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Société Publié le mercredi 28 octobre 2009 | Islam Info

interview avec... -Hadja Fatoumata HAMZA-BAMBA (Ministre de la Reconstruction et de la Réinsertion).

“Le Hadj doit permettre de changer de comportement”
Elle est issue d'une famille musulmane dont elle est l'ainée des filles. Ingénieur Agro-alimentaire, elle est diplômée de l'Université Laval au Canada (Master en Sciences et Technologie des Aliments) et de l'ESSEC (Ecole supérieure des Sciences Economiques et Commerciales) en France (Master spécialisé en Gestion des Entreprises Agro-alimentaires). Mme la ministre Hadja Fatoumata HAMZA-BAMBA a travaillé pendant environ une dizaine d'années dans le secteur privé et plus précisément dans le domaine de l'agro-industrie avant d'être appelée à servir dans le gouvernement en tant que ministre de la Reconstruction et de la Réinsertion depuis avril 2007.

Islam Info : Quel peut être l'apport de la femme dans le processus de Développement d'un pays?
La femme est celle qui a en charge l'éducation de l'enfant dès le plus bas âge. En cela, c'est elle qui inculque de nombreuses valeurs à l'enfant qui sera le jeune puis l'adulte de demain, qui doit participer au développement d'un pays. De plus, c'est elle qui assure le bien être de la famille dont elle est le pilier. C'est sur elle en quelque sorte que repose l'équilibre de tous les membres de la famille. Voilà en quoi l'apport de la femme est inestimable dans ce processus.
Il faut ajouter à cela le fruit du travail des femmes dans tous les secteurs d'activité. Les femmes, quelles que soient leurs origines, rurales ou urbaines, participent aussi directement ou indirectement au développement d'un pays.

Pensez-vous que les femmes musulmanes peuvent évoluer dans ce monde qui est régi par le système occidental?
Tout à fait… Il me semble que de nombreuses femmes évoluent dans les pays occidentaux sans que leur religion soit un obstacle particulier. Les femmes ont toujours été confrontées à des obstacles mais nous le voyons de plus en plus, les femmes réussissent à gravir des échelons et à s'affirmer autant que des hommes.
Il ne me semble pas que la religion musulmane interdise à la femme d'’avoir un emploi…Une femme peut bien exercer une activité rémunérée tant que cela ne l'empêche pas de pratiquer sa religion.
Dans tous les pays musulmans du monde, des femmes occupent de hauts postes de responsabilité. On peut citer feue Benazir Bhutto, Ex-Premier Ministre du Pakistan, ou Massouma al Moubarak, première femme Ministre au Koweït etc…Il y a donc des femmes musulmanes qui ont exercé ou qui exercent d'importantes responsabilités dans leur pays.
Religion

Compte tenu de votre fonction, avez-vous le temps d'effectuer les cinq prières quotidiennes?
Oui, cela ne m'empêche nullement d'accomplir ce devoir. Oui, j'effectue mes cinq prières quotidiennes. Pour des raisons d'agenda chargé, il peut arriver bien sûr que je n'aie pas le temps de faire certaines aux heures indiquées. Mais je les « rattrape » forcément dès que je suis en mesure de le faire.

Le mois de Ramadan vient de s'achever, avez-vous jeûné ? Et en plus, que représente ce pilier pour vous?
Oui, j'ai jeûné autant que possible et je suis déjà en train de «rembourser » les jours que je dois. Je les dois à Dieu, je suis donc tenue de jeûner le nombre de jours qui nous est demandé. Ce pilier représente pour moi, une occasion de plus pour le musulman de se rapprocher de Dieu et de se repentir. C'est un mois très spécial pendant lequel tout musulman devrait redoubler de générosité, d'humilité, développer son sens du partage et de la solidarité. .. C'est aussi un mois pendant lequel nous devons renforcer notre foi et notre spiritualité …Et cela doit se poursuivre après ce mois béni.

Vous avez accompli le pèlerinage à la Mecque, cinquième pilier de l'islam. Peut-on savoir l'impact de cet acte sur votre vie aujourd'hui?
Le pèlerinage à la Mecque m'a permis de renforcer ma foi musulmane et de me fortifier. Cela a été un grand évènement dans ma vie. C'est vraiment émouvant de voir tous ces millions de personnes qui n'ont qu'un seul objectif, qui ne veulent qu'une chose «se rapprocher de DIEU». C'est un grand moment durant lequel, plus rien d'autre n'a d'importance, le matériel n'existe plus, nous devenons tous égaux. Seule la prière et les actes de foi sont importants. Le Hadj m'a également permis de renforcer ma crainte de Dieu et j'essaie, tous les jours que Dieu m'accorde, de ne pas faire ce qu'Il n'aime pas. Personnellement je ne me couvre pas la tête constamment, mais je me dis que ce n'est pas cela le plus important. A quoi cela servirait-il d'être entièrement voilée et d'avoir «le cœur aussi noir que le charbon» comme on dit ? A quoi cela sert-il de se couvrir la tête aux pieds et de poser des actes que Dieu déteste ? A quoi cela sert-il enfin d'accomplir la Oumra et le Hadj chaque année, de s'en vanter, si la méchanceté, la médisance, l'avarice, doivent demeurer votre pain quotidien ? Mais, chacun est libre de vivre sa vie comme il l'entend, il ne faut pas juger son prochain. Dieu voit et connait les motivations de chacun, Dieu sait les actes que chacun pose ….

