ainsi, en cas de perte, la société s’engage à rembourser le client. Il ajoute que toutes les mesures sont prises également pour permettre au destinataire d’entrer en possession de son colis dans les plus brefs délais afin d’éviter qu’il se perde. Il est vrai, au dire de Diaby Mamadou, que l’expédition est un travail risqué. «Il se peut que le colis soit abîmé au cours du transport », reconnait-il. Sa compagnie prend, selon lui, les précautions nécessaires pour éviter qu’une telle situation n’arrive car lorsqu’un colis est abîmé, le transporteur est dans l’obligation de le rembourser. A l’Ong Massa, une autre compagnie de transport, les précautions prises pour que les colis et courriers arrivent à bon port sont identiques à celles de la Stif. Doh Patrick, responsable du service courrier de l’agence d’Adjamé, explique que sa compagnie ne prend pas le risque d’acheminer des fonds ou des colis à partir de 15 heures. Ce, pour éviter d’être victime de braquage de la part des coupeurs de route. Toutes ces précautions, précise-t-il, démontrent que l’activité est exercée avec le plus grand sérieux. Et d’ajouter que le fait que la compagnie ait un agrément pour exercer est une garantie pour les clients. Ces derniers ne doutent, d’ailleurs, pas de la fiabilité de l’expédition de courrier et de colis ainsi que le transfert d’argent par les compagnies de transport. Certains ne manquent pas de tarir d’éloges à l’endroit de ces sociétés. C’est le cas de Traoré Ahmed, mécanicien dans la commune de Yopougon. «Chaque mois, j’envoie 20.000 Fcfa à ma mère qui vit à Bouaké. Depuis que j’ai recours à leurs services, je suis toujours satisfait surtout pendant les périodes de fêtes de Ramadan et de Tabaski où je lui envoie de grosses sommes. Je n’ai jamais eu de problèmes. Et depuis quelques années, ma mère n’est plus obligée d’attendre le lendemain pour percevoir son argent. Elle peut, quelques minutes après le transfert, aller retirer son argent », dit-il avec conviction.
Rentabilité
Pour Antoine Koffi, instituteur à Abobo, non seulement il n’y a aucun risque mais en plus, les services sont très rapides. Il cite en exemple le service courrier de l’Union des transporteurs de Bouaké (Utb). Selon lui, ce service est informatisé et un code secret est exigé au destinataire au retrait. Il ajoute que le retrait d’un courrier, d’un pli ou d’un mandat ne peut se faire si le destinataire n’est pas muni d’une pièce d’identité. «Les colis et les courriers arrivent à destination le même jour. Ils peuvent être retirés dès le lendemain. Quant au mandat, le destinataire peut faire son retrait quelques minutes après l’envoi. Nous, les clients, sommes à la recherche de la qualité du service et de la rapidité», explique-t-il. Cette rapidité et cette fiabilité tant appréciées par les clients ont, cependant, un prix. Le responsable du service courrier de l’agence d’Adjamé de l’Ong Massa, Doh Patrick, affirme que cette activité est lucrative. Sur chaque colis et mandat expédié, la compagnie perçoit une commission de 10%. En ce qui concerne les courriers et plis, le client doit débourser 500 Fcfa afin qu’il soit acheminé. Selon lui, l’agence d’Adjamé, à elle seule, expédie 10 plis et courriers par jour. Quant au mandat, il rapporte 150.000 Fcfa par semaine à l’agence d’Adjamé et 300.000 Fcfa à celle de Yopougon où les activités sont plus importantes. Le directeur d’exploitation de la Stif, Diaby Mamadou, lui aussi reconnaît la rentabilité de cette activité. Même s’il refuse de donner des informations sur ce que leur rapporte l’expédition de courriers et de marchandises non accompagnées, il reconnaît que pendant les périodes de fêtes musulmanes et de fin d’année, la Stif peut acheminer 100 colis quotidiennement. A l’en croire, en dehors de ces périodes, les activités sont en baisse. « A peine 10 colis sont transportés quotidiennement », affirme-t-il. A la société Stif, les commissions ne sont pas fixes. Diaby Mamadou informe qu’elles sont déterminées en fonction du volume du colis.
Nimatoulaye Ba