Quels sont vos rapports avec Dieu?
Je crois en Dieu et je crains Dieu ; je le place au centre de ma vie et de tout ce que j'accomplis. C'est Lui Dieu qui m'a créée et qui fait de moi ce qu'Il veut …

La pratique de l'islam influence-t-elle votre travail? Et ce dans quel sens?
La crainte de Dieu est présente dans ma vie au quotidien. J'essaie de partager, d'être juste avec mes collaborateurs au travail, et à la ville avec mes amis, etc. Je sais que c'est Dieu qui m'a donné ce poste, je ne suis pas plus méritante qu'une autre. C'est mon destin. Le jour où Dieu décidera que je dois quitter ce poste, je partirai. On ne peut rien contre le « décret » de Dieu…

La religion que vous pratiquez, c'est-à dire l'Islam, autorise la polygamie. Peut-on savoir votre point de vue sur cette pratique?
Je pense qu'il y a beaucoup d'inconvénients dans la polygamie lorsque l'homme est faible économiquement. Mais même lorsque l'homme est riche, peut-il vraiment être juste comme le préconise la religion ?
Toutefois, c'est une question qui est vraiment personnelle et je pense que chacun fait le choix qu'il pense être bon pour lui …

Vie de couple

Madame la Ministre, nous sommes dans une société qui est encore rattachée à sa culture traditionnelle et où la femme dans l'entendement général doit être au second rang. Or il se trouve que vous êtes Ministre de surcroît dans un Ministère phare. Comment votre époux le vit-il?
Il le vit bien car le fait d'être Ministre ne m'empêche pas d'accomplir mon rôle d'épouse. Il est compréhensif mais en même temps très exigeant. Tout est une question de méthode dans la gestion de notre couple, et je pense que jusque-là, je m'en sors très bien (rires). Vous savez, les hommes ne sont pas des tyrans, il faut communiquer avec eux et les rassurer. Etre ministre, ne fait pas de moi un homme, je reste une femme et mon époux sait très bien que c'est lui qui est et restera le chef de la famille. Rien ne peut ébranler cet « ordre ».

Au-delà de votre vie de couple comment arrivez-vous à vous imposer dans cette société machiste où le genre masculin se croit le plus fort?
Je ne me sens pas du tout complexée parce que je suis une femme. Je rencontre effectivement beaucoup de machos mais je rencontre aussi et surtout beaucoup d'hommes qui ont évolué depuis longtemps sur ces questions. D'ailleurs, ça me stimule d'avoir à relever ce type de défi. Le plus important, c'est de faire mon travail aussi bien qu'eux. Sinon mieux qu'eux (rires). Beaucoup d'hommes échouent juste parce qu'ils se croient plus « forts » !

Votre fonction de Ministre vous absorbe certainement, voyages, réunions, séminaires, stress, etc. dans ces conditions comment arrivez-vous à concilier cette fonction et votre statut d'épouse?
Comme je vous le disais tantôt, il n'y a pas d'incompatibilité entre ma fonction et mon statut de femme et d'épouse. C'est juste une question d'organisation. Tous ces voyages, réunions, cocktails, et activités diverses y compris les week-ends …font partie intégrante de la fonction, sans parler du stress. L'époux d'une femme occupant de hautes responsabilités ou exerçant certains métiers s'adapte à cela nécessairement. Et il y a heureusement de nombreux hommes qui soutiennent leur épouse dans l'exercice de ses fonctions.

Côté jardin

Aimez-vous mijoter les petits plats? Dans ce cas pouvez-vous nous proposer une recette?
Bien sûr, c'est toujours un plaisir pour moi de mijoter un petit plat. J'aime les retrouvailles amicales ou familiales, les week ends, autour d'un bon plat. (rires). Je vous propose la recette du «Lafri», spécialité du pays «MAHOU», région d'origine de mon époux et de mes beaux parents. Il vous faut : 500 g de viande ; 1 kg de riz, 1/4 litre d'huile, 1/2 kg oignons, 4 tomates fraîches, 7 gombos, 2 aubergines blanches, du poisson, 1 gousse d'ail, 2 piments (option), du sel, du poivre, du persil, du laurier et quatre cuillerées à soupe de Soumbala. Porter l'huile à ébullition et faire revenir la viande en y ajoutant le sel, le poivre, le persil et l'ail écrasé. Ajouter un peu d'eau et laisser dorer la viande.
Ajouter ensuite l'oignon et la tomate fraîche coupés en dés et le laurier. Ajouter un peu d'eau et laisser cuire pendant 30 mn à feu doux. Faire bouillir un peu d'eau, et ajouter les gombos, les aubergines, les piments frais. Après cuisson des légumes, retirer les aubergines et les piments et faire cuire le riz comme d'habitude dans cette même eau. Pendant ce temps, piler le magne sec avec le soumbala (bien lavé auparavant). Avant la cuisson complète, mettre le mélange de magne sec et soumbala au milieu du riz et refermer avec du riz. Laisser cuire environ 10 minutes à la vapeur. Mélanger le riz avec le soumbala et les gombos. Servir le riz, dresser les aubergines et les piments sur le riz, servir la viande dans un autre plat et bon appétit !

Les femmes vous apprécient beaucoup pour votre tenue vestimentaire. Quel est votre secret à ce niveau ?
Je n'ai pas de secret en particulier.
Je craque aussi bien pour les tenues africaines qu'occidentales. Tout dépend de mon feeling …Je trouve qu'une femme n'a pas besoin d'être « surchargée » pour être bien habillée. Un vêtement peut être simple mais tout dépend de la petite touche en plus c'est-à-dire choisir un accessoire pour l'agrémenter, porter une couleur qui vous va bien, ou tout simplement la façon de porter une tenue
Par kêmêbrama@hotmail.com

Lire l'intégralité sur le site www.islaminfo-ci.org

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